Mawulolo

Les Sénégalaises sont des magiciennes du voile

En ce 8 mars, journée internationale des femmes, mon hommage à toutes les femmes passent par celles du pays de la Téranga, le Sénégal.

Pouvoir se faire belle, être élégante et coquette constituent, à mon avis, des moyens d’émancipation pour une femme. La raison est simple : pour y arriver, il faut parfois briser des tabous et faire preuve de subtilité. Et c’est ce que j’aime, par-dessus tout, chez la femme sénégalaise. En toute circonstance, elle sait demeurer coquette, élégante, charmante et attirante. Même le port du voile n’est pas un problème pour elle car, avec ça, elle sait aussi se mettre à son avantage. Le voile, comme un vrai outil d’émancipation.

Voilées souriantes - Crédit photo (Image libre de droit) : www.pixabay.com
Voilées souriantes – Crédit photo (Image libre de droit) : www.pixabay.com
Quelques raisons du port du voile

Plusieurs raisons peuvent inciter la femme sénégalaise à porter le voile. Et souvent, la culture familiale ou la religion peuvent être la base. Certaines filles décident d’elles-mêmes de porter le voile et ceci sans aucune contrainte. Souvent parce que dans leur famille, c’est une habitude liée à la religion ou juste parce qu’à un moment donné, elles jugent utiles de s’habiller plus sérieux ou d’être conformes à la loi islamique. Au-delà, une femme peut décider de porter le voile après son mariage. Cette décision peut être sur imposition proposition de son mari. J’ai aussi observé que beaucoup de femmes adoptent le voile au retour de leur pèlerinage à la Mecque.

Il n’est pas superflu de préciser qu’il y a des voilées circonstancielles. Elles ne portent le voile que pendant le mois du Ramadan et les cérémonies religieuses. Le voile ou le foulard, on le voit aussi pendant les messes catholiques ou des cultes protestants. Là des jeunes filles et femmes chrétiennes se couvrent les cheveux avant de communier ou quand elles vont en séances de prières.

En résumé, je crois que le voile se met très souvent à la suite d’une réflexion ou d’une décision bien mûrie. Et qui implique la femme elle-même ou son entourage immédiat ou pas. Dans la plupart des cas, les porteuses de voile soutiennent qu’elles veulent rester décentes.
La décence étant relative comme la beauté, cela ne manque pas de susciter, parfois, des débats. Moi je m’en tiens à l’observation.

Le voile, oui, mais sans oublier le style et la coquetterie

La femme sénégalaise ne se néglige jamais même sous le voile. Si je laisse mon côté informaticien prendre le dessus, je puis dire que plusieurs paramètres sont ainsi configurés pour que l’interface soit ergonomique et conviviale.

  • La manière de nouer

Toute une panoplie de techniques existe pour nouer le foulard. Et ce n’est pas fortuit. Les techniques varient selon le lieu et les circonstances. Qu’on aille au bureau, à un mariage, à une cérémonie familiale, le style évolue en fonction. On peut nouer en cagoule, en évasé, en superposé ou autres. Des communautés sur les réseaux sociaux existent pour vous apprendre les manières de nouer.

  • La couleur

J’ai tout compris le jour où j’ai vu une technicienne de surface venir au travail avec un voile bleu bien assorti à son boubou en basin bleu et qu’une heure après, je la revois avec un voile rouge assorti à sa blouse de travail de la même couleur. J’ai failli croire qu’elle était un caméléon mais j’ai compris juste qu’elle avait tout prévu. Qui va se négliger ?
Les voilées d’ici travaillent donc à avoir toujours des voiles assortis à leurs vêtements, chaussures et sacs. Les couleurs tendances selon les saisons sont présentes : bleu turquoise, mauve, champagne, orange etc.

  • Le tissu et les motifs

Le tissu même du voile n’est jamais choisi au hasard. Vous pouvez en trouver en lin, en coton, en dentelles, en soie, en tissu doux ou moulant et que sais-je encore. Les motifs sont aussi importants. Ils peuvent être brodés, perlés ou imprimés et sont presque toujours très tendances. On en voit même en Vuitton, Chanel, en Pierre Cardin ou encore Yves Saint-Laurent voire Dolce & Gabbana. Que du grand art.

L’agencement avec le reste

La voilée peut se mettre en slim-fit, normal-fit ou large-fit sans jamais négliger les détails qui comptent. Le vêtement que la voilée sénégalaise porte est toujours en harmonie avec le voile. Dans la coupe, comme dans la couleur sans oublier les motifs ou la manière de nouer. Des agencements subtils et agréables. Même dans la sobriété, il faudra être aveugle pour ne pas voir que tout obéit à une logique chirurgicale.
De la robe longue aux tuniques en passant par les jupes longues, les vestes, les capes et les tuniques tout est bien choisi. Les noms importés de ces habits sont Chayma, Doha, Arwa, Hoda, Dalia, Baya ou Amina. Moi je leur donne des noms sénégalais à chaque fois que j’en vois. J’ai déjà créé les Sassoum, les Fatou, les Khoudjia, les Ngouda, les Bintou, les Mounass, les Mbaya, les Yacine, les Dibor, les Safi, les Bigué, les Codou et les Ndèye. Ces appellations sont en fait des prénoms féminins sénégalais.
Les chaussures et les sacs sont les outils complémentaires de tout l’arsenal. Tout est bien pensé et bien positionné. Et je ne saurai passer sous silence les lunettes et les bijoux.
Les femmes Sénégalaises sont aidées dans cette quasi modernisation du port du voile par les défilés de mode, les sites web et les réseaux sociaux qui font la propagande du style de la voilée chic.

Une de mes collègues me subjugue tous les jours par l’harmonisation qu’elle fait entre ses voiles et les broderies apposées sur sa robe. Du goût, elle en a et pour tous les jours. Je le lui ai même dit et mes collègues, femmes comme hommes, sont unanimes sur le sujet.

J’aurais bien voulu conclure par mes observations sur la démarche qui varie selon que ce soit un pantalon évasé ou moulant ou une robe allant comme un gant ou large mais je m’abstiens.

Ma conclusion est simpliste et réaliste : la femme sénégalaise est capable de transformer ce que d’autres considèrent comme une contrainte en un atout. Et c’est là où elle gagne la bataille de son émancipation.
Je dis tout simplement : « et Dieu créa les Sénégalaises ».

