Mawulolo

Dur dur de vivre dans les immeubles

Avec l’urbanisation galopante, beaucoup d’habitants de villes africaines habitent dans des immeubles. Seulement, cette vie n’est pas toujours agréable car beaucoup semblent oublier que vivre en immeuble induit des obligations. Vivre dans cette communauté n’est parfois pas aisé mais on s’y accommode. Un adage togolais dit « il arrive à la langue d’être mordue par les dents mais elle est obligée de rester sur place ». Ceci est souvent le cas si on ne veut pas passer sa vie à déménager. Ou encore peut-on partir lorsqu’on est soi-même propriétaire de l’appartement ?

Immeuble à Dakar
Immeuble à Dakar

Cohabiter ou coposséder un immeuble implique des devoirs et des obligations. La raison est simple : beaucoup d’espaces sont partagés et doivent être entretenus. Ces espaces sont les escaliers, les cours, les parkings, les paliers ainsi que les ascenseurs. D’autres parties moins visibles sont aussi sujettes à ce partage. Il s’agit des tuyauteries, des canalisations, des fosses septiques et des toits. A cela peut s’ajouter la gestion des ordures ménagères produites.

La mauvaise foi et la mauvaise gestion en cause

Souvent la réaction de certains habitants varie en fonction des types de problèmes qui surviennent dans leur immeuble :

  • Quand l’ascenseur est en panne, les habitants du rez-de-chaussée et du premier étage déclarent qu’ils ont des soucis financiers et demandent l’indulgence des autres. Dans ce cas, ceux habitant sur les étages sont pressés que le problème soit réglé
  • Quand ce sont les fosses septiques qui sont pleines, les occupants des étages évoquent leurs poches vides et ceux du rez-de-chaussée font tout leur possible pour que le problème soit réglé.

Vous imaginez donc facilement que chacun agit selon ses intérêts.

Pour l’entretien des escaliers, des couloirs et de la cour c’est souvent assez délicat. Quand il n’y a pas une agence ou une personne en charge de l’entretien, les habitants le font eux-mêmes par rotation. Et souvent, il y a un qui juge que l’autre ne le fait pas aussi bien que lui. Et cela amène des disputes ou des inimitiés entre cohabitants, qui peut s’étendre jusqu’aux familles entières. Même quand un contrat a été signé en bonne et due forme avec une société d’entretien, des tensions peuvent surgir quand un des locataires se révèle être un mauvais payeur.

Certains habitants peuvent, lorsque leur poubelle est pleine, la laisser dans l’espace partagé. Ce qui dérange le voisinage surtout si une odeur pestilentielle en provient.

Pour l’électricité, la gestion de la facture commune amène souvent des coupures par défaut de paiement. De la même façon, le service de sécurité de l’immeuble peut souffrir de non-paiement pouvant amener jusqu’à la résiliation du contrat de gardiennage. Certains habitants, ne possédant pas de véhicules, soutiennent que le gardien ne garde que les véhicules garés devant l’immeuble la nuit. Pour cela, ils ne veulent pas participer aux frais de gardiennage.

Je vous avais aussi fait part, dans mon précédent billet, des bruits que pouvaient faire certains animaux qu’on élève dans l’immeuble. Des hommes aussi peuvent être les auteurs de bruits à cause des disputes (conjugales ou entre les habitants). Certaines personnes indélicates peuvent aussi organiser des fêtes nocturnes sans tenir compte de l’intensité des bruits occasionnés.

Le syndic de copropriété : le meilleur recours

Pour bien gérer un immeuble où cohabitent différentes personnes, il convient de recourir à un syndic de copropriété. Ce qui a l’avantage de disposer d’une base juridique ou contractuelle. Ce syndic peut être confié à des agences immobilières. Mais les habitants peuvent aussi s’entendre pour le gérer eux-mêmes. Dans ce dernier cas, un des habitants peut se voir confier la tâche de la gestion. Il rend ensuite compte aux autres. Dans le cas d’un immeuble où ne logent que des locataires, le propriétaire prend souvent en charge les parties communes tout en prenant soin de rajouter la contrepartie sur les loyers.

Au Sénégal comme dans d’autres pays africains des lois existent pour encadrer les syndic de copropriété mais leur application par les habitants n’est malheureusement pas toujours effective. Souvent ces contrats n’existent que de nom. Si nous observons l’état des espaces partagés dans beaucoup d’immeubles, de graves défaillances sont notées. Il convient de rappeler que le syndic de copropriété bien mis en place donne lieu à des assemblées générales régulières où chaque habitant peut s’exprimer. Ainsi des solutions peuvent être facilement trouvées aux problèmes qui se posent.

A chacun de bien jouer son rôle

Que ce soit par le biais d’une agence immobilière ou par les habitants eux-mêmes, le syndic de copropriété doit être bien géré pour le bien-être des habitants et aussi pour que l’immeuble soit fonctionnel et sécurisé. A cette bonne gestion doit s’ajouter le sérieux des habitants qui devront s’acquitter de leurs contributions financières. Ils doivent aussi avoir des comportements responsables et ne pas participer à la dégradation du bien commun qu’est l’immeuble. Il faut aussi que la résolution des problèmes signalés dans l’immeuble ne fassent pas réagir au gré des intérêts personnels.

Au-delà, les populations doivent aussi être sensibilisées sur les différentes voies de recours qu’elles peuvent utiliser lorsqu’elles sont victimes de ces genres de situations. Bien faire connaître la loi et son application peuvent garantir la paix sociale.

Je ne peux finir sans signaler que tout ce que ne peut régler le meilleur syndic ce sont les ragots. Si ce n’est pas le concierge qui joue à celui ou à celle qui est au courant de tout, c’est le gardien. A moins que les pères et les mères de famille même ne s’y mettent. N’est-ce pas cela aussi qui donne plus de piment à la vie en immeuble ?

Ne souriez pas car je parle d’un problème sérieux.

Et n’oubliez pas de jeter un coup d’œil à la vidéo ci-dessous, un extrait de la série « Nos chers voisins » qui passe sur TF1 (Ce n’est pas de la publicité). Cette série exprime bien les relations de voisinage dans un immeuble.

Salam* à vous ….

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)
*Salam : paix en Arabe, mot utilisé couramment au Sénégal


A Dakar, nous pratiquons l’élevage en terrasse

Dans mon pays, le Togo, je connaissais la culture en terrasse qui est l’apanage du peuple Kabyè, un peuple d’agriculteurs de la région nord. Au Sénégal, j’ai découvert l’élevage en terrasse qui est utilisé par les populations citadines.

