Je regardais un film titré La part des anges et, dès l’explication de l’expression, je me suis dit qu’en Afrique, nous aussi, nous avons ce qu’on peut appeler « la part des ancêtres ». Un des points communs entre les anges et les ancêtres semble donc être l’alcool.
Surtout, avant de me traiter de possédé ou de perdu, de vous mettre à intercéder pour moi ou encore d’invoquer le feu du ciel sur moi, prière de lire d’abord ce billet.

Ce billet ne se veut pas une source de débat de religion, même si je sais que l’alcool a toujours été un sujet passionnant dans le domaine. Pendant que certains pensent qu’on peut en consommer avec modération, d’autres disent que c’est à proscrire totalement. On a même tendance à oublier ceux qui en boivent en cachette pour bien paraître.
Surtout que je parle d’anges et d’ancêtres, il fallait le dire. Cette précision faite, revenons à nos « parts ».
La part des anges
Dans le processus de distillation des boissons alcoolisées, il faut les vieillir. Et pour vieillir les boissons alcoolisées, surtout en Europe, on les conserve dans des fûts. Ces fûts sont souvent en bois. Du chêne notamment. Et le temps de vieillissement à appliquer dépend de la boisson qu’on souhaite obtenir. Si c’est du single malt, il faut entre 8 et 12 ans tandis que pour le scotch, il faut au moins 3 ans. En moins de 3 ans, on peut avoir du whisky.
Durant ce temps de vieillissement, la boisson perd progressivement, par évaporation, son degré alcoolique. C’est cette partie qui s’évapore qu’on appelle « part des anges« .
Cette réduction de quantité montre bien qu’il y a quelqu’un quelque part qui boit, non ? Et surtout si c’est vers le ciel que ça va, vous voulez que ce soit qui si ce n’est pas les anges ?
Je n’ose pas dire que c’est Dieu, ni Jésus, même si son premier miracle a été de changer l’eau en vin.
La part des ancêtres
En Afrique, lorsque l’on vous sert à boire, il est de coutume qu’on verse quelques gouttes au sol avant de consommer. C’est la part des ancêtres. Certains l’accompagnent même de paroles. Ces paroles pouvant être des propos pacifiques ou guerriers, selon le cas. C’est assez souvent une forme de prières ou de vœux adressés aux ancêtres. Même si par hasard, par inadvertance ou encore par maladresse, on fait tomber un verre dans lequel on devait boire, on peut vous dire que c’est la part des ancêtres qui leur est allée. Surtout si auparavant, vous avez oublié de leur donner leur part. D’ailleurs, cela ne s’arrête pas aux boissons : certains même y vont avec la nourriture.
Instinctivement, beaucoup d’Africains font ce geste même quand ils réprouvent les religions traditionnelles. Même quand ils ne prononcent aucune parole, c’est que sociologiquement, ce geste est ancré en eux. Ce geste anodin a pour signification, quelque part dans notre subconscient, la part des ancêtres. Ceux qui nous ont précédé dans l’au-delà.
Les boissons africaines sont souvent le sodabi, le tchoukoutou (bière de mil), le vin de palme (bandji chez les Ivoiriens, matango chez les Camerounais) ou autres boissons alcoolisées traditionnelles.
Finalement, selon ces deux expressions, l’alcool est consommé par les anges et par les ancêtres. Que ce soit par infiltration dans le sol ou par évaporation dans les airs, ils en consomment.
De toute façon, quand on parle d’anges ou d’ancêtres, on pense à la vie et aussi au spirituel, n’est-ce pas ?
Je me dis donc qu’il doit bien y avoir une raison pour qu’on appelle des boissons alcoolisées « eau-de-vie » ou « spiritueux« . Mais cela n’engage que moi.
De toute façon, pour certains les ancêtres sont également des anges. Là, le problème est vite résolu malgré la contestation des autres.
Bonne lecture
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