Salam chez vous et surtout bonne fête du 8 mars à toutes mes lectrices et aux hommes qui les aiment.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Jamais sans mon « sotiou » à Dakar

« Pôrmochon sotiou, pôrmochon sotiou ». Ce cri, je l’entend plusieurs fois lorsque je suis bloqué dans les embouteillages de Dakar, au Sénégal. En fait, le vendeur veut indiquer qu’il fait une promotion sur le sotiou (appellation locale du cure-dent, lire sôtchou). A chaque fois, cela me fait sourire. Non pas parce qu’il dit « pôrmochon » à la place de « promotion » mais cela me rappelle certaines attitudes d’adeptes du cure-dent.

Femme sénégalaise mâchant un cure-dent - Crédit photo : Toon van Dijk sur flickr.com
Femme sénégalaise mâchant un cure-dent – Crédit photo : Toon van Dijk sur flickr.com

A chaque moment de la journée correspond sa phase de cure-dent. Et surtout notez que nous en Afrique, lorsque nous parlons de cure-dent il ne s’agit en aucun cas des petits bâtonnets à bout pointu servant à nettoyer les interstices dentaires mais plutôt des tiges agissant comme de vraies brosses à dents.

Le matinal

Tout commence, le matin, dans le taxi collectif, le bus, le car rapide ou le Ndiaga Ndiaye. Vous devez rester vigilant sinon votre voisin de trajet, adepte de sotiou, peut vous crever les yeux avec sa tige. Les tiges sont souvent de longueurs et de formes variables. Priez pour que l’adepte de sotiou ne soit pas trop loquace sinon vous êtes morts. Vous pouvez vous prendre quelques gouttes de liquide dont la couleur varie en fonction de la couleur du sotiou. Et comme à Dakar se saluer passe forcément par se serrer la main vous pouvez récolter quelques brindilles de cure-dent ou quelques gouttes de salive au passage. Lorsque le « mâcheur » de sotiou est proche d’une fenêtre du véhicule, il envoie souvent des crachats vers l’extérieur.

Même avec un costume et une cravate, on mâche son sotiou. A l’aise quoi…

L’après-déjeuner

Il n’est pas rare de trouver des dames en train de se mirer après le déjeuner. Et souvent à ce moment, elles sortent leur sotiou pour se nettoyer les dents. Ah oui, se faire belle passe par l’entretien des dents ! Un joli sourire ne passe-t-il pas par une jolie dentition ?
J’ai observé ce cérémonial aussi après les siestes. Comme pour la voiture, si le bureau du « mâcheur » a une fenêtre ouverte sur l’extérieur, gare à celui qui passera là-bas au moment du crachat. S’il n’y pas de fenêtres proches, quelques tours aux toilettes s’avèrent nécessaires.

Que ce soit au bureau ou à la maison, le lieu importe peu. Et puis les hommes ne riez surtout pas, vous le faites aussi.

L’afterwork et l’aphrodisiaque

Le soir, après le repas et un bon bain, on peut se faire un petit sotiou avant de se coucher. Histoire d’avoir des dents propres et une bonne haleine avant d’aller dans les bras de Morphée. Et si avant d’aller dans les bras de Morphée, vous prévoyez aller d’abord dans ceux de « votre-dame », un sotiou spécial, genre « cure-dent gouro » peut vous être utile. Ici point n’est besoin de cracher le liquide produit par la tige car c’est de là que vient la puissance de libido tant recherchée. Comme dirait mon amie mondoblogueuse Sonia Guiza, on gagne plus à boire le jus qu’à le cracher.
Je suppose que cela a les mêmes vertus que les sotiou que mâchent les lutteurs de l’arène sénégalaise avant d’entrer en combat. Si vous voyez qu’être dans les bras d’une femme constitue un combat.

Le cure-dent semble être un bon remplaçant de la brosse à dents mais son utilisation peut gêner l’entourage. Comme quand on se brosse les dents on ne peut ni parler (à autrui), ni le saluer, il conviendrait d’en faire de même avec le sotiou. Du moins ne pas vouloir forcément donner la main ou encore parler ou trop se rapprocher.

Le sotiou peut donc s’utiliser par moments mais pas tout le temps et en tout lieu.

Salam à vous

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Au Sénégal, les charrettes sont de véritables véhicules utilitaires

Dans la circulation au Sénégal, il n’est pas rare de croiser des « véhicules » tractés par des chevaux et dirigés par des hommes. Ce sont les charrettes. Elles sont visibles partout même sur les grands axes tels que l’autoroute à péage ou la VDN (Voie de Dégagement Nord). Elles causent des désagréments et des accidents dans la circulation mais rendent bien des services à la population. Sans abuser, je les considère comme de véritables véhicules utilitaires.

Charrette - Source : commons.wikimedia.org
Charrette dans les rues d’une ville sénégalaise – Source : commons.wikimedia.org

En toute occasion, ces véhicules hippomobiles servent à combler certains besoins de la population sénégalaise. Et ceci malgré toutes les interdictions officielles de leur circulation dans la capitale. Capables d’assurer différentes fonctions, les charrettes sénégalaises se substituent parfaitement à tout type de véhicules utilitaires.

La «charrette à ordures »

Souvent les lendemains de fêtes à Dakar sont sujets à un accroissement d’ordures ménagères. Dans les quartiers ou les rues non desservis par les vraies bennes à ordure appelées en Wolof, « auto mbalite », les habitants ont recours à des charrettes. Ce service est proposé par les conducteurs de charrette à des prix modiques.

La «charrette frigorifique »

Dans les rues de Dakar, lorsque vous voyez une charrette avec un vieux frigo surtout posé sur sa longueur, vous avez deux options. Soit c’est un déménagement ou une livraison opérée par un frigoriste, sinon vous êtes en présence d’une charrette servant de plateforme de vente de poissons ou de fruits de mer. Le congélateur ou plutôt sa carcasse est souvent rempli de bloc de glaçons sur lesquels reposent les poissons plus ou moins congelés. Le vieux frigo peut aussi être remplacé par les bacs en polystyrène expansé. Bien pratique car si vous ne pouvez aller au quai de pêche de Soumbedioune ou de Yarakh, ce sont elles qui viennent à vous. Comme quoi si vous ne venez pas à Lagardère, c’est Lagardère qui viendra à vous.

La «charrette de déménagement »

Pour déménager à Dakar, les charrettes peuvent aussi vous aider. Point n’est besoin de se préoccuper de la taille ou du type d’objets à transporter. Les charretiers ont des solutions à tout. Les meubles de toute nature, les appareils électroménagers, les effets vestimentaires sont tous transportables.

