Mawulolo

Sénégal : donne moi ton surnom, je te dirai qui tu es

Au Sénégal, l’utilisation d’un surnom est une mode perpétuelle. Il va du classique, qu’on peut retrouver ailleurs, aux inédits et typiquement sénégalais. Après donc vous avoir parlé du tourondo ou homonymie des prénoms, je vous révèle quelques détails sur les surnoms au pays de la téranga.

Dans un quartier de Dakar où j’ai habité, mes voisins ont toujours cru que je m’appelais Lansana car mes amis m’appellent souvent Las. Pourtant, mon “LAS” est juste le diminutif de mon nom de famille. Il m’a fallu du temps pour les comprendre.

En suivant les 50 épisodes de la saison 1 de la série sénégalaise Golden, j’ai pris du plaisir à entendre les différents surnoms utilisés pour les personnages comme Djamil, Daouda, Alioune Badara, Madjiguène. Ce qui me conduit à vous livrer ici un panorama de synonymes et diminutifs courants de prénoms au Sénégal.

Faisons le tour des prénoms en partant des plus faciles au plus inédits.

Les surnoms classiques

Les surnoms classiques pour appeler les Mohamed et Mamadou sont respectivement Momo et Doudou. Cela est tout à fait classique et facile à deviner. Les autres classiques sont Mézo pour dire Ahmed, Badou pour Badara ou encore Idy pour appeler les Idrissa.

Vous pouvez aussi facilement deviner que Souley est le diminutif de Souleymane. Et quand vous entendez un jeune homme interpellé par Alé ou Lune, sachez que son vrai prénom est “Alioune”. Ibrahima ou Ibrahim quant à lui se verra appeler Ibou ou Ibnou. Ouzin est servi comme surnom aux Ousseynou.

Pour les dames, lorsque que vous entendrez Aïsso ou Satou, pensez à Aïssatou. Rama vient de Ramatoulaye et Fati de Fatima tandis que Oumy vient de Oumou. Les Nabou et Zeyna sont, pour leur part, issus de Seynabou.

Les surnoms urbanisés

Si vous avez suivi la série sénégalaise Golden, vous avez certainement remarqué ces types de diminutifs. Le vieux lion Alioune Badara Gaye n’était pas du tout appelé Alé ou Lune ou encore Badou. Il est appelé AlBad. Ce qui fait plus “in”. De la même façon, son fils Djamil est surnommé Jams, ce qui peut même aboutir à James Bond. Et la grande dame Madjiguène, l’épouse de Albad a son surnom qui est Mage.

Ce style de transformation urbaine est très à la mode et le “Ibou” classique des Ibrahim ou Brahim est devenu Brem’s. Les Abibou sont donc Bib’s. Pour les dames qui se nomment Maguette, on les appelle affectueusement Mag’s.

Les surnoms par équivalence

Les correspondances entre les langues arabe et hébraïque ont également servi à donner des équivalents de prénoms très courants au Sénégal. Et cela sans distinction de religion.

Généralement un même individu peut se voir appelé Moussa, Moses ou Moïse. Certaines Awa sont appelées Eva. Et Jacob peut être Youba, Yancouba ou Yankhoba selon le cercle ou le milieu où il est.

C’est pour cela que toujours dans la série Golden, Daouda est appelé David ou Dave selon l’endroit ou les gens avec qui il est. Ceux qui sont prénommés Djibril sont aussi Gabriel ou Gabi. Tout dépend du lieu et des affinités.

Les surnoms inédits

Je ne suis peut-être pas tombé sur les bonnes personnes. Mais les sens des surnoms inédits semble échapper à la majeure partie de la société sénégalaise. Personne n’a su m’en donner les origines ou les explications. Ce qui n’empêche pas leur utilisation.

Tous les Souleymane sont automatiquement surnommés Jules. Et les Samba sont Bathie (lire Batch). Les Sénégalais appelés El-Hadj sont systématiquement surnommées Ass par leurs proches. Les Babacar quant à eux sont aussi appelés Mbaye et certains même cumulent les deux. Les prénoms Ndiaga et Makhtar sont équivalents. Celui qui a le même prénom que son grand-père est surnommé Papiss. Et pour une dame prénommée comme sa grand-mère, c’est Mami.

Pour les prénoms féminins, Ami-Côlé est le surnom des Aminata. La première dame du Sénégal Marième Faye Sall est certainement appelée, par ses amies, par Soda. Soda étant le surnom des Marème et Marième. Quant aux Rokhaya, leur surnom est Daba. Les Henriette sont surnommées Yéta et les Maïmouna sont Mounass.

Pour finir, je ne peux manquer de signaler qu’il y a quelques prénoms que vous entendrez qui sont plutôt issus de déformations. Le plus célèbre exemple est Souvazin qui est en fait Joachim. A vous maintenant d’essayer la déformation qui vous permette d’y arriver. Quant à mon Roger, il devient par moment Rosé et mon ami Charles devient Sall. Mais ça ce ne sont pas des surnoms.


Covid-19 : les Dakarois baissent la garde

Ce dimanche, j’ai décidé de faire un petit tour de la capitale sénégalaise et d’une partie de sa banlieue. Une seule conclusion : les populations sont en train de baisser la garde face au Covid-19. Pourtant les autorités administratives et sanitaires n’ont pas cessé d’appeler au respect des mesures indiquées pour contrer le coronavirus.

Car rapide à Dakar – Crédit Photo : Edem Gbétoglo (avec son aimable autorisation)

Pendant que le nombre de cas positifs au Covid-19 ne baissent pas et que les décès y relatifs augmentent, j’observe tout de même une nette baisse de l’application des mesures barrières par une bonne partie de la population dakaroise.

Les policiers et les gendarmes font beaucoup d’efforts pour contrôler, sensibiliser et sanctionner mais la partie n’est pas facile pour eux. Je peux l’affirmer puisque durant le tour que j’ai fait, j’ai subi deux contrôles de police pour vérifier si les passagers à bord de mon véhicule portaient bien leurs masques.

Les chiffres alarmants de la semaine du 22 au 28 juin 2020

Au dimanche 28 juin 2020, le Sénégal comptait 105 décès liés au Covid-19. La seule semaine du 22 au 28 juin 2020 a totalisé 21 morts soit 20% des décès enregistrés à ce jour. Il ne s’est pas passé un seul jour sans décès durant la période indiquée. Ce qui est plutôt inhabituel.

Le nombre total de cas positifs confirmés sur la même période est de 698 dont 139 cas communautaires. Dans ce lot, il y a 534 cas contacts et 24 cas importés détectés à l’AIBD (Aéroport International Blaise Diagne).

