Mawulolo

Tricherie camerounaise

Pour ceux qui le savent, j’ai séjourné au Cameroun en janvier. Beaucoup se demande ce que je suis allé faire. Je vous dis la vérité aujourd’hui : j’y étais pour défendre ma candidature au poste de sélectionneur de l’équipe nationale « A » du Cameroun, les Lions indomptables. Ils en ont choisi un autre (Hugo Broos) pourtant je remplissais toutes les conditions. Si ce n’est pas de la tricherie camerounaise (africaine), je ne vois pas ce que ce serait.

Pourquoi faites-vous les étonnés alors que moi aussi je répondais aux critères ?
Parcourons les un à un et vous verrez. Ne me dites surtout pas que mes raisons sont teintées de mauvaise foi. Ne voit-on pas des ministres avec des conditions pareilles à celles que je vais avancer ? Il parait même que le fils de Michel Platini est à un grand poste quelque part grâce aux relations et actions de papa. Et pourquoi pas moi alors coach des Lions? Parce que mon père est un célèbre inconnu ? D’ailleurs, il est même déjà mort.

Être de nationalité camerounaise ou étrangère

Je ne suis pas Camerounais mais étranger donc je satisfait au critère de nationalité. Qui vous a dit qu’il faut un Européen ? On a juste dit Camerounais ou étranger donc je suis apte de ce côté là.

Être de bonne moralité

Qui ici ose douter de ma moralité ? Personne. Quand bien même certains détracteurs veulent travestir l’essence de mes billets « Et Dieu créa les Sénégalaises » et « Chéri…tu es le plus beau…viens me prendre », ma moralité n’est pas douteuse. Je ne suis ni corrupteur, ni corrompu, ni corruptible, ni pervers. Mon casier judiciaire est blanc et vide. Même pas de condamnation pour un délit mineur. Je suis bon pour le service.

Être physiquement apte et en bonne santé

Même ça se voit à l’œil nu et pas besoin d’un microscope. Un grand gaillard comme moi culminant à 186 centimètres du sol avec un poids de 95 kilos. Que demandez-vous de plus ? Mes bilans cardiaques et sanguins sont propres. Je suis costaud comme un Bafia (une ethnie du Cameroun) et je fais régulièrement du sport. Je suis donc au point pour l’affaire.

Avoir une forte personnalité

C’est trop facile à démontrer. Si j’arrive à «affronter» et à «résister» à des blogueurs camerounais comme Ecclésiaste Deudjui, Fotso Fonkam ou encore Yves Tchakounté sans oublier ceux venant d’autres pays dans le monde, c’est que j’ai une forte personnalité. Même quand je n’apparais pas dans les pépites de Réné Jackson, ma forte personnalité me permet de rester zen contrairement à d’autres.
Même les Pasteurs et religieux, je les attaque donc point besoin de vous faire un dessin. J’ai même envisagé prendre la place de Joseph Blatter.

Avoir une crédibilité et jouir d’une reconnaissance nationale et internationale

Je connais des blogueurs venus du monde entier et je les ai rencontré à Dakar lors de la formation 2015. On me connait partout dans le monde et j’ai visité beaucoup de pays. Où est donc le problème ?

Avoir une expérience professionnelle dans les clubs d’élites, dans les clubs professionnels ou dans les sélections nationales

J’ai de l’expérience professionnelle en tant que supporter et coach (des grands clubs professionnels comme le Paris Saint Germain, le Réal Madrid, Manchester United et Bayern de Munich) depuis mon salon, sur les sites web, forums de discussion et devant la télé. Ça vaut son pesant d’or non ?
Pour les sélections nationales, je suis fréquent au stade depuis des années aux matchs des Éperviers du Togo, des Lions du Sénégal et bien d’autres nations.

Avoir une bonne connaissance du football africain

Depuis 1984, j’ai suivi toutes les Coupes d’Afrique des Nations à la télévision. J’ai lu beaucoup sur le football africain. Je dénonce aussi souvent les pratiques de Hayatou, l’inamovible Président de la Confédération africaine de football (CAF). Vous n’osez donc pas dire que je ne connais pas le football africain.

Être entraîneur de football de haut niveau titulaire des diplômes fédéraux ou étrangers obtenus à la suite des formations continues (Licence A, Licence Professionnelle ou tous autres diplômes reconnus équivalents)

Licence professionnelle c’est licence professionnelle. J’ai une Licence Professionnelle et même un Master Professionnel aussi dans mon domaine d’activité. Je les ai obtenu en formation continue. Quand au haut niveau, je le côtoie depuis mon salon devant ma télé et dans les forums sur internet en dénigrant les coaches et les joueurs des grands championnats. Les cours à distance permettent de valider des diplômes européens depuis l’Afrique; pourquoi donc suivre des matchs de haut niveau  à distance ne me permettrait pas aussi d’avoir un haut niveau en football?
Souvent même mes choix sont plus justes que ceux de José Mourinho (ex-coach de Chelses) et de Luis Van Gaal (Manchester United).

Avoir un bon palmarès (trophées ou titres nationaux et internationaux remportés comme joueur ou entraîneur de club ou entraîneur national)

J’ai remporté avec l’équipe de mon entreprise des trophées de tournoi inter-entreprises, ça fait donc national. Et comme à ces tournois, ont aussi participé des joueurs des différents pays africains voire européens, ces trophées sont internationaux. D’ailleurs l’entreprise où je travaille est une multinationale sise au Sénégal alors que je suis Togolais donc mes titres sont internationaux. Critère donc rempli.

Être disposé à résider en permanence au Cameroun

Pour avoir passé plus d’une semaine à Bonabéri, je sais que je peux vivre au Cameroun. A Bonabéri (un quartier de Douala), la musique des bars me réveillait à 6 heures du matin et ne s’éteignent qu’à 3 heures le lendemain matin. L’odeur des bacs Hysacam ne me dérangeait pas du tout. Je peux même prendre un bendskin (taxi-moto) sans problème. Je suis tout à fait disposé à supporter ça pour le bonheur des Lions et du peuple camerounais.

Avoir une bonne connaissance de l’outil informatique (logiciels : Word, Power Point, Excel…)

Ce côté c’est simple, je m’y connais et j’ai des certifications dans le domaine. Ingénieur informaticien de mon état et blogueur, je suis à l’aise avec l’outil informatique.

