Mawulolo

Mon mandat

Soyez sans crainte, je n’ai pas encore de mandat d’élu politique.
Une histoire vécue m’a juste rappelé celle racontée par Sembène Ousmane dans son œuvre titrée « le mandat ». Un mandat postal venant de Paris et qu’on peine à toucher. Oui, c’est encore possible de nos jours.

Temps et argent - Image libre : Rilsonav sur pixabay.com
Temps et argent – Image libre : Rilsonav sur pixabay.com

Mon aventure a duré 5 jours avec 3 déplacements.

Premier déplacement : le problème internet

Je reçois un message whatsapp de mon cousin qui vit en France m’indiquant un envoi de fonds par mandat postal. Le message contenait une photo du mandat avec toutes les informations nécessaires pour le retrait.

Je me rendis alors au bureau de la poste. Je fus reçu par une dame.

  • Bonjour Madame, dis-je.
  • Bonjour, me répondit-elle.
  • Je viens pour un retrait de fonds envoyés par mandat postal.
  • Ah moussié, danga dioum deh dou fi (en wolof, en français signifie « Ah Monsieur vous vous êtes trompé, ce n’est pas ici).

Devant ma mine montrant que je n’avais rien compris, elle reprit en français :

  • Ok Monsieur, mais ce n’est pas ici; allez plutôt au guichet 4.
  • Merci Madame.

Arrivé au guichet, la préposée m’indiqua qu’il y avait un problème de connexion internet. La meilleure solution qu’elle me proposait était de repasser le lendemain. Elle rajouta qu’il était fort plausible qu’il n’y ait pas de solution au cours de la journée. Je ne connaissais pas les bases de son analyse. Je décidai alors de prendre mon mal en patience jusqu’au lendemain.

Deuxième déplacement : le système IFS

Je me rendis directement au guichet 4. La dame me demanda le code du transfert. Je me dis intérieurement «alhamdoulilah» (expression courante au Sénégal signifiant Dieu soit loué). Que nenni ! La dame me souligna qu’internet fonctionnait mais que c’est le système IFS qui ne fonctionnait toujours pas. Elle me pria gentiment de repasser le lendemain. Je lui expliquai que c’était la même chose qui m’avait été servie la veille. Elle me rappela que mon cas était encore normal car cela faisait une semaine que certains revenaient tous les jours sans succès. Je lui fis savoir que je n’avais pas de temps à perdre à revenir tous les jours pour un système qui devait marcher et qu’elle devait penser à la qualité de service offert au client. Tout en lui promettant que le lendemain, je récupèrerai les fonds quoi qu’il arrive, je me suis retiré.

J’ai au moins pu savoir ce jour que le système informatique qui sert pour les transferts internationaux par mandat postal était dénommé IFS.

Troisième déplacement : la délivrance

En arrivant au bureau de poste, pour la troisième fois, je m’étais préparé à la bagarre. A mon arrivée, le même message : le système ne fonctionne pas. Je dis à la dame qu’il fallait que je m’entretienne avec son supérieur.  Devant sa stupéfaction et son silence, je redis haut et fort : « Madame, je veux discuter avec votre supérieur hiérarchique ».

Aussitôt, une de ses collègues plus jeune mais aussi bien sénégalaise (elles sont souvent fines comme des gazelles et d’un joli teint noir) vint à la rescousse. Elle m’interpella aussitôt :

  • Monsieur, s’il vous plait, pourriez-vous m’expliquer votre problème ? Je vais m’en occuper.

Sa voix doucereuse calma aussitôt ma fureur. Je faisais quand même mine d’être toujours en colère et je répondis :

  • Madame, cela fait 5 jours que je cours après un mandat postal.
  • Venez à mon guichet, s’il vous plaît Monsieur.

J’aurai bien voulu entrer dans le guichet. Elle tenta alors de se connecter au système mais sans succès.  Elle me montra l’interface affichant le message d’échec de connexion. Aussitôt, elle dit : « Monsieur, attendez, je vais appeler l’informatique  ». Ce fut le déclic qu’il fallait avoir. Je la vis sourire et prendre des notes. Quelques minutes après, avec une voix plus doucereuse que précédemment, elle me dit :

  • Monsieur, puis-je avoir le numéro de votre transfert, le nom de l’expéditeur et le montant ?

Je lui donnai alors toutes les informations. Elle me remit alors les fonds et m’expliqua que le logiciel avait changé de version. Il fallait de nouveaux paramètres de connexion. Elle avoua qu’aucun agent de guichet n’avait eu l’information de ce changement. Ce qui faisait traîner les clients depuis des jours. Je la remerciai donc vivement et au passage elle me donna son prénom (que je ne vous donne pas). Sa politesse et son professionnalisme qui n’avaient d’égaux que sa beauté et son charme méritaient que je lui donne quand même aussi mon prénom. Je tiens à préciser que nous ne nous sommes pas promis de nous revoir 😀 .

Vivement que nos services d’administration publique améliorent leur communication interne et externe.

Pour ma part, j’ai vécu « mon mandat », je dirai même le mandat 2.0.

Salam chez vous

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)

*Salam : paix en Arabe, mot utilisé couramment au Sénégal


Après la pluie, ce n’est pas toujours le beau temps

La Comtesse de Ségur a légué à la postérité un livre dénommé « Après la pluie, le beau temps ». Ce titre est devenu une citation célèbre. A chaque saison pluvieuse, elle résonne fortement dans ma tête comme une moquerie.
Même si vous me dites le contraire, nous en Afrique, on sait qu’après la pluie ce n’est pas toujours le beau temps. Mieux, on le vit.

Sacs remplis de sable pour absorber l'eau de pluie - Photo libre : Fesikreporter via pixabay.com
Sacs remplis de sable pour absorber l’eau de pluie – Photo libre : Fesikreporter via pixabay.com

Dans des pays comme les nôtres dont les économies dépendent largement de l’agriculture, nous devons tous prier pour avoir de bonnes saisons pluvieuses. Pourtant vous serez étonnés que dans beaucoup de nos villes, cette période est très redoutée. Du moins, on souhaite souvent que la pluie épargne nos villes et se limite juste à la campagne.