Pour se donner bonne conscience, certains affirment qu’on voit le nombre de cas positifs en augmentation parce que le nombre de tests l’est également. Même si cela est vrai, cela ne doit pas ne pas alarmer. Nous avons au moins aujourd’hui la preuve que la maladie se répand vite dans le pays.

J’ai vu des foules joyeuses

Sur la corniche en face de l’Université Cheikh Anta Diop, j’ai vu des groupes, joyeux de reprendre le sport à la plage. Et je vous assure que le port de masque n’est pas systématique. Quant à la mesure de distanciation, elle est reléguée aux oubliettes. Elle se confond aux mouvements de gymnastique et aux gestes des footballeurs qui ont repris leurs matchs comme à la bonne époque. Dès que la course et le match commencent on oublie le Covid-19.

Une foule de jeunes, de dames et d’hommes très joyeux s’est retrouvée pour des baignades à la plage en face de « Magic Land », un parc d’attraction.

J’ai même pu voir, dans le quartier de Liberté 6, un baptême se déroulant d’une maison à un trottoir. Des groupes étaient bien formés autour des plats de tieboudjene. Les mangeurs étaient joyeux, mangeaient et discutaient tranquillement. Ils se touchaient.

Des cars rapides bondés, des passagers sans cache-nez

Après ce tour qui m’a inquiété au plus haut point, j’ai pris la VDN (Voie de Dégagement Nord) pour rentrer. Du carrefour du Lycée Seydou Nourou Tall jusqu’aux abords du cimetière Saint-Lazare, j’ai eu le loisir d’admirer durant tout ce trajet au moins trois cars rapides débordant de passagers dont la plupart était sans masque.

Un des cars avait cinq vigoureux jeunes hommes bien accrochés à sa porte arrière faute de place à l’intérieur. Cela veut tout dire. Ils se touchaient et se balançaient au gré des mouvements d’accélération ou de freinage de l’heureux chauffeur. Oui, il va se faire beaucoup d’argent mais peut être prend le risque de ramener le Covid-19 chez lui et l’offrir à sa famille.

Hors de Dakar, le masque est encore plus rare

Je ne puis finir sans rappeler ce que j’ai vu à Keur Massar, une commune proche de Dakar. Beaucoup de personnes n’avaient pas de masques du tout. Et ceux qui en avaient, pour la plupart, m’ont inquiété plus qu’ils ne m’ont rassuré. Leurs masques étaient sous le menton ou sous le nez. Pour d’autres, la propreté de leurs masques m’ont fait douter. Même à vue d’œil on pouvait imaginer que ces derniers n’ont pas été lavés depuis des lustres.

Il devient urgent que l’Etat prenne des mesures encore plus drastiques pour faire appliquer les mesures barrières. Quant à la frange de la population qui ne respecte pas les mesures édictées, il faudra trouver le moyen de l’y contraindre. Certains même refusent toujours de croire en l’existence du virus. La sensibilisation doit donc toujours continuer.

Pour ma part, en tout cas, je ne souhaiterais pas que nous expérimentions la citation d’Alfred de Musset, “l’homme est un apprenti, la douleur est son maître”.


Sénégal : le tourondo ou l’homonymie des prénoms

Le 4 avril dernier au Sénégal, un père de famille dont la femme a accouché d’un triplé a décidé de prénommer les deux premiers Macky Sall et Abdoulaye Diouf Sarr. Ce sont les noms respectivement du Président de la République et du Ministre de la Santé et de l’Action Sociale. Il a déclaré vouloir ainsi magnifier les différentes actions entreprises par ces deux autorités étatiques dans la lutte contre le Covid-19. La dernière du triplé, une fille, s’est vue attribuer le nom d’une dame. Une infirmière qui a rendu bien de services à l’heureuse mère. Cela n’a rien d’étonnant au Sénégal : c’est la tradition du « tourondo ». Il s’agit de l’homonymie des noms. Une pratique sociale très prisée au pays de Senghor.

Car rapide à Dakar - Crédit image : Image libre sur pixabay
Un car rapide à Dakar – Crédit Photo : Emer Iglesias sur Pixabay (Image libre – pas d’attribution requise)

Souvent au Sénégal, il est attribué à l’enfant qui naît un prénom déjà porté par un membre ou un ami de la famille, ou encore par une célèbre personnalité. L’on dit alors que l’enfant a pour tourondo la personne dont il porte le prénom. Les raisons de ce choix varient de l’amitié de la famille avec la personne à la reconnaissance de ses qualités humaines en passant par les grands actes qu’elle aurait posés.

Cette pratique de l’homonymie est d’ailleurs courante dans beaucoup de pays du monde. On donne le prénom du grand-père, de la grand-mère ou de l’oncle ou tout autre membre de la famille ou d’un ami. Néanmoins elle a quelques particularités au Sénégal.

L’artiste mondialement connu, Youssou Ndour, a d’ailleurs titré une de ses chansons « Toureundo ». Le clip est en fin de ce billet et un résumé ci-dessous en citation.

Ya mome souma toure (c’est à toi qu’appartient mon prénom). C’est parce que mes parents t’ont apprécié qu’ils m’ont donné ton prénom. C’est toi qui mérite qu’on donne ton prénom à son enfant…

Youssous Ndour dans la chanson Toureundo

Avec le-s prénom-s ou homonymie partielle

La première possibilité est de donner le prénom de la personne choisie à l’enfant. Ainsi une tante s’appelant Sylvie Charlotte peut être la tourondo de sa nièce appelée Corine Sylvia. Un enfant de la famille Mbengue pourrait avoir pour nom complet Macky Mbengue car il a pour tourondo le Président de la République.

Il peut aussi arriver qu’un enfant soit l’homonyme de deux ou trois personnes. Il prend donc tous les prénoms requis pour cela.

Les prénoms des guides religieux du pays servent souvent. Ainsi vous verrez beaucoup de Sénégalais avec des prénoms comme Sérigne Saliou, Cheikh Bamba, Mame Diarra, Sérigne Abdoul Aziz, El Hadj Ibrahima ou encore Théodore Adrien. Les trois premiers tourondos sont de la confrérie mouride, le quatrième est tidjane et le cinquième niassène (ce sont trois confréries musulmanes au Sénégal), tandis que le dernier cité est catholique.

