Mawulolo

Quand on sauve des vies en France, il y a deux cas

L’humoriste ivoirien Agalawal nous a démontré dans un de ces spectacles (voir vidéo à la fin) que dans la vie et dans beaucoup de situations, il y a souvent deux cas. Il a raison. Des choses vécues durant cette année 2015 me permettent d’être en phase avec lui. Surtout, j’ai observé que quand un étranger sauve la vie à des Français, il y a aussi deux cas.

Les héros du Thalys - Caricature de Jeffikapi (https://jeffikapi.mondoblog.org)
Les héros du Thalys – Caricature de Jeffikapi (https://jeffikapi.mondoblog.org)

Quand il vous arrive d’assister à un événement mettant en danger la vie de Français, vous aurez deux options : soit vous décidez de fuir et de ne rien faire, soit vous décidez d’agir.
Si vous choisissez de prendre la poudre d’escampette et de ne rien faire, vous êtes sauvé. Si vous décidez d’agir, il y a deux cas : soit vous réussissez, soit vous perdez. Si vous perdez alors vous êtes sauvé. Si vous gagnez, il y a deux cas. Et c’est ce qui nous intéresse ici.

Premier cas : vous êtes ressortissant d’un pays sous-développé sans nationalité française

Vous vous souvenez de Lassana Bathily ?
C’est ce jeune originaire du Mali qui a contribué à l’assaut réussi des forces françaises lors de la triste journée de la prise en otage du magasin hyper Casher par Amedy Coulibaly. Ce jeune a réussi à sauver des clients du magasin et aussi à aider les forces de l’ordre en leur donnant des informations sur les lieux.
Il a été récompensé de la nationalité française, mais la Légion d’honneur se fait toujours attendre malgré les pétitions et autres réclamations de certaines associations.

Donc je conclus (cela n’engage que moi) que si vous venez d’un pays sous-développé et que vous êtes presque sans papier et s’il vous arrive de sauver la vie à des Français, vous obtiendrez juste la nationalité française.

Deuxième cas : vous êtes ressortissant d’un pays développé

Pour ce cas, vous serez décorés de la Légion d’honneur, mais on ne vous offrira pas la nationalité. Je ne sais pas si c’est parce qu’ils n’ont  pas fait la demande.

C’est ce qui vient d’arriver aux héros du Thalys : le Britannique Chris Norman, les Américains Anthony Sadler, Spencer Stone et Alek Skarlatos décorés par le président français François Hollande. Au finish, ils seront huit à l’avoir et le principe de ce deuxième cas semble être respecté : être ressortissant d’un pays développé.

Vous voyez donc qu’il y a toujours deux cas, mais je ne vais pas m’amuser à vouloir continuer les deux cas issus de chacun des cas cités plus haut. Je vous laisse les trouver.

Il fait, en tous cas, bon de sauver des Français, il vous suffit d’un peu de courage et vous verrez si vous serez sauvé ou considéré en deux cas.
Les migrants savent donc ce qui leur reste à faire : sauver des vies françaises et ils seront sauvés.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Doudou Ndiaye Rose, la rose qui n’avait pour épines que ses baguettes de tambour

Le grand ambassadeur de la culture et de la percussion sénégalaise vient de disparaître. Le 19 août, Doudou Ndiaye Coumba Rose le tambour-major est parti sans bruit.

Doudou Ndiaye Rose au Fesman en 2014
Doudou Ndiaye Rose au Fesman en 2014

Capable de diriger cent batteurs, voire plus et sur des rythmes différents, cet homme a fait la fierté du Sénégal et de l’Afrique à travers le monde.

Doudou Ndiaye Coumba Rose avait 85 ans. Il a eu une vie pleine avec des succès dans tous les domaines tant sur la scène qu’en dehors. Au point où l’Unesco l’a classé « trésor humain vivant ». D’aucuns le traitent de « mathématicien des rythmes ».

Le public l’aimait, les femmes l’aimaient et il le leur rendait bien. Il en a épousé un certain nombre (sa religion le lui permettait). Il a aussi monté une troupe de batteuses qu’on appelait les Rosettes qui a fait sensation sur plusieurs scènes. D’ailleurs « Rose » était le nom de sa mère qu’il a ajouté au sien en hommage. Son vrai nom était Mamadou Ndiaye et il revendiquait 42 enfants. Son nom d’artiste était Doudou Ndiaye Coumba Rose. Un physique typique sénégalais : mince et teint noir.

Si je fouille dans mes souvenirs d’enfance, je trouve ceci : j’étais à l’école primaire publique de la Marina à Lomé. En ce temps, existaient encore les magazines de jeunes dénommés « Kouakou » et « Calao ». On nous les vendait à 25 francs Cfa si ma mémoire est bonne. Et c’est dans un numéro de Calao que j’ai lu un article sur cet homme qui pouvait diriger 100 batteurs à la fois. Avec mon intelligence d’enfant, j’ai essayé d’imaginer, mais cela me paraissait un peu incroyable.

Je suis arrivé au Sénégal en étant adulte et avant mes 30 ans, j’ai donc eu l’occasion de voir de mes propres yeux cet homme qui dirigeait la troupe de 100 batteurs et aussi les « Rosettes ». Lors d’un défilé de la fête de l’indépendance du Sénégal, je l’ai vu et aussi au théâtre national Daniel Sorano de Dakar.

Il ne me connaissait pas, mais moi je le connaissais.

Important, l’homme l’était. Au point où le président sénégalais Macky Sall a interrompu ses vacances pour venir saluer sa mémoire.

La rose des tambours est tombée…

Que la terre lui soit légère

Par Roger Mawulolo (facebook / twitter)

https://www.youtube.com/watch?v=4KUFwmWU0cY


Chéri… tu es le plus beau… viens me prendre…

J’ai toujours été agréablement surpris sinon séduit par les interpellations utilisées au grand marché de Lomé, par les commerçantes. Ces dernières pour héler les potentiels clients sont très charmeuses et inventives. Les marchés périphériques n’échappent pas à la règle.

Commerçantes dans un marché de Lomé
Commerçantes dans un marché de Lomé

Les commerçantes des marchés de Lomé peuvent être regroupées en trois grandes catégories : les séductrices, les scientifiques et tacticiennes et les spirituelles.