La «charrette citerne »

Lorsque surviennent des coupures d’eau, les charrettes constituent des solutions de livraison d’eau. Que ce soit dans des bidons ou des fûts, les charrettes livrent de l’eau partout. Ils font surtout le bonheur des laveurs de voitures qui sont leurs principaux clients.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, les charrettes servent à livrer même des produits inflammables. Des bidons de pétrole sont transportés par des charrettes. Mais souvent, il s’agit souvent des bouteilles de gaz butane. Il y a bien d’occasions où elles servent aussi à leur vente directe aux populations après s’être fait fourni au dépôt de gaz. Le non-respect des normes ADR (entendez « Accord for dangerous goods by road ») c’est à dire « Accord pour le transport des marchandises dangereuses par la route », n’est pas un problème pour nous.

Charrette transportant des bouteilles de gaz - Photo : Mawulolo
Charrette transportant des bouteilles de gaz – Photo : Mawulolo

La «charrette de transport de matériaux de construction »

Il est courant de voir les charretiers travailler en parfaite collaboration avec les maçons, menuisiers et peintres. Certainement ils sont logés dans les rubriques « Transport » du contrat signé par l’entreprise de BTP avec son client. Elles servent à convoyer sur le chantier du sable, du ciment, du matériel de menuiserie, de peinture et d’électricité. La charrette, ici, a pris la place des pickups.

La «charrette de pains »

La livraison de pain est facilitée pour certains boulangers ou commerçants par les charrettes. Les planches de la charrette sont souvent recouvertes de larges parties découpées de sac de ciment en papier. La charrette fait office de fourgonnette de livraison.

La «charrette  Dakar Dem Dikk »

Dakar Dem Dikk est la société nationale de transport urbain et inter-ville au Sénégal. Sur les axes non desservis, on peut voir des charrettes servant de transport en commun. Rare dans le centre de Dakar, cette pratique est courante, dans les quartiers périphériques ou les autres villes du pays. On peut dire que la charrette fait le bus.

La «charrette de boissons »

Les charrettes transportant des casiers ou des packs de boissons sont visibles aux abords des dépôts et débits de boisson. Point n’est besoin des camions de la SOBOA, la brasserie nationale, pour toutes les livraisons. Les charrettes servent de relais entre les vendeurs en gros et demi gros et les boutiquiers détaillants.

Si vous lisez ce billet, vous ne pourrez donc plus dire que vous n’avez été prévenu. Pour tous les services que les charrettes rendent, arrêtez donc de pester contre elles lorsqu’elles vous dérangent dans la circulation. Elles ont d’ailleurs une raison valable : il n’existe pas encore d’auto-école pour elles. Charrette-école, je voulais dire.

https://www.youtube.com/watch?v=nTPTT1dYsnI


Football – CAN 2017 : les « sorciers blancs » sont toujours dans la place

Je parie que bientôt nous aurons des coaches chinois à la tête de nos sélections africaines, tellement les africains sont peu prophètes sur leur propre continent. La CAN 2017 en est une parfaite illustration avec la « tonne » d’entraîneurs expatriés présents ((12 sur 16 !). La CAN ne fait donc pas seulement grincer les dents aux coaches européens. Elle fait sourire certains, les « sorciers blancs ».

CAN 2017 – Origine des sélectionneurs par continent – Photos des entraîneurs (Site rfi.fr) – Infographie : Mawulolo

Les coaches de la CAN 2017

Seize coaches : dix Européens, quatre Africains, un Sud-américain et un Asiatique se répartissent les directions des sélections dans cette édition 2017.

Parmi les dix Européens, la France se taille la part du lion avec cinq entraîneurs. Tels des dompteurs, Claude Leroy dirige les Éperviers du Togo ; son ex-Adjoint Hervé Renard tient les rênes des Lions de l’Atlas, le Maroc. Michel Dussuyer mène les Éléphants de Côte d’Ivoire pendant que Henryk Kasperczak gère les Aigles de Carthage, la Tunisie. L’ex-bleu Alain Giresse est le coach des Aigles du Mali. La liste est complétée par deux Belges (Hugo Broos avec le Cameroun et Georges Leekens avec l’Algérie), un Portugais (Paolo Duarté avec le Burkina-Faso), un Serbe (Milutin Sredojevic avec l’Ouganda) et un Espagnol (José Antonio Camacho avec le Gabon).

Les autres viennent d’Amérique latine (Hector Cuper, Argentine) ou d’Asie (Israël avec Avram Grant). L’Afrique ne fournit, elle-même, que 4 coaches avec Aliou Cissé (Lions du Sénégal), Florent Ibenge (République démocratique du Congo), Kalisto Pasuwa (Cranes du Zimbawbé) et Baciro Candè (Guinée-Bissau). Parmi eux, seul Florent Ibenge peut se targuer d’avoir déjà été sur le podium de la compétition avec la RDC en 2015. Il est d’ailleurs le seul, parmi eux, à avoir dirigé une équipe lors d’une CAN avant cette année. Pourtant Claude Leroy, à lui seul, a participé à neuf éditions de la CAN avec 6 équipes différentes et en a remporté une. Hervé Renard, lui, totalise déjà deux trophées de cette compétition, gagnés avec la Zambie et la Côte d’Ivoire. C’est tout dire.

Pourquoi les « sorciers blancs » sont préférés ?

Nous disons souvent en Afrique que, même si l’on déteste le lièvre et que l’on insulte ses grandes oreilles, il faut au moins reconnaître qu’il court plus vite que nous. Plusieurs raisons militent en faveur des entraîneurs européens souvent désignés sous l’appellation de « sorciers blancs » :

  • L’imaginaire africain

Nul ne peut dire que dans un coin de la tête des Africains -même si c’est à leur corps défendant- est ancré le mythe de la supériorité du « blanc ». Lorsqu’il arrive qu’une équipe africaine accepte d’avoir un coach africain, le traitement et les rémunérations ne sont jamais les mêmes que pour un coach européen. D’ailleurs certains grands clubs africains sont dirigés par des Européens. Hubert Velud, après Philippe Carteron, a dirigé le TP Mazembé, l’un des meilleurs clubs africains. Il vient d’ailleurs de signer un nouveau contrat avec l’Étoile du Sahel (Tunisie).
Même lorsqu’ils échouent dans un pays, ils rebondissent dans un autre. Michel Dussuyer, qui a peiné avec le Bénin, dirige, de nos jours, la Côte d’Ivoire. Alain Giresse, qui a raté une CAN avec le Sénégal, dirige le Mali actuellement. Les circonstances atténuantes sont rarement accordées aux coaches africains par leur propre pays (autorités, joueurs et public sportif compris).