Avec la forte communauté étrangère vivant au Sénégal, nous avons des prénoms d’origine africaine diverse qui s‘instillent dans des prénoms d’enfants sénégalais. Deux de mes amis y ont eu recours. Mon ami Nasser Badji, sénégalais de souche, a nommé son fils Paul Nyibéyényibèrè Badji. L’agent de l’état-civil a failli tomber des nues. Il a fallu lui expliquer que Paul a pour tourondo Serge Nyibéyényibèrè Somé, un ami burkinabè de Nasser.

Avec le nom, une autre homonymie partielle

Le nom de famille de la personne choisie peut aussi servir de prénom pour l’enfant qui est son homonyme. Si vous rencontrez donc des enfants à Dakar dont le prénom est Lasmothey, soyez sûrs que je ne vous ai rien caché. Déjà, j’ai Habiboulaye Lasmothey Faye qui est mon homonyme. Je suis son tourondo car son père a jugé que je le mérite.

Généralement lorsque dans le nom d’un Sénégalais, vous avez l’impression d’avoir deux noms de famille, il peut s’agir de ce type d’homonymie.

Ne soyez donc pas étonnés si vous rencontrez dans les rues de Dakar, Saint Louis ou Kaolack des Sénégalais appelés Abdoulaye Trump Wade, Macky Obama Sy, Abdoulaye Macron Diouf, Jean Kim-Jung Mbaye ou Jacques Gana Armstong Faye. Oui le nom utilisé peut même venir d’ailleurs que le Sénégal.

Avec le-s prénom-s et le nom ou homonymie complète

On peut aussi choisir de donner tous les noms et prénoms de la personne choisie, à l’enfant. C’est pourquoi, nous avons des Saguinatou Dia Ly ou des El Hadj Gueye Tall. Pour ces deux exemples, les familles Ly et Tall ont choisi comme tourondo de leurs enfants Saguinatou Dia et El Hadji Gueye.

Pour le cas évoqué au début, les enfants s’appelleront donc Macky Sall Faye et Abdoulaye Diouf Sarr Faye. Le père des enfants étant Khabane Faye.

On peut d’ailleurs remarquer le Ministre de la Santé lui-même a pour tourondo Abdoulaye Diouf. Pour le Président Macky, nous savons qu’il a pour tourondo son oncle Macky Gassama.

La particularité de l’homonymie au Sénégal est donc d’arriver jusqu’au nom de famille ou à l’ensemble de l’identité transformé en prénoms pour des enfants. Au Togo, par exemple, on peut trouver un homonyme du Président qui s’appelle Faure Fabre mais il sera difficile de trouver Faure Gnassingbé Fabre.

Au Togo, en langue locale Mina, on dit de l’enfant qui est notre homonyme qu’il est notre « nii ». Les Ewes Anlon du Ghana disent « doko ».

Et chez vous, comment appelez-vous vos homonymes ?


Ayimôlou, notre incontournable amour

Ayimôlou est une vraie star dans toutes les villes du Togo. Tel un célèbre artiste de la chanson ou un footballeur professionnel d’envergure, il a le vent en poupe. Ayimôlou est un plat cuisiné à base de riz et de haricot, qui règne désormais en maître dans les rues et marchés du pays. Et également sur les réseaux sociaux et dans la diaspora. Il rehausse de sa saveur la grande richesse gastronomique du Togo.

Ayimôlou
Ayimôlou avec assortiments – Photo : Edem Gbétoglo, avec son aimable autorisation

A l’origine, la majorité des vendeuses de ayimolou venait de la préfecture de Tchaoudjo, située dans la région centrale du Togo. Elles sont de l’ethnie Kotokoli et on les appelle communément « bêrês ». Mais ça, c’était avant…

Si l’on peut dire que les hommes de Tchaoudjo sont des guerriers et cavaliers redoutables, l’on ne risque pas de se tromper en affirmant que leurs femmes sont de vrais cordons bleus en matière de ayimôlou qui est appelé « watchê ». Cette même appellation est adoptée au Ghana voisin. Au Bénin et en Côte d’Ivoire, il est appelé « atassi ».

La beauté du ayimôlou est proportionnelle à la quantité de haricot qui y est.

Les « bêrês » ne règnent plus en maîtresses incontestées

Pendant longtemps, les « bêrês » ont eu l’apanage des meilleurs ayimôlou. Ce mot signifie « grand frère » ou « grande sœur » en langue kotokoli. Aussi à force d’entendre interpeller les vendeuses kotokoli par le nom « bêrê », le commun des mortels a fini par appeler toutes les vendeuses par ce sobriquet. Surtout si ces dernières viennent de Tchaoudjo ou du nord-Togo.

Le bon vrai ayimôlou est celui qui contient une quantité suffisante de haricot en plus du riz ainsi que de la potasse naturelle et très peu ou pas du tout de colorant. Et la belle couleur dorée ou ambre de ce plat fait tout son charme.

Avec les « bêrês », on est sûr de manger un ayimôlou avec le riz et une bonne dose de haricot. Mais avec le temps, la concurrence entre les « bêrês » et les dames des autres régions du pays est devenue rude. Ainsi nous avons parmi les meilleures préparatrices d’ayimôlou, par exemple, des dames qui ne sont pas kotokoli. Ce qui fait le bonheur des consommateurs.

La fonction mathématique « ayimôlou-X-pièces »

C’est une fonction dont la variable est « X », avec « X » appartenant à l’ensemble des entiers naturels allant de 1 à l’infini.

Si vous avez le ayimôlou avec du gari – émincé de manioc – au gras, du macaroni et de la sauce, vous avez alors la base. Et elle peut être agrémentée de « yébéssé fionfion » ou piment noir (assortiment de petits poissons fumés, d’épices et d’oignons écrasés puis cuits) et du « yébéssé tchoutchou ». Le « yébéssé tchoutchou » est du piment rouge séché et réduit en poudre. Il ne va pas sans son huile végétale passée au feu avec des tranches d’oignons immergées. Dans ces deux types de piments, chaque vendeuse rajoute d’autres petits ingrédients dont elles gardent jalousement le secret. Avec tout ça, vous n’êtes toujours qu’à la valeur « 0 » de X de la fonction.

Ayimôlou
Ayimôlou-4-pièces – Crédit Photo : Destination Togo, avec son aimable autorisation

L’accroissement de la valeur de « X » résulte de l’ajout d’éléments. Si vous ajoutez de la viande, du poisson frit et des œufs bouillis, vous êtes à « ayimolou-3-pièces ». Pour aller à 4 pièces, un bon wangash peut faire l’affaire. Connaissez-vous le « akpanman » ? C’est de la peau de bœuf trempée pendant quelques jours dans de l’eau pour le ramollir puis cuit. Très prisé par les aficionados du ayimôlou, il sert souvent à porter les pièces à 5. Les footeux savent que là on est en défense centrale. Pour porter la fonction au milieu de terrain, on peut rajouter un morceau de poulet frit ou cuit, selon les goûts. On se retrouve alors à « ayimôlou-6-pièces ». Des croupions ou ailerons de dinde peuvent entrer en jeu et nous ramener en excentré droit avec un « ayimôlou-7-pièces ».