Les séductrices des marchés de Lomé

Un véritable art de séduction dont le but final est de t’amener à acheter un produit. Si toi-même tu sais que tu es un garçon naturellement facile (si fille facile existe, c’est que l’opposé aussi existe, non ?), autant fuir sinon, tu vas acheter des choses dont tu n’as même pas besoin. Rien que le discours pourrait avoir raison de toi et de ta poche. Surtout si la commerçante a le joli teint et la peau satinée de mes compatriotes. Souvent elles ont aussi une belle voix qu’on aurait cru travaillée pour le métier.

Chez cette catégorie, c’est souvent les mots : chéri, beau gosse, joli garçon qui sont utilisés pour vous harponner.

Si vous ne vous sentez pas capable de résister, alors ne regardez ni dans leur direction, ni dans leurs yeux et ne vous en approchez surtout. Sinon elles vous font les yeux doux ou vous attrapent par la main.

L’enchaînement qui m’a le plus « touché » est celui dont j’ai fait le titre de ce billet. C’était dit en mina (langue locale de Lomé), « Amésron, odjé dékadjê ntô lo, va sôm zéd’é ka la ». Et puis, la voix qui a prononcé cela était tellement suave qu’il m’a fallu toute ma force de garçon honnête pour rester sur mon droit chemin.

Avec une telle phrase, comment voulez-vous qu’un garçon normalement constitué puisse résister ? Moi en tout cas, j’ai résisté je vous l’assure.

Les tacticiennes et les scientifiques

Cette catégorie a une capacité d’observation et de prise de décision très rapide. Elles vous observent et rapidement décident de la tactique à employer. De loin dans la foule du grand marché de Lomé, elles vous repèrent.

Si elles jugent que vous êtes un « responsable » (à Lomé, on utilise ce mot pour parler de quelqu’un de respectable), elles vous sortent direct « Monsieur » ou « Madame ». Si elles vous jugent assez ouvert ou jovial, elles vous servent « tonton », « tata », « tanti ». Mieux si elles détectent en vous un esprit maternel ou paternel, vous aurez « papa » ou « maman ».

Si elles vous voient comme un gars branché, elles peuvent commencer par fredonner un chant à la mode en vous interpellant « Grand hein cool catché » ou «adjé la o kpa kou wo» (deux termes en vogue grâce à des chansons pour indiquer que vous êtes au top niveau)

Si elles pensent que vous militez dans le parti au pouvoir Unir (Union pour la République) elles vous interpellent par « Miabé Faure »* et c’est sûr que si vous portez un tee-shirt de l’opposant Jean-Pierre Fabre, elles vont vous sortir un slogan de l’ANC (Alliance nationale pour le changement). Pour dire que même la liaison entre le marketing et la politique, elles savent le faire.

Si on vous appelle « connaisseur », ne soyez pas surpris. Elles veulent vous dire que vous êtes un expert dans tous les domaines et que vous saurez reconnaitre que son produit est de qualité. Qui n’aime pas être flatté ?

Dans tous les cas, vérifiez que la vendeuse qui vous parle ne connaît pas la fable de La Fontaine « Le corbeau et le renard ». Tout flatteur (toute flatteuse) vit aux dépens de celui qui l’écoute, ça vous dit quelque chose ?

Les spirituelles du marché

Les plus futées peuvent vous aborder même avec une parole de la Bible si elles sentent en vous un chrétien. Souvent c’est « mon frère, Dieu a dit que l’homme mangera à la sueur de son front ». C’est pour indiquer qu’elles travaillent pour vivre et donc en achetant chez elles vous contribuez à la réalisation de la parole divine.

Il n’est pas rare de rencontrer des commerçantes ambulantes qui commencent d’abord par une petite séance d’évangélisation et un moment de prière avant de vous sortir ses produits à vendre. A vous de voir si c’est une vendeuse puissamment ointe du Saint-Esprit ou pas. En tout cas, elle vous aura dit que la fin du monde est proche et qu’il faut que vous naissiez de nouveau.

Si elles constatent que vous êtes musulmans, la salutation change et devient « Assala maléi koum ».

Quel que soit votre niveau ou votre provenance, ces bonnes dames ont toujours la tactique pour vous aborder. Et cela fait partie des charmes des marchés de Lomé.

Par Mawulolo (facebook / twitter)

* Miabé Faure : slogan de campagne du président du Togo, Faure Gnassingbé


Le Bénin, parc automobile-musée de Peugeot

Le pays africain que j’ai visité et où j’ai dénombré le plus grand nombre de musées est le Bénin. Là-bas, même des privés ont leur musée. C’est certainement cet amour des musées, donc des vieilles choses, qui s’est transposé dans le domaine du transport. (C’est moi qui le déduis hein). Le parc automobile des transports en commun du Bénin est donc marqué par une forte présence de véhicules dont les fabricants eux-mêmes ne s’en souviennent que lorsqu’il s’agit de faire leur histoire. La marque française Peugeot y est bien lotie.

S’il est un pays que Peugeot doit remercier, c’est bien le Bénin. Prenez juste l’axe Hillacondji – Cotonou – Porto Novo et vous vous rendrez compte que le Bénin mérite le titre de « patrimoine historique classé de Peugeot ». Les trois modèles qui ont retenu mon attention sont : la 404, la 504 et la 505.

En passant, je peux dire que la seule chose qu’on ne lie pas à Peugeot est que les conducteurs sont presque toujours habillés de la même manière : un ensemble en tissu-pagne appelé « mawa » ou « abêdan » en langue nationale.

Peugeot 404 bachée et 505 au péage sur l'axe Cotonou- Porto Novo
Peugeot 404 bâchée et 505 au péage sur l’axe Cotonou- Porto Novo

 La 404 « bâchée »

Elle sert pour le transport de divers bagages allant des denrées alimentaires aux fagots de bois en passant par les pagnes. Son nom est devenu tellement courant que beaucoup ne savent plus que le mot « bâchée » est un adjectif dû à la bâche dont la partie servant aux bagages est recouverte. Du coup, ce modèle se nomme tout simplement « 404 bâchée ».