  • Le niveau du football européen

Aussi Africain et fier de l’être que nous sommes, il faut admettre que le niveau du football européen est de loin supérieur à celui de notre continent. Les meilleures écoles de formation d’entraîneurs sont en Europe et le taux d’Africains à y être formés n’est pas très significatif. Les Africains qui sortent de ces écoles sont souvent des entraîneurs de petits clubs et quand ils sont dans les grands clubs, ils sont des éternels adjoints ou juste membres de leur staff. Boubacar Sarr « Locotte » a été longtemps coach adjoint au PSG.
Des joueurs professionnels africains évoluant en Europe ont plusieurs fois eux mêmes réclamé des coaches européens pour leurs équipes nationales. Ils expliquent cela par le fait qu’ils sont plus outillés et plus professionnels que les Africains.

  • Leur réseau et leur capacité d’adaptation

Les coaches européens ont un très bon réseau, cela leur donne accès à l’Afrique. Même les services de coopération s’y mettent parfois. Je me souviens encore du temps où feu Goetlieb Goeller entraînait le Togo grâce à la coopération allemande. Les agents de football aussi permettent un parfait maillage du territoire africain, ils placent ces entraîneurs à la moindre demande. Les équipementiers interviennent aussi parfois.

Les coaches européens s’accommodent des pratiques mystiques imposées par certaines fédérations, même s’ils n’y croient pas. Il faut aussi leur reconnaître qu’ils étudient bien la psychologie africaine avant d’arriver sur le terrain. Certains vont encore plus loin, Feu Bruno Metsu a épousé une Sénégalaise quand il dirigeait les Lions de la Téranga, il a même adopté le prénom de « Abdou Karim » pour se mettre à la couleur locale ! A son décès, il a été enterré au cimetière musulman de Dakar. Plus qu’une adaptation.

In fine, les coaches européens ont encore de très beaux jours à la tête des sélections africaines.

Des preuves de réussites africaines existent pourtant…

Qu’attendons-nous pour réellement donner leur chance aux coaches africains ? Sont-ils aussi mauvais ? Nos fédérations et Etats réclament des entraîneurs expérimentés sans en former, même ceux qui se forment ne se voient pas confier des sélections. Comment donc gagneront ils en expérience ? Pourtant Yéo Martial a remporté la CAN avec la Côte d’Ivoire (1992). Mohamed El-Gohary (1998) et Hassan Shehata (2006, 2008 et 2010) cumulent 4 trophées avec l’Égypte. Et feu Stephen Keshi (2013) a gagné cette CAN avec le Nigeria. Il avait d’ailleurs qualifié le « petit » Togo pour le Mondial 2006 devant le Sénégal, alors dirigé par  le Français Guy Stéphan.

Si nous ne nous réveillons, bientôt les Chinois et les Indiens seront à la tête de nos équipes de football. Déjà qu’ils prennent nos économies…

Par Roger Mawulolo [facebook] [twitter]


Football : la CAN fait boiter l’Europe

Ce samedi 14 janvier débutera, au Gabon, la CAN – Coupe d’Afrique des Nations de football – 2017. Ce grand rendez-vous du football africain fait toujours grincer des dents en Europe. Les visages des entraîneurs des clubs européens se renfrognent souvent quand on leur parle de la CAN.

Données chiffrées sur la Coupe d'Afrique des Nations 2017 - Par Roger Mawulolo avec Picktochart
Données chiffrées sur la Coupe d’Afrique des Nations 2017 – Par Roger Mawulolo avec Picktochart

Cette compétition a toujours causé une polémique entre les joueurs africains et leur club européen. Pourtant la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) a pris des dispositions concrètes pour que les clubs libèrent les joueurs sélectionnés. Certains clubs font encore pression sur leur joueur pour qu’ils ne les abandonnent pas. D’autres se voient refuser des renouvellements ou des signatures de contrat lorsqu’ils ont le désir de participer à la CAN. Le dernier cas en date est celui du Togolais Emmanuel Adébayor avec le club français de Lyon.

Revue des effectifs

Seize équipes africaines participent à la compétition : Algérie, Burkina, Cameroun, Côte d’Ivoire, Egypte, Gabon, Ghana, Guinée Bissau, Mali, Maroc, Ouganda, Sénégal, Tunisie, Togo, RDC et Zimbabwé.
Sur l’ensemble des 368 joueurs sélectionnés, 239 (soit 65 %) viennent des championnats européens. Ils viennent principalement de la France, d’Angleterre, d’Espagne et d’Allemagne. La Turquie, le Portugal, la Belgique ne sont pas du reste.

Il suffit de voir l’importance qu’ont certains de ces joueurs sur le jeu de leur club pour mieux comprendre. Liverpool perd le Sénégalais Sadio Mané, son maître à jouer. Pierre-Emerick Aubameyang, l’attaquant de feu, sera avec le Gabon, délaissant ainsi le Borussia Dortmund. Que dire de Giovanni Sio qui n’est pas étranger à la bonne forme de l’OGC Nice et Riyad Mahrez qui laisse Leicester pour l’Algérie ? Aussi Rachid Guezzal « abandonnera » l’Olympique Lyonnais. Serge Aurier et Nicolas Nkoulou affaibliront les défenses du PSG et de l’OM par leur départ pour la CAN. Le Standard de Liège perd Matthieu Dossevi pour tout le temps que fera le Togo à la CAN. Et Cédric Bakambu manquera à Villaréal.

Au vu de ces pertes, il serait compliqué de demander aux clubs européens de prier pour que leur joueurs aillent au bout de cette CAN. (Je suis mauvaise langue, je le sais)

Pourquoi donc jouer en janvier et non pendant les trêves estivales ?

Il faut savoir que l’Afrique a la particularité d’avoir un climat dont les périodes pluvieuses coïncident avec l’été européen (juin–juillet-août). La CAN peut donc difficilement se jouer en juin ou juillet comme la Coupe du Monde, l’Euro ou la Copa América. La période de janvier-février reste donc le moment privilégié pour le déroulement de cette compétition.

Une parfaite illustration de cette situation est la réaction de la Guinée, qui a indiqué qu’elle ne pourra pas organiser la CAN 2023 en juin, pour cause de saison de pluie. La FIFA a proposé à la Confédération Africaine de Football (CAF) la reprogrammation de la CAN 2023 en juin…
La Coupe du Monde 2022, attribuée au Qatar,  se jouera finalement en novembre-décembre (plutôt qu’en juin-juillet). La période estivale en Europe se révèle être celle de la canicule au Qatar. Et pour préserver l’intégrité physique des joueurs, la période hivernale, qui est la plus douce au Qatar, est plus appropriée.

Cette polémique et toutes ces conséquences ont encore de beaux jours devant elles. A moins de jouer dans des stades couverts, le climat demeure roi sur le sport roi !