Il n’y a que votre imagination gastronomique qui puisse vous limiter si vous voulez arriver en attaque ou atteindre le maximum du « x ».

Ayimôlou 2.0

Tout change et tout évolue, ayimôlou aussi.

La nouvelle mode est de commander via les réseaux sociaux et se faire livrer chez soi. On dit alors qu’on mange du ayimolou 2.0 . Certains sites internet togolais d’informations ont même établi des classements des vendeuses de ce mets à Lomé.

Plusieurs vidéos sur YouTube, des pages et comptes sur les réseaux sociaux notamment Facebook, Twitter et Instagram parlent de ce plat très prisé. Des hashtags #ayimolou ou #watchi sont également utilisés.

Ayimôlou d'un scrabbleur
Un plat de ayimôlou-1-pièce sur un plateau de scrabble – Crédit Photo : Roger Mawulolo

Ayimôlou et les Togolais

Beaucoup de Togolais ont développé une véritable addiction au ayimôlou. C’est pourquoi vous verrez de longues files d’attente devant les « bêrês ». Même dans la diaspora, les dames spécialisées dans sa préparation ont beaucoup de succès.

Avant, ce repas était pris habituellement le matin. Mais de nos jours, on en prend à toute heure. Aussi même à 2 ou 4 heures du matin, trouverez-vous du ayimôlou disponible à certains endroits. Ce qui fait le bonheur des noctambules ou les adeptes des soirées en boîte de nuit. Ils peuvent ainsi recharger leurs batteries. Certains le préfèrent en dîner ou déjeuner.

Voilà vous connaissez maintenant les fonctions socio-économique, mathématique et même technologique du ayimôlou.

Si vous passez à Lomé ou dans une autre ville du Togo, n’oubliez pas de chercher le vôtre. Là vous ne douterez plus de ce que je vous dis. Avec 300 à 500 francs CFA et même moins, vous pouvez disposer d’un bon plat de ayimôlou bien chaud. C’est dire combien il est à la portée de la bourse de tous.

Bon appétit par avance !!!

Une vendeuse de ayimôlou à Lomé


Mondoblog – Newsletter : les centièmes pépites ont été extraites

Le samedi 30 mai 2020, les abonnés à la newsletter Mondoblog de RFI en ont reçu le 100è numéro. Dans le jargon des mondoblogueurs, cette infolettre est dénommée « les Pépites de Mondoblog ». Le chiffre « 100 » étant mythique – demandez aux présidents de la république fraîchement élus -, c’est une occasion pour retracer un peu la vie et le parcours des « Pépites de Mondoblog ».

La newsletter de Mondoblog – Pépites – Crédit image : Mondoblog

Préparées par René Nkowa, un mondoblogueur camerounais, les pépites de Mondoblog regroupent l’essentiel des billets marquants de la plateforme sur une période donnée. Tel un orfèvre, ce mondoblogueur de la cuvée 2010, parcourt minutieusement l’ensemble des billets publiés sur la plateforme. Il y repère ceux qui lui semblent inédits ou marquants et les rassemblent dans un article. Comme il l’écrit lui-même, les « pépites » ont pour but de ressortir la quintessence des blogs et des blogueurs de la plateforme.

« Si l’on y trouve des pépites, c’est que la plateforme Mondoblog est une mine d’or dont l’orpailleur est René Nkowa ».

Genèse des pépites : sur le blog « From Douala with love »

A l’origine, les « pépites » ont été publiées sur une périodicité annuelle sur le blog de René Nkowa, “From Douala with love”.

Ainsi de 2010 à 2014, cinq éditions des « pépites » ont été publiées. Les deux premières éditions (2010-2011) ont été titrées « Mes pépites ». Certainement pour dire que les choix faits n’engageaient que le mondoblogueur-rédacteur.

Par la suite, de 2012 à 2014, les titres sont devenus « Les pépites ». Ce changement d’article indique certainement que René est devenu un peu plus sûr de son fait et assume désormais la totale responsabilité de ses choix. Pouvait-il en être autrement ?

En 2015, les pépites amorcent un vrai tournant.

De Douala à Paris : déménagement des pépites sur la plateforme Mondoblog

En 2015, l’équipe d’édition intègre la rubrique « Les pépites de Mondoblog » à la plateforme des mondoblogueurs. Désormais, les pépites ont changé de mine et de cours d’eau. Des bords du Wouri à Douala, les pépites ont déménagé vers les bords de la Seine à Paris mais l’orpailleur n’a pas changé. Au vu de la qualité et de l’intérêt du travail produit, l’équipe d’édition de la plateforme Mondoblog a fait cette proposition à l’orpailleur, qui l’a accepté.

Dès ce moment, la fréquence de production est passée de l’année à la quinzaine. Et en plus des billets sélectionnés et proposés à la lecture des internautes, chaque nouvelle infolettre fait une lucarne sur un-e mondoblogueu-r-se (focus).

Et le last but not least, les « pépites » sont devenues une newsletter à laquelle on pouvait s’abonner. On parlera désormais des « pépites de Mondoblog ». Et les sélections étaient à thème.

Capture de l’illustration des Mondoblog Audio – Crédit Image : Mondoblog

Les pépites audios et en week-end

L’infolettre du 27 février 2019 a été un des points saillants du parcours des pépites de Mondoblog.

Ce numéro a consacré l’entrée en scène des « Mondoblog audio » . Il s’agit de pastilles sonores constituées par des billets mis en son. L’auteur enregistre une lecture totale ou partielle de son billet. Désormais à la fin de chaque infolettre figure un « Mondoblog audio ». Un bon terrain d’entente entre la tradition écrite et la tradition orale : qui a dit que les deux s’opposaient ? Vous pourriez me dire aussi que c’est de l’oral enregistré…Soit…

A partir de cette même date, le jour de diffusion est devenu le samedi. Auparavant, la diffusion était en début de semaine.

Mais le meilleur était encore pour début 2020.