Vous verrez souvent dans la cabine le conducteur et aussi la personne qui a loué le véhicule pour le transport des marchandises.

S’il reste un peu de place derrière, un apprenti ou un passager « clandestin » (juste parce qu’il ne paie pas ; rien à voir avec ceux qui prennent les pirogues), se trouve une place parmi les bagages transportés. Des fois, celui qui a loué les services de la 404 peut aussi suivre avec sa moto. Hé oui, au Bénin seule la moto fait l’homme. SI tu n’en a pas, c’est comme si tu n’avais rien.

La 504 et la 505

L'avant d'une Peugeot 505
L’avant d’une Peugeot 505

A cinq ou sept places normalement, elles peuvent en prendre plus, car la surcharge n’est pas un crime. Devant vous êtes deux sur le siège en plus du chauffeur. Si par malchance, tu as les jambes trop longues ou des hanches trop larges, gare à tes articulations, car tu seras compressé comme une sardine durant tout le voyage. Si tu es contre la portière prends, garde aux bouts de tôle et vérifie s’ils sont acérés ou rouillés. Tu auras tout intérêt à consulter ton carnet de vaccination pour savoir si tu es prémuni contre le tétanos. Juste pour le cas où tu te serais blessé à cause de la tôlerie.

Si tu es plutôt entre le chauffeur et l’autre passager, là tu risques de ne pas avoir de repose-tête. Et si tu es adepte de la somnolence, gare à ton cou à l’arrivée. Un torticolis est vite apparu. En plus le chauffeur pourra lorsqu’il passe les vitesses te caresser les jambes. Prie pour qu’il ait les mains douces.

Quel que soit le type de Peugeot, vous pouvez tomber sur certaines voitures qui après avoir démarré ne doivent arrêter leur moteur sous aucun prétexte sinon vous seriez obligés de servir de « démarreur humain » en les poussant.

Peugeot doit vraiment une fière chandelle au pays de Guézo et Béhanzin* pour cette aide qu’il lui apporte dans la sauvegarde de son patrimoine

Je m’en vais finir en parlant de la sonorisation dans les voitures Peugeot ainsi sauvegardées. Autant dans la 404 que dans la 504 ou la 505, il y aura 3 cas :

  • une sono flambante neuve plus neuve que la voiture elle-même. L’origine sera sûrement nigériane ou chinoise
  • un dispositif vieux et poussiéreux mais qui envoie quand même quelques sons ; à le regarder, vous vous demandez comment le chauffeur fait pour les réglages. Ne soyez aucunement surpris si c’est à l’aide d’un tournevis qu’il règle le volume
  • ni le cas 1, ni le cas 2, ici c’est un passager qui veut vous montrer que son téléphone portable est de la dernière génération. Sans votre accord ou avis, il vous met ses haut-parleurs et accompagne; à tue-tête, son répertoire de sa voix.

Il ne vous restera plus qu’à prier qu’il ait une belle voix sinon gare à vos tympans.

Par Mawulolo (facebook / twitter)

* Guézo et Béhanzin : deux anciens rois et résistants du royaume du Dahomey (ancien non du Bénin)


Obama au Kenya ou la parabole du fils prodigue

L’une des paraboles les plus populaires de la Bible, mais aussi très controversée pour l’opinion est celle du fils prodigue. Même les non-chrétiens connaissent ce récit même s’ils ne savent pas que c’est Jésus Christ qui l’a raconté. Barack Obama, premier président afro-américain des États-Unis, étant cultivé, il connaît certainement l’histoire.
Encore une fois, je vais vous demander, de pardonner mes raisonnements simplistes, mais la vie n’est-elle pas plus simple quand on la prend simplement ?  :

En résumé, la parabole du fils prodigue, c’est l’histoire d’un homme qui avait deux fils. Un matin, l’un vint le trouver pour réclamer sa part d’héritage par avance. Ce qu’il prit. Il s’en alla donc dilapider tous ses biens avec les prostituées et mauvaises compagnies en faisant la belle vie. Il fut réduit à travailler dans les fermes et partageait même la nourriture des porcs. Il se dit un jour « Même les serviteurs de mon père mangent à leur faim alors que je souffre ici. Je vais donc retourner voir mon père pour qu’il me prenne au moins comme serviteur ou employé ».
A son arrivée, le père, fou de joie de le retrouver vivant, fit tuer le veau gras pour faire la fête. L’autre frère qui était toujours resté fidèle à son père fut frustré et en colère. Mais son père lui ceci : « Mon fils, ton frère, qui était mort et perdu est revenu à la vie ».

Je vous épargne de la signification spirituelle de cette parabole. Revenons à Obama et à ce que je lui trouve de comparable avec le fils prodigue.

Obama au Kenya - https://www.samrack.com
Obama au Kenya avant de devenir président – https://www.samrack.com


L’héritage du père…

Nous les Africains, le plus grand héritage qu’on puisse donner c’est la vie. Et donc ça, un Africain, un Kényan le lui a donné. En plus, il porte les prénoms de son père : Barack, Hussein. Si ça, ce n’est pas un héritage, alors dites-moi, c’est quoi ?

Souvent ici, quand tu veux nous rebeller contre un père qui n’assume pas ses responsabilités, on te dit « respecte au moins le fait qu’il t’ait donné la vie ». C’est trop facile non ? Mais c’est comme ça. Donc Obama n’a pas à se plaindre, il a pris son héritage dès sa naissance.

Mes comparaisons …

Obama, depuis qu’il est président des États-Unis a semblé oublier de visiter le Kenya. Aujourd’hui quand on le présente, on désigne le pays de Kenyatta comme le pays du père de Obama. Sachez que nous en Afrique, nous n’avons pas de « pays de notre père », mais que nous avons le même pays que notre père. Point barre.

On vient du même village que son père, du même quartier et de la même maison familiale. La question ne se pose même pas.

Même si votre maman est américaine donc d’un grand pays, vous venez du village de votre père même s’il se trouve dans le fin fond d’un pays pauvre submergé par les problèmes sécuritaires et sociaux. Même si le président de ce pays a été accusé de crimes par la Cour pénale internationale.

