Ce billet est rédigé dans le cadre de la JIFA (Journée Internationale de la Femme Africaine) qui se célèbre le 31 juillet. Mes hommages aux femmes africaines.
L’image de la femme africaine est fortement liée à la conception et au fait d’être mère. Dans les conceptions et croyances africaines, il y a des choses autorisées et d’autres interdites pour que tout enfant venu au monde vive et grandisse dans les meilleurs conditions.
Certaines vous étonneront peut-être mais beaucoup de femmes africaines analphabètes ou scolarisées y tiennent toujours et les respectent jusque-là. Que ne ferait pas une mère pour protéger son enfant ?
Voici ce que m’a dit ma mère, femme africaine, donc ce que je vais dire est lié au Togo mais d’autres cultures et d’autres pays s’y retrouvent certainement.

Le cordon ombilical
Symbole du lien physique voire même spirituel entre un bébé et sa mère, cet organe est à protéger. Des individus aux intentions peu avouables peuvent s’en servir contre le bébé. La santé du bébé même peut en dépendre.
Pour donc éviter tout cela, il est recommandé de le récupérer dès la naissance du bébé et l’enterrer derrière la case (la chambre) en un endroit où les gens ne passent pas.
Deux choses justifient cela :
- Si des adultes surtout marchent sur l’endroit où le cordon est enterré le bébé aura des courbatures qui peuvent lui être fatales ou nuire à son évolution physique
- Si on verse de l’eau sur l’endroit où le cordon est enterré le bébé aura des toux, rhumes et maladies respiratoires incessants.
Les mères africaines même sur leur lit d’hôpital après l’accouchement veillent à ce que tout soit bien fait pour la gestion du cordon ombilical.
Bien gérer la cérémonie de première sortie
Généralement la cérémonie de première sortie de l’enfant qui correspond au jour où son nom est donné se tient exactement huit jours après sa naissance.
En cette occasion, il faut forcément que de l’eau versé sur le toit retombe sur l’enfant. De nos jours, cette cérémonie a été récupérée par les Eglises pour coller à la tradition mais la symbolique de l’eau y est toujours. D’autres peuples rasent les cheveux portés par le bébé à la naissance.
Pour expliquer la symbolique de l’eau qui doit forcément toucher le bébé, on te dira que le fait que l’eau touche le bébé fera que dans l’avenir même si une pluie le surprend, il n’en tombera pas malade.
Vrai ou faux, je ne me pose la question pour le moment. Même si les pères veulent être négligents, les mères restent vigilantes.
L’eau du bain
L’eau des bains du bébé a aussi un traitement particulier. Généralement un trou est creusé et on y verse les eaux utilisées pour laver le bébé. Même l’eau prévue qui n’a pas été totalement utilisée est jetée systématiquement dans ce trou. A moins qu’un autre enfant s’en serve surtout celui que le bébé suit dans le rang de naissance. Aucun adulte n’a le droit d’utiliser cette eau.
Si on y déroge, l’enfant aura des courbatures ou récupèrera les maladies dont souffrent celui qui se serait lavé avec cette eau. C’est ce que la croyance dit et impose.
Les mamans veillent particulièrement sur ce trou.
Ne pas le frapper avec (balai, chaussure)
La meilleure éducation pour un enfant est une association intelligente entre les conseils mais aussi les corrections physiques. Mais pas n’importe lesquelles. En Afrique ou au Togo, on le sait.
Il est formellement interdit de battre un enfant avec un balai ou avec une chaussure. Cela risque d’attirer sur lui des malheurs pour tout le reste de sa vie. Ces malheurs peuvent être des maladies physiques ou psychiques ou carrément de la malchance perpétuelle.
Une femme africaine vous dira toujours ses quatre vérités si vous osez frapper un enfant avec un balai ou une chaussure.
Pour le passer à une autre personne
Il y a aussi des règles à respecter lorsque l’on passe un enfant d’une personne à une autre. L’enfant ne se donne pas en lui faisant faire dos à la personne à qui on le donne. Cela peut rendre le bébé vulnérable à des attaques mystiques. L’expression « appeler dans le dos » signifier « tuer ». Et alors quand il arrive qu’on te remette un enfant qui est de dos, tu conjures le sort en disant « Né o yô o ngbé m gba tô » (si on t’appelle de dos, ne réponds pas). Et ça je vous assure que les mamans africaines y veillent. Même si ce n’est pas elles qu’on remet ainsi l’enfant, elles prononcent les paroles devant conjurer le sort redouté.
Je sais que beaucoup de femmes appliquent ces règles ou tiennent à les faire appliquer sans forcément savoir si c’est vrai ou pas. Mais que ne ferait pas une mère pour la vie de son enfant ?
Même si ce sont des choses incomprises, souvent pour la femme africaine, l’essentiel est que l’enfant vive.
Bonne journée de la femme africaine à tous.
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