La newsletter Mondoblog sur le site de RFI – Image : capture sur le site rfi.fr

De la plateforme Mondoblog au site web de RFI

En janvier 2020, l’infolettre fait son entrée en fanfare dans la liste des newsletters officiels de Radio France Internationale. L’on pourrait penser que cette intégration est normale car Mondoblog est portée par l’Atelier des médias de RFI. Mais au-delà de cette considération, il est à noter que les publications des mondoblogueurs montaient de plus en plus en qualité et les sujets abordés sont d’un grand intérêt. L’on ne peut aussi exclure le travail d’édition et d’amélioration de la plateforme que l’équipe de l’atelier des médias abattait. Toute cette synergie combinée aux efforts de sélection de Nkowa ont abouti à ce résultat.

La 100è édition des « pépites de Mondoblog » a permis à son auteur d’aller à la rencontre de 11 mondoblogueurs qui ont chacun proposé trois billets de trois mondoblogueurs les ayant marqué sur la plateforme. Je vous invite à consulter cette infolettre.

Et vous ? Que pensez-vous des infolettres Mondoblog et de tout ce parcours ?


Le « Yes-Yes », ancêtre et précurseur de la microfinance

Dans les années 80 à 2000, les institutions de microfinance encore appelées Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) n’étaient pas assez répandus dans l’espace UEMOA et l’accès au système bancaire n’était pas réellement à la portée de toutes les couches de la population. Au Togo, au Bénin et aussi au Ghana, les acteurs économiques opérant surtout dans le secteur informel avaient recours au système dénommé « Yes-Yes » pour l’épargne et le crédit.

Commerçants et clients au grand marché de Lomé – Photo : Roger Mawulolo

A l’époque, les difficultés d’accès de la quasi majorité des populations aux services bancaires étaient énormes. Outre le manque d’éducation financière, les conditions d’ouverture de banque étaient difficiles à réunir. Quant à l’obtention d’un crédit bancaire, les garanties exigées étaient difficiles à fournir pour la grande masse que constituaient surtout les commerçantes et les commerçants des marchés et quartiers. Le « Yes-Yes » venait à point nommé pour servir de système d’épargne et de crédit.

Le système « Yes-Yes » reposait sur le collecteur (propriétaire de son système), les déposants et le léger dispositif qui servait de base à la gestion. Ce système repose sur une confiance systématique envers le collecteur.

Le collecteur-propriétaire

Généralement, il s’agissait d’un homme et rarement d’une femme. Le bouche-à-oreille lui conférait sa réputation. Son nom était inscrit sur sa fiche de collecte. A part cela et le fait qu’il visite ses clientes de lundi à samedi, les clients avaient assez peu d’informations sur lui. A l’époque, le téléphone portable n’existait pas et il était impossible de le joindre en cas de besoin car il ne disposait pas de bureau. Certains clients pouvaient connaître son lieu de résidence mais c’était plutôt rare. Et la grande majorité ne le voyait que lors des collectes. Il était couramment appelé « Yes-Yes tô » (celui qui fait le Yes-Yes ). Un ambulant donc.

Généralement, le collecteur lui-même n’avait pas une très bonne formation en matière de gestion ou de finances. Il savait juste compter les billets et les pièces et prendre des notes sommaires. Dans le fond, personne ne savait ce qu’il faisait de l’argent collecté. Certains disaient que lui-même avait un compte en banque où il reversait toute sa collecte mais tout cela n’était pas vérifiable et cela ne préoccupait personne. Tout se faisait avec une confiance totale et aveugle en un seul individu.

Le « Yes-Yes tô » passait les jours de collecte, avec son sac en bandoulière à pied ou à moto. Il est dans un style de facteur, comme les postes en avaient, avec la casquette et l’uniforme en moins.

Le nom « Yes-Yes » vient de ce que disaient les collecteurs à l’origine de l’activité. En passant dans les quartiers, ils criaient « yes…yes » pour se signaler.

Le fonctionnement du « Yes-Yes »

Sur la carte ou la fiche de collecte, il est marqué en gras et en lettres capitales « NB : La première cotisation est ma part ». Le premier versement constitue donc la rémunération du collecteur.

Chaque épargnant fixe donc le montant de sa cotisation journalière. Le minimum était 100 francs CFA et le maximum n’est pas défini. Le collecteur venait de lundi à samedi pour la collecte. Chaque client devait cotiser de manière journalière. Lorsqu’il rate un jour, il avait la possibilité de se rattraper le jour d’après. A chaque réception des fonds journaliers, le collecteur mettait un cachet dans la case correspondante au jour sur la fiche. La fiche est imprimée en double exemplaire. Le client en gardait une et le collecteur la deuxième. Chaque fiche avait 31 cases.

A la fin des trente et une cotisations, le client récupère l’ensemble de son épargne et la fiche est ainsi close. Une nouvelle fiche pourra alors être remplie pour débuter une nouvelle épargne. Durant cette période de cotisation, le client pouvait avoir recours à des avances. Après avoir bouclé 15 cotisations journalières, il pouvait toucher une partie de son épargne par anticipation et ne pas attendre la fin de la période des 31 jours. Les clients dont les revenus journaliers étaient importants pouvaient cotiser trois fois la mise ou disposer de plusieurs fiches.

Les commerçantes et les artisans et même certains fonctionnaires étaient des clients du système « Yes-Yes ». Pourtant ces derniers disposaient déjà des comptes en banque. Ce qui démontre tout l’intérêt que ce système, malgré les risques, suscitait auprès des populations.

Boîte de conserve en tirelire pour épargne - Photo : pxhere.com CC0 Domaine public
Boîte de conserve en tirelire pour épargne – Photo : pxhere.com CC0 Domaine public

Les risques

Le principal risque était que le collecteur pouvait disparaître avec les fonds collectés. Aucune garantie n’existait si ce n’est la confiance que les clients lui faisaient. Aucun contrat régissant les transactions n’était signé. Les quelques points indiqués sur la fiche de collecte étaient les seules clauses. Tout se négociait oralement.

Même quand le collecteur-propriétaire décède, aucune garantie n’existait pour assurer la suite des services ou pour au moins rendre aux épargnants leur dû.

Beaucoup d’individus malveillants ont profité de ces failles pour arnaquer d’honnêtes commerçants. Les victimes n’avaient que leurs yeux pour pleurer et leur bouche pour maudire l’escroc et sa descendance.

Les avantages

En l’absence d’accès aux services financiers, cette pratique était une aubaine pour les commerçantes. Elles pouvaient ainsi épargner et faire des projets à court et moyen terme.

Des commerçantes ont pu ainsi épargner et réaliser des infrastructures comme la construction de leurs boutiques ou restaurants voire leurs habitations avec ce système. Evidemment, les montants de leurs épargnes étaient assez colossaux. Le cumul de leurs fiches pouvant atteindre les 50.000 francs CFA par jour et même 100.000 et plus.