Pour en revenir à notre parabole, Obama a bien fait la belle vie aux États-Unis. Il a même avoué avoir touché à la drogue et fait plein d’autres choses répréhensibles quand il était jeune. Vous voyez qu’il n’est pas loin de la belle vie du fils prodigue. La seule différence est que lui a pu aboutir à Michelle.

Il a donc fait la belle vie aux Etats-Unis mais lui a pu devenir sénateur puis président et pas ouvrier comme le fils prodigue indiqué par Jésus Christ dans son récit. Mais qui sait ? Peut-être bien qu’il était un peu malheureux de ne pas être revenu au Kenya depuis là.

Il a donc dû se dire « Il faut quand même qu’avant la fin de ma présidence, j’aille revoir le pays de mon père ».

Le retour…

C’est ici que l’histoire prend tout son sens.

Le fils qui a tant ignoré le pays de son père, surtout depuis qu’il est président, va revenir dans quelques jours au Kenya. Ici, c’est tout comme tuer le veau gras et organiser la belle fête comme le père, dans la parabole, pour le fils n’en déplaise à celui qui est resté et qui l’a toujours servi. Il suffit d’aller voir Nairobi ces jours-ci.
Toute la ville a été nettoyée de fond en comble. Les ordures enlevées et même les habituels mendiants ont disparu de la ville. Les grandes artères et lieux repeints. Nairobi a fait peau neuve.

Côté sécurité, gare aux shebab et aux malfrats qui oseraient pointer le nez à Nairobi. Aucun agent de police ne sera en congé. Tous sont mobilisés pour la réussite de cette grande fête.

Les habitants de Kibera, l’immense bidonville de Nairobi, partageront certainement les mêmes sentiments que le frère déçu, dans la parabole, par la réaction de son père. Eux qui, comme le frère frustré, sont toujours restés fidèles au Kenya quand bien même leur misère est grandissante. Voilà qu’un fils qui vit loin et qui revient est mieux traité qu’eux.

Le comble de l’histoire est que ce fils, contrairement à celui de l’histoire, repartira à la fin de la grande fête.

Espérons juste que de là où il sera, il se souviendra de ce pays dont un des fils lui a donné la vie.
Peut-être que pour se repentir, il accordera finalement les mains de sa fille, Malia, à cet avocat kényan, Félix Kiprono, qui mobilise tout un troupeau comme dot. Pourquoi pas ?
On dit souvent « qui vole un œuf, volera un bœuf ». Moi je vous dis « qui a mangé un veau gras acceptera certainement un troupeau de 50 vaches et 70 moutons bien gras ».

En espérant que ce billet ne me vaille pas un refus définitif de mon visa en cours pour les États-Unis, je vous souhaite une bonne lecture.

Par Mawulolo (facebook / twitter)


Au pays de Senghor, le wolof est roi

Pour ceux qui connaissent bien Dakar et le Sénégal, vous serez d’accord avec moi que si vous ne vous débrouillez pas en wolof, la vie vous sera bien difficile. Pourtant avant d’arriver au Sénégal et surtout si vous ne vous êtes pas renseignés, vous seriez tentés de croire que ce n’est que la langue de Molière qu’on parle partout. Détrompez-vous ici c’est Kocc Barma (grand penseur et philosophe wolof) qui règne en maître.

Car rapide à Dakar - Crédit image : Image libre sur pixabay
Car rapide à Dakar – Crédit image : Image libre sur pixabay

Les chiffres officiels indiquent que 29 % de la population parlent français au Sénégal. Loin de vouloir infirmer ou confirmer ces données, moi je vous fais juste voir notre quotidien ici.
Et puis ne pensez pas que je veux me moquer de mes amis sénégalais. Comment puis-je faire ça moi l’auteur du billet à succès « Et Dieu créa les Sénégalaises » ? (C’est mon billet le plus lu selon les statistiques de Bitly)

Ce que j’aime encore le plus, c’est qu’au Sénégal ne pas comprendre français n’est en aucun cas une tare ou un point faible. De grands lutteurs et artistes sénégalais de renom ne maîtrisent que le wolof, mais cela n’entache en rien leur célébrité et notoriété. Par contre, dans d’autres pays d’Afrique, ne pas comprendre le français fait de vous la risée de bien de personnes.
Il est aussi important de préciser que dans beaucoup de pays, il existe des cas similaires à ceux évoqués dans ce billet.

Pour tout exemple cité ici qui vous correspondrait, sachez que je ne parle pas de vous (Aucune attaque personnelle contre qui que ce soit).

Revenons maintenant au Sénégal…

Dès l’aéroport …

Je commence par là, car le lieu porte le nom du feu poète-président Léopold Sédar Senghor, féru de la langue française, membre de l’Académie française et premier président du Sénégal.
L’essentiel est que vous ne soyez pas un Blanc (ici en wolof, nous disons « toubab »), on vous aborde directement en wolof. Donc le premier contact est « awancez…awancez ». En fait ici chez nous au Sénégal, nous avons transformé le mot « Avancez » en « awancez ». Et donc on « awance » dans le rang jusqu’au policier chargé de nous mettre le tampon d’entrée sur le passeport. Souvent la question qui suit est « fo jeem » pour demander là où vous allez exactement à Dakar. Si vous n’y comprenez rien, dites simplement et gentiment « Excusez-moi monsieur, je ne comprends pas la langue que vous me parlez ». Là avec un gentil sourire, il vous répondra « Ah vous aussi, faites l’effort, car ici c’est ça que nous parlons ».

Au Sénégal, il ne faut jamais se laisser emporter par la colère. Ici tout est « grawoul » (ce n’est pas grave, en wolof). Et il y a toujours une solution à tout problème.

Les chauffeurs de taxi

Deuxième contact : les chauffeurs de taxi. Dans cette corporation, je ne sais pas si les 29 % évoqués les concernent, mais j’avoue que sur 5 chauffeurs, 5 connaissent les valeurs monétaires en français mais seulement 1 peut s’exprimer correctement dans cette langue. C’est mon constat, ça peut être faux.