Des moutons sur une terrase à Dakar - Image : commons.wikimedia.org
Des moutons sur une terrasse à Dakar – Image : commons.wikimedia.org

Qu’est ce que l’élevage en terrasse ?

Des habitants d’immeubles sont souvent surpris par des bruits de caquètements et de bêlements. La raison est simple : ils ont pour voisins des poules et des moutons. A Dakar, certaines personnes élèvent ces animaux sur les terrasses et les toits des immeubles d’habitation. C’est ce type d’élevage que je dénomme élevage en terrasse (expression inventée par moi-même par comparaison à l’agriculture en terrasse).

Certains le font juste pour le plaisir tandis que d’autres le font à but lucratif. Un voisin m’a déjà dit qu’en tant que peuhl, il ne peut s’empêcher d’avoir des moutons même s’il ne vit pas dans une ferme. Un autre m’a dit le faire juste pour arrondir ses fins de mois en revendant. Cela permet aussi d’avoir des moutons à disposition pour les grandes fêtes et la Tabaski notamment. Quant aux éleveurs de poules, ils le font pour en vendre la chair ou les œufs.

Le manque d’espace, la nécessité d’arrondir les fins du mois et le désir d’avoir des ressources supplémentaires poussent beaucoup à ainsi utiliser les espaces libres des immeubles. Ceci au détriment du voisinage.

Les désagréments causés au voisinage

L’élevage en terrasse cause beaucoup de désagréments au voisinage. Que ce soit les voisins du même immeuble ou des immeubles voisins.

  • La nuisance sonore

Il est désagréable, en plein ville, de voir sa sieste ou son sommeil troublé par les cris d’animaux surtout si l’on vit dans un immeuble. Les bêlements de moutons, le bruit de leurs sabots sur le carrelage, les coups de cornes quand les béliers se battent sont des sources de bruit. Je ne vous dis pas ce que peut donner les bruits faits par les poules.

  • Les déchets, les saletés et les mauvaises odeurs

Les excréments des animaux salissent les espaces occupés et ne laissent pas une odeur agréable à ceux qui habitent à côté. Mieux encore, certains propriétaires ne prennent pas le soin de nettoyer ces espaces. Voici ce que confie une dame :

« Chaque jour, l’éleveur faisait descendre les moutons mais tous les locataires étaient chargés du nettoyage de leur excréments laissés après leur passage sans oublier les murs des escaliers qu’ils touchaient ».

Des doses importantes de désodorisants sont alors nécessaires pour masquer un tant soit peu les mauvaises odeurs. Accueillir un visiteur chez soi devient une source de réflexion tant les odeurs empestent et les saletés sont visibles.

  • Les canalisations bouchées ou refluant des déchets

En période de pluie, les locataires sont obligés de déboucher continuellement leurs canalisations internes car elles sont bouchées par les excréments des moutons. Toute l’eau de pluie venant de la terrasse ressort souvent dans l’évier de leurs cuisines, l’évacuation des douches et autres voies de sorties d’eau, avec un mélange d’excréments de moutons.

L’Etat doit réagir

Ce phénomène semble normal. Il est minimisé alors qu’il constitue un problème de santé publique. Les animaux pouvant porter des maladies transmissibles à l’homme, et il est du devoir de l’Etat par le biais des services d’hygiène de s’y pencher. Le cadre de vie des populations ne saurait être ainsi confondu volontairement avec celui des animaux. On est arrivé à un point où le troupeau vit quasiment dans le même appartement que les humains. L’élevage dans ces conditions devrait pouvoir être interdit.

Les voisins subissant ces préjudices n’ont souvent aucun recours et peuvent tenter de faire entendre raison à l’éleveur. Ce qui engendre souvent bien de conflits. Les plus pacifiques se pressent de trouver un appartement ailleurs et de déménager.

Si je vous dis que des moutons ont « mangé » des habits mis à sécher sur la corde à linge ainsi que des cartons, me croiriez-vous ? Mais c’est ce qui est arrivé à certains voisins des éleveurs en terrasse.

Pour votre bien, avant de louer un appartement, faites tout pour savoir si votre voisin élève ou envisage d’élever des moutons en terrasse.

A bon entendeur, salam*

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)

*Salam : paix en Arabe, mot utilisé couramment au Sénégal


Sénégal : tant vaut ton mouton, tant vaut ta Tabaski

Tuer un mouton à la Tabaski ou Aïd El Kebir est une obligation pour tout musulman…qui en a les moyens. Aussi, pour cette fête, les pères de familles sénégalais s’arrachent-ils les cheveux pour se procurer un beau mouton. Ce mouton doit être digne du rang de l’acheteur car votre valeur sera estimée à sa taille et à sa beauté.

Vente de moutons à Dakar - Photo : Roger Mawulolo
Vente de moutons à Dakar – Photo : Roger Mawulolo

La symbolique du mouton

L’origine de la Tabaski vient d’un récit présent tant dans le Coran que dans la Bible et dans la Torah (respectivement livre sacré de l’Islam, du Christianisme et du Judaïsme).

Un homme appelé Ibrahim (Abraham pour les chrétiens) avait pour fils Ismaël (Isaac pour les chrétiens). Ibrahim était un homme dévoué à Dieu. Ce dernier voulant éprouver sa foi, lui demanda de lui offrir son fils en sacrifice sur une montagne. Ibrahim s’exécuta et au moment de sacrifier son fils, un ange (Djibril pour les musulmans et Gabriel pour les chrétiens) apparut et l’en empêcha. Son fils fut remplacé par un mouton et Ibrahim accomplit le sacrifice.

Pour commémorer ce jour et ainsi montrer leur soumission à Dieu, les musulmans fêtent la Tabaski et sacrifient un mouton.

Où trouver son mouton au Sénégal et à quel prix ?

Pour approvisionner le marché sénégalais à l’approche de la Tabaski, les moutons viennent autant du Sénégal que de l’extérieur (Mali et Mauritanie notamment).

Sur tous les grands axes menant aux villes de l’intérieur, il n’est pas rare de trouver des marchands de moutons. Mais c’est à Dakar qu’il y a le plus grand choix de moutons, on en trouve partout sur les trottoirs et les terre-pleins centraux de la ville. Même au plateau (centre-ville), juste à côté du marché Sandaga (sur l’avenue Assane Ndoye), on trouve un vendeur de moutons. Les alentours des terrains de basket et de football de mon quartier se sont transformés en marchés aux moutons. Toute la ville devient ainsi un grand marché de moutons.

Malgré cette multitude de points de vente et la quantité de moutons, le prix augmente chaque année. Diverses raisons sont évoquées pour justifier la flambée des prix :

Des moutons, on peut en trouver à sept cent mille voire à plus d’un million de francs CFA.