Avoir une parfaite connaissance de la langue française et/ou anglaise

Je sais bien parler Français, je me débrouille en Anglais mais encore mieux je « speak well » le Camfranglais. Quand on sait chanter « Coller la petite » du Camerounais Franko, c’est qu’on maitrise l’argot du Cameroun, non? Mon frère, tu ignores quoi?

Avoir un bon carnet d’adresses dans le milieu professionnel

Le milieu professionnel du football, j’y connais beaucoup de gens par presse et sites internet interposés. Avec internet je sais comment tous les joindre. J’ai un bon carnet d’adresses électroniques piquées sur les sites des clubs professionnels.

Pour toutes ses raisons, c’est moi qu’on aurait dû choisir pour rendre leur notoriété aux Lions indomptables qui ont fini d’être domptés partout où ils passent. Si j’avais des bonnes relations dans les hautes sphères, on m’aurait choisi.
Je suis sûr que c’est Hayatou qui a milité contre moi car moi je dénonce souvent ces actions. Mais ces temps-ci, il m’a épaté hein. La justice américaine et la FIFA ont épinglé tout un beau monde mais pas lui. Comment a t-il fait?
Tout montre que je n’ai pas le savoir-faire du frère Issa mais ce n’est que partie remise, je postulerai encore la prochaine fois car j’aime trop le Cameroun.

Impossible n’étant pas camerounais, devenir leur coach aussi ne devrait pas l’être.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Interdit d’uriner ici

Quand je vous dis que les Sénégalais sont ingénieux, vous ne voulez pas me croire. J’ai encore découvert une de leurs prouesses. Je ne sais pas si ce sont les faits qui me cherchent ou si c’est moi qui les trouve mais j’ai pu découvrir que des Sénégalais d’un quartier de Dakar ont réussi à empêcher définitivement les indélicats d’uriner sur au moins un mur. Et nul n’a été besoin d’inscrire « Interdit d’uriner ici ».

Interdit d'uriner ici - Image : Flickr
Interdit d’uriner ici – Image : Flickr

Le phénomène

Dans beaucoup villes africaines (et même en Europe), les actes inciviques sont légions et l’un des plus choquants est le fait de voir des personnes uriner en pleine rue. Ceci est un spectacle de tous les jours et même en pleine journée on peut en faire le constat. De Dakar à Douala en passant par Lomé, Abidjan, Cotonou, Accra, voir un adulte uriner contre un mur est un spectacle courant. Si ce n’est pas contre un mur, on peut les voir se soulager sur un tas d’ordures en plein milieu de la rue, dans un dépotoir à ciel ouvert ou dans les caniveaux.

Leurs positions préférées pour ce faire est la position debout mais d’autres encore adoptent ce que nous appelions à Lomé la «position haoussa». Elle consiste à s’accroupir avant de se soulager.

Les endroits situés non loin des bars et dancings sont les plus prisés pour ce genre de sport car les buveurs de bière urinent beaucoup et souvent pendant leur consommation. Et la superstition même veut qu’on finisse toujours par un gros crachat sur la trace laissée par l’urine. Ce qui rend l’acte encore plus dégoûtant.

Certains indélicats sont tellement habitués à uriner contre les murs qu’on peut les voir se soulager même contre le mur des latrines publiques. Pourtant, ces latrines sont souvent gratuites ou à coût moindre.

Les diverses solutions

Pour éviter tout cela, on peut voir sur plusieurs murs de ces capitales des inscriptions, dont certaines font rire, comme :

  • Interdit d’uriner ici
  • Interdit d’uriner tout le long du mur
  • Interdit d’uriner sinon amende (le montant peut même être précisé)
  • Interdit d’uriner ici sinon bagarre (ou encore « sinon funérailles »)
  • Interdit d’uriner ici sous peine de confiscation de l’engin (vous imaginez l’engin ?)

Dans certains pays encore, il y a une police de l’environnement qui interpelle et sanctionne les auteurs de ces actes. D’autres ont recours à la sensibilisation mais elle est tellement faible que le phénomène a encore de beaux jours devant lui.

Même la construction de latrines publiques ne semble pas pouvoir endiguer ce phénomène.

L’ingénieuse idée

A Liberté 6, un quartier de Dakar, les riverains ont dessiné des chefs religieux sur un mur. Et depuis ce jour sans qu’aucun rajout du texte « Interdit d’uriner » n’ait été opéré, ce mur est exempt des urines. Je ne sais pas si en le faisant ils avaient pensé arrêter le phénomène mais depuis lors on a constaté que plus personne n’osait uriner contre ce mur. L’idée s’est révélée ingénieuse.

Le murAu Sénégal, la population a un respect profond pour la religion et les chefs religieux.  Les Mourides vénèrent Cheikh Ahmadou Bamba, les Tidjanes sont des fervents adeptes de Cheikh Abdoul Aziz Sy, les Niassènes respectent Cheikh Ibrahima Niasse, les Layènes ne jurent que par Seydina Limamoulaye et les chrétiens Catholiques désobéissent difficilement au Cardinal Théodore Adrien Sarr. Quand à Cheikh Ibra Fall, il est la figure emblématique des « Baye Fall » qui sont un groupe mouride. Les groupes cités, à part les Catholiques, sont des confréries religieuses musulmanes qu’on trouve au Sénégal.

Chers lecteurs, dans vos villes respectives, pensez donc à utiliser cette solution. Peut être que ça marchera aussi. Mais tout cela dépendra du rapport que les habitants ont avec la chose religieuse. Pensez donc à ce qui est bien sacré dans votre environnement et utilisez le.
Au delà, il urge d’éduquer les populations sur les bons comportements à adopter quand bien même je n’ignore pas l’urgence extrême que peut constituer une forte envie d’uriner.

Bonne lecture à vous et surtout sachez vous tenir en cas de forte envie d’uriner car une caméra cachée n’est jamais bien loin par les temps qui courent. A bon entendeur …

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


La mendicité, c’est aussi du marketing

La mendicité, par besoin, existe toujours mais, de nos jours, on voit aussi des personnes valides mendier, à mon avis souvent par paresse ou par oisiveté. Au Sénégal, en plus des autochtones, il est facile de trouver beaucoup de mendiants venus de pays voisins. Le nombre de mendiants a ainsi augmenté, ce qui rend la concurrence très rude. Pour moi, c’est la preuve que, dans l’épreuve, l’homme devient plus ingénieux, car les stratégies utilisées par les mendiants, ici, sont subtiles et très élaborées. Mendier en amateur ne semble plus payer. Il faut passer à une autre étape. Les mendiants de Dakar (de tout âge et de tout genre) l’ont bien compris. D’ailleurs, je suis convaincu que beaucoup de capitales africaines connaissent le même phénomène.
La mendicité s’exerce désormais (oui, c’est devenu un métier, pour certains) en employant les stratégies du marketing-mix.