Le risque de perte ou de vol des recettes était aussi transféré au collecteur dès le moment où le client lui remettait les fonds.

Les avances consenties par le collecteur ou l’épargne réalisée aidaient beaucoup de familles à revenu faible ou moyen de joindre les deux bouts pendant les moments difficiles.

La proximité est aussi un des avantages du service. Le collecteur va trouver ses épargnants directement à leur lieu d’activité.

Lorsque les périodes de fêtes ou de rentrée scolaire ou de tout événement significatif individuel ou collectif, les clients s’arrangeaient à ouvrir une fiche et planifier ainsi leurs futures dépenses.

Les meilleurs clients…plutôt les meilleures clientes

Sur l’ensemble des clients qui utilisaient ce système, on peut estimer à 80% la part que représentaient les femmes. Très actives dans le tissu commercial formel comme informel au Togo et au Bénin, elles épargnent et prennent du crédit grâce à ce système. Les risques qui existaient ne les effrayaient pas du tout. On pouvait même parler de foi plutôt que de confiance en ce système « Yes-Yes ».

Il faut reconnaître que les diverses institutions de microfinance ont, de nos jours, adopté les mêmes techniques de collecte et de fonctionnement que les « Yes-Yes ». La seule différence est l’existence d’une personne morale derrière les activités. Ce qui n’était pas le cas avec les « Yes-Yes » qui étaient plutôt des personnes physiques.

Dans le fond, « Yes-Yes » n’a vraiment jamais disparu. Quelques rares collecteurs existent encore.
Et vous ? Dans votre pays, y avait-il un système similaire ? Si oui, comment s’appelait-il ?


Togo : le Chœur de l’Unité Togolaise fête en musique les 60 ans d’indépendance

Le 27 avril 2020, 60 ans déjà que le Togo est indépendant. Pour célébrer l’évènement, le Chœur de l’Unité Togolaise (CUT) a proposé une compilation de divers chants en Ewe (langue locale du Togo) et en français. Elle a duré une trentaine de minutes.

Je vous en présente les morceaux dans ce billet sans manquer de vous parler de ce groupe qui fait la fierté des amoureux du chant choral au Togo.

Chœur de l'Unité Togolaise - Photo de famille du
Photo de famille du Chœur de l’Unité Togolaise – Photo fournie par le chœur et utilisée avec son aimable autorisation

Le Chœur de l’Unité Togolaise (CUT) est un groupe musical de chant choral né en 2013 à Lomé, la capitale du Togo. Son répertoire va des chants religieux aux chants profanes.

Il s’est donné pour mission de valoriser les cultures africaines en général et celles du Togo en particulier.

Habituellement, et depuis 2016, pour la célébration du 27 avril, le chœur organisait un concert publique dénommé “le 27 avril, s’il m’était chanté”. Pour les 60 ans de l’Indépendance du Togo, ils ont concocté et exécuté à effectif réduit un cocktail de dix chants.

Décidément, les 60 ans du Togo et la musique semblent avoir un lien fort. Mon amie Inda Etou en a également parlé dans un billet intitulé « Togo : La musique et l’identité culturelle en 60 ans d’indépendance« .

Le chœur

Porté sur les fonts baptismaux en 2013, le Chœur de l’Unité Togolaise est un échantillon du Chœur de l’Unité Africaine crée en 2012 à Lomé lors du festival panafricain « Africa Sings ». Au cœur de cette initiative, Jean Lolonyo Dogbe, un jeune Togolais de la diaspora, féru de la musique classique et de gospel.

Le Chœur de l’Unité Togolaise a pour but de promouvoir la musique chorale en général et le chant choral en particulier. Sa vision est de valoriser la composition musicale des auteurs togolais et africains. Ce qui ne l’empêche pas d’exécuter et de travailler sur les grands classiques occidentaux.

Le Chœur de l’Unité Togolaise chante la paix, la fraternité, l’amour et la réconciliation. De sa création à ce jour, il a initié ou animé plusieurs concerts. Les plus mémorables sont : la finale de la Coupe Nationale de Chant Choral au Palais des Congrès de Lomé en septembre 2013, la cérémonie solennelle d’honneur au feu compositeur émérite Isaac Yaovi DOGBO, la cérémonie de remise de la Coupe nationale de chant choral du Bénin en décembre 2015 ainsi que la journée de l’Unité africaine à Accra (Ghana) en mai 2016 . Le Chœur a aussi rendu des hommages bien mérités au compositeur Ben AGUDETSE et a participé à la cérémonie de dédicace du recueil de chants de Bruno AKPADZA, respectivement en septembre 2015 et en avril 2016. Ces deux derniers sont tous Togolais.

Initiateur du festival togolais des compositeurs (novembre 2017), le Chœur de l’Unité Togolaise a à son actif deux distinctions : en 2015, l’Awards de la Meilleure performance de l’année au Togo et en 2016, l’Awards du meilleur chœur de l’année et du meilleur album CD audio au Togo.

Son maître de chœur attitré est Kékéli Komla WOUSSOU, distingué meilleur chef de chœur au Togo en 2017.

La partie en Ewé de la compilation du 27 avril

Les chants en langue nationale Ewé sont tout aussi populaires que ceux en français sinon plus.

Le premier “Denyigbã nyuie si dzi wo dzi mi le” a été spécialement composé pour les 60 ans d’indépendance du Togo par Kékéli WOUSSOU, le chef technique du chœur. Ce titre signifie “notre belle patrie natale”. Il y est déclaré un amour pour le pays et célèbre ses 60 ans. Il prône l’unité et l’entente.

Le deuxième “Mia denyigbã lonlon la”, un chant populaire chanté tant au Togo qu’au Ghana voisin, exhorte les Togolais à construire leur pays dans l’unité. Ils sont invités à ne pas oublier le sacrifice consentis par leurs aïeux. En français, le titre signifie “Notre patrie bien-aimée”

“Fofo si nuse le” la troisième chanson, vous pouvez l’entendre tant dans les manifestations politiques que lors des matchs de football. Pour les Togolais ce chant rappellent qu’en tout, Dieu (l’être suprême) demeure le plus grand, et c’est ce que veut dire le titre en français. Chaque Togolais, quelle que soit la religion qu’il pratique affectionne ce chant.

Le dernier de la liste des chants en langue locale “Ma dzi ha na nye Mawu” est une action de grâces à l’endroit de Dieu pour tous ses bienfaits.