Dans tous les cas, vous avez intérêt à bien connaître votre destination sinon le gars acceptera toujours de faire la course et vous confirmera connaître votre destination avec le français qu’il maitrise. Si après le trajet, il se fait que la destination n’est pas la vôtre, là vous verrez qu’il ne parle que wolof et alors bonjour la bagarre. Vous pouvez finir au commissariat pour rien que cela surtout que des fois dans la rue, il est difficile même de trouver un interprète.

Je vous épargne de la partie « Car rapide » ou « Ndiaga Ndiaye »* de l’histoire. C’est sûr que leurs conducteurs ne font pas partie des 29 %. Montez-y et vous verrez.

La fonction publique

Il fallait me voir, le jour-là, dans un centre d’état civil de Dakar me démenant comme un beau diable pour faire une déclaration de naissance.

D’abord c’est écrit que le service commence à 8 heures 30. Arrivé à 9 heures, la porte était fermée. Je voulais repartir quand une autre employée me dit « moungui ci biir ». Je me suis excusé disant que je ne comprenais pas. La dame me répondit avec des gestes et des phrases en wolof. J’ai fini par comprendre qu’elle me disait que la chargée des déclarations était à l’intérieur même si la porte était fermée. Et avec un grand sourire, elle me dit « Mane dégouma faransé deh ». Devant mon air ahuri, elle réussit à dire « Moi zé né comprend pas faransé ». J’ai vite compris qu’elle ne faisait pas partie des 29 %, mais qu’elle est bien employée dans la fonction publique. C’est bien ça que j’aime au Sénégal, le français n’est pas une raison qui vous empêche de trouver du travail dans l’administration.

Au marché

Avant d’aller au marché à Dakar, il vous faut réviser votre wolof en termes de calcul et de compte. Compter de un jusqu’à dix au moins est nécessaire et aussi savoir demander combien coûte un produit. Retenez bien que pour demander le prix, on dit « nia ta la ? » (Lire gnata la). Les prix de base sont témère (500 francs CFA) et ensuite niari témère (1.000 francs CFA). Le reste, il suffit de savoir compter de 1 à 10 et vous faites les juxtapositions nécessaires. Quand ça devient trop compliqué, cherchez un interprète. Disons que de toute façon quand il s’agit d’argent vous arriverez toujours à vous comprendre car Sénégalais et xaliss (argent en wolof), c’est comme des jumeaux.

Dans la publicité

C’est le domaine où le wolof me plait le plus, car je trouve que les mots de cette langue ont une consonance marketing. Comme les femmes sénégalaises, ce sont des mots attirants.
«A ka saparal», ça vous dit quelque chose ? Eh bien c’est une formule publicitaire d’un produit alimentaire bien connue pour dire « C’est trop doux ». Même la technologie n’échappe pas au wolof. Par exemple «Sedoo» (partage en wolof) est utilisé pour indiquer le service de téléphonie mobile permettant d’envoyer du crédit à d’autres personnes.

Les mots « diam » (lire jam – signifie paix en wolof) ou encore « diamono » (signifie ce qui est d’actualité) reviennent souvent dans les publicités ou les dénominations de divers produits.
Djongué, un terme wolof qui signifie « dame ou femme à la page » est donné comme nom à un bouillon alimentaire. Vous imaginez un peu ?
Je peux multiplier les exemples.

Sur les médias

Là, il y a un véritable problème pour les étrangers qui ne comprennent pas bien wolof. A tel point que beaucoup d’Africains vivant à Dakar n’écoutent ou ne regardent presque jamais les chaînes sénégalaises. La majorité des programmes est en wolof. Des séries télévisées aux pièces de théâtre en passant par les émissions à succès du genre « Koutia show »**, on aurait bien aimé comprendre ce qui se dit, mais peine perdue.

De célèbres présentateurs dont je tairai les noms sont souvent plus à l’aise en wolof qu’en français. Leurs prestations en français laissent souvent à désirer, car les champs lexicaux, sémantiques et grammaticaux semblent leur échapper.

Karim Wade le très célèbre fils de l’ancien président du Sénégal Abdoulaye Wade vous dira même qu’il n’a pas pu gagner dans son propre bureau de vote lors des élections municipales de mars 2009, car il ne parlait pas wolof. En tout cas, c’est ce qui se dit à Dakar.

A l’université

Les temples du savoir n’échappent pas à la règle. Beaucoup d’étudiants rapportent qu’en plein cours le professeur peut vous rajouter quelques minutes d’explication en wolof. Et ceux qui ne comprennent pas sont invités gentiment à s’y mettre. Mais eux aussi, quand on vit dans le pays des autres, il faut faire un petit effort pour parler la langue du pays, non ? : D

Par ailleurs, j’ai noté qu’à part deux ou trois blogueurs, les Sénégalais sont assez rares sur Mondoblog. Je n’ose pas croire qu’ils n’aiment plus écrire.

Au-delà de tout ceci, je trouve quand même que le wolof est une belle langue qui rassemble beaucoup le peuple sénégalais. Dans presque toutes les villes du pays, cette langue sert pour le commerce et les échanges. Moi je lui trouve même des vertus pacifiques et unitaires. Pour moi, c’est cette langue qui permet au Sénégal d’éviter les clivages ethniques qui font tant de dégâts sous d’autres cieux.

J’invite donc tous mes amis non-Sénégalais vivant au Sénégal à se mettre au wolof, qui d’ailleurs n’est pas une langue bien difficile à apprendre. Cela ne peut leur faire que du bien.
Cela ne serait-il pas notre contribution à l’affermissement de la téranga (hospitalité en wolof) dont nous bénéficions ?

 Mawulolo (facebook / twitter)

* « Car rapide » ou « Ndiaga Ndiaye » : cars d’époque servant de transport en commun au Sénégal. Propriétés d’entrepreneurs privés.
** Kouthia show : émission d’humour en wolof sur SenTV, une chaîne privée sénégalaise


Mondoblogito ergo sum *

Dans ce billet qui est mon quarantième sur la plateforme Mondoblog, je l’avoue, je le dis, je ne le cache plus : j’ai changé. Oui, désormais partout où je passe, partout où je suis, partout où je ne passe pas, partout où je ne suis pas, je veux sentir, entendre ou voir ce qui pourra être le sujet de mon prochain billet. Je suis devenu comme une combinaison de O’timmins et de O’hara.