Mendicité et mix marketing
Mendicité et mix marketing

En français facile, le marketing-mix est la mise en commun de plusieurs facteurs (4 principalement) pour mieux vendre un quelconque produit. Ces 4 composantes sont dénommées les « Quatre P » : produit, prix, place, promotion (communication).
Voyons donc comment ces quatre composantes sont utilisées par certains mendiants.

Le produit

Le produit dans le mix-marketing est l’objet ou le service qu’on vend. Dans la mendicité, on « vend » les diverses infirmités que sont : la cécité, les handicaps moteurs, la lèpre et autres. Maintenant, même l’albinisme est devenu un sujet de mendicité. Des dames, voulant toucher le cœur des donneurs, portent souvent des enfants au dos et s‘arrangent pour que ces enfants soient dans l’état le plus touchant possible. Les jumeaux aussi sont devenus des « enfants objets » qu’on exhibe pour toucher les cœurs et inciter à donner.
Dieu, lui-même, est devenu un objet à vendre pour mendier. On mendie en son nom, par, pour et avec son nom.
Des ordonnances à payer sont souvent aussi utilisées comme produit de mendicité. Le mendiant prétexte une légère ou grave maladie et demande de l’aider à payer son ordonnance. Cette ordonnance est souvent factice.

Certains mendiants sont très bien habillés et même plus propres que ceux à qui ils demandent de l’aide. Eux, ils mendient souvent. Ils racontent, pour compléter leur frais de transport, qu’ils viendraient de loin et, arrivés en ville, on leur aurait volé leur portefeuille, ou bien que celui avec qui ils ont rendez-vous ne serait jamais venu leur remettre l’argent convenu.

Le prix

En marketing, la politique de fixation des prix est dépend de plusieurs facteurs : les coûts de revient, l’image, la clientèle. En mendicité, c’est pareil. On rencontre des mendiants qui, selon votre apparence, vous fixent un prix minimum. Il n’est pas rare de se faire interpeller dans la rue : « Grand, donne-moi 1000 francs pour mon déjeuner ». Tout est en fonction du coût de la vie. A Dakar, le coût de vie est élevé. A Lomé on t’aurait peut-être demandé 200 francs, car la vie y est moins chère.
Certains mendiants laissent le choix libre au donneur, et là, je vous assure, ils jouent sur le prix psychologique.
Il y a même des jours où ils vous réclament le minimum, en disant : « Je prends ce que vous pouvez me donner ». Là, ils sont en promotion et les prix sont cassés ou réduits.
Le prix peut aussi être en nature. Là, on voit des gens donner des paquets de sucre, du lait, de la cola, du riz et bien d’autres produits.
Je vous assure qu’ils peuvent même vous rendre la monnaie au besoin.

Même les techniques d’encaissement évoluent hors d’Afrique. La technologie rentre en action  (voir la vidéo, venue d’Inde, en fin d’article). Nous aussi, on y arrivera.

La place

Cette composante indique, en marketing, la politique de distribution et d’accès aux produits. Les mendiants en maîtrisent apparemment la technique car ils savent se rendre accessibles à leurs « clients ».
Ils connaissent les périodes de ramadan (jeûne musulman) et du carême chrétien. Ils savent qu’en ces moments les mains s’ouvrent (donnent) plus facilement comme on dit. Leurs emplacements aussi changent en fonction des temps et des tendances. Les vendredis, ils sont sur les chemins menant aux mosquées, et les dimanches ils s’agglutinent sur les chemins des églises. Les heures de début et de fin des offices religieux sont maîtrisées et exploitées.
Entre 7 heures et 8 heures, ils guettent les fonctionnaires et se positionnent donc non loin des bureaux. Pendant que les fonctionnaires sont au bureau, ces chers mendiants vont vers les marchés. Ils maîtrisent tout autant les grands carrefours, avec leurs diverses heures d’embouteillage. Les nuits, ils sont près des boîtes de nuit et des lieux où sont organisées des soirées. Je suis sûr qu’ils ont des agendas pour ça. Peut-être qu’ils programment même des rappels automatiques, à cet effet, dans leur téléphone portable. Oui, ils en ont.

Les places coûtent vraiment cher dans le métier. Il suffit que vous voyiez comment deux mendiants peuvent se battre si l’un vient occuper la place habituelle de l’autre, sur une voie réputée « porteuse ».

La promotion (communication)

Il s’agit de faire ici la publicité de son produit. Les mendiants n’ont certes pas encore de blogs ou de sites web, mais ils ont leurs techniques. C’est presque semblable à celles que les femmes de Lomé utilisent au grand marché. Je vous en ai parlé dans «Chéri, tu es le plus beau, viens me prendre».

Selon les cas, les mendiants t’appellent « mon fils », « mon enfant » ou « ma fille » ou encore « mon patron » ou « monsieur le ministre ». Il y a aussi la méthode des pancartes ou des tracts. On y écrit souvent des textes du genre : « Je suis pauvre, aidez-moi » ou en encore « aveugle de naissance ».
Pour toucher, le mendiant peut évoquer Dieu. A Lomé ou à Cotonou, tu trouves un mendiant te sortant des versets bibliques, où il est dit qu’il faut aider les plus pauvres. A Dakar ou à Bamako, tu vas trouver un qui te citera une sourate sur les bonnes œuvres qui ouvrent les écluses des cieux. Il y en a aussi qui, utilisant toujours le marketing religieux, lisent à haute voix des passages des livres sacrés (Bible ou Coran) en pleine rue. Le volume de leur voix est souvent inversement proportionnel à la distance les séparant d’un éventuel donneur. Quand un passant approche la voix devient forte, mais quand il n’y a personne le volume baisse.

Au vu de l’utilisation des « Quatre P », on dirait bien que certains mendiants procèdent à des études de marchés et gèrent leurs affaires, en tenant compte des comportements des consommateurs.
Ils savent qu’ici, au Sénégal, et généralement en Afrique, ils sont indispensables pour certaines personnes. Oui, il y a des donneurs qui cherchent des mendiants spécifiques (aveugle, mère de jumeaux, lépreux ou autres) car leur marabout ou leur féticheur leur a fait des recommandations spéciales de dons ou sacrifices. A quelque chose malheur de l’autre est bon, n’est ce pas?