Par Roger Mawulolo [facebook] [twitter]


Fêtes de fin d’année : certains n’en veulent pas

Je suis toujours amusé quand certains proches ou connaissances refusent les vœux pour les fêtes de fin d’année.

Illumination des tours du Port de La Rochelle pour les fêtes de fin d'année - Photo : commons.wikimedia.org
Illumination des tours du Port de La Rochelle pour les fêtes de fin d’année – Photo : commons.wikimedia.org

Leurs raisons sont de divers ordres : religieux souvent et quelques fois juste pour être anticonformistes. L’existence de divers types de calendriers peut aussi justifier ce refus.

L’attentat de ce 31 décembre 2016 à Istanbul avait été précédé par des mises en garde de certains religieux. Elles rappelaient que les fêtes de fin d’année sont des pratiques impies et promettaient même la mort aux célébrants. Est-ce pour cela que la mort a été donnée à au moins 39 personnes dans cette boîte de nuit d’Istanbul ? Seuls les commanditaires et les exécutants le savent.

Noël, une pomme de discorde

Même chez les chrétiens qui ont la croyance en Jésus pour base de leur foi et pratique, tout le monde ne célèbre pas Noël. Pour certains, Noël qui symbolise la naissance de Jésus, n’est pas une fête indiquée par la Bible, le livre saint des chrétiens. Mieux encore cette fête se tient à une date qui servait à une célébration païenne. Toutes ces raisons font que pour les Témoins de Jéhovah, par exemple, cette fête n’est pas chrétienne. Même s’ils ne veulent pas dire qu’elle est satanique, ils n’en pensent pas moins. Pour eux et ceux des autres courants chrétiens ne célébrant pas Noël, tout ce qui n’est pas écrit explicitement dans la Bible doit être proscrit de la vie d’un chrétien.

Les chrétiens qui célèbrent Noël sont tous d’accord que le 25 décembre n’est pas la date exacte de naissance de Jésus mais que c’est seulement une date ou une célébration pour rappeler que le Christ est venu au monde, un jour, sous une forme humaine. C’est donc une célébration symbolique. Les chrétiens orthodoxes, eux, fêtent Noël dans la nuit du 6 au 7 janvier. Cette date correspond en fait au 25 décembre du calendrier julien qu’ils utilisent.

Pour ceux qui ne le savent pas, Jésus-Christ est considéré, par les chrétiens, comme le fils de Dieu venu sur la terre pour le salut des hommes. Et selon les récits bibliques, il a été conçu du Saint Esprit par une jeune fille vierge nommée Marie.

Le 31 décembre ne fait pas l’unanimité

Au-delà de Noël, certains ne célèbrent pas aussi la fin d’année. Ils trouvent que le calendrier grégorien n’est pas le bon. Le nouvel an chinois existe tout comme le nouvel an musulman. Même nos traditions africaines ont leur calendrier tandis que les églises ont aussi leur calendrier liturgique. Mais pour moi, ceci ne peut pas être une raison pour refuser les vœux des autres. Il fallait un compromis et le calendrier grégorien permet cela. D’ailleurs nous utilisons des calendriers et des agendas. Nous écrivons des dates sur nos courriers, nous déclarons nos enfants à leur naissance. Qu’on le veuille ou non, le calendrier grégorien a des impacts sur nos vies.

Par ailleurs dans une vie, il faut bien des moments pour marquer un arrêt et faire un bilan pour se projeter. Cela peut être à ce moment. Bien sûr, vous pouvez me répondre que vous n’êtes pas obligés de le faire en décembre comme tout le monde. Je vous dirai tout simplement que vous n’allez pas au bout de vos convictions. Si vous alliez jusqu’au bout, vous auriez été capable de :

  • ne pas faire le bilan comptable que vous faites pour votre employeur
  • dire non à l’entretien d’évaluation annuelle de vos performances que vous faites au niveau professionnel
  • dire non à l’entretien de fixation d’objectifs pour le nouvel exercice
  • refuser l’augmentation annuelle de salaire qu’on vous octroie en début d’année
  • refuser le cadeau (en espèce ou en nature) offert par votre entreprise à votre enfant pour Noël
  • ne pas accepter les gratifications (ou 13è mois de salaire) que vous offre votre entreprise

Quant à moi, au titre de l’utilisation du calendrier grégorien, je vous souhaite une bonne et heureuse année 2017. Même si cela ne changera rien à vos vies et ni à celle du monde.
Gardons juste à l’esprit que tant que l’on est dans la société humaine, il faudra bien « subir » le rituel des vœux.


Sénégal : il faut mettre à jour le code de la route

Il faut actualiser le code de la route du Sénégal car la technologie est devenue un danger pour les usagers. Ce matin encore, j’ai failli renverser un piéton qui marchait en plein milieu de la rue. A mes grands coups de klaxon, il a sursauté et j’ai pu me rendre compte qu’il avait des mini-écouteurs vissés à ses oreilles et certainement connectés à son smartphone. Qu’écoutait-il ? De la musique, des infos, des khassaïdes (chants confrériques islamiques), une prédication évangélique ou était-il en pleine conversation ? Je ne saurai le dire.
Ce n’est donc pas qu’au volant que l’on est un danger pour les autres. Même les piétons sont devenus des dangers sur la route. Pour les motocyclistes, n’en parlons même pas.
N.B : Ce qui est évoqué dans ce billet est valable pour la majorité des pays africains

Visualisation d'un clip dans une voiture en circulation à Dakar - Photo : Roger Mawulolo
Visualisation d’un clip dans une voiture en circulation à Dakar – Photo : Roger Mawulolo

Le Ministre des infrastructures, des transports terrestres et du désenclavement du Sénégal déclarait en mai dernier «Chaque année au Sénégal nous perdons 500 personnes sur nos routes». Je suis sûr qu’il y a une forte proportion des victimes qui étaient en pleine utilisation d’un casque, d’écouteurs, de smartphones au moment où survenait l’accident fatal.

Les piétons

Casques (oreillettes ou écouteurs) accrochés aux oreilles, ils marchent comme des automates et oublient qu’ils sont dans la rue avec des véhicules ou d’autres personnes. Lorsqu’ils traversent les rues, ils prêtent peu attention à la circulation car ils sont captivés par ce qu’ils écoutent. Généralement ce sont des émissions populaires ou de la musique. Quelques fois j’ai eu à m’arrêter et à klaxonner pour les réveiller. C’est à ce moment qu’ils sursautent. Ce qui démontre qu’ils étaient vraiment loin du lieu où ils sont physiquement présents et visibles.
Les sportifs aussi ne sont pas du reste. Ils écoutent de la musique durant leur séance de footing. Ils se mettent ainsi en danger surtout quand ils augmentent le volume de leur appareil pour mieux écouter la musique malgré le vent.