Les problèmes que certains se créent

Les islamologues s’accordent à dire que l’essentiel est de sacrifier un mouton et qu’on n’est pas obligé de choisir un mouton hors de prix.
En 2015 déjà, le Président du Sénégal, Macky Sall, a dénoncé cette énorme pression sociale à laquelle beaucoup cèdent. Il a même indiqué qu’agir de la sorte n’est pas conforme à l’esprit de la Tabaski. Mais cela semble être tombé dans les oreilles des sourds. Et beaucoup de Sénégalais continuent de lutter pour avoir le plus gros et le plus beau mouton pour leur fête, souvent au prix de forts endettements ou de prêts en banque.

La fête de la Tabaski -qui devrait être une fête de reconnaissance à Dieu- est donc devenue une véritable course à la concurrence afin de déterminer la famille qui aura le plus beau mouton du quartier. Ailleurs, les beaux-fils se battent pour celui qui offrira le plus beau mouton à la belle-famille. Pourtant, ils auraient pu mutualiser leurs efforts pour offrir un seul mouton. Pourquoi pas ?
Je vous épargne les détails de ce que subissent les poches de ceux qui sont polygames. Chaque femme doit avoir son mouton. Et on doit aussi servir les belles-familles. Il vous suffit de multiplier le prix d’un mouton par le double du nombre d’épouses et vous arriverez à la réponse. En plus, il ne faudra pas oublier sa propre mère.

Précisons que le mouton doit être accompagné par des bazins de prix (tenue traditionnelle) et des bijoux de valeur. Oui, à la Tabaski, on doit aussi bien s’habiller car c’est la grande fête.

La Tabaski, mes amis et moi

A la Tabaski, mes voisins m’offrent souvent de la viande de mouton. Je ne cherche pas à savoir s’ils se sont endettés ou pas pour l’achat. J’ai bien envie d’échanger avec eux sur le sujet mais ici, au Sénégal, nous avons ce qu’on appelle sutura*. Je me contente donc simplement de savourer la viande de mouton qui m’est offerte.

Un collègue sénégalais à qui il a été demandé ce qu’il voyait en rêve cette semaine a répondu « plein de moutons ». Cela veut tout dire

Pour finir, je ne peux m’empêcher de dire qu’il est bon et rassurant de trouver un ou des points communs entre les trois livres sacrés que sont la Bible, le Coran et la Torah. Si seulement cela pouvait nous ramener la paix dans le monde.

Salam** à vous et bonne fête de Tabaski à tous les musulmans. Surtout n’oubliez pas mon cadeau. De préférence un beau gigot assez charnu.

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)

*Sutura : pudeur qui empêche de tout dire

**Salam : paix en Arabe


Tongasoa* à Antananarivo, mon amour (Partie 2)

Ses douze collines, son artisanat, son architecture, ses salons de massage, ses rizières et ses briqueteries traditionnelles m’ont permis de vous dévoiler mon amour pour Antananarivo dans mon précédent billet.
Dans ce deuxième billet vous découvrirez les autres raisons qui font battre mon cœur pour elle.

Antananarivo : zébus au repos devant une charrette - Photo : Roger Mawulolo
Antananarivo : zébus au repos devant une charrette – Photo : Roger Mawulolo

Les mondoblogueurs

Dès qu’ils ont su que j’arrivais, ils se sont organisés, malgré leur emploi de temps chargé, pour qu’on ait un temps ensemble. Nous nous sommes donc retrouvés dans un restaurant non loin de la gare de la ville à Antaniména. Nous étions finalement cinq sur la douzaine prévue. Ce qui n’a rien enlevé à la qualité de notre rencontre. Nos discussions ont tourné autour de Mondoblog (évidemment) et de nos activités personnelles. On a alors su qu’untel est étudiant, que l’autre travaille dans une banque, que telle est mère de famille et règle bien toute affaire sociale qui ose lui faire face. Ces affaires se transformant parfois en billets sur nos blogs. Les 4 mondoblogueurs malgaches qui étaient avec moi : Lalah, Rindra, Andri et Rija. Ne vous étonnez pas, ce ne sont que les diminutifs de leur prénom respectif car en Madagascar tout le monde a un diminutif. Ce qui est normal vu la longueur des noms et prénoms malgaches !
Même des anecdotes sur nos familles et des informations sur nos parcours scolaires ont été partagées. Le tout autour d’un très bon repas.
Chers mondoblogueurs de Tana, je vous dis : « misaotra tompoko » (merci en malagasy, langue locale à Madagascar).

Les zébus

S’ils ne le consommaient pas, j’aurais dit que « le zébu est pour le malgache, ce que la vache est pour l’indien ». Cet animal est très présent dans la ville de Tana. Il est courant de voir une charrette en pleine ville, sur une voie goudronnée, tirée par deux zébus. Sinon, vous pourrez aussi les voir dans les rizières en train de tirer une machine à labourer.
Tous ces services rendus n’empêchent pas de voir beaucoup de menus servis avec la viande de cet animal. En somme, ils servent mais on les sert aussi (dans les restaurants bien sûr).

Le système de transport

Tarifs et arrière d'un taxibe - Photos : Roger Mawulolo
Tarifs et arrière d’un taxibe – Photos : Roger Mawulolo

Il m’a bien fallu me déplacer depuis Ivato pour aller vers la gare qui se trouve à Antaniména. J’ai redécouvert le système de transport de Tana. Les taxis sont de vieux modèles de véhicules dont les fabricants ont certainement oublié l’existence sauf peut-être les collectionneurs. C’est avec un grand plaisir et une vraie curiosité que j’ai redécouvert les « 2 chevaux », les Renault 4 et les Peugeot 106. La stratégie des chauffeurs est simple : ne prendre du carburant que quand la course est assurée et le client trouvé. Par 4 fois, j’ai vu le scénario se répéter.
A part les taxis, vous avez les taxibe. Ce sont les mini-bus de transport en commun. On peut le prendre n’importe où et descendre n’importe où pour peu que l’on soit sur son axe normal. On en trouve avec des inscriptions diverses surtout sur le pare-brise arrière.
Ils sont souvent de couleur blanche barrée au milieu dans le sens horizontal par un trait rouge.
Les chauffeurs sont des spécialistes de la gestion des embouteillages, ils savent forcer un passage ou trouver un raccourci en fonction des heures.