Pour finir, et je ne mens pas, je peux vous déclarer sur l’honneur que j’ai déjà vu une mendiante qui a un téléphone portable et qui souhaite enregistrer les numéros de ses donneurs habituels. Evoluons–nous vers des techniques de fidélisation de la clientèle ?

Je vous laisse le soin de me le dire en commentaires…

Bonne lecture et soyez rassurés car, en Europe aussi, on mendie.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)

Vidéo d’un mendiant indien (mendiant 2.0)

 


L’erreur est humaine, la bêtise aussi

Nous venons tout juste d’entrer dans l’année 2016 et déjà nous comptons des morts. Des morts d’hommes et de femmes, causées par d’autres hommes et d’autres femmes. On ne peut pas compter ces morts en termes de pertes et de profits, en déclarant « l’erreur est humaine » car on tue, de nos jours, par pure bêtise. Ce sont des bêtises de moins en moins assimilables à des erreurs qu’on veut justifier par la religion, par la politique et d’autres raisons assez futiles.

L'erreur est humaine, la bêtise aussi
L’erreur est humaine, la bêtise aussi

Je disais, quelque part, il n’y a pas longtemps, que moi, au lieu de prétendre souhaiter des vœux de paix, de prospérité et de santé pour l’année nouvelle, je préfère parler de mes peurs pour 2016. Je n’ai même pas eu le temps d’en faire un billet, et voilà que, au bout de 5 jours passés en 2016, nous pleurons déjà des morts. Des décès dus à plein de bêtises individuelles, collectives, voire étatiques. Toujours les mêmes raisons religieuses, d’égo ou d’Etat. Quelqu’un avait raison de dire qu’en fait, changer d’année, c’est juste comme passer d’une nuit ordinaire à un jour habituel.

On tue toujours

Au Burundi, où on tue depuis un bon moment, suite à la réélection de Nkurunziza, la violence est à son comble. Le jeune chanteur Pascal Trésor Nshimirimana, alias Lisuba, qui pourtant faisait la fierté de son pays par la promotion de sa culture, vient d’être abattu comme un vulgaire criminel. Toutes les versions données montrent que sa mort n’est ni accidentelle ni due à une erreur.

En Arabie Saoudite, le pays « saint » de l’Islam où est géré l’un de ses cinq piliers (le pèlerinage à la Mecque – une ville saoudienne), on vient d’exécuter un pratiquant d’une branche cette même religion, le cheikh al-Nimr. Beaucoup de pays se sont embrasés suite à cette exécution, notamment l’Iran, l’Irak et le Bahreïn. Certains pays ont manifesté des protestations diplomatiques. Le monde devient vraiment fou. Les blocs pro-saoudiens et anti-saoudiens se révèlent de manière virulente. Quelle sera la suite de cet acte ? Une guerre réelle sur le terrain ?
Malheureusement, Daesh et Boko Haram feront aussi parler d’eux bientôt et c’est indéniable. Ils viennent d’avoir à nouveau du grain à moudre.

A Tel-Aviv, un tueur qui est toujours en cavale, a tué 2 personnes et blessé 5 autres le premier jour de l’an. Mais où sommes-nous? Tuer est devenu un jeu d’enfants. C’est d’autant vrai qu’aux États-Unis, les armes vont continuer de se vendre comme des jouets. J’imagine qu’on peut penser à offrir en cadeau à Noël, ou au nouvel an, de vraies armes à feu.

En Afghanistan, en Inde, et ailleurs encore, les armes crépitent en ce moment même.
En France, ce sont des conducteurs fous qui s’en prennent aux militaires en faction devant une mosquée, après que d’autres individus violents en aient saccagé quelques-unes.

Avec ça, vous voulez que je me mette à souhaiter des vœux? Non. La bêtise humaine a atteint son paroxysme et la seule chose dont on est sûrs c’est qu’on aura davantage de violence.

Les modificateurs de constitutions seront présidents

Un autre fait qui me marque, moi, Africain : je crains, et je suis sûr de ne pas me tromper, que ceux qui modifient les constitutions vont réussir à se maintenir au pouvoir même au prix des vies humaines.

Comme il le prévoit, Sassou Nguésso restera président du Congo-Brazzaville. Paul Kagamé sera toujours le président du Rwanda, et sûrement jusqu’en 2034. Kabila Junior (j’allais dire Joseph Kabila) demeurera aussi fidèle au poste, n’en déplaise aux populations qui n’auront que leurs yeux pour pleurer leur désarroi et leurs morts. Le système est rôdé et on sait comment gagner les élections. Les exemples sont légion sur le continent noir.

Mis à part quelques pays (Nigeria, Bénin et Sénégal notamment) où la règle démocratique est réellement respectée, beaucoup d’autres sont encore à la traîne. On fait prendre aux textes constitutionnels les couleurs qu’on veut qu’ils prennent. C’est la volonté du régime en place qui prime et des parodies de référendums, pour entériner les modifications forcées, sont organisés pour avoir des scores plébiscitaires.
Renverser les choses comme au Burkina Faso n’est malheureusement pas une règle mais une exception. Là bas, on peut organiser des marches de protestation pour éjecter un président qui change la constitution et aussi pour mettre fin à une tentative de coup d’état.

La pollution va continuer malgré la COP 21

Je doute de l’efficacité des résolutions de la COP 21. Non, personne ne respectera ses engagements. En tout cas, pas les plus grands pollueurs de la planète. N’y a-t-il pas eu Kyoto et je ne sais quels autres sommets pour tenter de régler les problèmes de réchauffement climatique ? Comme dirait quelqu’un, les promesses politiques n’engagent que ceux qui y croient. Ce ne sont même pas ceux qui les font, et encore moins ceux qui signent les protocoles, traités ou conventions.

Ce n’est pas faire preuve de pessimisme, non. C’est juste faire preuve de réalisme.
La terre continuera de tourner dans le mauvais sens. Le sens qui arrange les plus forts, qui ne sont pas toujours les plus sages. Le sens qui arrange les plus violents et il n’y aura rien de nouveau sous le soleil.

Tout en espérant me tromper sur toute la ligne, croyez en mon souhait réel de voir les choses changer. Comme Zidane qui remplace Benitez sur le banc du Real Madrid.

Bonne lecture et que paix vous soit donnée (si vous y croyez).