Un conducteur qui manque d’attention peut facilement « en mettre » sous ses roues.

Les cyclistes et motocyclistes

Les conducteurs d’engins à deux roues eux se prennent même pour des stars du vélo ou de la moto. Il faut les voir slalomer à travers les files de voitures en ne respectant aucune règle. Ils rajoutent à cela l’utilisation des oreillettes et casques. Ils roulent partout à toute vitesse et de surcroit écoutent de la musique dont les volumes sont souvent montés à fond pour couvrir le bruit du vent. Toute leur attention est partagée entre leur vitesse et ce qu’ils écoutent. Lorsqu’ils portent le vrai casque, celui recommandé pour circuler à moto, il peut cacher des oreillettes raccordées à leur smartphone ou i-pod. Parfois, les oreillettes sont difficiles à repérer car elles sont sans fils (connexion Bluetooth).

Ce qui les amène à causer des accidents graves de la circulation. Si encore ils en étaient les seules victimes, nous aurions moins pleuré et dit « lls l’ont bien voulu ». Malheureusement, ils emportent avec eux des innocents, qui eux, étaient pourtant bien prudents. Il urge de prendre des dispositions comme sous d’autres cieux.

Les automobilistes

Les automobilistes savent qu’un policier peut les réprimander lorsqu’ils sont pris en flagrant délit d’utilisation du téléphone au volant. Ils usent donc souvent de kits mains libres mais ces derniers aussi diminuent l’attention lorsque l’on conduit. Ils mettent aussi des oreillettes, ce qui produit le même effet.

La nouvelle vogue à Dakar est d’équiper sa voiture d’écran relié à des systèmes vidéo permettant de visionner des clips. J’ai déjà pris un taxi qui en disposait tant pour les passagers que pour le conducteur. Je vous laisse deviner son degré de concentration pendant que passaient des déhanchements d’un clip de Mbalakh (danse sénégalaise) et d’une danseuse de Koffi Olomidé (artiste congolais) ou d’Arafat (artiste ivoirien).

Je sais qu’en France, il n’est autorisé que des écrans aidant le conducteur dans sa conduite mais ici en Afrique et au Sénégal, tout est permis. Même les volumes des auto-radios sont augmentés à des niveaux disproportionnés. Malgré les vitres fermées, on peut les entendre. La règlementation doit faire en sorte de sanctionner les volumes trop forts empêchant d’entendre le bruit extérieur.

Les effets dangereux de l’utilisation

Deux effets principaux induisant des accidents ont été révélés par plusieurs recherches (voir vidéo ci-dessous produite par la sécurité routière française). Ces effets perturbent la concentration sur la conduite :

  • acuité visuelle réduite : la concentration sur la musique annihile une partie de la vision de celui qui écoute avec des oreillettes.
  • audition affaiblie par rapport aux sons extérieurs : le volume fort des casques (écouteurs et oreillettes) et des autos-radios ne favorisent pas la bonne perception des tentatives de communication avec les autres usagers. Les coups de klaxon ou les cris extérieurs sont peu ou prou perçus. Le temps de réaction, à un signal sonore prévenant d’un danger potentiel, peut être alors long et provoquer des accidents.

Je ne sais pas si c’est l’instinct de conservation qui n’existe plus chez les usagers de la route au point de défier ainsi la mort. J’ai fini par me dire qu’ils croient fermement en la résurrection. Il n’y a que cela pour expliquer le fait qu’ils ne voient pas le danger auxquels ils s’exposent ou exposent les autres.

Vivement que le code de la route soit actualisé et surtout appliqué en ce qui concernent les outils liés aux nouvelles technologies.

Par Roger Mawulolo [facebook] [twitter]


Pour qui sont ces croyants qui crient sur nos têtes* ?

De nos jours, nous assistons à un véritable défilé d’actions et de déclarations déroutantes de la part de soi-disant religieux (toutes religions confondues). Il y a quelques semaines un célèbre prophète (c’est avec ce titre qu’il se définit lui-même) a déclaré que Dieu lui a révélé qu’Hillary Clinton allait remporter les élections américaines. Ce qui ne fut pas le cas puisque c’est Donald Trump qui a été élu. Au delà de ce cas, on assiste à toutes sortes d’actes hideux posés au nom de Dieu. On se fait exploser au nom d’Allah, on spolie au nom de Jésus et j’en passe.
On se demande alors pour quel « dieu » alors travaillent tous ces prétendus croyants.

Illustration Religions - www.pixabay.com
Illustration Religions – www.pixabay.com

Violences faites aux enfants

A Kinshasa, on appelle « kindoki », des enfants innocents accusés de sorcellerie souvent par leur famille. Avec l’aide de prétendus pasteurs véreux, ils sont soumis aux pires tortures morales et physiques. Beaucoup y ont laissé leur vie. Il a fallu que des Organisations Non Gouvernementales élèvent la voix pour que le phénomène diminue. Mais il est loin d’avoir cessé.
Ce qui est étonnant est que les pasteurs concernés crient haut que Dieu est capable de miracles. Si c’est cela, il est alors capable de délivrer ces enfants sans qu’on ait besoin de les toucher physiquement. Il aurait suffi de prier ou de les asperger d’eau bénite. Au lieu de cela, les prétendus chefs religieux les attachent et les frappent souvent violemment. Sans oublier qu’ils font même payer les familles pour ces séances de délivrance. Certains enfants sont victimes de crimes rituels. Richard Hoskins a d’ailleurs traité de ces pratiques dans son livre « L’enfant dans la Tamise« .

A Dakar, beaucoup d’enfants appelés communément, en wolof, « talibés » confiés à des maîtres religieux sont envoyés mendier dans les rues. Tout ce qu’ils récoltent est ensuite reversé à leur maître. Ce dernier qui a en charge leur éducation religieuse se sert plutôt d’eux pour se remplir les poches. Des cas de mauvais traitements sur des enfants n’ayant pas ramené assez d’argent sont fréquents. Les autorités sénégalaises  tentent vainement de lutter contre ce phénomène.

Dans le fond, ces religieux s’enrichissent sur le dos des parents ignorants en prenant l’innocence, l’avenir et la vie de ces enfants.

