Mawulolo

Les rendez-vous galants d’avant les réseaux sociaux

La génération, née après les années 90, a trop de facilités pour fricoter. Nous avant, il fallait être un vrai artiste et un vrai créateur voire un vrai stratège pour arriver à obtenir un rendez-vous galant d’une fille et surtout à la voir. Les parents ne toléraient pas souvent les amourettes entre jeunes. Et ce n’était pas donné à tout le monde d’avoir un téléphone fixe chez lui.

La Saint Valentin est l’occasion de nous remémorer les techniques et stratégies de l’époque où même les simples téléphones mobiles (pas des smartphones) n’existaient pas. Hé, le passé cela va s’en dire….

Homme avec un bouquet de roses attendant sur un pont - Photo (libre) : Viktor Kanacek depuis picjumbo.com
Homme avec un bouquet de roses attendant sur un pont – Photo (libre) : Viktor Kanacek depuis everypixel.com

Quand vous étiez dans la même classe, la même école, le même groupe de sport ou dans une même association religieuse, l’occasion était bonne pour se voir après les cours et les répétitions. Mais on ne pouvait trop tirer sur le temps car les parents veillaient au grain sur les heures de rentrée. Le plus dur était alors de se revoir, en dehors de ces heures-là. Evidemment, il n’y avait pas de smartphones et il fallait trouver des solutions.

Le sifflotement

Aujourd’hui les jeunes ne savent plus siffloter. Avant, il fallait s’y entraîner car cela pouvait porter ses fruits. A défaut, on était obligé de solliciter un ami qui savait y faire. Ce qui cassait un peu l’intimité et le secret. Il connaissait forcément le stratagème ainsi que les heures. S’il n’était pas très sérieux, il pouvait vous trahir ou vous ravir votre élue. Du moins, il pouvait alors la perturber en venant l’appeler en sifflant.

Il fallait convenir d’une mélodie particulière à donner au sifflotement. A cela, il fallait ajouter une tranche horaire. Lorsque le garçon s’approchait de la clôture de la maison de la fille, il fallait siffloter l’air convenu et attendre que la fille sorte. La fille, de son côté, si elle était occupée à des travaux ménagers n’hésitait pas à être la plus proche possible de la clôture pour ne pas rater le signal. Mieux elle pouvait se mettre à chanter à tue-tête pour que son « Roméo » sache qu’elle était là. Nous rivalisions d’imagination pour les airs. On pouvait avoir la musique du générique d’un film, ou un morceau à la mode ou juste imiter le cri d’un oiseau.

L’attente pouvait durer. Mais que ne ferait pas un homme par amour ?

La boutique ou le marché

Une autre méthode consistait à connaître les heures où la fille devait aller au marché ou à la boutique pour l’approvisionnement de sa famille. Evidemment si la fille avait accepté vos premières avances, c’est qu’elle vous aura communiqué elle-même les heures. Gardez à l’esprit qu’il n’y avait pas de SMS ni Whatsapp pour qu’elle vous informe rapidement. Quand une fille devenait trop serviable ou trop gentille quand il s’agissait d’aller au marché ou à la boutique à certaines heures, les mères avaient souvent le flair pour les suspecter. On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace et encore moins à une guenon. Ou bien ? Dans l’obligation de quand même envoyer la fille, la mère lui adjoignait son petit frère, sa petite sœur ou un membre de la famille souvent plus jeune (nous y reviendrons).

Si on adopte cette méthode, on se positionne donc sur le chemin menant à la boutique ou au marché. Et là les douces discussions commençaient le long du chemin. Les deux tourtereaux restaient quand même vigilants pour vite se séparer, un moment, s’il repère une personne.