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Star Wars 7 sera gratuit en Afrique

Le film Star Wars 7 est dans les box et fait le buzz. Les cinéphiles se pressent dans les salles de cinéma et paient une fortune pour le regarder. Mais ça, c’est en Occident et dans les pays riches. Nous en Afrique, nous ne sommes pas du tout inquiets et nous nous réjouissons car on verra bien ce film quelque soit son coût. Malgré la pauvreté qu’on nous prête et qui devait, normalement, nous empêcher de pouvoir avoir ces films si chers, nous avons les moyens de les regarder. Dieu n’oublie pas les pauvres ou bien ?

Star Wars 7 - Le réveil de la force - Image : francebleu.fr
Star Wars 7 – Le réveil de la force – Image : francebleu.fr

La technologie et surtout Internet nous permettent de nous régaler de tous les films et séries qui sortent aux USA même souvent avant que les chaînes francophones ne disposent des versions françaises. Nous regardons dès le lendemain de la projection dans les salles de cinéma ou sur les chaînes de télévisions. Nous avons les versions en Vostfr (sous titrages en français). Ce qui nous donne une longueur d’avance sur les continents où la loi empêche les téléchargements illégaux. Pour une fois qu’on peut être en avance, allons-nous nous en priver ?

L’absence ou le manque d’application de la législation contre le piratage sur internet

Dans les faits, c’est juste pour dire qu’aucune législation n’existe pour nous empêcher de télécharger les films ici chez nous. Certains parlent de piratage, nous on voit ça comme une aubaine. La loi ne traite donc pas d’illégal ces téléchargements donc c’est devenu comme une attitude normale. Même là où cette loi existe, la répression en cas de non-respect ne suit pas.
Autant nos industries cinématographiques locaux souffrent de ce phénomène qui les empêche de vivre de la vente de leurs produits autant les firmes occidentales de cinéma ne peuvent mettre l’Afrique dans leur calcul pour avoir un bénéfice. Ce ne sont pourtant pas les structures protégeant les droits d’auteurs qui manquent. Presque tous les pays du continent noir en ont. Mais fonctionnent-elles réellement ?
Internet coûte cher en terme de coûts par rapport aux débits servis mais demeure une voie gratuite pour faire ce que nous voulons en termes de téléchargement. Les sites réputés « hors la loi » en Europe ou aux USA sont faciles d’accès chez nous. Et nous demeurons dans la légalité vu qu’aucune loi ne nous l’interdit ici.

Le streaming, les sites et les torrents

Ce n’est plus un secret pour nous Africains qu’il nous faut juste un site mettant en téléchargement libre les torrents des films et avoir un logiciel comme U-torrent et le tour est joué. Il suffit de connaitre les bons sites et d’avoir les bons outils et une connexion internet.
Je me garde de citer les sites ici pour qu’on ne m’accuse pas de faire de « l’assistance à personne voulant pirater ». Mais bon même si je le fais je ne serai pas hors-la-loi car rien en l’interdit ici.
Les sites où le visionnage de films en streaming aussi sont en libre accès pour nous et cela fait notre joie.

Les canaux de distribution

Boutique de DVD en plein marché - Image : lemonde.fr
Boutique de DVD en plein marché – Image : lemonde.fr

Pour ceux qui n’ont pas de chaînes internationales chez eux ou qui ne disposent pas d’internet, leur alternative reste les salles de cinémas populaires dans les quartiers. Les propriétaires de ces salles se chargent de faire les téléchargements et de projeter le film au grand public de leur quartier. Aucune autorisation particulière à avoir pour ouvrir lesdites salles. Des fois, il suffit juste de payer quelques redevances à la mairie du quartier et le tour est joué.

Au-delà des salles de vidéo, il y a aussi des chaînes locales de télévision qui projettent des films piratés. Des fois, l’Autorité de régulation peut réagir et fermer temporairement les médias fautifs mais la base légale leur manque pour réellement enrayer le phénomène.
Il suffit à la chaîne de faire le téléchargement et de projeter allègrement et sans souci d’être inquiétée.

L’autre voie aussi est de se procurer le DVD au marché. Cela se vend comme de petits pains au nez et à la barbe des Autorités des pays. Évidemment les vendeurs de DVD ont fait les téléchargements nécessaires des fichiers qu’ils ont gravés ensuite eux-mêmes.

Les industries locales du secteur ainsi que les multinationales essaient de trouver des solutions mais le combat est âpre.
C’est ça notre économie numérique ou cinématographique à nous.
Si cela peut rassurer certains, je peux vous dire que le phénomène n’est pas seulement en Afrique mais je m’y limite pour le moment.

Vous comprenez donc pourquoi « Star Wars 7 » sera gratuit en Afrique, s’il ne l’est pas déjà. On n’aura juste le choix entre le téléchargement «gratuit», le streaming tant que Internet nous le permet ou encore l’achat de DVD au marché.
Comme le dit le film lui-même « Que la force soit avec vous (toi)». Pour le moment, elle est avec nous.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Dakar 2015 : le « beer mile » des mondoblogueurs

Vous connaissez le « beer mile » ? C’est une course sur un mile (1,6 kilomètres environ) où à chaque 400 mètres, les participants ont l’obligation de boire l’équivalent d’une bière dans des conditions spécifiques.
J’ai assisté, moi, à un « beer mile » qui a duré une semaine à Dakar avec des mondoblogueurs venus d’un peu partout pour la formation 2015.
« Beer mile » ou « beer week » ? A vous de voir à la lecture de ce billet.

Photos authentiques des faits (étapes boissons) - Les visages sont invisibles à dessein
Photos authentiques des faits (étapes boissons) – Les visages sont invisibles à dessein

Ce « beer mile » particulier s’est donc déroulé avec des spécificités propres définies au fur et à mesure par les mondoblogueurs. Le nombre d’étapes de courses et de consommation de boissons n’ont pas respecté la norme des 4. Encore que quelques participants hors-la-loi se permettaient de disparaitre pendant « l’étape » de la journée et anticipait sur les « arrêts-bière ».

Les conditions du « Mondoblogueurs beer mille »

Généralement un « beer mile » se déroule en quatre étapes entrecoupées par des consommations de bière dans des conditions précises. A Dakar, ils sont arrivés pour beaucoup un vendredi et se sont mieux connus le lendemain samedi donc la première pause-bière a eu lieu le soir même du samedi et s’est poursuivi les autres jours jusqu’au départ du dimanche de la semaine qui a suivi. Nous avons donc eu 9 étapes de courses entrecoupées de 8 pauses-bières. Ça c’est qui a été réglementaire car certains « coureurs » ont créé leur propres « beer party » en pleine course. Ils s’échappaient des cours ou les séchaient pour aller se rafraichir. Ils n’ont pourtant pas été disqualifiés. Avouons qu’il faisait un peu chaud quand même.