Injustices faites aux femmes

Les femmes célibataires avec enfants et les fille-mères sont vouées aux gémonies avec ces soi-disant « hommes de Dieu ». Dans des communautés religieuses, s’il arrive qu’une femme ou une fille célibataire se retrouve enceinte, elle devient la risée de tous et elle est condamnée car portant les signes du péché. Des cas extrêmes d’excommunication ou de lapidation (je m’abstiens de mettre une vidéo de lapidation) sont même de mise. Je me souviens encore que dans une église, un groupe de femmes a systématiquement refusé qu’une de leur « sœur en Christ » appartienne à leur groupe car elle était  mère sans être mariée. Les péchés visibles sont condamnés alors qu’il y a pire dans la masse ou parmi les dirigeants.

« Que celui qui n’a jamais péché lance donc le premier, la pierre ».

Aucun amour pour le prochain (pollution sonore, tuerie)

De nos jours, on se tue et on tue son prochain en criant « Dieu est le plus grand ». Le Dieu de la vie, à mon avis, a horreur qu’on touche à la vie humaine. Que ces vies soient celles des croyants ou des mécréants.

D’autre part, on peut organiser des veillées nocturnes et faire de grands vacarmes empêchant les voisins de se reposer tranquillement. Celui qui ose protester sera certainement traité de suppôt de satan. Je ne pense pas personnellement que Dieu soit partisan de ce désordre là. On doit pouvoir pratiquer sa religion sans déranger son voisin.

Destruction de l’environnement

Dans beaucoup de pays, il existe des forêts sacrées. Elles sont considérées  intouchables car selon les croyances, les dieux et les génies protecteurs des communauté y vivent. Ce que je retiens aussi est que ces forêts permettent au delà de tout le mystique dont on les entoure de garder intact toute une biodiversité et un grand patrimoine culturel. Dans beaucoup de contrées, elles sont demeurées les seules espaces verts préservés de destruction. Tandis que les grands « spirituels » y voient un domaine satanique, moi j’y vois une protection contre la déforestation totale. A certains moments des églises dites « éveillées » ont voulu pousser leurs adeptes à brûler ces forêts sacrées.
Je me dis que si réellement, ces nouveaux convertis croyaient en Dieu, ils sauraient qu’avec une prière cette forêt pouvait être purifiée de tout démon.
On pourrait ainsi sauvegarder l’environnement plutôt que de le détruire. Ces croyants manquent de foi.

Au lieu de tuer ou de maudire ou de blesser un individu considéré comme pécheur ou incroyant, nous devons plutôt l’aider à changer si nous pouvons. Si nous ne pouvons pas, laissons le tranquille car, même en religion, ma liberté s’arrête là où commence celle de mon prochain. Il en est de même pour ceux qui se croient obligés de faire des prophéties sans queue ni tête juste pour escroquer. Celui qui ne comprend pas cela ne travaille pas pour Dieu si ce n’est pour lui-même.

Par Roger Mawulolo [facebook] [twitter]

* Titre créé par une analogie avec l’allitération « Pour qui sont ses serpents qui sifflent sur vos têtes« 


Un homme, un vrai, doit avoir plusieurs prénoms

Un homme, un vrai, ne peut avoir qu’un seul prénom. Il doit avoir des prénoms cachés, des prénoms que tout le monde ne connait pas… Certains Africains croient même qu’avoir plusieurs prénoms constitue une sorte de protection. Soit ils se les donnent à eux-mêmes, soit ces prénoms leurs sont attribués par d’autres. Dans tous les cas ces prénoms fonctionnent quand ils sont acceptés et revendiqués par ceux qu’ils nomment.

Nuage de prénoms et de surnoms
Nuage de prénoms et de surnoms – Réalisé par Roger Mawulolo

Les prénoms (« normaux ») de naissance et de baptême

En Afrique, le prénom de naissance est généralement donné au nouveau-né huit jours après sa naissance. Dans certains pays, ce prénom n’est pas choisit au hasard, par exemple au Togo, le prénom que l’on donne est lié au jour ou aux circonstances de la naissance. A ces prénoms de naissance s’ajoute généralement un deuxième prénom, donné lors du baptême religieux. Ces deuxièmes prénoms ont souvent des consonances bibliques comme Jean-Baptiste ou Emmanuel.
Ces prénoms sont des prénoms « normaux » que l’on retrouve habituellement chez tout enfant. Moi je vous amène vers l’inhabituel même si tout dépend de là où on se situe.

Le prénom de combat ou de guerre ou de chasse

Quand l’homme grandit et que la vie le met face à des défis, il peut se donner du courage avec des prénoms de combat, de guerre ou de chasse, c’est selon. Ce prénom est par exemple souvent utilisé pour le sport traditionnel qu’est la lutte sénégalaise,  dans l’arène on connait de grands lutteurs qui se nomment Yékini ou Tyson (Tigre, Bombardier). Au Togo, cela peut être « Kpomgan Mayigan » (« même si tu me vois je vais quand même passer »). Tous ces prénoms sont censés donner des pouvoirs qui protègent de la chute ou de la mort. Pour les chasseurs, ils sont censés les rendre invincibles face aux animaux dangereux. Ces prénoms font penser à ceux des indiens d’Amérique que l’on peut voir dans les western (« Bison courageux », « Aigle puissant » etc). Certaines croyances disent que ce surnom doit être tu et caché : si jamais l’ennemi le connaît et le prononce, il pourrait alors vaincre son adversaire lors d’un combat.

Dans nos pays africains, lors des périodes de guerres ou de crises, on voit ces prénoms resurgir. En République Démocratique du Congo par exemple, le très redouté chef de la police de Kinshasa, Célestin Kanyama,  a pour surnom « Esprit de mort ». En Centrafrique, il existe un chef de guerre surnommé « Douze Puissances» et un autre « Le boucher »…

Le prénom de beuverie

Pour boire beaucoup il faut un prénom d’emprunt parlant. Un homme peut être surnommé « aklovi » au Togo (« la petite pirogue »), cela signifie que, quel que soit la quantité de boisson qu’il ingurgite, il tiendra toujours sur ses pieds. Jamais noyé dans l’alcool. Un autre prénom couramment donné est « han bliba nkoulété », cela désigne une personne qui peut boire jusqu’à ce que ses yeux deviennent rouges, tout en tenant toujours debout. A Abidjan, j’ai déjà entendu parler d’un habitué des bars que l’on surnommait «le gosier d’or». Ailleurs, même idée avec le surnom «l’éponge», je vous laisse imaginer leurs exploits dans le domaine…

Avec les nouvelles technologies, de nouveaux surnoms sont apparus, certains se font appeler « 1 giga » ou « 1 méga » car ils peuvent boire une quantité démesurée de boisson alcoolisée, sans vaciller. Je me suis toujours demandé si le giga ou le méga était lié au débit d’absorption ou à la capacité de stockage de leur ventre ! Je me dis que ce doit être un mélange des deux.