Renault 4 et "2 chevaux" - Photo : Roger Mawulolo
Renault 4 et « 2 chevaux » – Photo : Roger Mawulolo

La cuisine

Les rizières en plein Tana ont leur explication : le riz est l’aliment le plus consommé par les Malgaches. Côté viande, il y a une très grande préférence pour le porc et le zébu. Les oiseaux ne sont pas en reste. Beaucoup de restaurants proposent le canard laqué, certainement dû à l’influence chinoise (les Chinois sont très présents à Madagascar). Les fruits de mers sont aussi disponibles et Madagascar ne manque pas de fruits. C’est un pays assez pourvu en aliments.
Venant de Dakar où on mange beaucoup de riz et de poissons, je n’ai pas du tout été dépaysé, alimentairement parlant, à Tana.

La sécurité (dans les banques et chez les opérateurs de téléphonie mobile)

Une chose qui m’a marqué c’est qu’à chaque fois que j’entrais dans une banque, le vigile me demandait pour des raisons de sécurité d’enlever ma casquette. Et comme j’en porte presque toujours, cela me faisait réagir. J’émettais toujours une petite protestation car à Dakar où je vis, cela ne posait aucun problème. Mais j’ai fini par conclure que l’environnement sécuritaire l’imposait.

L’autre aspect qui m’a fait sourire est que, lors de l’identification de la puce téléphonique que j’ai acquise, j’ai été pris en photo. Dans tous les autres pays que j’ai visités, l’identification s’arrêtait au remplissage d’un formulaire et à la copie de la pièce d’identité. A Madagascar, on vous prend en photo en plus.

Les Africains

L’Union africaine a encore beaucoup de travail à faire à Madagascar. La majorité des Malgaches nous appellent généralement, nous autres venant du reste du continent, les Africains. Ils ne semblent apparemment pas faire de distinctions entre Togolais, Sénégalais, Ivoiriens, Camerounais, Béninois ou autres. Plusieurs fois dans nos conversations, on me posa des questions ou on s’adressa à moi en commençant par « Vous les Africains… ». J’ai souvent eu envie de rétorquer que les Malgaches sont aussi Africains. Mais je me suis toujours retenu et je ne manquais pas de seulement sourire.

Oui je souriais car à Tana, ton interlocuteur te sourit toujours quand tu t’adresses à lui. Surtout s’il ne comprend pas ce que tu lui dis.
Le Malgache est tellement poli qu’il ne peut pas te dire qu’il ne comprend pas ton français. Alors à toi de deviner qu’il faut reprendre les explications.

Sacré Tana, pour tout ça je t’aimerai toujours. « Veloma » à toi et à la prochaine.

Par Roger Mawulolo (Facebook | Twitter)

Tongasoa : « Bonne arrivée » en Malagasy, langue locale
Veloma : « Au revoir » en Malagasy


Tongasoa* à Antananarivo, mon amour (Partie 1)

J’étais dans cette ville, le 16 octobre 2015 quand le décès de mon père m’a été annoncé. Depuis ce jour, cette ville et moi, on est lié à jamais. A ma deuxième visite, en août 2016, les mondoblogueurs de cette cité m’ont reçu pour le déjeuner et d’autres ami(e)s m’y ont accueilli avec chaleur. Pour tout ça je suis tombé sous le charme de cette ville. Elle, c’est Antananarivo la capitale de la grande île : Madagascar.
Je vous en parlerai en 12 points (dont 6  dans cette première partie) car le nombre « 12 » même semble sacré à Antananarivo.

Antananarivo - Crédit photo : Mawulolo
Antananarivo – Crédit photo : Mawulolo

Vous serez surpris par ces choses simples qui m’ont fait craquer pour elle mais qu’y puis-je si je suis un garçon simple ? J’ai bien dit simple hein mais pas facile.

Les douze collines de la ville

Antananarivo est un ensemble géographique formé par douze collines dont j’ai apprécié l’histoire. Rien de mieux pour prouver la virilité malgache. Le roi Andrianampoinimerina avait construit sur chacune de ces 12 collines une demeure pour chacune de ses femmes. Il en avait douze. Ça ce n’est pas donné à tout le monde car j’imagine qu’il faisait le tour des 12 en maintenant un rythme régulier. Les noms de ces collines sont : Ambohimanga, Analamanga, Ambohidratrimo, Ilafy, Ikaloy, Ivohilena, Merimandroso, Alasora, Miadamanjaka, Ampandrana, Ambohidratrimo et Ambohitrontsy. Certains disent que le roi avait plus d’épouses que ça mais officiellement on parle de 12. La vidéo, en fin de billet, vous donnera de plus amples informations sur les rois et reines de Madagascar.

Les hommes virils, il en faut, car ça nous rend fiers. N’y voyez aucune pointe de machisme ou de marginalisation de la femme, non. Être l’épouse de l’empereur, c’est un prestige. Oh Tana, je t’aime car tu rends à l’homme sa virilité.

L’artisanat

Le marché de la digue avec les toitures typiques de l'architecture malgache
Le marché de la digue avec les toitures typiques de l’architecture malgache – Photo : Mawulolo

Que serait Tana sans l’artisanat ? Plusieurs centres commerciaux ou marchés artisanaux permettent de se procurer des sacs, des habits, des sets de tables, des bijoux, des objets d’art et toute sorte de décorations diversifiées. Même les épices sont disposées avec tellement de soins qu’on croirait à des objets d’arts.

Le marché qui m’a le plus plu est celui de la digue. Situé entre deux petites vallées comportant des rizières, ses kiosques à l’architecture malgache s’étendent le long d’une route goudronnée. Les guides d’occasion, les vendeuses et vendeurs vous accueillent et vous font découvrir ce coin charmant. Avec un bon talent de négociateur, vous trouverez surement votre bonheur à bon prix. La bonne connaissance de la monnaie locale (Ariary) vous permettra de bien cadrer vos achats.
A part le marché de la digue, on peut aussi visiter celui de Andravoahangy.

L’architecture malgache

A Tana, vous verrez, en traditionnel comme en moderne, des constructions avec des toits en double pente faits avec des tuiles plates. En construction précaire (argile ou bois) ou en dur (béton), on en retrouve partout. Leur forme est souvent étroite et haute. Les maisons possèdent souvent un seul étage et la partie haute possède une large fenêtre.

Les collines de Tana en sont remplies et même les zones marécageuses ont les leurs. Il faut aussi préciser qu’on peut trouver des toits en tôles sur la même architecture. Les habitats pauvres ou riches de Tana empruntent cette architecture qui fait la particularité d’Antananarivo. Certains édifices de la ville sont érigés sous cette architecture.