Dans un « beer mile », la quantité et le type de bières à consommer sont bien définis. Ici, ça ne l’était pas, chaque coureur buvait de manière proportionnelle à sa résistance à l’alcool et par rapport à ce qu’il avait dans sa poche sauf si d’autres l’y aidaient. Pour les types de bières aussi chacun y allait selon son goût : gazelle, 33 export, beaufort, despérados et bien d’autres.

Dans un « beer mile », on dispose d’une certaine distance et d’un temps pour consommer. Ici non. On en prend aussi longtemps qu’on peut ou qu’on veut.

Les étapes du « Mondoblogueurs beer mille »

Les étapes de courses étaient en un seul lieu : l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) où se tenaient les cours. Mais les étapes de boissons étaient diversifiées, ce qui avait un impact sur l’itinéraire de la course. La transition entre la course et la partie des boissons pouvait se faire par un bus de Senecartour ou à pied ou par d’autres moyens.

Les lieux de pauses-bières : «Espace Thially», «Keur Mithiou» ou encore « Chez la Congolaise » ou « Khor bi » et bien d’autres dont les noms sont maintenus secrets par les adeptes. Les dibiteries* aussi ont senti le passage de ces coureurs de « beer mile ». Ce serait un crime de lèse-majesté que d’oublier « La Calebasse des Mamelles» (restaurant « La calebasse » située dans le quartier des Mamelles) et « Le Castel » (une boîte de nuit de Dakar) car ce furent des étapes décisives dans ce « beer mile ».

Aux étapes de boissons des «beer mile» classiques, d’autres ont rajouté les étapes-cigarettes normales ou électroniques. Un véritable «  beer and tobacco mile », je dirai.

Il y avait aussi ceux qui ne buvaient pas d’alcool donc pas de bières mais ils étaient une goutte d’eau dans la mer de buveurs. Ils se contentaient de leurs boissons sucrées Gazelle Ananas, Gazelle Pomme ou autres. Si on les rajoute aux autres, on aura un « drink mile ».

Pour finir, je ne peux manquer de dénoncer le braconnage bien organisé sans aucun respect pour la COP21. Je n’exagère pas hein. Quand on descend des gazelles (bières sénégalaises), et qu’on mange sans retenue du dibi (grillade de viandes de bœufs, de poulets ou de porcs) et qu’on fume des cigarettes à tort et à travers, n’est-ce pas du braconnage doublé de pollution à la fumée de cigarette ? Qu’y gagne la planète et la nature si ce n’est leur destruction.

La « beer mile » de Dakar était mixte, il n’y avait pas de ségrégation entre hommes et femmes. Permettez que je ne nomme pas celui ou celle qui a remporté la course car ce qui s’est passé à Dakar doit rester à Dakar.

Salam chez vous…

* dibiterie : lieu de production et de commercialisation du dibi (grillade de viande)

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)

P.S : Les visages, sur le montage photo, sont certes invisibles mais chacun se reconnaitra


Ami blogueur, es-tu un thermomètre ou un thermostat ?

Avec certaines discussions et interventions lors de la dernière formation Mondoblog tenue à Dakar, je me suis vraiment interrogé sur le type de blogueur que je dois être.
Il m’a fallu entendre un aîné parler le dimanche et que le lundi, je lise le dernier billet d’Ecclésiaste Deudjui pour que cette question me revienne à l’esprit.
Dois-je (devons-nous) être un (des) blogueur(s) thermomètre(s) ou un (des) blogueur(s) thermostat(s) ?

Blogueur : thermomètre ou thermostat ?
Blogueur : thermomètre ou thermostat ?

Martin Luther King, le défenseur bien connu des droits humains, était aussi Pasteur. Il avait jugé que dans une communauté chrétienne on avait des fidèles thermomètres et d’autres qui sont des thermostats. Le premier groupe se contente de mesurer la température et de s’y conformer tandis que le second ne se contente pas seulement de la mesurer mais la régule.
Ceci veut dire tout simplement que les fidèles « thermomètres » n’agissent en rien sur les évènements qui se passent dans leur environnement. Ils laissent faire et subissent alors que les « thermostats » agissent, dénoncent et proposent des solutions.
Ceci peut facilement s’appliquer à tout autre groupe mais aussi aux blogueurs.

Le blogueur thermomètre

Le blogueur thermomètre se contente d’écrire tout en évitant les sujets qui fâchent. Je dirai qu’il écrit pour juste décrire la nature sans rien de plus. Il ne donne aucun avis, ni aucune orientation. Il est un simple spectateur. Qu’on tue les autres, qu’on les méprise ou qu’on les exploite ou qu’on bafoue les droits humains lui n’en a cure. Qu’on maltraite la veuve ou l’orphelin, que la mauvaise gouvernance s’instaure, ce n’est pas son problème.

Qu’on détruise l’environnement, que des migrants meurent, que des kamikazes tuent en se tuant ou que des terroristes décapitent des innocents, lui préfère regarder ailleurs ou composer des poèmes à l’eau de rose. Encore qu’avec des poèmes on peut dénoncer des choses qui ne fonctionnent pas.

Qu’on craigne d’être taxé d’homophile ou d’homophobe, on est thermomètre. Qu’on craigne de donner son vrai avis sur un sujet, c’est pareil.

Si nous vivons dans un pays dirigé par un dictateur et que nous craignons pour nos vies, nous pouvons au moins parler du voisin qui bat sa femme ou qui néglige ses enfants. C’est aussi un sujet qui peut éveiller des consciences.

Le blogueur fermant ses yeux sur ce qui ne va pas et qui préfère par peur ou indifférence ne rien dénoncer est donc un « blogueur thermomètre ». Son comportement est fonction de celui du groupe où il vit. Tel un béni oui-oui.

Le blogueur thermostat

Le thermostat ne se contente pas d’indiquer la température de l’endroit où il est placé, mais agit ou réagit quand cette température n’est pas normale, pour la ramener au niveau voulu.

C’est cela que doit être un blogueur : écrire quand il y a un problème. Écrire avec des preuves et des arguments. Dire ce qui ne va pas même si cela doit déranger. Faire entendre les voix de ceux qui n’ont pas d’espaces d’expression.

Face à la montée de la violence aveugle qui tue, viole, maltraite, asservit par mille et une voies, doit-on se taire et faire semblant ? Face au dérèglement climatique, doit-on rester coi?