Le prénom de drague ou d’amour

Last but not least, les prénoms de drague ou d’amour. On leur attribue un pouvoir de séduction qui ferait tomber toutes les filles. Azianka (« corde de l’amour ») fait souvent allusion à un séducteur invétéré. Au Sénégal, le « super thiof » (mot wolof) est le type de garçon qui est beau gosse et qui fait facilement vaciller les cœurs des filles.
Là aussi avec les nouvelles technologies, on peut voir des hommes surnommés http pour « Homme Toujours Très Propre ». On a aussi des prénoms comme « connecteur » car le gars arrive toujours à ses fins c’est-à-dire à se « connecter » (si vous voyez ce que je veux dire) à la fille de ses désirs. D’autres surnoms que j’ai déjà entendus :  « agent secret d’amour » ou « médicament des filles« .

En fin de compte, vous admettrez qu’un homme, un vrai doit toujours avoir plusieurs prénoms !
Il semble même que les sorciers et les féticheurs ont des noms spéciaux. Mais je suis trop peureux pour m’aventurer sur ce terrain… Je veux vivre longtemps moi !

Comme nous sommes au siècle de l’égalité femmes-hommes, il est certain que les femmes ont, elles aussi, leurs différents prénoms et surnoms.
J’espère vivement un billet réponse d’une mondoblogueuse pour nous livrer les secrets des surnoms féminins !
Mesdemoiselles, mesdames, à vos claviers…

Par Roger Mawulolo [facebook] [twitter]


Habitation : Avoir les pieds sur terre c’est mieux

L’expression « avoir les pieds sur terre » indique la manifestation d’un grand sens des réalités. Beaucoup d’Africains, surtout ceux du Golfe de Guinée, préfèrent avoir en vrai les pieds sur terre, c’est-à-dire, les pieds sur le sol lorsqu’il s’agit d’accéder à la propriété immobilière. N’est-ce pas aussi un sens de leurs réalités?

Chantier de construction - https://www.publicdomainpictures.net
Chantier de construction – https://www.publicdomainpictures.net

Depuis que je vis au Sénégal et que je voyage à travers le monde, j’ai fini par considérer qu’accéder à la propriété immobilière peut rimer avec l’acquisition d’un appartement dans un immeuble. J’ai alors décider de procéder à l’opération. Ce que n’admettent pas mes oncles et tantes au pays. Pour cela, un conseil de famille a été convoqué à mon insu et j’y ai été convié. Cette assise avait pour but de me faire « avoir les pieds sur terre ». Dans mon pays, le Togo, il est encore rare de s’acheter un appartement pour habitation.

Ne pas acheter de maison « en l’air »

Le Chef de famille fut le premier à prendre la parole. Il me fit savoir que la propriété immobilière, dans notre culture, rime toujours avec la possession d’un terrain. Oui la terre. Acheter un appartement c’est comme si on devenait un oiseau qui loge son nid dans un arbre. Il n’y a aucune garantie à habiter juste dans les airs sans vrai ancrage au sol.
Même si c’est une maison construite sur un quart de lot (environ 150 m²), nous les Togolais le préférons à un appartement de 250 m². L’essentiel est d’avoir les pieds sur terre comme nous le disons.

Confinement et difficultés

« Un homme et sa famille doivent pouvoir respirer » me dit-on. Il faut de l’espace, une cour et un sol. Ma tante la plus âgée me demanda comment je ferai si je veux un de ces jours casser un mur ou rajouter une chambre. Elle m’a rajouter que l’homme prudent voit le mal de loin. Et que pour cela, il fallait que je réfléchisse vraiment pour ne pas jeter de l’argent par la fenêtre. Car pour elle, acquérir un appartement n’est pas un bon choix. Il faut avoir une maison et avoir ses pieds sur terre quand on rentre chez soi. D’ailleurs, elle ajouta que le voisinage peut être un problème.

En cas de séisme…

Mes oncles et mes tantes me demandent ce que je ferai lorsqu’il y aura un séisme et que mes voisins du rez-de-chaussée n’auraient pas encore reconstruit leurs appartements. Vu que je leur ai dit que j’habiterai au premier. J’ai réfléchi et je ne leur ai pas trop donné tort car dans nos pays africains les lois ne sont pas appliquées et les assureurs ne réagissent pas toujours quand il s’agit de payer en cas de sinistre. Du coup même si j’ai les moyens comment vais-je reconstruire mon appartement si mon voisin du dessous n’a pas fini le sien?

Les cordons ombilicaux de mes enfants…

Ma plus jeune tante m’a apostrophé en ces termes : « Que feras-tu des cordons ombilicaux de tes enfants ? ». Oui, chez nous quand l’enfant naît, on enterre son cordon ombilical derrière la case dans un coin ombrageux. Si j’habite dans un appartement perché en hauteur que ferais-je alors ? Casser les carreaux pour l’y enfouir ?
Je n’ai pas osé demander à ma tante comment ont fait mes cousins vivant en Europe. Elle me dira que, de toute façon, c’est pour cela que les enfants de là-bas ont un comportement anormal ou ont telle ou telle maladie.

Piler mon foufou*

Fille pilant sur un sol carrelé - Photo : commons.wikimedia.org
Fille pilant sur un sol carrelé – Photo : commons.wikimedia.org

Mon plus vieil oncle prit la parole et dit « mon neveu, tu es d’une région où notre plat traditionnel est le foufou. Si tu vas loger en hauteur avec un sol tout en carreau ou tout en ciment, où vas-tu poser ton mortier ? ».
J’ai failli lui répondre que maintenant que la machine dénommée « Foufou-mix » existait. Mais j’avoue que je suis trop bien éduqué pour répondre à un oncle en pleine assemblée.

C’est donc au sortir de cette assemblée familiale que j’ai compris le vrai, ou du moins, un autre sens de l’expression « avoir les pieds sur terre ». J’ai découvert que l’expression signifie aussi « être très objectif et ne pas se laisser séduire par des rêves ou des ambitions démesurés. C’est une preuve d’intelligence, car cela dénote une capacité d’adaptation de ses ressources intellectuelles à une réalité donnée ».

Mes oncles et tantes avaient donc raison. Pourtant ils, surtout ceux vivant du village, ne connaissent pas l’expression.

Le bon sens n’est donc pas forcément lié au fait d’avoir beaucoup étudié. Là je continue encore de réfléchir sur l’acquisition de mon habitation. Dois-je garder les pieds sur terre ?

Par Roger Mawulolo [facebook] [twitter]
*foufou : ignames bouillis puis pilés (traditionnellement dans un mortier en bois reposant au sol)