Les accompagnants (frères, sœurs, neveux, nièces, amis…)

Cette catégorie est à mettre dans sa poche au plus tôt sinon elle peut annihiler tout votre travail. Les accompagnants peuvent vous servir dans les cas suivants :

  • Il (elle) vous est envoyé-e pour vous dire l’heure à laquelle la fille pourra sortir ou si elle ne peut pas sortir du tout, vous faire passer le message.
  • Si c’est lui ou elle qui accompagne au marché ou à la boutique, il (elle) peut vous laisser du champ pour discuter voire même aller faire les achats à votre place, pendant que vous discutez ou faites autre chose avec votre dulcinée.
  • L’accompagnant peut aussi vous servir de facteur voire de courtier. Vous écrivez une jolie lettre que vous mettez sous enveloppe et vous lui remettez dans les périodes où votre dulcinée est bloquée ou soumise à une interdiction de sortie. Il vous rapporte au besoin des réponses. Il peut aussi vous informer de l’ambiance à la maison ou vous filer des tuyaux sur les préférences de sa sœur.

Tous ces services peuvent ne pas être gratuits. A vous de voir comment intéresser votre intermédiaire. Cela varie selon les genres et les âges. D’un bon sandwich à une bonne tranche de pain beurrée ou encore des bonbons ou du chewing-gum, c’est selon. De nos jours, cela aurait été des hamburgers, des pizzas, de la glace ou autres. Nous avions des plaisirs simples nous…

Un autre type d’accompagnant pouvait être constitué par des ami(e)s dont les parents étaient moins stricts. On se rendait donc chez l’ami(e) et lui (elle) se chargeait d’aller faire sortir le sujet de nos convoitises de chez elle. Il (Elle) nous laissait alors dans la rue pour discuter ou rester dans sa chambre, s’il en avait, pour des choses plus sérieuses.

Le travail de groupe

Cette stratégie avait l’avantage de plaire aux parents car ils se disaient que leur fille était devenue studieuse et voulait réussir à l’école. Que nenni !!!

On s’inventait alors des difficultés, surtout en Mathématiques ou en Sciences physiques, pour pouvoir intégrer un groupe de travail fictif. Même quand on était membre d’un vrai groupe, on y passait peu de temps ou on le rallongeait. Le temps gagné servait à causer avec son amoureux et à roucouler tranquillement. Les deux tourtereaux pouvaient d’ailleurs faire partie du même groupe.

Une autre variante de cette tactique consistait à prétendre aller se faire aider dans une matière particulière par un garçon. Ce garçon pouvait se révéler être l’amoureux.

Les anniversaires, les messes, les séances de prière

Ce qu’il faut retenir de cette époque c’est que toutes les occasions étaient bonnes pour être transformées entièrement ou partiellement en occasion de rendez-vous galants.

Un ami qui fête son anniversaire, un prétexte de messe ou de culte ou de séances de prières. Tout cela dépend de la tendance des parents… Aux parents très pieux et à cheval sur les principes religieux (que ce soit chrétien ou musulman), on sert les messes ou les séances de prières. Aux parents un peu plus ouverts, on sert les anniversaires d’ ami(e)s.

De nos jours, les jeunes ont la vie trop facile pour se fixer des rendez-vous. Avec les smartphones et toute la panoplie de réseaux sociaux… Ce qui me rassure c’est que les bonnes vieilles techniques gardent quand même la peau dure car le smartphone permet certes de fixer un rendez-vous, mais sans les bonnes vieilles stratégies, il est toujours difficile de sortir de la maison.

Imaginez juste notre souffrance, à l’époque, quand nous avions un empêchement de dernière minute alors qu’un rendez-vous était déjà programmé. Il fallait trouver un moyen de prévenir la dulcinée. Je vous assure il n’est pas aisé de raisonner une femme à qui vous avez donné un faux rendez-vous.

Bonne fête de Saint-Valentin à vous si vous réussissez à faire sortir votre dulcinée de chez elle.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Le Gabon, un pays qui vous arrache le sourire (partie 1)

Mbolani (bonjour en fang, une des langues populaires du Gabon) ! Je vous emmène visiter le Gabon, un pays charmant et particulier situé en Afrique centrale, où presque tout vous arrache un sourire.