Dans certaines traditions africaines, le bélier est sacrifié lorsque la paix revient entre deux groupes qui étaient en conflit. On dit souvent que si le bélier lui-même avait cherché à prévenir le conflit en dénonçant les germes souvent visibles, il aurait évité qu’on le sacrifie à la fin car le conflit n’aurait même pas débuté. C’est une image pour indiquer que lorsque la case de notre voisin brûle il faut l’aider à éteindre le feu, de peur que le feu n’atteigne notre propre case. Donc cher blogueur, fuir les problèmes de la société pourrait, un jour, se retourner contre toi et tu pourras être la victime du problème que tu évites de dénoncer.

Les risques d’être un thermostat

Raef Badawi fouetté - Crédit :mosaiquefm.net
Raef Badawi fouetté – Crédit :mosaiquefm.net

Il est vrai que certains blogueurs engagés l’ont payé de leur vie.  Je m’incline devant la mémoire de Neloy Neel, un blogueur engagé assassiné en cette année même au Bangladesh.

Dans beaucoup de pays aussi, des blogueurs sont traqués, emprisonnés et maltraités physiquement ou mentalement. Connaissez-vous les blogueurs Alexeï Navalny, Amos Yee, Alaa Abdel Fattah, Raif Badawi ? Eux sont connus pour souffrir de leur engagement mais d’autres moins connus ou pas du tout souffrent aussi en silence et dans l’oubli.

A la récente formation Mondoblog de 2015 à Dakar, on a certains amis blogueurs que je ne citerai pas qui nous ont parlé des menaces reçues. Certains ont dû, à certains moments, cesser leur publication sous peine de représailles. Si tu n’as jamais vécu cela, tu ne peux pas comprendre.

Mais est-ce une raison pour se taire ? Moi je dis non car le mal ne fera que progresser et devenir plus fort, plus pernicieux.

Faire son choix

Interpeller, sensibiliser, conscientiser, informer, éveiller les consciences : voilà le rôle que moi je trouve nécessaire pour un blogueur. C’est de cela qu’il s’agit. Un blogueur est un porte-voix des sans voix de nos sociétés. Il faut certainement dire ce qui marche mais encore plus dénoncer ce qui ne va pas.
Comme nous sommes à l’époque des #JeSuis…., à toi, cher ami blogueur, de faire le choix entre : « #JeSuisBologueurThermometre » et « #JeSuisBlogueurThermostat ».

Sans cela, pour moi et selon moi, vous n’aurez jamais le droit de dire « Mondoblogito ergo sum ». Vous pourriez aussi me répondre que vous ne l’avez jamais dit et je vous demanderai à quoi donc sert votre blog.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Le riz (tiep), pilier central de la cuisine sénégalaise

Je préviens mes amis qui envisagent visiter, un jour, mon pays d’accueil le Sénégal.
Préparez-vous psychologiquement à affronter le riz sous toutes ses formes. Au Sénégal, à part la politique, une pénurie de riz aussi peut amener la population à sortir et manifester.
Il s’appelle tiep (lire tchep) en wolof, la langue la plus parlée au Sénégal.

Riz au poisson - Tiéboudiène
Un plat de tiéboudiéne – Riz au poisson – Photo : Roger Mawulolo

Je vous vois sourire croyant que les noms de tous les plats à base de riz vont commencer par « tiep », détrompez-vous et lisez les lignes suivantes.

Un autre conseil, au Sénégal, quel que soit le nom du plat qu’on vous sert, dites-vous que c’est à base de riz, pariez et goûtez. Vous aurez 90% de chance de viser juste.

Le tiéboudiéne

En wolof, le poisson s’appelle « diène ». Tiep bou diéne veut donc dire « riz au poisson ». Et sa forme contractée donne « tiéboudiéne« . Au-delà on peut avoir du tiep bou yapp (à la viande) ou le tiep bou guinar (au poulet). Le tiep bou diene peut être de couleur « rouge » ou « blanche ». Plusieurs rajouts sont possibles avec des morceaux cuits de manioc, de patate douce, du chou et d’autres assaisonnements sénégalais.
On a aussi le tiep bou kéthiakhe (riz au poisson fumé, séché).

Le tiéboudiéne demeure le plat sénégalais le plus connu.

Le yassa

Ce plat se déguste avec une sauce à base d’oignons. On a le yassa poulet, le yassa viande et le yassa poisson mais rien ne peut remplacer le riz blanc qui demeure l’accompagnement exclusif de ce plat. Du jus de citron rajouté en mangeant confère à ce plat une saveur particulière.

Le mafé

Sauce à base de pâte d’arachide, le mafé peut être préparé avec de la viande de bœuf ou de mouton et même du poisson. L’accompagnement est exclusivement le riz blanc. Encore et toujours cette chère céréale. Un peu de gombo rajouté dans cette sauce vous donne le mafé kandja.

Le soupe kandja

Le gombo, un légume tropical, permet d’obtenir une sauce gluante bien savoureuse dans laquelle on met de l’huile de palme. On y rajoute le riz blanc pour obtenir ce plat appelé soupe kandja.

Le mbakhal (dakhine) saloum

Dans ce plat, le riz est aussi présent et est traité d’une manière particulière. Ce qui le rend pâteux.

Nous allons finir avec les plats de la Casamance, région du Sud du Sénégal.

 Le tiébou diola ou le « c’est bon »

Quand les Casamançais s’y mettent, ça change tout. Ce plat, que vous trouverez dans les restaurants sénégalais sous l’appellation commerciale « C’est bon », est une compilation d’huile rouge, de poisson grillé, d’oignon, de crevettes et autres. Le tout accompagné de riz blanc.

Un plat de tiébou diola – Photo : Roger Mawulolo

Le caldou

Un plat casamançais dans lequel on retrouve du poisson et de l’huile de palme. Il est accompagné de riz blanc sans oublier la sauce au citron vert.

Le gatosse

Ici, il s’agit de la sauce graine (à base de noix de palme) accompagnée de riz bien blanc.

Il existe évidemment d’autres plats à base de mil ou autres céréales mais le riz reste et demeure le roi dans l’alimentation sénégalaise.

Mon étonnement est assez grand quand j’entends dire que la cuisine sénégalaise est riche ou variée. Peut-être qu’elle est riche dans le traitement qu’elle accorde au riz mais pas en variété.