La partie en français de la compilation du 27 avril

Je vous fais découvrir quelques morceaux choisis avec quelques explications sur leur sens.

L’hymne national du Togo “Terre de nos aïeux” a été le premier chant exécuté par le Chœur de l’Unité Togolaise. Le texte exhorte les Togolais à s’unir davantage pour préserver l’héritage commun qu’est le pays. Et ceci quel que soit les circonstances. Il rappelle en outre que tous les fils et toutes les filles doivent faire briller cette patrie qui est l’or de l’humanité.

La marche républicaine dont le titre est “Eternel bénisse le Togo” a été le deuxième morceau. Il demande à Dieu de bénir le Togo et ses enfants.

Un souvenir d’enfance pour beaucoup de Togolais de plus de 35 ans a été harmonisé et chanté par le chœur. Son titre “Je te chante ma patrie” est une vraie déclaration d’amour au pays.

“Le pays que nous habitons s’appelle le Togo” est presqu’une comptine que les enfants togolais utilisent dans leur jeu de tous les jours. Remodelée pour la circonstance, il a certainement arraché sourire et fierté à tous les Togolais, surtout ceux de la diaspora qui ont pu suivre la vidéo. Pour ceux qui ne l’ont pas fait, je vous la propose en fin de billet.

Les deux derniers chants “Nous l’avons bâtie notre chère maison” et “Toujours joyeux, tel est notre devise” appellent respectivement à protéger la maison commune, entendez le Togo, contre vents et marées et à demeurer toujours dans la joie même si on rencontre l’adversité. La joie permanente étant synonyme de triomphe

Voilà, je vous ai fait le point de cette célébration chantée des 60 ans d’indépendance du Togo par le Chœur de l’Unité Togolaise.

Je vous invite à revivre toutes ces mélodies dans la vidéo ci-dessous. Dansez si vous le pouvez et dites avec moi et le Chœur de l’Unité Togolaise “vive le Togo !!!”


Uruguay : desde el Covid-19, cada uno con su mate

Mon billet sur le maté a suscité l’intérêt de mes ami-e-s de l’Uruguay. Et Milka, l’une d’elles, l’a traduit en espagnol, la langue officielle du pays. D’ailleurs RFI (Radio France Internationale) qui supporte la plateforme Mondoblog est également disponible dans cette langue.

Visité Uruguay el año pasado y allí descubrí el mate. Lo compartíamos entre amigos/as y cada uno chupaba de la bombilla cuando era su turno. Y en eso justamente estriba su esencia: el compartir. Es una tradición bien arraigada.
Con la pandemia de Covid-19, pedí noticias a mis amigos y amigas de Montevideo y Colonia Valdense. Y hablamos de este tema. Tomar mate solo, se ha convertido en la primera de las medidas de seguridad sanitaria.

Maté - Photo : Roger Mawulolo
Los accesorios : la calabaza (el mate) que contiene la yerba mate y la bombilla, y el termo – Foto : Roger Mawulolo

En Uruguay, cuando ustedes se cruzan con una persona con un pequeño recipiente de madera, o una calabaza, de la cual emerge una pajilla de metal, sepan que se trata del mate. Una mirada al recipiente, y verán que la pajilla de metal -la bombilla- está sumergida en una buena porción de hierba mojada con agua caliente. Atrapado bajo una de las axilas del bebedor, o en una mochila, está el termo, para mantener el agua a la temperatura correcta.

El mate es parte integrante de la vida uruguaya, y lo más importante es compartirlo con los amigos/as. Si no se comparte, el mate no es nada. Pero esto era antes de la pandemia de Covid-19.

El mate, herramienta de integración y amistad

La yerba mate es la planta con la que se prepara el mate. Se la encuentra en los grandes supermercados empaquetada con diferentes marcas.

De origen guaraní (pueblo originario de América Latina), el mate ha conquistado casi toda América del Sur y la yerba mete se importa con facilidad a Europa. Es una planta que se cultiva en Uruguay, Paraguay, Brasil y Argentina, sobre todo. En su estado natural, aparece en los bordes de los ríos de las regiones montañosas. Se le atribuyen muchas virtudes, a saber, en la lucha contra la fatiga, la pérdida de peso, entre otras.

Para mí, la mayor de sus virtudes es el compartir, la amabilidad y la amistad. En las márgenes del Río de la Plata, el río que separa Uruguay de Argentina, lo probé. Sepan que en Uruguay, cuando te invitan a compartirlo, es que te están dando consideración y afecto.

No es raro que aún en reuniones o seminarios internacionales, vean a un uruguayo con su equipo de mate. Y a menudo, entre dos sesiones, le verán chupar la bombilla.

El pueblo uruguayo es un pueblo muy afectuoso, y lo demuestra a través del compartir de esta tradición.

El Covid-19, un golpe duro para el mate

Desde que se iniciaron las medidas de protección sanitaria contra el Covid-19, he estado pensando en mis amigos uruguayos y en el mate. Y justamente, el gobierno uruguayo ha estado firme, y ha formalmente invitado a sus ciudadanos a no compartir el mate. La decisión ha sido difícil de aceptar para muchos, pero la razón ha prevalecido. Es cierto que todavía quedan algunos recalcitrantes, pero la medida está siendo aplicada.

Muchos prefieren conformarse con el café, pues para ellos el mate no se puede tomar solo. Les transcribo aquí las palabras de mi amiga Milka. En ellas se siente la amargura y la nostalgia de los momentos de convivencia que crea este té tan particular.

Con el virus, cada uno con su mate… pero eso no es natural! No podemos encontrarnos con los amigos, o la familia… Entonces, ¿para qué sirve el mate? Si no se puede compartir, para mí el mate no tiene sentido”.

Deseamos con mucha fuerza que la pandemia cese, para que el mate pueda retomar su lugar. Pero mientras esperamos, adoptemos las medidas de seguridad.


Uruguay : avec le Covid-19, c’est chacun son maté

J’ai visité l’Uruguay l’année dernière et j’y ai découvert le maté. Nous nous le partagions entre ami-e-s et chacun tirait sur la bombilla à tour de rôle. Et c’est cela même son essence : le partage. C’est une tradition bien ancrée.
Avec la pandémie au Covid-19, j’ai pris des nouvelles de mes ami-e-s de Montevideo et de Colonia Valdense. Nous n’avons donc pas manqué d’en parler. Boire son maté seul est devenu le premier des gestes barrières.