Libreville - Le boulevard qui sépare le quartier La-la-la en deux - Photo : Roger Mawulolo
Libreville – Le boulevard qui sépare le quartier « La-la-la » en deux – Photo : Roger Mawulolo

La porte d’entrée, si vous y arrivez par les airs, est l’aéroport international Léon Mba de Libreville. Son hall d’accueil est simple et ressemble à une grande véranda ouverte. Au débarquement comme à l’embarquement, vous serez répartis en groupe de 20, pour emprunter la piste à pied. Il n’y a pas de bus. Pourtant, deux vieilles passerelles télescopiques sont visibles mais j’imagine qu’elles sont en panne ou réservées aux compagnies capables d’en payer le prix. Dans tous les cas, je ne les ai pas vues en fonction.

Les quartiers de Libreville

Les noms de certains quartiers de Libreville vous arracheront forcément un sourire.

Le nom de ce quartier ressemble à des notes de musique. Il s’appelle « La-la-la ». Une grande voie bitumée le sépare en deux pour donner : « La-la-la gauche » et « La-la-la droite ».

Un autre se nomme « Gros bouquet » mais je ne sais pas s’il y avait des fleurs avant. Mais on y trouve la prison de Libreville. Peut-être que c’est la prison qui est la fleur. Qui sait ? En face de la grande porte de cette prison, nous avons le quartier dénommé « Derrière-la-prison ». Ne devrait-on pas plutôt dire « Devant-la-prison » ou « En-face-de-la-prison » ? Nous avons aussi « Derrière l’hôpital ». Je n’ose pas affirmer que mes amis Gabonais ont un attrait particulier pour le « derrière » (je parle bien de l’adjectif et de rien d’autre hein ! 😀 ).

Le quartier « Plein-ciel » m’a fait penser, par son nom, au paradis, vu la prolifération à Libreville des « prophètes puissamment oints » dont les titres des campagnes d’évangélisation sont évocateurs. Certains m’ont beaucoup amusé : « Grand carnage dans le camp ennemi » ou encore « Bombardement des positions de Satan ». Vous avez aussi le quartier « Venez-voir » mais je n’ai pas pu savoir ce qu’on m’invitait à voir. A « Charbonnages », je n’ai pas vu de trace de charbon. Par ailleurs, il est évident que si on a un haut, il faut avoir aussi un bas, vous avez donc les quartiers « Haut de gué-gué » et « Bas de gué-gué ».

Mille regrets à ceux qui vont à Libreville sans visiter le quartier « Louis ». Un quartier vivant et animé où l’on trouve toutes sortes de bars, de boîtes de nuit et de restaurants. Le quartier « Apartheid », vous connaissez ? Il s’agit d’Angondjé dans la commune d’Akanda. Le maire de cette commune est un franco-gabonais et son conseil municipal n’est quasiment composé que de métis. D’où le surnom « Apartheid ».

Les maisons de Libreville

Au Gabon, les habitants ne semblent pas être pressés d’ériger un mur autour de leur maison. Au quartier SNI d’Owendo ou sur la route d’Avorbam, on remarque beaucoup de maisons sans clôture. Et pourtant, le propriétaire stationne son véhicule juste devant sa terrasse où sont disposées tables et chaises avec un joli pot de fleurs au milieu. A la place de la clôture, certains propriétaires ont mis des barrières (avec du fil de fer ou de vieux pneus ou des fleurs) pour entourer la maison. La chose la plus remarquable se situe sur les toits des maisons de Libreville. On dirait que chaque toit a une parabole du groupe Canal+.

Le bidonville le plus célèbre est Kinguélé, la cité rebelle, qui s’est révélée au monde durant des troubles socio-politiques qu’a connus le Gabon. Les quartiers défavorisés sont traités de sous-intégrés. Là on peut retrouver des habitations en bois ou en tôles. Presque tout y manque en terme d’assainissement. Les quartiers sous-intégrés sont : PK, Cocotier, Akébé belle vue, Plein-Ciel Kissengué, Atsibé-Ntos, Diba-Diba, Alibandeng, Bel-Air,  Cocotiers, Nzeng-Ayong.

Mais rassurez-vous, vous verrez de véritables châteaux et des maisons belles à vous couper le souffle dans les quartiers chics comme « La Sablière » ou encore « Angondjé« .

Une discussion en argot gabonais

Pour vous expliquer quelques mots et expressions bien gabonais, je vous relate une douce conversation avec une mbeng miniga (« jolie fille » en fang, langue parlée au Gabon).