Les inondations

Lomé, Abidjan, Cotonou, Douala, Dakar pour ne citer que celles-là sont, à chaque saison de pluies, sujettes à des inondations. Au fil des ans, rien ne semble être fait pour prévenir ou éradiquer le mal. Les populations ne font que constater les dégâts et subir les conséquences désastreuses de ce qui devait plutôt rafraîchir la nature et faire penser à de belles récoltes. A la limite, elles maudissent Dieu de faire tomber la pluie. Pourtant ce sont les gouvernants qui ne prennent pas le problème au sérieux. Les constructions continuent d’être réalisées dans des zones reconnues inondables sans que personne ne lève le petit doigt. Ces inondations se soldent même souvent par des pertes en vies humaines, comme en 2015 à Accra au Ghana.

Les ordures

Dans beaucoup de nos quartiers, il existe des décharges à ciel ouvert. Elles ne sont pas conventionnelles mais les populations sont obligées d’y recourir à cause de l’inexistence ou de l’insuffisance du service fourni en matière d’évacuation des ordures ménagères. Après chaque pluie, des odeurs pestilentielles de ces ordures emplissent l’atmosphère de beaucoup de quartiers de nos villes.

L’eau de pluie devient alors un catalyseur de mauvaises odeurs. Les amas d’ordures non évacués qui ont été mouillés par la pluie sortent des senteurs qui n’ont rien à envier à un groupe de putois.

Les eaux usées (égouts)

Les quartiers sont très peu viabilisés ou pas du tout. Les canalisations sont quasi-inexistantes. A Dakar, par exemple, chaque année avant la saison des pluies la mairie fait un curage des égouts et canalisations. Mais cela ne donne aucun résultat. A chaque pluie, les canalisations sont bouchées ou ne résistent pas au volume d’eau. Elles cèdent souvent et retour aux inondations ou au rejet d’eaux usées et autres choses dont je n’ose pas citer les noms ici.

L’état des chaussées

Les chaussées deviennent souvent impraticables pendant et après les pluies. Pendant la pluie, la quantité d’eau stagnant sur la chaussée est importante. Elles peuvent atteindre, à certains endroits, le niveau des portières des véhicules voire même les dépasser. Aucun système de drainage des eaux n’existe souvent ou au cas où il existe, il ne l’est que de nom. Le sable des rues avoisinantes, souvent non goudronnées, aussi se retrouvent sur la chaussée grâce au ruissellement des eaux.
Le goudron qui est, souvent, déjà mal fait se décape assez facilement. Ce qui crée des trous sur la chaussée. La circulation devient assez difficile après les pluies.

Les mauvaises langues me diront qu’il y a aussi eu des inondations au Québec cette année. Je leur dirai de ne pas être de mauvaise foi car les quantités de pluies n’ont rien à voir avec les nôtres et encore que la réaction des autorités compétentes a été efficace.

Il est urgent que nos différentes capitales soient pourvues de vrais systèmes d’assainissement et de drainage des eaux. Il faudra aussi sensibiliser les populations à des comportements responsables quant à la gestion des ordures ménagères. Mais avant de le leur demander, les gouvernants se doivent de créer des services de gestion efficaces de l’assainissement, de l’évacuation d’eau, des ordures.

Sans cela, après les pluies le temps nous paraîtra toujours morose et jamais beau. Même si cela ne fera pas réécrire son livre à la Comtesse de Ségur.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Sénégal : le Ramadan au rythme du panier « Ndogou »

S’il y a un objet marquant de la période du Ramadan au Sénégal, c’est bien le panier « Ndogou ». Dans les familles ou dans les entreprises, le panier « Ndogou » a une place de plus en plus visible et grandissante.

Paniers ndogou - Photo : Roger Mawulolo
Paniers ndogou préparés par un prestataire – Photo : Roger Mawulolo

Ndogou est le mot wolof utilisé pour désigner la rupture du jeûne en période de Ramadan. Il est de coutume de s’offrir des cadeaux pour la rupture. Et souvent, ces cadeaux de natures diverses peuvent être contenus dans un panier. D’où le concept de panier « ndogou ».

La composition du panier ndogou 

Le  panier lui-même est produit par les vanniers de Dakar qui rivalisent  d’ingéniosité pour créer des paniers de diverses formes et couleurs.

Ce qui était au départ des paquets de sucre pour obéir au concept du « soukeurou korr » (en français, le sucre du jeûne) est devenu un véritable phénomène de mode. Les Sénégalais rivalisent d’ingéniosité dans le domaine.

Le contenu du panier à offrir était essentiellement des produits alimentaires servant au petit déjeuner ou à la rupture. Il s’agit du sucre, du thé, du café, du chocolat à tartiner, du lait et autres. On peut aussi y retrouver des fruits et principalement des dattes. Souvent, les produits de première nécessité sont prisés : des ingrédients de cuisine.

De nos jours, le contenu a bien évolué et on peut y retrouver même des tissus de prix, des enveloppes contenant de l’argent voire des légumes de toutes sortes. Je viens de voir un panier ndogou particulier avec des tasses de café, une machine à café et un tapis de prière. Tout peut se retrouver dans le panier ndogou : téléphone portable, tablette tactile, clés USB et des produits de presque toute nature.

On voit même des plateaux ndogou au lieu du panier proprement dit.

Le panier ndogou comme outil commercial et de marketing

Les grandes surfaces et les entreprises ont changé la nature du panier ndogou. Des paniers ndogou sont offerts aux clients pour les récompenser de leurs achats et de leur fidélité. Ils font l’objet de tombola ou deviennent des  objets publicitaires s’ils ne sont pas carrément mis en vente directe.

