Quand je vous dis que les Sénégalais sont ingénieux, vous ne voulez pas me croire. J’ai encore découvert une de leurs prouesses. Je ne sais pas si ce sont les faits qui me cherchent ou si c’est moi qui les trouve mais j’ai pu découvrir que des Sénégalais d’un quartier de Dakar ont réussi à empêcher définitivement les indélicats d’uriner sur au moins un mur. Et nul n’a été besoin d’inscrire « Interdit d’uriner ici ».

Le phénomène
Dans beaucoup villes africaines (et même en Europe), les actes inciviques sont légions et l’un des plus choquants est le fait de voir des personnes uriner en pleine rue. Ceci est un spectacle de tous les jours et même en pleine journée on peut en faire le constat. De Dakar à Douala en passant par Lomé, Abidjan, Cotonou, Accra, voir un adulte uriner contre un mur est un spectacle courant. Si ce n’est pas contre un mur, on peut les voir se soulager sur un tas d’ordures en plein milieu de la rue, dans un dépotoir à ciel ouvert ou dans les caniveaux.
Leurs positions préférées pour ce faire est la position debout mais d’autres encore adoptent ce que nous appelions à Lomé la «position haoussa». Elle consiste à s’accroupir avant de se soulager.
Les endroits situés non loin des bars et dancings sont les plus prisés pour ce genre de sport car les buveurs de bière urinent beaucoup et souvent pendant leur consommation. Et la superstition même veut qu’on finisse toujours par un gros crachat sur la trace laissée par l’urine. Ce qui rend l’acte encore plus dégoûtant.
Certains indélicats sont tellement habitués à uriner contre les murs qu’on peut les voir se soulager même contre le mur des latrines publiques. Pourtant, ces latrines sont souvent gratuites ou à coût moindre.
Les diverses solutions
Pour éviter tout cela, on peut voir sur plusieurs murs de ces capitales des inscriptions, dont certaines font rire, comme :
- Interdit d’uriner ici
- Interdit d’uriner tout le long du mur
- Interdit d’uriner sinon amende (le montant peut même être précisé)
- Interdit d’uriner ici sinon bagarre (ou encore « sinon funérailles »)
- Interdit d’uriner ici sous peine de confiscation de l’engin (vous imaginez l’engin ?)
Dans certains pays encore, il y a une police de l’environnement qui interpelle et sanctionne les auteurs de ces actes. D’autres ont recours à la sensibilisation mais elle est tellement faible que le phénomène a encore de beaux jours devant lui.
Même la construction de latrines publiques ne semble pas pouvoir endiguer ce phénomène.
L’ingénieuse idée
A Liberté 6, un quartier de Dakar, les riverains ont dessiné des chefs religieux sur un mur. Et depuis ce jour sans qu’aucun rajout du texte « Interdit d’uriner » n’ait été opéré, ce mur est exempt des urines. Je ne sais pas si en le faisant ils avaient pensé arrêter le phénomène mais depuis lors on a constaté que plus personne n’osait uriner contre ce mur. L’idée s’est révélée ingénieuse.
Au Sénégal, la population a un respect profond pour la religion et les chefs religieux. Les Mourides vénèrent Cheikh Ahmadou Bamba, les Tidjanes sont des fervents adeptes de Cheikh Abdoul Aziz Sy, les Niassènes respectent Cheikh Ibrahima Niasse, les Layènes ne jurent que par Seydina Limamoulaye et les chrétiens Catholiques désobéissent difficilement au Cardinal Théodore Adrien Sarr. Quand à Cheikh Ibra Fall, il est la figure emblématique des « Baye Fall » qui sont un groupe mouride. Les groupes cités, à part les Catholiques, sont des confréries religieuses musulmanes qu’on trouve au Sénégal.
Chers lecteurs, dans vos villes respectives, pensez donc à utiliser cette solution. Peut être que ça marchera aussi. Mais tout cela dépendra du rapport que les habitants ont avec la chose religieuse. Pensez donc à ce qui est bien sacré dans votre environnement et utilisez le.
Au delà, il urge d’éduquer les populations sur les bons comportements à adopter quand bien même je n’ignore pas l’urgence extrême que peut constituer une forte envie d’uriner.
Bonne lecture à vous et surtout sachez vous tenir en cas de forte envie d’uriner car une caméra cachée n’est jamais bien loin par les temps qui courent. A bon entendeur …
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