Vous ne vous souvenez pas de ces deux noms et de leurs caractéristiques principales ? C’est dans « Les Rivaux de Painful Gulch » de la série Lucky Luke (bande dessinée et dessins animés).

Un O'timmins et un O'hara
Un O’timmins et un O’hara

Les O’hara sont reconnaissables à leurs grandes oreilles (je suppose qu’avec ces dimensions d’appareil auditif, ils perçoivent les sons mieux que les autres) et les O’timmins à leur gros nez (en principe, ils doivent avoir un meilleur odorat). Mais ne vous inquiétez pas mes oreilles et mon nez (déjà gros) ne se sont pas allongés entre temps.

Il me manque juste le nom qui indiquerait que mes yeux aussi sont devenus « grands ouverts ». Rantanplan, le chien de la série « Lucky Luke », m’y aidera certainement au vu des dimensions de ses yeux.

Avec ces atouts donc, j’avoue que je m’en sors bien. Et surtout que :

  • je vis sur un continent qui ne manque jamais de piquant (Afrique)

  • j’habite une ville toujours en mouvement (Dakar)

  • je viens d’un pays où il y a du nouveau chaque jour (Togo)

  • je vis dans un pays particulier où tout peut être sujet à billet (Sénégal)

  • le monde d’aujourd’hui est plein de sujets à exploiter.

Dans tous les cas, le jour où je vous dis que je ne peux plus écrire, ce sera que je serai devenu un O’hara sourd ou un O’timmins au nez bouché …

Pour le moment je vous dis « mondoblogito ergo sum ».
Je suis sûr sinon certain que quand
René Descartes rédigeait son discours de la méthode en 1637, il ne se doutait pas qu’un jour l’expression « Cogito ergo sum » (je pense donc je suis) irait à un blog. (Comme si à l’époque il pouvait savoir).

J’espère que comme Lucky Luke qui tirait plus vite que son ombre, j’arriverais un jour à bloguer plus vite que mon ombre.

En attendant je reste en mode « O’timmins et O’hara ».

 Mawulolo (facebook / twitter)
 
* Mondoblogito ergo sum (inspiré de cogito ergo sum et aussi de blogito ergo sum) : je mondoblogue donc je suis


Et Dieu créa les Sénégalaises…

Je ne sais pas avec quelle argile le Créateur* a formé les femmes du pays de la téranga mais je vous assure qu’il faut être aveugle, sourd, muet et insensible pour ne pas remarquer que les dames de ce cher Sénégal ont une nature particulière. Sur ce coup, Dieu a eu une main de maître. N’en déplaise à leurs détracteurs qui sont souvent des femmes qui les redoutent ou les envient (à tort ou à raison), force est de constater que la femme sénégalaise est unique en son genre. Elle capte tous vos sens, je vous assure et donc je vais y aller par les cinq sens pour mieux vous faire mon tableau.

Je préfère vous prévenir que les définitions de l’effet sur les sens peuvent ne pas respecter la définition scientifique exacte mais vous pourrez lire entre les lignes. A part ça, sachez que s’il existait un prix Nobel de création d’habit, les Sénégalaises l’auraient décerné à celui qui a inventé le pantalon moulant ou encore au créateur des pantalons jeans.
Savez-vous aussi qu’à chaque fois que les femmes d’autres nationalités apprennent que leurs maris vont à des spectacles où à des soirées où Viviane Chedid (artiste sénégalaise de la chanson) ou Ndèye Guèye (danseuse sénégalaise) vont prester, elles sont prises de peur ? (Pour voir leur photos, allez en bas de ce billet).
Passons et allons à mes 5 sens (vue, odorat, toucher, goût et ouïe).

La vue

https://www.sn.africav.com
jumbax out – Photo : Badara Senvideo (https://www.sn.africav.com)

Une promenade dans les rues de Dakar, à tout moment, vous donnera toute l’ampleur de ce dont je parle. Que ce soit au marché, dans les transports en commun, dans les bureaux ou dans les universités, le spectacle est de taille. Qu’elles soient habillées en bazin ou en jeans, le spectacle est souvent convaincant.

Tout est fait pour attitrer votre vue, de la démarche aux parties légèrement mises en évidence. Le « jumbax out » (nombril dehors) est un système qui consiste à laisser apparaitre le nombril. Le haut de l’habit est donc un peu court pour une meilleure vue. A la sortie des bureaux, il est difficile de faire la différence entre la femme fonctionnaire et la technicienne de surface. Chacun se met dans un style qui peut vous embrouiller. Mais le spectacle est toujours aussi joli. Les samedis après-midi, les femmes de ménage rentrent souvent chez elles après une semaine de travail. Si vous êtes nouveau à Dakar, on devra vous le dire sinon vous penserez que ce sont des jeunes étudiantes sortant des cours. Loin de moi toute idée péjorative, mais cet exemple est juste pour vous dire que quel que soit son niveau social, la Sénégalaise ne se néglige pas.

Je vous assure que vous trouvez des femmes voilées portent des hauts courts et des pantalons moulants laissant admirer toutes les bonnes formes que le Seigneur leur a conférées. Ce qui est étonnant c’est que même les femmes sénégalaises à forte corpulence appelées « driankés » montrent toujours une souplesse quand elles marchent. Si vous ne me croyez pas, venez suivre une édition de Miss Diongoma (concours de beauté pour femmes de forte corpulence) et vous m’en direz des nouvelles.

Je ne vous dis rien par rapport à l’été sur les plages, venez et vous verrez.

 L’odorat

Vous vous demandez ce que l’odorat peut faire ici. Mais nous au Sénégal, nous avons ce qu’on appelle le thiouraye (lire tchouraye), l’encens. Cela fait partie des attirails de la femme séductrice au Sénégal. Selon l’effet voulu ou le sens à donner à l’invitation, l’odeur peut changer. Les appels à l’amour coexistent avec les simples désodorisants.
Quand la femme sénégalaise vous accueille, la chambre ou la pièce voire la maison où vous êtes reçu peut être parfumée de thiouraye. Même ses habits en sont imprégnés. D’aucuns disent que c’est enivrant et envoutant. A vous donc de savoir décoder sinon vous pouvez rater la chance de votre vie.