Le garçon : « Salut Mimi, je croyais que j’étais ton ndolo massama (ton amour). A cause de la rosée (fine pluie) là seulement tu n’es plus venue au Mississippi (un restaurant de Libreville) alors que j’avais déjà commandé les grillades. Des poissons bien fraichement pêchés par les Kalaba (appellation courante des pêcheurs). »

La fille : « Oh Jean-Jacques, tu as trop le ngop (tu es trop beau) pour que je te fasse ça.

– Pourtant tu m’as laissé planter là-bas sans donner de nouvelles. Je disais même rosée alors que c’était juste un craché (autre expression pour désigner une fine pluie).

Tu me parles fort (tu me grondes) ? C’est le boss (mot couramment utilisé pour désigner son père) qui m’a retenu. Ne me parle pas comme un goudronnier (un braqueur, un mauvais garçon).

– Ou bien c’est un tété (un homme riche) que tu as trouvé et tu me doubles ? Tu vas te waze (tu subiras les conséquences de ton acte).

– Ekiééé Jean-Jacques, tout ça c’est les longueurs (ne parlons pas trop), demain on se voit au niveau de la route gaspillée (pour dire « route en mauvais état ») d’Avorbam pour régler ça.

– J’espère que ce n’est pas encore une frappe (un mensonge). Tu me traites toujours comme un makaya (un pauvre). Si je m’énerve tu verras ce que chien a vu à Nzeng-Ayong (expression pour dire que les conséquences peuvent être mauvaises si tu persistes).

– Tu es comme mon amour scolaire (amour pur et sans intérêt ou débuté depuis l’enfance). Ce qu’on n’oublie jamais.

Je ne sais même pas pourquoi j’accepte de te suivre toujours. Tu m’as fait du tobe guessi (filtre d’amour) »

Au Gabon, si vous ne prenez pas garde, vous vous ferez mal à la mâchoire à force de sourire tout le temps car, des noms de quartier aux expressions,  il y a mille choses à découvrir.

Akiba (merci en fang) et à bientôt pour une deuxième partie de ce voyage.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


La Suisse, c’est la Suisse (Partie 2)

Après la première partie où je vous ai parlé de chocolats, de montres, de couteaux, d’argent, de cantons, de drapeau et de manger, voyons d’autres particularités de la Suisse.

Vue de Genève, en Suisse, depuis les hauteurs de la vieille ville - Photo : Roger Mawulolo
Vue de Genève depuis les hauteurs de la vieille ville – Photo : Roger Mawulolo

Le pays d’Henri Dunant, fondateur de la Croix-Rouge et de Roger Federer, champion de tennis, demeure toujours une attraction. Vous verrez comment on y déclare officiellement le printemps ou encore comment on y désigne le téléphone. Mieux encore, certaines dispositions du code de la route peuvent vous dérouter et les Africains pourront s’y tromper avec les saints.

Le lac Léman

Le lac Léman baigne la Suisse et la France. Mais les Suisses semblent lui accorder plus d’importance que les Français. Généralement lorsqu’on dit d’une personne qu’il séjourne au bord du Lac Léman, l’on pense directement à un séjour en Suisse. A Genève, il est surplombé par le pont du Mont-blanc. Des cygnes y sont visibles et attirent beaucoup de touristes. Pour faire tomber le cœur d’une jeune suisse, une invitation au bord du Léman peut vous servir. Vous pouvez en abuser. Je ne vous dirai pas si j’ai utilisé ce catalyseur. 😀

Le lac Léman a été même à l’origine de la création d’une discipline scientifique : la limnologie. Cette science se charge de l’étude des lacs et étangs.

Le code déroutant de la route

En Suisse, même quand le feu tricolore passe du rouge au vert, il passe toujours par l’orange. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays où l’orange ne s’allume que lors du passage du vert au rouge. La prudence suisse n’a pas d’égale.

Les conducteurs suisses se trompent souvent en France et les français se trompent souvent en Suisse lorsqu’il s’agit d’entrer ou de sortir d’une autoroute. La raison est simple : en Suisse les autoroutes sont indiquées par des panneaux à fond vert ; en France, le même panneau a plutôt un fond bleu.