Les salons de massage

Un point particulier de la ville est la présence visible de salons de massage. Soyez sans crainte, j’ai juste vu sans tester. Mais, de ce qu’on en dit et de ce qu’on en voit, on ne doit pas le regretter. Il semble qu’il faut choisir une formule qui détermine la fin espérée. Un « normal end » (fin normale) ou un « happy end » (fin joyeuse), le client a le choix. Les massages sont pratiquées quasi-exclusivement par des masseuses et les noms des salons sont évocatrices : « Charmelle massage », « Beautifull massage ».
J’ai été tout particulièrement heureux de lire sur le site d’un des salons cette phrase « Nous proposons uniquement des massages relaxants traditionnels pour bien-être. Nous ne proposons pas des massages à caractère sexuel ou érotique. Nos masseuses ne sont pas des prostituées« .
Ce qui ne semble malheureusement pas être le cas de beaucoup d’autres salons où on vend plutôt le charme et la beauté des masseuses. L’État malgache doit combattre cette prostitution déguisée qui ternit l’image de mon Tana. Mais moi, mon amour reste intact pour la ville

Les rizières

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Fabrication de briques et rizière à Antananariva – Photos : Mawulolo

Les rizières en pleine capitale, cela existe à Tana. En quittant l’aéroport (Ivato) pour se rendre au centre-ville, vous ne pourrez pas les rater. Vous voyez des hommes, des femmes et des enfants s’y activer. Ce qui permet à beaucoup de familles de produire, sur des hectares, du riz. Ils peuvent s’en servir pour nourrir directement leur famille mais aussi pour le revendre.

Une nouvelle route en construction actuellement risque de détruire de grandes surfaces de production de riz dans la capitale. C‘est un feu qui couve car l’Etat ne semble pas encore prêt à dédommager ceux qui seront lésés. J’espère vivement que tout sera fait pour éviter des conflits sociaux qui n’arrangeraient personne.

Les briqueteries traditionnelles

Dans les mêmes zones que les rizières, si vous sentez une odeur de terre cuite ou d’argile brulée, essayez de rechercher l’endroit d’où vient une fumée. Souvent, vous remarquerez des hommes en train de brûler des briques rouges, marron ou grises. Ce sont les ouvriers qui fabriquent des briques à partir de la vase puisée dans les marais. Après l’avoir malaxée et modelée sous la forme voulue, ils procèdent à son endurcissement grâce à une technique de « cuisson » au feu. Les briques sont entassées en quantité assez importante avant leur passage au feu.

Je vous donne rendez-vous la semaine prochaine pour la deuxième et dernière partie

Par Roger Mawulolo (Facebook | Twitter)

Tongasoa : « Bonne arrivée » en Malagasy, langue locale


Femme africaine : tout faire pour que bébé vive et grandisse bien

Ce billet est rédigé dans le cadre de la JIFA (Journée Internationale de la Femme Africaine) qui se célèbre le 31 juillet. Mes hommages aux femmes africaines.

L’image de la femme africaine est fortement liée à la conception et au fait d’être mère. Dans les conceptions et croyances africaines, il y a des choses autorisées et d’autres interdites pour que tout enfant venu au monde vive et grandisse dans les meilleurs conditions.
Certaines vous étonneront peut-être mais beaucoup de femmes africaines analphabètes ou scolarisées y tiennent toujours et les respectent jusque-là. Que ne ferait pas une mère pour protéger son enfant ?
Voici ce que m’a dit ma mère, femme africaine, donc ce que je vais dire est lié au Togo mais d’autres cultures et d’autres pays s’y retrouvent certainement.

Maman africaine et bébé - Crédit photo : https://manounoudamour.e-monsite.com
Maman africaine et bébé – Crédit photo : https://manounoudamour.e-monsite.com

Le cordon ombilical

Symbole du lien physique voire même spirituel entre un bébé et sa mère, cet organe est à protéger. Des individus aux intentions peu avouables peuvent s’en servir contre le bébé. La santé du bébé même peut en dépendre.

Pour donc éviter tout cela, il est recommandé de le récupérer dès la naissance du bébé et l’enterrer derrière la case (la chambre) en un endroit où les gens ne passent pas.

Deux choses justifient cela :

  • Si des adultes surtout marchent sur l’endroit où le cordon est enterré le bébé aura des courbatures qui peuvent lui être fatales ou nuire à son évolution physique
  • Si on verse de l’eau sur l’endroit où le cordon est enterré le bébé aura des toux, rhumes et maladies respiratoires incessants.

Les mères africaines même sur leur lit d’hôpital après l’accouchement veillent à ce que tout soit bien fait pour la gestion du cordon ombilical.

Bien gérer la cérémonie de première sortie

Généralement la cérémonie de première sortie de l’enfant qui correspond au jour où son nom est donné se tient exactement huit jours après sa naissance.

En cette occasion, il faut forcément que de l’eau versé sur le toit retombe sur l’enfant. De nos jours, cette cérémonie a été récupérée par les Eglises pour coller à la tradition mais la symbolique de l’eau y est toujours. D’autres peuples rasent les cheveux portés par le bébé à la naissance.

Pour expliquer la symbolique de l’eau qui doit forcément toucher le bébé, on te dira que le fait que l’eau touche le bébé fera que dans l’avenir même si une pluie le surprend, il n’en tombera pas malade.

Vrai ou faux, je ne me pose la question pour le moment. Même si les pères veulent être négligents, les mères restent vigilantes.

L’eau du bain

L’eau des bains du bébé a aussi un traitement particulier. Généralement un trou est creusé et on y verse les eaux utilisées pour laver le bébé. Même l’eau prévue qui n’a pas été totalement utilisée est jetée systématiquement dans ce trou. A moins qu’un autre enfant s’en serve surtout celui que le bébé suit dans le rang de naissance. Aucun adulte n’a le droit d’utiliser cette eau.

Si on y déroge, l’enfant aura des courbatures ou récupèrera les maladies dont souffrent celui qui se serait lavé avec cette eau. C’est ce que la croyance dit et impose.

Les mamans veillent particulièrement sur ce trou.

Ne pas le frapper avec (balai, chaussure)

La meilleure éducation pour un enfant est une association intelligente entre les conseils mais aussi les corrections physiques. Mais pas n’importe lesquelles. En Afrique ou au Togo, on le sait.

Il est formellement interdit de battre un enfant avec un balai ou avec une chaussure. Cela risque d’attirer sur lui des malheurs pour tout le reste de sa vie. Ces malheurs peuvent être des maladies physiques ou psychiques ou carrément de la malchance perpétuelle.

Une femme africaine vous dira toujours ses quatre vérités si vous osez frapper un enfant avec un balai ou une chaussure.