Les accessoires : le pot contenant le maté avec la bombilla et le thermos – Photo : Roger Mawulolo

Lorsqu’en Uruguay, vous croisez une personne avec un petit récipient (pot ou calebasse) en bois d’où émerge une paille en fer, il s’agit du maté. Un coup d’œil dans le récipient et vous verrez que la paille en fer, la bombilla, est plongée dans un bon tas d’herbe infusé avec de l’eau chaude. Coincé sous une des aisselles du buveur ou dans un sac, il y a le thermos pour maintenir l’eau à la bonne température.

Le maté fait partie intégrante de la vie uruguayenne et le plus important est de le partager entre amis. Alors sans partage, le maté n’est rien. Mais ça c’était avant la pandémie de Covid-19.

Le maté, outil d’intégration et d’amitié

Le yerba-maté est l’herbe avec laquelle on prépare le maté. Elle peut se trouver dans les grandes surfaces bien empaquetée sous des noms de marque divers.

D’origine guarani (peuple indien d’Amérique latine), le maté a conquis quasiment toute l’Amérique du sud et s’importe facilement en Europe. C’est une herbe très cultivée en Uruguay, au Paraguay, au Brésil et en Argentine notamment. A l’état naturel, elle pousse aux bords des rivières dans les régions montagneuses. Beaucoup de vertus lui sont prêtées à savoir la lutte contre la fatigue, la perte de poids entre autres.

Pour moi, la meilleure de ses vertus c’est le partage, la convivialité et l’amitié. Sur les bords du Rio de la Plata, le fleuve séparant l’Uruguay de l’Argentine, je l’ai testé. En Uruguay, lorsque l’on vous invite à le partager, sachez que l’on vous donne de la considération et de l’affection.

Il n’est pas rare que même dans des réunions ou séminaires internationaux, vous voyiez un Uruguayen avec son attirail de maté. Et souvent entre deux sessions, vous le voyez tirer sur sa bombilla.

Le peuple uruguayen est un peuple très affectueux et il vous le montre à travers le partage de cette tradition.

Le Covid-19, un coup dur pour le maté

Dès les débuts de la mise en place des mesures barrières contre le Covid-19, j’ai pensé à mes amis uruguayens et au maté. Et justement le gouvernement uruguayen a été ferme là-dessus et a formellement invité les populations à ne plus se le partager. La décision a été difficile à accepter pour beaucoup mais la raison a pris le dessus. Certainement qu’il y a encore quelques récalcitrants mais la mesure est bien appliquée.

Beaucoup préfèrent même se contenter du café car pour eux pas de maté tout seul. Je vous rapporte ci-dessous les propos de mon amie Milka. On y sent l’amertume et la nostalgie des moments conviviaux que créait ce thé particulier.

« Avec ce virus, c’est chacun son maté… mais ça ce n’est pas naturel ! Nous ne pouvons pas être ensemble avec les amis, ou la famille… Alors à quoi peut servir le maté ? S’il n’y a pas le partage, il n’a pas de sens, pour moi »

Vivement que la pandémie cesse pour que la maté reprenne toute sa place. Mais en attendant, adoptons les gestes-barrière.


Covid-19 : les filles et fils d’Agou-Nyogbo, au Togo, se mobilisent

La pandémie du Covid-19 déclarée en Chine depuis décembre 2019 a fini par atteindre l’Afrique et aussi le Togo. Dans le cadre de la lutte contre la maladie, outre le gouvernement, des associations locales également se mobilisent. L’association Solidarité Agou-Nyogbo (SAN) a ainsi fait un don de masques aux autorités traditionnelles du village dont ses membres (au Togo et essentiellement de la diaspora) sont originaires.

Agou-Nyogbo : remise de don de masques au Chef de village dans le cadre de la lutte contre le Covid-19
Remise de don de masques au Chef de village d’Agou-Nyogbo dans le cadre de la lutte contre le Covid-19

Dans la lutte contre la propagation du coronavirus, aucun effort n’est trop petit. Et les filles et fils d’Agou-Nyogbo vivant au Togo et à l’extérieur l’ont compris. C’est ainsi qu’ils se sont mobilisés et ont initié une dotation urgente de leur village en masques. Leur association, la SAN, est l’initiatrice et le pilote du projet.

La mobilisation de ressources se poursuit pour compléter ce premier don et aussi mettre en œuvre une campagne de sensibilisation pour l’adoption des gestes barrières.

Le don

Le don reçu par le chef de village, Togbui Pébi V, par la SAN, est constitué de 1 500 masques. Ils ont été remis en deux lots de 500 puis de 1 000. Le chiffre peut paraître dérisoire mais demeure un don énorme aux yeux de la population rurale. Un lot complémentaire sera bientôt mis à disposition du village. L’objectif visé étant de doter tous les villageois de masque en quantité suffisante.

En outre, l’association va aider les autorités traditionnelles du village dans l’intensification de la campagne de sensibilisation sur le Covid-19. La campagne de sensibilisation insistera sur le respect strict et collectif des mesures indiquées par les autorités togolaises.

Les masques offerts sont produits localement au Togo. Conçus avec des produits de qualité, ils sont lavables.

L’association

La SAN est une association de bénévoles originaires du village d’Agou-Nyogbo. Ils mettent en commun des ressources diverses pour des travaux communautaires de développement de leur village. Les membres de la SAN sont des filles et fils du village du Togo ou de la diaspora. On les retrouve en Afrique (Ghana, Gabon, Sénégal, Côte d’Ivoire), en Europe (Allemagne, France et Belgique notamment) et aux Etats-Unis d’Amérique.

A l’actif de l’association, l’on peut noter la réfection de plusieurs artères du village ainsi que des voies d’évacuation d’eau. Elle participe activement aux travaux de construction du nouveau temple presbytérien du village. A la fin de chaque année scolaire, elle récompense et soutient également les élèves méritants des écoles d’Agou-Nyogbo.

Le village d’Agou-Nyogbo

Agou-Nyogbo est un village de la préfecture d’Agou. Situé à environ 115 kilomètres de Lomé, il est niché sur le flanc du Mont Agou. Cette montagne est le point culminant du Togo avec 986 mètres. Le village demeure un site avec des potentialités naturelles non encore exploitées. La principale production vivrière de ce village est l’igname. Ainsi chaque année, la fête traditionnelle de l’igname dénommée « Tézan » s’y déroule.

Le village dispose d’un hôpital dénommé Béthesda appartenant à l’Eglise évangélique presbytérienne du Togo (EEPT).

La population d’Agou-Nyogbo est majoritairement de l’ethnie Ewé. Vous pouvez voir, ci-dessous, une vidéo de sensibilisation sur le Covid-19 en langue Ewé.