Les entreprises en ont fait des cadeaux institutionnels et en offrent à leurs partenaires. J’ai déjà reçu un panier ndogou d’une entreprise de téléphonie avec une carte client « Gold » à l’appui.

La nouvelle forme de vente des paniers ndogou est la vente en ligne. Les entreprises sénégalaises de vente en ligne proposent plusieurs types de panier ndogou à livrer à leurs clients. L’innovation a atteint un tel sommet que l’on se voit proposer des paniers ndogou « bio », « diabète », « végétarien ».

Comme pour le ngalakh en période pascale ou le thièrè à la Tamkharit, le panier ndogou est censé servir au renforcement des liens de fraternité et d’amitié. Mais de nos jours, il fait l’objet d’une véritable course pour voir qui offre le plus gros ou le plus cher panier. Une forte pression sociale semble obliger beaucoup de personnes à s’endetter pour respecter cette tradition. Gare à la bru ou au gendre qui osera ne pas offrir un panier ndogou, digne de ce nom, à sa belle-mère.

Salam à tous et Ramadan moubarak.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Sénégal – Ramadan : objectif lune

« Objectif lune » vous rappelle certainement la bande dessinée Tintin et Milou. Ici, il s’agit plutôt de voir les influences de cet astre sur la période du Ramadan, particulièrement au Sénégal.
Les années où toutes les communautés musulmanes du Sénégal arrivent à commencer ensemble le Ramadan sont rares. Cela semble même relever de l’exploit. Depuis que j’y vis, cela n’est arrivé que 2 ou 3 fois ! Et c’est la lune qui est toujours mise en cause.

Croissant lunaire dans le ciel – Image libre de droits : Samuel Zeller (www.pixabay.com)

Selon les règles, le Ramadan (4è pilier de l’Islam) débute et prend fin avec l’apparition du croissant lunaire. La difficulté réside donc dans l’observation du premier croissant lunaire à la période donnée. Doit-on attendre de le voir avec les yeux ou doit-on se fier aux appareils d’observation ou encore aux autres ?

La commission nationale d’observation du croissant lunaire

Pour harmoniser les positions, le gouvernement sénégalais a mis en place la Commission nationale de concertation sur le croissant lunaire (Conacoc). Dirigée actuellement par Ahmed Iyane Thiam, elle se réunit souvent à la Radiodiffusion Télévision du Sénégal (RTS) pour observer le croissant lunaire et rendre un verdict. Elle fixe ainsi les dates de début et de fin du Ramadan, selon la scrutation qu’elle fait de la lune. Je me souviens qu’en 2012, cette commission a même eu une concurrente, cela avait rajouté à la controverse déjà existante.

En 2017, toutes les confréries musulmanes du Sénégal ont pu s’entendre avec la commission pour commencer le Ramadan à l’unisson, le samedi 27 mai. Cet accord est assez rare !

En 2016, l’Association sénégalaise pour la promotion de l’astronomie (Aspa) s’est même mêlée au débat. Elle a tenté de convaincre que le croissant lunaire n’est pas toujours visible à l’œil nu. Que nenni !

Ceux qui ne suivent pas toujours la commission

La norme veut que, du moment où deux personnes de bonne foi déclarent avoir vu le croissant lunaire, tous les croyants débutent le Ramadan. Au Sénégal, il y a toujours une particularité. C’est l’interprétation ou la conception même du terme « personne de bonne foi » qui, souvent, fait varier les dates de début du jeûne. Chaque membre d’une communauté spécifique préfère attendre que son guide religieux ou ses proches collaborateurs déclarent valide la vue du croissant lunaire, avant de débuter son jeûne. D’autres encore considèrent que, si un certain nombre de pays étrangers débutent le jeûne, ils peuvent alors débuter le leur. Certains pays s’alignent souvent sur la décision de l’Arabie Saoudite.

Certains puristes veulent coûte que coûte apercevoir la lune avec leurs propres yeux avant de débuter le jeûne. Ce qui se révèle parfois assez difficile, surtout si le ciel est couvert de nuages. Cette catégorie de personnes n’admet pas que l’on puisse se fier à des appareils modernes ou aux prévisions des astronomes. Le livre sacré indique qu’il faut voir de ses yeux le croissant de lune, donc ils s’y tiennent.

La fin du mois de Ramadan est ainsi à l’image du début puisqu’il faut encore observer la lune. Elle peut être multiple mais là au moins le nombre maximum de jours qu’on peut observer pour le jeûne aide à trancher parfois le débat.

Le bon côté de toutes ces incertitudes, c’est que certaines années, nous avons eu droit à deux jours fériés à la fin du Ramadan (j’espère que mon employeur ne me lit pas) !

Salam à tous et Ramadan moubarak.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Campagne #RegleeCommeElle – Les règles des femmes, c’est la vie !

Les femmes et les règles font toujours l’objet de mépris sous certains cieux. Ce qui me sidère le plus, c’est que, parfois, les femmes elles-mêmes acceptent difficilement de parler du sujet, comme s’il était tabou. Pourtant, pour moi, les règles c’est la vie, c’est naturel, elles sont liées au cycle intime de la femme, et sans cela, les humains ne pourraient tout simplement pas se reproduire ! Voilà pourquoi,dans ce billet, je voudrais faire le lien entre les règles et la maternité, alors même que nous célébrons en ce moment la fête des mères.

N.B : ce billet est ma contribution à la campagne menée par la blogueuse Tchadienne Sandrine Naguertiga  contre les injustices subies par les femmes à cause de leurs règles.

Tâche de sang - Image libre de EliElsch sur everypixel.com
Tâche de sang – Image libre de EliElsch sur everypixel.com

Pour indiquer qu’une femme a ses règles on emploi toutes sortes d’expressions, par exemple on dit souvent « elle a vu la lune », « elle a mis les mains au sol », « sa lune est au ciel » ou encore que « les anglais sont là » ! Ses expressions sont différentes selon les régions du monde ou l’on se trouve.