Pour le passer à une autre personne

Il y a aussi des règles à respecter lorsque l’on passe un enfant d’une personne à une autre. L’enfant ne se donne pas en lui faisant faire dos à la personne à qui on le donne. Cela peut rendre le bébé vulnérable à des attaques mystiques. L’expression « appeler dans le dos » signifier « tuer ». Et alors quand il arrive qu’on te remette un enfant qui est de dos, tu conjures le sort en disant « Né o yô o ngbé m gba tô » (si on t’appelle de dos, ne réponds pas).  Et ça je vous assure que les mamans africaines y veillent. Même si ce n’est pas elles qu’on remet ainsi l’enfant, elles prononcent les paroles devant conjurer le sort redouté.

Je sais que beaucoup de femmes appliquent ces règles ou tiennent à les faire appliquer sans forcément savoir si c’est vrai ou pas. Mais que ne ferait pas une mère pour la vie de son enfant ?

Même si ce sont des choses incomprises, souvent pour la femme africaine, l’essentiel est que l’enfant vive.

Bonne journée de la femme africaine à tous.


Au Sénégal, la main est un sésame

Main
Mains joints – Image : pixabay.com

Au pays de la téranga* (Sénégal), la main, sert à beaucoup de choses et son impact peut même vous surprendre. Je vous offre ici un petit tour d’horizon de ce que la main peut ou permet de faire.

Au Sénégal, la main est l’un des membres essentiels de la communication comme dans bien de pays d’ailleurs.
Je vois certains sourire en coin qui doivent penser que je vais parler de la main tendue des mendiants de Dakar. Détrompez-vous.

Toujours saluer en serrant la main quel que soit le niveau de la personne

Dans beaucoup de pays africains, surtout au Togo mon pays, quand on se salue on ne se donne la main que si on se connait bien ou si on est du même niveau social ou hiérarchique. Ainsi un enfant ne peut donner directement la main à un adulte si ce n’est ce dernier qui enclenche l’action. Un subalterne ne peut donner la main, en premier, à son supérieur. Ceci serait une marque d’impolitesse notoire et de mauvaise éducation.
Au Sénégal, c’est tout le contraire. Saluer une personne plus âgée que soi sans lui tendre la main, c’est cela qui est signe d’impolitesse. A mes premières années à Dakar, un voisin de quartier, d’un certain âge, me l’a appris. Je passais toujours le saluer sans lui tendre la main. Pour moi je le respectais en faisant comme chez moi. Jusqu’au jour où il m’a dit « Mon ami, sais-tu que quand tu passes ici chaque jour, tu ne me salues pas ? ». Je lui ai répondu que je le faisais et il m’a dit « tu ne me donnes pas la main ». Et là il m’a expliqué et j’ai tout compris. J’ai donc pris le temps d’observer les comportements locaux et cela m’a confirmé les dires de mon voisin. Depuis ce jour je salue toujours avec une chaude poignée de main si celui (celle) que j’ai en face de moi est un(e) sénégalais(e).

Évidemment s’il s’agit des gens venant de mon pays et qui sont plus âgés que moi j’attends toujours que ce soit eux qui envoient leurs mains d’abord. Dans ma tête, je me dis « ils sont trop ringards ces vieux de mon pays ».

Ces gens, de chez moi, continuent de dire tout bas que les gens d’ici sont irrespectueux. Pour ma part, je trouve que ce sont plutôt eux mes compatriotes qui refusent d’être ouverts et de comprendre l’autre et sa culture. Pourtant au Sénégal, il suffit de saluer les gens pour qu’ils soient chaleureux avec vous et vous accueillent avec une gentillesse surprenante.

La main comme outil de signalisation routière

Quand vous circulez à bord de votre voiture, votre surprise, si vous êtes nouveau à Dakar, sera grande si les gens ne réagissent pas très vite lorsque vous faites des jeux de phares ou que vous signalez à l’aide de votre clignotant que vous tournez à gauche ou à droite.
Si vous ne connaissez pas bien le Sénégal, vous vous direz que les gens sont trop lents à réagir. Pourtant la solution est simple, il vous suffit de sortir la main, de l’agiter ou de la lever. Vous verrez qu’automatiquement, on vous cède le passage et même avec un large sourire. Que ce soit pour tourner ou pour qu’on vous laisse passer. Vous serez surpris de la puissance de votre propre main qui ouvre les voies plus vite que ne le font les signalisations normales. Et ça même les auto-écoles du Sénégal ne vous l’enseigneront pas.

Mais bon ceci n’est pas un appel à conduire comme les chauffeurs de clandos (taxis clandestins de Dakar), qui eux, ne respectent aucun code. Je ne vous fais pas non plus un appel à avoir un véhicule sans clignotants ni phares. Vous risquez d’être surpris car malgré la réalité que je décris, les policiers sénégalais sont rigoureux dans les contrôles, surtout dans ces temps de Ramadan (J’ai rien dit et n’imaginez rien du tout).

Manger avec la main

Au Sénégal, même si les habitudes s’occidentalisent, il est encore assez fréquent de voir des familles manger à la main. Si jamais vos hôtes sénégalais mangent à la main, il serait de bon ton que vous fassiez pareil. Refusez la cuillère ou la fourchette qu’on vous offre pour manger le tiep bou diene (riz au poisson). Faites juste comme eux.

Vos hôtes considèreront que vous êtes respectueux de leurs habitudes et de leur culture. Et cela vous facilitera le contact avec eux.Vous pourrez même être considéré comme bien intégré. Cela vous ouvre les portes.

Ce qu’il ne faut pas faire avec sa main

Ce n’est pas parce que j’ai dit que la main ouvrait des portes qu’il faut penser que tout est permis. Avec la main tout est permis peut-être mais tout n’est pas utile ou bien vu. Voici quelques gestes à éviter :

  • donner quelque chose à une personne avec la main gauche (ce geste est interprété comme de l’impolitesse)
  • manger avec la main gauche (considéré comme sale)
  • mettre la main sous le menton (considéré comme attirant le malheur)
  • pointer l’index vers une personne (manque de respect)

Pour ceux qui refusent de prendre la main qu’on leur donne en guise de salutation, sachez que quand on voyage il faut observer la culture et les habitudes des autres et s’y adapter. Vouloir que les us et coutumes des autres soient pareils aux nôtres est une vraie preuve d’inculture et de non-acceptation de l’autre surtout sur leurs sols.
Accepter l’autre dans sa différence culturelle enrichit certainement car aucune culture ne peut prétendre être meilleure que l’autre. Ne vous fermez donc pas des portes en restant dans de petites considérations culturelles.

Feu le Roi Hassan 2 du Maroc a dit « celui qui ne parle que sa propre langue est un analphabète ».

Que ceux qui ont des oreilles pour entendre, entendent ce que le roi a dit. Si vous ne voulez pas écouter le blogueur que je suis au moins respectez le conseil du roi. (En Afrique on respecte les rois, non?)