 Le toucher

Bine-Bine - Image : www.dakar-echo.com
Peau noire sous bine-bine – Crédit Photo : www.dakar-echo.com

A part celles qui se mettent au xessal (produits de dépigmentation), les peaux des Sénégalaises sont agréables au toucher. Ce n’est pas que j’ai touché hein mais rien qu’en voyant je le sais et je le sens. Et comme je me trompe rarement sur ces choses-là, je peux l’affirmer.
C’est dire que par vos yeux, vous sentez déjà ce que vos mains peuvent ressentir. Si elle sont claires naturellement, elles le sont. Quand elles sont noires aussi, elles le sont. La vraie ébène.

Même sans la toucher, vous êtes touchés.

 Le goût

Là nous rentrons dans un domaine spécial et je veux rester pudique. J’oriente donc cette affaire de goût vers les affaires de cuisine. N’en déplaise aux vicieux qui voudraient que je parle d’un autre type de goût. Moi je reste au goût donné juste par la langue et pas par une autre partie du corps (si vous voyez ce que je veux dire).
Retenez juste que « manger à la sénégalaise »** avec une Sénégalaise a un goût exquis. Pendant tout le repas, la femme sénégalaise ramène presque toute la nourriture devant vous, découpe les morceaux de viande et les dépose devant vous avec des gestes gracieux. Elle-même ne mange presque pas et se contente de vous faire manger. A la limite, c’est comme si elle vous donnait à manger comme à un bébé.

On peut ainsi aller facilement jusqu’au bout du goût.

L’ouïe

Pour l’ouïe, c’est une autre subtilité et un autre niveau. Vous pouvez entendre le frou-frou du bazin bien amidonné qui vous fait vous retourner ou encore entendre le son léger des perles à la hanche rythmant la démarche de gazelle.
Quand vous serez dans les lieux plus secrets ; là c’est le son du « bine-bine » (perles pour les hanches et à vocation érotique) que vous pourrez entendre mais ça ce n’est pas réservé à tout le monde. Les petits pagnes ou béthios (lire bétcho) ont aussi leur bruit crissant et une bonne ouïe vous sera utile pour en percevoir les sons.

Ndéye Gueye, la danseuse
Ndéye Gueye, la danseuse

Dans tout ça on se demande avec quelle huile on les masse dès l’enfance pour obtenir des corps aussi souples quel que soit la corpulence. Dans tous les cas, il suffit de regarder la danse mbalax*** pour comprendre. Ou encore de regarder les plastiques de Viviane Chidid et Ndèye Guèye (citées plus haut).

Viviane
Viviane Chedid

 Oh vraiment merci Seigneur d’avoir créé les Sénégalaises et de m’avoir placé dans ce pays.

* Créateur : selon la Bible, Dieu a créé l’Homme avec de l’argile avant de lui donner le souffle
** manger à la sénégalaise : manger tous ensemble dans le même plat
*** mbalax : danse sénégalaise exigeant une souplesse
éprouvée où sont alliés les déhanchements et des jeux de jambes

Note : L’image à la une est une image d’affichage publicitaire dédiée à la journée des femmes (8 mars) – Photo : planete-senegal.com


C’est décidé, je vais travailler à la FIFA

Non! Mais, il ne peut y avoir meilleur lieu pour travailler, progresser et s’épanouir en toute tranquillité qu’à la FIFA (Fédération internationale de football association). Je viens d’en découvrir les raisons et mieux encore j’ai tous les atouts pour y réussir. Vous ne me croyez pas ? Lisez alors.

La première raison : je suis Togolais

Oui, être Togolais est un atout malgré tout ce que vous pouvez lire partout. Chez nous, avant même les élections on connaît le gagnant. C’est la même chose à la FIFA, non ? Qu’il y ait des scandales avant les élections ou même pendant, on sait les gérer. C’est pareil à la FIFA. Je suis déjà habitué à ce système et c’est un atout pour moi.

Blatter et Havelange en 1982 - Photo : Wikipedia
Blatter et Havelange en 1982 – Photo : Wikipedia

Sepp Blatter, l’actuel Président de la FIFA, a remplacé Joao Havelange qui était comme un père pour lui car il a travaillé, sous lui, pendant 23 ans (1975-1998), d’abord comme directeur des programmes de développement (1975-1981) et de 1981 à 1998, comme secrétaire général. Figurez-vous que chez moi au Togo aussi, j’ai un Président qui est le fils du précédent. En plus mon Président actuel a été ministre sous le précédent. Cela ne ressemble-t-il pas au parcours de Blatter à la FIFA ? Je connais déjà donc bien ce système « de père en fils » et c’est un atout.

Une autre bonne raison est que les scandales financiers, on en a l’habitude et ça ne nous effraie pas du tout. Des petits fonctionnaires jusqu’aux grands, les pots-de-vin ne sont pas rares. Si on compare les attributions de bourses chez moi à l’attribution des coupes du monde, je n’y vois pas trop la différence sauf la différence entre les montants. Il faut avoir le bon réseau et connaître les bonnes personnes et savoir les gérer. Je suis né dans le système, donc c’est toujours un atout que Blatter pourra exploiter chez moi s’il me prend.

Actuellement, notre football est désormais dirigé par un comité de normalisation. Suite à diverses contestations et dénonciations, la fédération a dû se résigner à céder la place au comité. C’est dire que les crises, nous c’est notre pain quotidien. Pour donc mieux gérer les crises, je peux être un atout pour Blatter.

Hayatou, mon deuxième atout

Blatter et Hayatou - Photo : El Watan - Illustration : Mawulolo
Hayatou et Blatter  – Photo : El Watan – Illustration : Mawulolo

Oui, je suis aussi Africain et donc mon premier soutien devra être Issa Hayatou, le Président de la CAF. Il est un soutien indéfectible de Blatter. Comme ma fédération de football a sans aucun doute voté pour Blatter, il n’osera pas ne pas me prendre avec lui. Dans un billet antérieur, j’avais fustigé le changement des textes de la CAF pour que Hayatou demeure président et c’est un atout pour moi.
Eh oui, Hayatou lui-même est devenu un affidé de Blatter depuis qu’il a été candidat contre lui et qu’il a perdu en 2002. Moi aussi donc, je peux avoir l’espoir de revenir dans ses petits papiers malgré mon opposition.