Les menstrues, indicatrices et régulatrices du cycle de reproduction

Les premières règles d’une jeune fille correspondent à son entrée dans la maturité, son corps est mature, elle peut désormais donner la vie. Lorsqu’à un âge avancé, la ménopause (cessation des règles) intervient, cela signifie que le cycle de reproduction s’arrête, elle n’est alors plus capable d’avoir des enfants. Je ne vous apprends rien en disant que le cycle menstruel, qui est régulier, permet de calculer les périodes de fécondité les plus fortes de la femme. C’est dans la période d’ovulation qu’une femme a le plus de probabilité de tomber enceinte lors d’un rapport sexuel.
Les règles sont un indicateur de fécondité chez une femme. Elles constituent l’un des signes les plus significatifs du bon fonctionnement de l’appareil de reproduction féminin.
Par exemple, les règles, que certains réprouvent ou méprisent, sont un des éléments essentiels (parmi d’autres) pour les couples en difficulté de reproduction. Grâce au cycle, le couple pourra calculer la période où leur activité sexuelle devra s’intensifier pour augmenter les chances de concevoir un enfant. Lorsqu’une femme, qui est en âge de procréer, voit son cycle s’arrêter (autrement dit lorsqu’elle n’a plus ses règles) elle pense automatiquement et naturellement qu’elle est enceinte.

Pourquoi  mépriser les règles féminines ? Elles sont naturelles et font parties du corps féminin, de plus, elles s’avèrent utiles comme indicateur naturel pour la procréation !

Les menstrues sont naturelles et non sales ou impures

Les règles sont naturelles, une femme ne choisit pas de les avoir ou pas, cela fait partie de sa constitution ! Lorsqu’elles sont dans leur période de règles, les femmes peuvent s’entretenir et prendre soin d’elles-mêmes (en plus de continuer leur vie quotidienne).

Le problème c’est que les religions ont été utilisées pour asservir les femmes qui sont dans leur période de règles. A ce moment là, tous les prétextes sont bons pour les stigmatiser. Des chrétiens aux musulmans, en passant par les animistes, chacun a trouvé son moyen pour marginaliser la femme en période de règles. Pourtant c’est Dieu qui a créé la femme avec tous les cycles de sa vie, y compris les règles ! Dans le récit biblique du jardin d’Eden, les punitions infligées à l’homme et à la femme, suite à leur désobéissance, ont été citées. Nous n’y voyons aucune mention des règles féminines pour la partie concernant les femmes. Les règles sont donc, à mon avis, une chose très naturelles et accordées par Dieu lui-même aux femmes. Dieu ne déteste pas le sang des règles des femmes car c’est lui-même qui les a créées. C’est Dieu lui-même qui a dit aux êtres humains d’aller, de se reproduire, et de remplir la terre. Pour mener à bien cette mission, l’homme ne peut donc cracher sur les menstrues vu que c’est l’un des éléments clés de la reproduction.

Arrêtons de stigmatiser nos filles, nos sœurs et nos mères. Elles n’ont pas choisi le mode de fonctionnement de leur appareil reproductif !
Elles sont femmes, elles ont leurs règles tous les mois, elles sont donc porteuses de vie, et c’est comme ça !
Alors bonne fête des mères aux femmes et surtout demeurez fières de vous, même en vos périodes de règles.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Musique classique : Isaac Dogbo, le «Mozart» togolais

Dans l’histoire de la musique classique, il y a eu Beethoven, Mozart, Haendel et autres. En Afrique et au Togo également, il y a des personnes qui composent de la musique classique. Parmi eux, il y a Isaac Dogbo, le Togolais. Que dis-je ? Il y avait Isaac Dogbo.
Décédé le 30 avril 2017 et inhumé le 16 mai de la même année, ce maître incontesté de la composition de musique classique a laissé un grand héritage à la jeune génération.

Isaac Dogbo - Montage : Roger Mawulolo
Isaac Dogbo – Montage : Roger Mawulolo

Quand je dis « Mozart » togolais, je vous assure que je n’exagère pas. Ceux qui s’y connaissent en musique classique et les œuvres de feu Dogbo vous le confirmeront.

L’homme

Isaac Yawo Dogbo est né le jeudi 24 mai 1945 à Lomé. Issu d’une famille chrétienne, il est arrivé à la musique presque naturellement car ses parents étaient des choristes. Autodidacte, il s’est formé tout seul en s’amusant avec l’harmonium (instrument de musique à vent, à anches libres, à clavier et à soufflerie) et en cherchant dans les quelques rares livres, disponibles à l’époque. Ancien professeur de lettres, il a été censeur et proviseur du Lycée Technique de Lomé-Adidogomé. Travail qu’il a pu concilier avec la musique. Doué, il l’était car il composait sans logiciel et sans piano juste dit-il avec sa tête, un papier et un crayon. Et pourtant ses compositions sont toujours justes et bien équilibrés entre l’alto, le soprano, le ténor et la basse.

« Fo I », comme l’appellent les proches, conçoit l’art musical comme tout art, exigeant rigueur et concentration. Il a maintes fois confié qu’il trouve sa force et sa particularité dans le verbe « OSER ». Maître de chœur et pianiste, je l’ai déjà vu s’essayer au trombone et à la trompette. Pourtant il avait déjà des cheveux blancs à l’époque. Un homme toujours avide d’acquérir de nouvelles connaissances surtout en matière de musique. En 2012, il a été primé meilleur compositeur africain.

Son décès, le dimanche 30 avril 2017, a surpris son monde même s’il était souffrant depuis un moment.

Ses œuvres

La première composition d’Isaac Dogbo fut le chant « Lonlon fo nouwo katan ta » (Par dessus-tout est l’amour) en 1966. Au total, il a composé près de 300 chants dont 150 ont été publiés en 4 volumes. La publication des autres chants était en préparation avant son décès. Le titre de ses recueils « Ma force et mon chant » traduit toute la conviction de l’homme qui a confié : « mes sources d’inspiration sont la Bible et le grand livre de la vie ». Pour lui, la vie est un grand livre où s’inscrivent les meilleures leçons.