Salam chez vous…

Par Roger Mawulolo (Facebook | Twitter)

*téranga : mot wolof signifiant hospitalité – Le Sénégal est appelé pays de la téranga


Le prix Mo Ibrahim encore bredouille

mo ibrahim
Mo Ibrahim, initiateur du prix portant son nom

Le milliardaire anglo-soudanais Mo Ibrahim a créé, en 2006, un prix éponyme pour récompenser les chefs d’États méritants du continent africain. Le mérite est défini par les qualités de leadership et aussi le fait que le récipiendaire doit avoir quitté son poste démocratiquement. Il doit aussi être venu au pouvoir par l’unique voie d’élections libres et transparentes.
Cette année, le prix Mo Ibrahim n’a pas trouvé preneur. Et ce n’est pas la première fois.
La question est de savoir si ce prix intéresse vraiment les chefs d’États africains. Moi je trouve que non. Ils s’en moquent éperdument. Ce qui me permet de dire qu’en fait c’est Mo Ibrahim qui est bredouille.
Voyons, selon moi, ce que pense un chef d’État d’Afrique subsaharienne de ce prix et de son initiateur. Cette interview est purement fictive et inventée de toute pièce par mes soins.

Bonjour Monsieur le Président.

Bonjour cher ami journaliste.

Connaissez-vous Mo Ibrahim ainsi que le prix qui porte son nom ?

Mo Ibrahim, oui, j’en entends parler. Je me demande pour qui il se prend.
A cause des petits milliards qu’il a pu engranger, on ne sait trop comment, il veut nous embêter. Il veut se faire passer pour un donneur de leçons. Son objectif clairement affiché est de débarrasser l’Afrique des dictateurs corrompus. De toute façon, moi et mes autres amis présidents, nous ne nous sentons pas concernés par cela.
Il veut évaluer notre leadership et notre manière de gérer nos pays. Ce n’est certainement pas à cause de ce prix que nous allons laisser nos juteux postes de Chefs d’États. Qu’il aille chercher sur un autre continent des personnes qui ont besoin de son prix.

Bref, il est qui ? Et il se prend pour qui ?

Monsieur le Président, son initiative est pourtant louable, vous ne trouvez pas ?

Ce Mo Ibrahim ose nous manquer de respect, nous des élus et réélus de nos peuples.
Il n’a qu’à savoir que nous sommes des Présidents de pays indépendants qui n’avons de compte à rendre à personne d’externe à nos pays. D’ailleurs pourquoi ne va-t-il pas regarder chez nos amis El-Béchir et Salva Kiir? N’est-il pas soudanais d’origine ? Il veut nous confirmer que nul n’est jamais prophète chez lui-même ?
Nous les chefs d’États africains, aussi, avons des milliards dans nos comptes même si nous ne pouvons le déclarer officiellement. Il doit alors trouver un autre moyen pour nous inciter à vouloir son prix.

Il nous prend pour qui à la fin ?

Monsieur le Président, vous trouvez que son prix n’a pas de raison d’être ?

Ce qui est étonnant c’est que notre cher Mo Ibrahim a au moins eu, cette année, trois voire quatre chefs d’États qui ont quitté leurs postes à l’issue d’élections mais n’a pas pu attribuer son prix. Le Béninois Boni Yayi, le Tunisien Moncef Marzouki, le Nigérian Goodluck Jonathan ou encore le Tanzanien Jakaya Kikwete pouvaient avoir ce prix mais que nenni. C’est le comble. Il peut garder son prix. Nous, les seuls prix qui nous importent c’est la reconnaissance de nos peuples. Tout le reste nous importe peu. Tant que nos peuples font des marches de soutien massives pour nous, cela nous suffit largement. Tant que nos armées et polices sont à nos ordres et peuvent intervenir pour nous garder en sécurité ou réprimer les manifestations qui nous sont hostiles, cela nous va.

Le seul prix qui nous importe c’est le fauteuil présidentiel et ses privilèges. Tout le reste n’est que du vent.

Merci Monsieur le Président

Merci

Par Roger Mawulolo (Facebook | Twitter)

Nota bene : surtout, soyez convaincus qu’aucun chef d’État africain ne pense ce que j’écris …


Euro 2016 : le football et l’alcool ne font pas bon ménage

L’Euro 2016 a, à peine, commencé que des violences hors et dans les stades font déjà des blessés graves. Les supporters russes et anglais, visiblement éméchés, ont été les premiers à s’illustrer négativement à Marseille. Décidément l’alcool et le football ne font pas bon ménage, surtout pour les supporters dans les tribunes et en dehors.

Image d'illustration - Hooligans encadrés par la police
Image d’illustration – Hooligans encadrés par la police

Dans mon pays, (je traduis comme je peux), on dit que « souvent celui qui veut t’insulter, mais qui manque de courage, se saoule avant de passer à l’acte ». Comme cela, il se trouvera un prétexte et déclarera avoir agi sous l’effet de l’alcool. On peut donc penser que l’alcool a été un prétexte pour ces hooligans qui avaient prémédité leurs actes.

Saoul et violent comme un supporter Russe

J’ai été vraiment choqué par la vidéo qui montrait un pseudo-supporter asséner un coup de chaise sur la tête d’un autre dans des escaliers à Marseille.

Selon les commentaires, tout a commencé par une provocation des supporters russes éméchés à l’endroit des Anglais attablés dans un bar. L’effet de l’alcool aidant, même les Anglais pacifiques ou du moins calmes avant cette provocation, ont riposté. La part d’alcool consommée par ces supporters a donc fait son effet de catalyseur.

En réalité, les provocateurs qui sont à l’origine des troubles ne sont pas des supporters. Ce sont juste des délinquants venus spécialement pour semer le désordre et la violence. Plusieurs articles nous montrent que des « Russes » déclarent être venus démontrer que les Anglais sont des fillettes. Une preuve de préméditation. On peut dire que l’expression « saoul et violent comme un supporter Russe » vient de naître. L’histoire de l’Euro 2016 en restera marquée.

La réaction de la police française a été vraiment efficace. Mais je pense que beaucoup d’Africains, et je suis franc, se sont quand même dit qu’il aurait fallu envoyer sur ce terrain les polices africaines pour que ces délinquants comprennent qu’on ne s’amuse pas avec la vie de paisibles supporters venus faire la fête du football. Allez savoir pourquoi les populations africaines jugent leurs polices aptes à servir dans ce cas. On dit vulgairement que c’est parce que les Blancs aiment trop les affaires de droits humains que toutes ces choses se passent, surtout les cas de récidive.