Ne pas supporter Platini, mon troisième atout

Il semble que la fédération française de football elle-même aurait voté pour Blatter. Où est donc mon mal si je m’oppose à Platini qui veut mettre des bâtons dans les roues de Blatter ? Est-ce ma faute s’il peine à être prophète en son propre pays ?

Vous voyez donc qu’avec ces trois raisons, je suis fait pour travailler à la FIFA. Chez moi on dit qu’une marmite reposant sur trois pieds ne peut se renverser. Avec mes trois raisons, je suis apte.

Déblatérer contre Blatter semble ne servir à rien et avec Hayatou pour atout, il peut encore de beaux jours devant lui.

En tout cas, nous en Afrique et au Togo, toute l’agitation à l’UEFA-là ne nous fait pas trembler du tout. Nous sommes habitués à gérer les élections, les opposants, les contestations, les changements de Constitution, la corruption et bien d’autres. Tout ceci ne constitue-t-il pas un atout pour moi ? Surtout qu’il y a plein de milliards à brasser.

J’y travaillerai à la FIFA, j’y travaillerai…

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Football : Paris, roi de France…en attendant l’Europe

Le Paris Saint-Germain vient de renforcer son statut de meilleur club français de ces 3 dernières années par un quadruplé historique (Trophée des Champions, Coupe de la Ligue, Championnat et Coupe de France). Là où certains (des aigris et jaloux) ne veulent voir que la puissance financière qatarie, moi le supporter je vois aussi des performances sportives.

La saison footballistique qui vient de s’achever a été faste pour le Paris Saint Germain surtout sur le plan national. Même sur le plan européen, le club (mon club) n’a pas à rougir de son parcours car il a été stoppé, en quart de finale, par le probable futur vainqueur de la Ligue des Champions 2015, le FC Barcelone de Messi, Suarez et Neymar. C’est toujours un pur plaisir de se rappeler que nous avons fait mordre la poussière à José Mourinho et Chelsea, les champions d’Angleterre. C’est dire que nous avons quand même le niveau.

 La France nous appartient……

Les 4 trophées - Image : psg.fr
Les 4 trophées – Image : psg.fr

Le samedi 2 août 2014, la campagne victorieuse a été lancée par le Trophée des Champions remporté contre Guingamp en Chine. Le score a été deux buts à zéro avec un doublé de notre géant suédois Zlatan Ibrahimovic.

La Coupe de la ligue est aussi tombée dans notre escarcelle le samedi 11 avril 2015 par une victoire sans équivoque de 4 buts à 0 contre les Corses du Sporting Club de Bastia. Nos statistiques dans cette coupes sont éloquentes : 4 matchs pour 4 victoires avec 9 buts marqués et seulement 1 encaissé.

Jamais deux sans trois, et donc le championnat aussi nous l’avons pris. Le samedi 16 mai contre Montpellier sur sa propre pelouse, le Psg validait son titre de champion de Ligue 1, édition 2015. Les statistiques : 38 matches joués pour 24 victoires, 11 matchs nuls et juste 3 défaites. 83 buts marqués contre 36 encaissés. Pas besoin que je vous fasse un tableau détaillé de notre domination effective sur la Ligue 1.

Ce n’était quand même pas Auxerre, un club de Ligue 2 qui allait nous empêcher de gagner notre neuvième Coupe de France. Nous y sommes allés par la plus petite marge de victoire, ce samedi 30 juin, grâce à Edinson Cavani. Pour cette compétition, en 6 matches nous avons marqué 14 buts et encaissé 2.

Nos statistiques de la saison 2014-2015 (Source : psg.fr)
Nos statistiques de la saison 2014-2015 (Source : psg.fr)

L’Europe, ça vient…

En 2013, nous avions été sortis par Barcelone en quart de finale grâce aux buts marqués à l’extérieur. Les scores étaient de 2-2 à Paris et de 1-1 à Barcelone. L’année dernière toujours au même stade c’était Chelsea et Mourinho qui nous sortait malgré notre victoire au match aller. Et bien figurez-vous que cette année 2015, nous avons sortis Chelsea en huitième de finale et Barcelone nous a sorti en quart de finale. Pourtant tout le plaisir était pour nous quand nous les battions au Parc lors des matches de poule. Oui, nous étions logés dans le même groupe en phase de poule.
Depuis donc trois ans, en Ligue des Champions, il faut des grands pour nous faire tomber. La raison est simple : nous sommes aussi un grand.

Notre palmarès
Notre palmarès

D’ailleurs avec nos ennemis de l’Olympique de Marseille, nous demeurons les seuls deux clubs français à avoir dans nos vitrines un trophée européen. Beaucoup font semblant de l’oublier donc je le leur rappelle : le Paris Saint Germain a remporté en 95-96, la Coupe européenne des vainqueurs de coupes.

Il n’est pas superflu de dire aussi que nos performances de cette année nous ont fait offrir des cadeaux à d’autres clubs français. Aussi Bordeaux, nos chers ennemis de Marseille et notre dauphin Lyon profiteront de nos « largesses ». Bordeaux accompagnera Saint Étienne en phase préliminaire de la Liga Europa tandis que nous avons permis à Marseille d’intégrer directement les phases de poules de cette même compétition. Quand à Lyon, ils ont la faveur, grâce à nous, d’être notre adversaire le 1er août prochain pour le Trophée des Champions. D’habitude ce match oppose le champion au vainqueur de la Coupe de France et comme nous ne pouvons jouer contre nous-mêmes, nous nous ferons le plaisir d’affronter le vice-champion.

Jamais un club français n’a réussi ce triplé, voire ce quadruplé. Cet exploit est rare même en Europe. Paris demeure irrésistiblement magique.

Nous sommes à l’époque des hashtags et nous vous servons le notre pour cette saison magnifique #ParisFierdeP4ris

Allez Paris….