Ses œuvres musicales sont les plus chantées au Togo, son pays. Mais aussi en Afrique et notamment au Ghana, au Bénin, en Côte d’Ivoire et au Sénégal. Même en Europe ou aux Etats-Unis, vous pouvez entendre des chorales reprendre ses célèbres cantiques. Nous pouvons citer « Je mets toute ma confiance (Me tsɔ ɖokui katã)  », « Oui, nous marchons (Mie le zɔ̃zɔ̃m) », « Ceux qui se confient (Amesi wo doa dzi ɖe Mawu nu) », « Oui me voici (Aƒetɔ me do ɖe ŋkuwo me) », « Kaɖi wo na bi », « Je gagnerai la couronne (Ma va xɔ dziɖukuku la) », « Mi da akpe na Mawu », « Mina miatsɔ », « Vers toi cité céleste (Dziƒo e dziƒo dua me mia mɔzɔ̃zɔ̃ ɖo ta) » . Ses compositions sont toujours en deux langues : l’Ewé, sa langue maternelle et le Français.

Un hommage mérité lui a été officiellement rendu, par l’Etat togolais et les jeunes compositeurs, le 31 mai 2014 pour l’ensemble de son œuvre.

Le « Groupe artistique Mawu fe nuse », dont le nom a été inspiré par ce compositeur émérite, reste le principal groupe qui exécute les œuvres d’Isaac Dogbo.

Son héritage

Le doyen Dogbo a laissé derrière lui des jeunes compositeurs qui se sont inspirés de lui et qui ont été à son école. Il s’est battu pour que le Togo dispose d’une école de musique digne de ce nom mais son projet n’a pas abouti. Actuellement, nous avons des écoles de piano à Lomé ainsi que des pianistes et compositeurs plutôt autodidactes.

Un goût certainement d’inachevé pour le doyen au moment où il rendait son âme au Créateur.

De nos jours, le Chœur de l’Unité Togolaise et plusieurs autres chorales puisent toujours dans son répertoire qui ne prend pas une ride malgré le temps. Toujours actuel…

Permettez que je finisse avec ces mots d’un de ses chants :

« Ici, sur terre, nous sommes tous des pèlerins et nous n’emporterons rien au ciel. Sauf nos œuvres qui nous suivront »

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Afrique : des obstacles insolites à l’asphalte

Construire des routes goudronnées, en Afrique, est souvent un parcours de combattant. Certains obstacles insolites peuvent retarder l’avancement des travaux et générer des coûts supplémentaires non négligeables. De l’époque coloniale à nos jours, cela ne semble pas avoir changé.

Un papillon sur l'asphalte - Image libre : https://pixnio.com
Un papillon sur l’asphalte – Image libre : https://pixnio.com

Les tombes

Sur une rue du quartier Adidogomé-Sagbado (photos ci-dessous), dans la partie nord de Lomé, il y a des tombes qu’il faut contourner. Ces tombes sont proches des maisons et prennent au moins le tiers de la largeur de la voie. Un bar a même été ouvert en face d’elles. Pourtant personne ne pense à détruire ces tombes surtout qu’elles réduisent l’espace utilisable par les piétons et les véhicules. En fait, tout le monde y pense mais personne n’ose endosser cette responsabilité.

Les cimetières sont sacrés en Afrique. Le culte des morts étant encore fortement présent dans nos traditions, nous n’osons pas toucher aux cimetières. Même jusqu’au sommet de nos états, beaucoup ont une peur bleue de tout ce qui a trait aux morts. Vous pouvez ainsi facilement trouver une route contournant de manière équivoque un cimetière. Et ceci juste pour ne pas avoir à déterrer les ossements.

Ce n’est pas pour rien que dans « Souffle », Birago Diop dit, qu’en Afrique, les morts ne sont pas morts. Ils sont dans l’eau qui coule, le vent qui souffle. A plus forte raison, dans les cimetières. Bien courageux celui qui oserait troubler leur profond et doux sommeil.

Les sanctuaires et couvents traditionnels

Lorsqu’une nouvelle route doit faire déguerpir ou encore réduire l’espace occupé par un sanctuaire traditionnel et animiste, par exemple, il faut d’intenses négociations et une compensation financière. Cette compensation est calculée en fonction du nombre et du type de fétiches présents dans le sanctuaire ou le couvent.

Bien de projets ont buté sur ces aspects ou ont abouti à un nouveau tracé. Les raisons données sont simples : pour bouger une idole ou un totem, il faut d’abord faire beaucoup de sacrifices pour lui en demander l’autorisation et ensuite trouver un endroit approprié. Les sommes auxquelles les négociations aboutissent peuvent être astronomiques. Et comme elles n’avaient pas été prévues au début du projet, cela devient difficile à gérer.

Ce qui est sûr, personne n’ose continuer les travaux tant que les divinités n’ont pas donné leur accord ou accepté la conclusion des négociations.

Tombes en plein rue à Lomé - Photos : Roger Mawulolo
Tombes en plein rue à Lomé – Photos : Roger Mawulolo

Les arbres, les forêts sacrées, les rivières et les termitières

Toujours pour des raisons mystiques, vous pouvez voir la construction d’une route bloquée par un arbre, une forêt ou une termitière. Un arbre considéré comme sacré ou une forêt renfermant des  divinités peut sérieusement perturber l’évolution d’une route en construction. Comme dans les cas précédents, il faut user de diplomatie et de versement de fonds pour pouvoir raser les arbres ou la termitière en question.