Les populations des villes d’accueil ont peur

Les populations des villes accueillant les matchs de l’Euro 2016 doivent actuellement être dans une réelle psychose, surtout celles qui accueillent les équipes de la Russie et de l’Angleterre. Pourront-elles laisser leurs enfants aller au stade ou se promener dans les rues ? Les parents auront-ils encore le courage d’aller au stade ou dans les « fan zones » avec des enfants ?

On croit savoir aussi que, malgré les 3 000 supporters déjà fichés comme dangereux et interdits de séjour en France durant l’Euro, d’autres tout aussi violents, ont pu passer les frontières terrestres et contourner les contrôles de police.

Déjà qu’avec la peur liée aux risques d’attentats terroristes, certaines populations avaient des appréhensions quant au bon déroulement de cette Coupe d’Europe de football…

Les franges des populations qui espéraient des affaires florissantes se voient privées d’une bonne partie des bénéfices espérés. Surtout que la vente d’alcool est désormais interdite dans les périmètres sensibles selon un arrêté ministériel.

Cela peut servir au terrorisme

Personnellement je me dis que ces affrontements entre supporters peuvent être une diversion avant un attentat terroriste. Quand on voit comment des terroristes se sont infiltrés parmi les migrants fuyant la guerre, c’est tout à fait dans leurs cordes.
J’espère vivement me tromper.

 

Les sanctions envisagées par l’UEFA, pouvant aller jusqu’à la disqualification des équipes anglaise et russe, semblent extrêmes mais cela peut devenir une nécessité même si ce sont les joueurs qui en seront les grands perdants alors qu’eux n’ont rien fait de mal.
L’Allemand Goethe avait certainement eu raison de dire « j’aime mieux commettre une injustice que tolérer un désordre« . Moi même je serai d’accord avec lui pour ce cas précis !

Mes compassions aux blessés innocents et vivement que cette violence cesse pour que la fête soit belle.

Par Roger Mawulolo (Facebook | Twitter)


Gardien de cimetière, un métier pas comme les autres

En quittant Pfaffenhofen pour Strasbourg (Alsace-France), je suis passé devant un cimetière que j’ai trouvé bien entretenu et tout propre. Au loin, j’ai vu le gardien marchant tranquillement dans les allées. J’ai intérieurement souri car quand nous étions enfants, nous avions une peur bleue des hommes exerçant le métier de gardien de cimetière. Pour ceux qui ne le savent pas, je viens d’Afrique où nos considérations culturelles laissent beaucoup de place au mystique. Mais notez quand même que tout ce que vous lirez dans ce billet pourra être considéré comme des propos d’enfants.

Croix et tombes dans un cimetière à la tombée du jour - Image : pixabay.com
Croix et tombes dans un cimetière à la tombée de la nuit – Image : pixabay.com

Les fossoyeurs, les morguiers, les conducteurs de corbillards exercent certes des métiers liés à la mort, et nous leur conférions quelques « pouvoirs », mais ils n’égalent pas les gardiens de cimetière. La raison est simple : les gardiens de cimetières vivent avec les morts alors que les autres passent juste un peu de temps avec eux sur, justement, le chemin les menant au cimetière.

Profil : homme lugubre et mystérieux

Tandis qu’en Europe on demande des gardiens sachant jardiner, tenir un registre et manipuler un ordinateur, nous on imaginait le gardien de cimetière autrement.

Je ne sais plus si c’était notre imagination qui était débordante mais pour nous, tous les gardiens de cimetière étaient des gens lugubres et mystérieux. Souvent, ils ont la peau noire bien foncée, des yeux profondément ancrés dans leurs orbites. Normalement, il doit être très mince ou très vieux. Ou tout le contraire, grand et costaud. Ce qui est sûr, c’est qu’il n’est jamais jeune ou beau.

D’ailleurs, il ne doit avoir presque jamais été à l’école. Son moyen de locomotion ne peut être qu’un vélo sinon ses pieds.

On oubliait tout simplement que le gardien de cimetière était avant tout un agent de la mairie avec un salaire comme tout autre agent exerçant un autre métier. Souvent même, nous n’en avions jamais vu ou approché. On se demandait même s’ils pouvaient avoir femme et enfants. Ce qui est sûr, en notre temps, c’est que si un élève avait déclaré que son père est gardien de cimetière, il aurait certainement risqué de rester seul sur son banc, sans camarade.

Il a forcément des gris-gris

S’il n’a pas de gris-gris comment fait-il alors pour travailler dans cet endroit ? Rester tous les jours avec les morts (cadavres et revenants) rime avec disposer de quoi leur parler en cas de besoin. A l’époque, les cimetières étaient souvent très éloignés des habitations, nous pensions donc que pour vivre si loin des hommes mais près des morts, il fallait forcément un homme qui avait des forces occultes.

Si je me souviens bien de toutes les histoires qu’on nous racontait sur les revenants, le gardien de cimetière doit forcément avoir des gris-gris pour gérer tout ça. Il lui faut bien intimer l’ordre à certains morts, trop déçus d’être morts, de retourner dans leur tombe. Ou bien ?

Pour la nuit (on ne se demandait même pas s’il était gardien de jour ou de nuit), il doit avoir une ouïe fine comme celle d’un chien et une vue perçante comme celle d’un chat. Donc c’est forcément un initié qui a pris ses dons mystiquement chez ses deux animaux.

Avant de prendre fonction, il doit avoir pris beaucoup de bains mystiques de blindage* sinon comment peut-il combattre les profanateurs de tombes qui viennent en groupe et qui étaient réputés armés physiquement et mystiquement ?

Chat dans un cimetière - pixabay.com
Chat dans un cimetière – pixabay.com

Il est sûrement un dealer de « pièces détachées »

Pour nous, de deux choses l’une soit il est sérieux, soit il est véreux. Souvent nous lui donnons le mauvais rôle. On le traite alors de commerçant de pièces détachées. Oui pour un gardien de cimetière véreux, les ossements et autres parties des macchabées peuvent être vendues en pièces détachées à des adeptes des manigances rituelles.

Nos impressions d’enfant sur ce métier devaient avoir certainement été forgées par les films d’horreur que nous regardions à la télé et aussi aux histoires qu’on nous racontait sur les combats mystiques contre les esprits des revenants.
Aussi en Afrique, avouons que nous conférons toujours des pouvoirs aux choses qu’on connait le moins.

Pour ma part, certainement qu’un jour j’irai à la mairie de ma ville demander la fiche de poste des gardiens de cimetière.

Par Roger Mawulolo (Facebook | Twitter)

*blindage : protection mystique (magique) contre les agressions physiques ou spirituelles.