Le marronnier et sa plaque en médaillon - Photos et montage : Roger Mawulolo
Le marronnier, actuellement en fonction, et sa plaque – Photos et montage : Roger Mawulolo

L’arbre officiel d’annonce du printemps (le marronnier)

Une seule hirondelle ne fait pas le printemps mais en Suisse, un seul arbre l’annonce. Devant les portes de la vieille ville, à Genève, se trouve un marronnier. C’est sur lui que se constate le début officiel du printemps. Quand y apparait le premier bourgeon, les Suisses sont officiellement au printemps. Et cela passe par une annonce officielle.

Cette tradition a débuté depuis 1818. Le marronnier, actuellement en fonction, est en fait un régent. Cette régence sera finie quand les « fils » du marronnier précédent seront mûrs pour la relève. Ce dernier, appelé le plus ancien fonctionnaire, a servi de 1929 en 2016.

Téléphone et internet en Suisse

Lorsqu’un Suisse vous parle de « natel », sachez qu’il vous parle de téléphone mobile. Quelque soit le canton dans lequel vous vous trouvez, ce terme est connu. Un conseil : lorsque vous tombez sous le charme d’une Suisse, belle comme Martina Hingis (quand elle était jeune), demandez lui son numéro de « natel ». Elle en sera ravie car vous aurez déjà fait un effort d’intégration.

Lorsque vous êtes dans un aéroport, vous avez besoin de votre passeport ou de votre carte d’embarquement pour avoir un code d’accès à Internet. Dans les restaurants et supermarchés ou encore dans les gares, un numéro de téléphone vous est toujours demandé pour l’envoi de votre code d’accès.
Il n’y a presque jamais de code d’accès publique, au réseau wi-fi, affiché pour les clients.

Les saints ne sont pas que catholiques

Les Saints sont partout même chez les Protestants. En Afrique, les catholiques ont l’apanage de la connaissance ou de l’utilisation des « Saints ». Une Paroisse dénommée Saint François d’Assises ou Saint Augustin, par exemple, est très souvent catholique. En Suisse, même des cathédrales dénommées par un nom accompagné de l’adjectif « saint » peuvent être protestantes. Ainsi nous avons la cathédrale Saint François de Lausanne ou Saint Germain à Genève.

C’est aussi le pays des réformateurs comme Jean Calvin, Guillaume Farel, John Knox et Théodore de Bèze dont les statues trônent sur le mur de la réformation sis dans le parc des Bastions à l’Université de Genève.

Dès que vous en aurez l’opportunité, n’hésitez pas à visiter la Suisse. Et comme une amie suisse me disait, quand je me plaignais du temps changeant « il n’y a jamais de mauvais temps, il y a juste de mauvais habits ».

J’ai trouvé les Suisses très philosophes et portés sur les réflexions profondes. Je n’en dirai pas plus.

Salam chez vous.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


La Suisse, c’est la Suisse (Partie 1)

La Suisse est un pays assez particulier. Je dirais même que ce ne serait pas la Suisse si nous n’y trouvions tout ce qui fait, justement, sa particularité, dont il est question dans ce billet. Un nouveau carnet de voyage, rien que pour vous, chers lecteurs.

Vue d'un grand hôtel de Genève avec le drapeau suisse et d'un immeuble portant une marque de montre - Photo : Roger Mawulolo
Vue d’un grand hôtel de Genève avec le drapeau suisse et d’un immeuble portant une marque de montre – Photo : Roger Mawulolo

Il faut ouvrir les yeux et les oreilles pour voir, entendre et comprendre la Suisse et les Suisses, tellement ils sont discrets. Des anecdotes, de l’Histoire, de la géographie et des habitudes de vie vous donne une large idée de la particularité suisse. Un petit secret pour les garçons : quand une fille suisse vous dit que vous êtes son « bon ami », soyez heureux : en Suisse, ce terme veut dire « petit copain » ou « amant » (si je veux exagérer un peu).