Notre enfance a souvent été bercée par des histoires d’arbres déracinés que l’on retrouvait bien debout, le lendemain. Ou encore des tronçonneuses qui tombaient en panne pour des raisons mystérieuses dès qu’ils effleuraient les arbres sacrés. J’ai déjà entendu qu’il y avait des arbres, dont la sève devenait rouge, comme du sang, quand on les abattait. Il semble que des ouvriers téméraires mourraient pour avoir osé couper des arbres sacrés pour faire passer une nouvelle route. Certaines histoires rapportent que l’on pouvaient entendre des cris et des voix d’hommes venant de la forêt qu’on rasait.

De nos jours, les écologistes ne voient pas les forêts et rivières comme des obstacles car il faut préserver l’environnement. Mais ça, c’est un autre débat.

Ces réalités sociales de notre continent, que l’on y croit ou pas, sont à prendre en compte d’une manière ou d’une autre avant l’entame des grands projets de construction d’infrastructures en tout genre. Elles doivent être intégrés dans le plan du projet. Ceci permettra d’éviter tout blocage ou tout conflit ainsi que toutes les dépenses imprévues y afférant. La réelle dimension mystique de ces choses est discutable, selon certains. Néanmoins, il ne faut pas oublier que des révoltes de populations peuvent être engendrées par ce qu’elles considèreront alors comme le non-respect de leurs divinités ou traditions.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Sénégal : le marathon de la discorde ?

Le dimanche 16 avril 2017, jour de Pâques, s’est déroulé le marathon de Dakar. Tandis que les organisateurs se félicitent de son bon déroulement, une frange de la population crie haut et fort sa frustration. Il s’agit des chrétiens catholiques du Sénégal.

Cathédrale de Dakar - Image : commons.wikimedia.org
Cathédrale de Dakar – Image : commons.wikimedia.org

Le marathon de Dakar

Pour sa première édition, le marathon de Dakar a réuni, selon les organisateurs, 13 000 coureurs. Ils sont venus de divers pays notamment le Kenya, l’Ethiopie et la France. La majorité des coureurs vient du Sénégal. Six (6)  types de courses ont été organisés : deux « kid-race » (courses pour enfants), la dakaroise (course populaire), les 10 kilomètres, les 21 kilomètres (semi-marathon) et les 42 kilomètres (marathon).

Les faits

Pour le bon déroulement du marathon, plusieurs axes principaux et stratégiques de la capitale sénégalaise ont été bloqués. La corniche, la place de l’Obélisque, les avenues Malick Sy, Georges Pompidou, Blaise Diagne, Cheikh Anta Diop sans oublier les boulevards Général de Gaulle et Bourguiba. Au-delà de ces voies, plusieurs autres souvent empruntées par les usagers ont été aussi bloqués à la circulation.

La colère des chrétiens catholiques

Ces blocages ont retardé voire empêché l’arrivée, aux cultes et aux messes de Pâques, de beaucoup de chrétiens. Les axes menant à la Cathédrale de Dakar et aux principales paroisses catholiques de Saint-Pierre Baobab, des Saints Martyrs de l’Ouganda, de Sacré-Cœur Malenfant pour ne citer que celles-là ont été bloqués. Le prêtre programmé pour l’homélie à Ouakam, par exemple, est arrivé en retard et a dû être remplacé au pied levé. D’autres fidèles ont vu le baptême de leurs enfants non réalisés alors que tout était déjà bien ficelé.

Un collectif dénommé « « Tous debout pour un chrétien sénégalais épanoui » a ainsi vu le jour sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce qu’il considère comme un manque de respect envers la communauté chrétienne du Sénégal. Les commentaires vont bon train sur les plateformes Facebook, Twitter et Whatsapp. Certains mêmes franchissent le pas et affirment haut et fort qu’un tel évènement ne pouvait être organisé à un jour de fête musulmane. D’autres encore parlent de torture morale infligée à leur communauté.
Il faut reconnaître qu’au Sénégal, les chrétiens sont minoritaires, environ 4 à 5 %. Mais la majorité de cette minorité est catholique à plus de 90 %. Mieux encore, pour le Sénégalais lambda, un chrétien est toujours un catholique. Généralement, ils ne savent pas que parmi les chrétiens, il y a aussi les Luthériens, les Presbytériens, les Pentecôtistes, etc.

J’avoue, de par mon expérience de plus de 10 ans de vie au Sénégal, qu’il est vrai qu’aucun marathon ne peut être organisé à Dakar les jours de Magal, de Tamkharit ou de Gamou.

Mauvaise lecture du milieu par les organisateurs

Post sur la page Facebook d’un mécontent

Sous d’autres cieux, un tel évènement aurait pu se dérouler même des jours de fêtes religieuses musulmanes ou chrétiennes sans que cela n’induit des contestations. L’évènement aurait même pu être dénommé « Marathon de Pâques » ou « Marathon de l’Assomption » ou encore « Marathon de la Tabaski ». Je me souviens qu’à l’époque au Togo, il y a avait le marathon international de Lomé qui se déroulait le jour de la Toussaint (1er novembre) et nous n’avions jamais pensé à un quelconque affront fait à la religion catholique.

Mais le Sénégal est un pays particulier où la fibre religieuse est très sensible. Et cela, les organisateurs l’ont perdue de vue. A l’avenir, il faudra bien analyser les tenants et les aboutissants de toutes les décisions avant de les prendre. Même s’il s’agit juste d’un évènement sportif.

« Une petite aiguille coud un grand boubou » dit-on souvent car les conséquences d’un acte anodin peuvent être énormes.

Que Pâques reste notre fête de partage du Ngalakh et ne devienne pas une pomme de discorde.

Salam chez vous.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Dakar, un paradis pour les chats

Tous les jours en venant au travail, je suis consterné par la vue de chats écrasés par des véhicules et gisant sur la chaussée ou sur le bord des voies. Le nombre est considérable.
Dans tous les immeubles, dans toutes les maisons, dans toutes les administrations de Dakar, des chats vivent et circulent. Et souvent ils n’appartiennent à personne. Tout simplement des chats errants dont le nombre est sans cesse croissant. Cette prolifération commence par vraiment m’inquiéter. Ce qui ne semble pas être le cas pour les municipalités et les services d’hygiène. Et encore moins pour les autorités chargées de la santé publique.