Comme quoi au pays de Senghor, le riz est roi. Et la fille sénégalaise ne sachant pas le préparer est comme une rivière sans poisson et peut difficilement prétendre épouser un Sénégalais bon teint.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Tabaski au Sénégal : rien ne se perd, tout se crée et se transforme en mouton

La fête de Tabaski est l’une des plus importantes fêtes religieuses au Sénégal. Et le point central de cette fête se trouve être le mouton. Cet animal qui fait l’objet de sacrifice pour cette fête est omniprésent dans les maisons comme dans les rues de Dakar. Au Sénégal, à Tabaski, tout se transforme en mouton.
Les négociations avec les filles (si vous voyez ce que je veux dire) ou les transactions d’argent peuvent se transformer en échange de moutons. Même dans nos réservoirs de véhicules, il y a du mouton sans oublier les voies que nous empruntons.
Lisez et vous comprendrez.

Point de vente de moutons
Point de vente de moutons

Les filles et les femmes

Faire des conquêtes féminines à l’approche des fêtes n’est pas forcément une bonne idée. Et la fête de Tabaski ne déroge pas à cette règle surtout dans un pays à majorité musulmane comme le Sénégal (je suis sûr qu’en Guinée et au Mali, ce doit être pareil). En cette période, les filles n’hésitent pas à céder (trop facilement) aux conquêtes des hommes aux portefeuilles et comptes en banque bien garnis. Un seul objectif : se garantir mouton(s) et argent (pour les bijoux, bazins et autres accessoires). Ce qui dérange un peu les conceptions pieuses, c’est que certaines filles deviennent des multiprises car elles disposent de plusieurs « preneurs ». Je veux dire qu’elles ont plusieurs « amants » en charge de la gestion de leur Tabaski. En wolof on appelle « mbarane », l’art de collectionner les amants. En période de Tabaski, le taux de « mbaranisation » monte en flèche. Et un homme averti devrait pouvoir détecter les « mbaraneuses » (adepte du mbarane) de loin sauf si lui-même joue le jeu (oui à maligne, malin et demi :D).

Les hommes mariés ont eux aussi des devoirs en période de Tabaski. Il va falloir offrir un mouton bien dodu à ses beaux-parents. Peu importe les moyens dont vous disposez. On peut trouver, à Dakar, des moutons qui coûte jusqu’à 1,5 million de francs CFA voire plus. Les polygames, qui n’ont pas de moyens financiers conséquents, sont à plaindre car il va falloir satisfaire plus d’une belle-famille.

Les réservoirs de véhicules et les rues remplis de moutons

Ne vous inquiétez pas. Le carburant à base de mouton n’est pas encore d’actualité. Mais à l’approche des fêtes de Tabaski, acheter du carburant au Sénégal peut vous faire gagner des moutons par le biais de tickets qu’on vous remet à l’achat. Vous comprendrez donc l’expression « le mouton peut se retrouver dans nos réservoirs de carburant ».

La circulation est aussi fortement entravée par les divers « stands » de vente de mouton qui assaillent les rues, les trottoirs et les terre-pleins centraux de Dakar. Ces points de vente réglementaires et anarchiques créent des embouteillages car à cause des attroupements et des parkings improvisés. La nourriture de bétail y trouve aussi sa place.

Le transfert d’argent

Les campagnes marketing des opérateurs de transfert d’argent permettent, en période de Tabaski, de gagner des prix en « mouton » lorsque l’on envoie ou reçoit de l’argent. Dénommées « khar ak khaliss » (mouton et argent en wolof), ces opérations publicitaires sont annoncées par de grands panneaux dans toute la ville. Ensuite sur les chaînes de télévision, on assiste à la remise des moutons gagnés.
Je ne citerai ici les noms des sociétés ni ne montrerai les panneaux : ce serait une publicité gratuite sans mouton en contrepartie.

Pour finir, je vous rappelle une règle : la taille du mouton offert doit être proportionnelle à l’amour qu’on porte à la femme à qui on l’offre. Toute conception contraire se retournera certainement contre l’homme.
Bonne fête de Tabaski à vous et surtout n’oubliez pas que l’essentiel est de rendre grâces à Dieu.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Ces chauffeurs « débutantes » de Dakar

En lisant le billet de Salma titré « Tu fais comme… et puis quoi ? », qui traite de certaines discriminations faites aux femmes, je me suis souvenu d’un constat que j’ai fait. Ce qui m’inspire mes écrits du jour se résume en ces termes: certains hommes profitent indûment des inscriptions « Attention débutante » initiées par les nouvelles conductrices de Dakar.

 Photo : carmudi.sn

Photo : carmudi.sn

Reconnaître un(e) débutant(e)

Dès qu’on voit un véhicule faire des manœuvres assez bizarres, on se dit que c’est une débutante. Et, de loin, on voit le papier en format A4 collé à l’arrière indiquant « Débutante ».

Souvent le véhicule s’arrête en pleine circulation. Le conducteur a raté son changement de vitesse et le moteur s‘est arrêté au beau milieu de la route. Alors s’en suit un concert de klaxons de la part des autres conducteurs. Le conducteur commence par suer de grosses gouttes et on le voit chercher à redémarrer sa voiture avec des manœuvres désordonnées. Quand il aura fini de démarrer son moteur, on entend un fort roulement de moteur car il a d’abord oublié de se mettre en première avant d’appuyer sur l’accélérateur. Le moteur vrombit. Je rappelle même qu’avant de faire tout cela, le conducteur a oublié de mettre ses feux de détresse.

Un autre cas très fréquent est de voir la voiture dévaler une pente en marche arrière. Vous serez surpris de constater que ce n’est pas une manœuvre volontaire, c’est juste que la maîtrise du démarrage en côte n’est pas assurée.

La discrimination

Malgré l’inscription « Débutante », on peut voir un homme au volant. On peut donc s’imaginer deux situations :

  • soit c’est la voiture qui est débutante elle-même, mais souvent vu leur état on en doute car elles ne sont pas neuves
  • soit le véhicule appartient à son épouse ou à sa sœur.

La vérité est que le conducteur veut leurrer son monde car pour lui un homme, un vrai, ne peut pas montrer qu’il est débutant en conduite. Et le stratagème trouvé est de faire croire que le véhicule appartient à une femme débutante en conduite.

Quelqu’un m’a déjà dit, pour rire, qu’un homme étant une personne, il peut mettre « débutante » (personne débutante) sur sa voiture.

Ça m’a fait juste sourire.

La discrimination envers les femmes prend des formes très subtiles maintenant qu’elles commencent par connaître leurs droits.