Un caht se reposant tranquillement sur le pare-brise d'une voiture - Photo : Mawulolo
Un chat se reposant tranquillement sur le pare-brise d’une voiture – Photo : Mawulolo

D’où viennent-ils ?

D’après mes enquêtes, non corroborées officiellement, ce sont des chats «municipaux» ou «coloniaux» à l’origine. Il semble, qu’à une certaine époque, la municipalité les aurait acquis pour combattre les souris et les rats qui ont envahi certains quartiers de la ville de Dakar. D’autres encore affirment que c’est à l’époque coloniale que les chats ont été introduits pour combattre les souris et rats dans les magasins du port où était stocké l’arachide à exporter. Un combat bio dont la suite a été une reproduction que personne n’a contrôlée. A ce lot de chats «municipaux » et «coloniaux», de par leurs grands-parents, se sont ajoutés d’autres qui ont préféré fuir leur maître pour rejoindre les bandes libres. Ou encore certains propriétaires préfèrent jeter hors de leur maison les chatons nouveaux nés ou les chats trop vieux de peur d’en avoir trop chez eux.

Les miaulements et les feulements particuliers que j’entends sur le toit de ma maison, chaque nuit, m’ont fait comprendre le rythme de procréation de ces êtres. Le rythme de reproduction des chats est en moyenne de 3 à 4 portées par an. Ce qui donne une possibilité de 12 à 16 chatons sur cette période. Douze chattes nous donneront donc au moins 144 chatons l’année.

Nous les logeons et les nourrissons

De gré ou de force, ces chats sont à nos charges même si c’est dans nos poubelles qu’ils se nourrissent. D’ailleurs, lorsque nous oublions de bien fermer nos portes et fenêtres, ils rentrent allègrement dans nos cuisines et se servent.
Leurs logements sont nos jardins, nos toits, sous nos escaliers extérieurs et dans tous les autres coins disponibles. Les hôpitaux, les cliniques, les lieux de travail aussi en font partie. Nous avons beau les chasser, ils reviennent. Lorsqu’il pleut à Dakar, il nous faut éviter de passer aux abords des toits de maison car les premières coulées d’eau font descendre leurs crottes. En période de froid, ils se mettent sous les véhicules dont le moteur est encore chaud. Souvent lorsqu’on démarre son moteur le matin, il faudra faire attention à ne pas en écraser un ou plusieurs. Un véritable envahissement.

Nous ne les mangeons pas

En Côte d’Ivoire, au Gabon, dans les deux Congo, au Bénin, au Togo, au Ghana, au Cameroun les chats sont une viande de consommation très prisée pour une certaine catégorie d’habitants. Ce qui n’est pas le cas au Sénégal. Peut-être qu’on les considère un peu comme des sorciers. Cela aussi favorise leur prolifération. Au moins cette consommation aurait pu servir de régulateur démographique. Ne vous inquiétez pas, moi-même je ne suis pas consommateur de cette viande.
Et puis ces chats errants de Dakar se retrouvent en grand nombre à certains carrefours comme des jeunes qui viennent causer.

Un problème de santé publique

Lutte contre la prolifération de chats – Image : www.spaduboulonnais.org

Cette prolifération de chats errants deviendra, à coup sûr, un problème dans l’avenir. Il y aura bien un jour où le nombre de chats par habitant à Dakar sera tel qu’on devra craindre pour nos vies. J’exagère peut-être mais moi cela m’inquiète. Parmi ces chats, il y en a qui sont assez agressifs. Dans le lot que je vois souvent chez moi, il y en a un qui ne fuit jamais quand on les chasse mais hérisse plutôt ses poils.
Il faudra procéder à la stérilisation et à la vaccination des chats errants. Le chat peut transmettre à l’homme la toxoplasmose. Et si une femme enceinte le contracte, cela peut conduire à la mort du fœtus. L’on ne peut passer sous silence la rage féline, qui peut aussi être mortelle pour les êtres humains. Et la liste ne s’arrête pas à ces deux maladies.

Malheureusement ici à Dakar, rien n’est fait dans ce sens. Et ces chats traînent dans nos maisons et touchent, malgré toutes nos précautions, à certains de nos objets.

Dans tous les cas, si la municipalité ne prend pas ses responsabilités les Dakarois finiront par le faire eux-mêmes. Et c’est là que nous verrons des défenseurs des droits des animaux élever la voix parce que je suis sûr que les solutions de la population seront radicales.

Pour ma part, j’espère vivement que les autorités trouveront bientôt une solution. Si cela n’est pas fait, il va falloir amener un contingent de Congolais, Gabonais, Camerounais, Béninois, Togolais et Ghanéens consommateurs de chats ici. Ils vont vite régler le problème.
Les autorités municipales ou des services d’hygiène et de santé publique doivent s’attaquer à ce réel problème sans oublier les chiens errants.

Bien à vous.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]


Nos gris-gris d’enfance

Lorsque nous étions enfants, au Togo, nous avions nos gris-gris pour éviter d’être punis lorsque nous étions en faute ou encore pour punir ceux qui nous offensaient. Nous les appliquions avec une très grande dose de foi, et même quand cela s’avérait inefficace, nous recommencions toujours. De toute façon, que ne ferait-on pas pour se sortir des situations embarrassantes ou pour nous venger  ?
Petit retour sur nos sorcelleries d’enfance…

Enfants africains - Crédit photo (libre) : Andrew Itaga
Enfants africains – Crédit photo (libre de droits) : Andrew Itaga

Cracher sur le caillou

Pour éviter que nos parents ne nous administrent une belle correction lorsque nous avions « déconné » hors de la maison, nous étions convaincus qu’il fallait cracher sur un caillou et le jeter loin derrière par-dessus notre épaule. Ensuite, ne plus regarder derrière soi jusqu’à franchir le seuil de notre domicile. Imaginez quand quelqu’un nous interpellait en chemin.
Nous appliquions beaucoup cette méthode lorsque nous allions nous baigner dans la mer ou encore dans les retenues d’eau du grand jardin sises entre les actuels bureaux de la Compagnie Electrique du Bénin, de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest et de l’Union Togolaise de Banque à Nyékonakpoè (quartier de Lomé). Ce gris-gris ne marchait pas à 100% car nous avions quand même été punis plusieurs fois. Et même dans ces cas, on se demandait si on n’a quand même pas regardé derrière nous à un moment avant d’arriver chez nous. Ou encore nous nous disions que nous n’avions pas mis assez de salive ou que le caillou n’était pas le bon.

Cracher à l’endroit où l’on urine

Nous n’oubliions pas aussi de cracher sur les traces de nos urines. Que ce soit sous un mur ou contre un arbre ou en pleine rue. Ce crachat était sensé nous protéger contre tout sort qu’un ennemi voudrait nous jeter. Nous pensions fermement que les traces de notre urine pouvait être utilisées pour nous nuire. Lorsqu’un propriétaire inscrit « Interdit d’uriner ici » sur son mur, il nous arrivait d’enfreindre l’interdiction. Il fallait ne pas oublier de cracher pour nous protéger contre des représailles que l’on pensait mystiques. Notre virilité aurait été en danger et nous nous protégions donc avec le crachat.
Je peux affirmer sans risque de me tromper que même aujourd’hui beaucoup de mes compatriotes crachent dans les chaises anglaises quand ils finissent d’y uriner. Mais bon, n’ayez crainte, ils tirent toujours la chasse d’eau après.

Mettre de la salive sur le nombril

Il est arrivé à plusieurs d’entre nous d’avoir une envie subite et pressante d’aller déféquer. Surtout à ces moments où une diarrhée s’invite. Nous étions convaincus que nous mettre de la salive sur le nombril retardait ou arrêtait cette envie. Même si cela ne marchait pas la première fois, on recommençait, avec foi, la fois suivante. De toutes les façons, avions-nous le choix ? En cas d’envie subite de faire ses besoins, tous les moyens étaient bons pour se contenir.

Croiser les doigts ou enfoncer son orteil dans le sol

Lorsqu’un chien ou un chat vous dérange trop par ses crottes sous vos murs, il y a une solution. Il suffit de le guetter et d’agir dès qu’il se pointe pour ses besoins. A deux, vous croisez vos doigts et vous vous interpellez par vos prénoms. Il paraît que cela bloque la sortie des crottes chez l’animal. Et cela a semblé réussir plusieurs fois. Je me demande si ce ne sont pas plutôt nos cris d’interpellation qui effrayaient l’animal.
Lorsqu’un aîné nous faisait des remontrances et qu’on sentait venir la menace d’une punition, nous croisions fortement nos doigts dans notre poche. Selon nous, nous l’avions ainsi « attaché » et il ne nous punirait pas. Lorsque cela ne marchait pas, on se disait qu’on aurait dû croiser peut-être les doigts de la main gauche et pas ceux de la droite. Enfoncer son orteil dans le sol était aussi une alternative pour éviter d’être puni.
Ces mêmes méthodes, nous les appliquions lorsque nous oubliions de faire nos devoirs scolaires à la maison. Ce qui n’empêchait pas nos instituteurs de nous punir.

Mettre une aiguille, un citron ou du charbon de bois dans sa poche

A une certaine période, la psychose du « vol mystique de sexe » était ancrée dans notre esprit. Nous étions convaincus qu’il suffisait que le malfaiteur te salue ou bien te mettes sa main à l’épaule pour que ton sexe disparaisse comme par enchantement. Il y avait donc urgence de se protéger. La solution était pour certains d’avoir une aiguille ou une épingle dans la poche. Pour d’autres, cela devait être un citron ou un morceau de charbon de bois. Mon petit frère m’a alors dit « grand frère, moi je mets tout en même temps car je veux être sûr d’être protégé ». Que ne ferait pas un homme pour s’assurer de sa fonction érectile et procréatrice ?
Même dans certains matchs de football de quartier, on pouvait garder du citron dans sa poche pour éviter le fusil mystique appelé « tchakatou ». Fait supposé ou vrai, nous n’attendions pas de tester le fusil car « prévenir vaut mieux que guérir ».

Mettre de la fiente de poule sur les morsures

Celle-ci semble être la meilleure, même si je n’ai jamais eu les preuves de son efficacité. Si jamais un autre enfant ou une personne osait te mordre, il suffisait de mettre de la fiente de poule sur les traces laissées par les dents sur notre peau. Le coupable aurait les dents cariées à jamais. Je ne peux pas vous dire si ça marche mais on le faisait quand même. Vous imaginez la foi que nous avions en cela, rien qu’à penser à se mettre de la fiente sur soi.

La sandale retournée

Lorsque tu manges ton plat préféré et que tu ne veux le partager avec personne, il y a une astuce : retourner une de tes sandales et la poser sur le pas de ta porte. Cela est supposé empêcher toute visite d’un gourmand. On croyait ferme que personne ne viendrait avant que nous n’ayons fini et lavé nos mains.

Pour nous, tous ces gris-gris servaient à la bonne cause et même pour aller en composition ou en examen on pouvait mettre nos stylos dans l’eau bénite ou manger la cire des bougies des temples catholiques pour réussir.

D’ailleurs, ce ne sont pas uniquement les enfants qui en avaient. Les adultes aussi avaient les leurs. Demandez aux vendeurs ou vendeuses du grand marché de Lomé, ce qu’un piment rouge fait dans leur caisse. Ils vous diront que ça prévient des vols mystiques d’argent. Malheureusement, cela ne les protège pas contre les braqueurs.

L’enfance est vraiment le plus beau moment d’une vie.

Par Roger Mawulolo [Facebook] [Twitter]