Par ailleurs, lorsqu’on évoque la Suisse, nos pensées vont souvent directement aux montres, aux chocolats et à l’argent…

Une affaire de cantons et de drapeau carré

Composée de 26 cantons, la Suisse est une fédération. Chaque canton est autonome et dispose de son parlement et de son gouvernement. Ce qui est vrai dans le canton de Vaud ne l’est pas forcément dans celui de Genève ou celui du Valais.

Les langues officielles en Suisse sont le romanche (langue de souche), l’allemand, le français et l’italien. Il est à noter quand même que le suisse-allemand est différent de l’allemand classique.

Le drapeau suisse est carré et non rectangulaire comme celui des autres pays. Toute autre forme donnée à ce drapeau à fond rouge avec au milieu une croix blanche est une erreur.

Couteaux, montres et chocolats

Le couteau suisse n’est pas un simple couteau. Il est en fait couteau que de nom car il comporte « seulement » une ou deux lames, mais il possède beaucoup d’autres outils, nombreux et variés, par exemple, pour les derniers-nés, des clés Usb ! De taille variable, c’est un outil apprécié par les bricoleurs parce-qu’il est vraiment multifonction. Le couteau suisse s’entretient. A l’achat, ils sont garantis et c’est rare d’en trouver à moins de 30 euros. Les marques sont entre autres : Victorinox et Leatherman.

Pour connaître les marques de montres suisses, il suffit de vous promener dans Genève. Beaucoup d’immeubles portent sur leur toit ou leur fronton ces noms. Vous verrez Patek Philippe, Rolex, Breguet, Jaeger-LeCoultre, BlancPain, Zenith, TAG Heuer, Omega, Breitling, IWC, Tissot ou autres. Lorsque vous discutez avec des Suisses, ils vous diront que ce sont les montres purement mécaniques qui sont les plus chères. Ceux qui en fabriquent encore sont de grands spécialistes. A l’heure du « tout électronique », cela a bien du sens.

En matière de chocolat, nous connaissons bien les marques Lindt, Milka, Nestlé et Toblerone qui sont suisses. Mais il en existe d’autres que l’on ne voit peut-être pas assez hors du pays. Je peux citer, entre autres, Camille Bloch, Favarger, Frey, Suchard, Martel, Villars, Swiss dreams, Barry Callebaut ou Cailler.

Euros et francs suisses

Pouvons-nous parler de la Suisse sans parler d’argent ?

La Suisse ne fait pas partie de l’Union européenne mais l’euro peut y être utilisé. Seulement, lorsque vous payez en euros lors d’un achat, le reliquat vous est donné directement en francs suisses. Même si vous réclamez des euros, cela n’y changera rien.

Le taux de change est intégré directement dans les applications de gestion des caisses y compris dans les automates (distributeurs). A défaut, le vendeur peut considérer que les deux monnaies sont équivalentes. Et ceci est plutôt à son avantage vu qu’un euro équivaut à 1,5  francs suisses.

Manger en Suisse

Manger en Suisse n’est pas compliqué mais il ne faudra pas vous tromper sur les moments. L’appellation « petit déjeuner » n’y existe pas, ce qui décale un peu les choses !

Le matin, de Longirod à Genève en passant par Bâle ou Yvons-les-bains, on prend plutôt un « déjeuner », on « dîne » à midi et le soir, on prend « le souper ».
Lorsqu’une jolie Suisse accepte donc de dîner avec vous, n’allez pas vite en besogne en allant chercher des bougies, elle viendra à midi et non le soir.

Voilà, vous en savez un peu plus sur la Suisse. Rendez-vous dans le prochain billet qui sera le deuxième et dernier du carnet de voyage en Suisse.

Salam chez vous.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Ndagukunda* Rwanda : le pays (Partie 1)

Jamais un pays africain ne m’a autant fasciné. J’en ai déjà visité plus de quinze mais la fascination exercée sur moi par le Rwanda est énorme. Simplicité, ordre, discipline, sécurité, propreté et organisation mais aussi silence, ont été les choses qui ont retenu mon attention.
Dans une série de billets, je vous ouvre mon cahier de voyage au pays des mille collines.

Scène de circulation à Kigali - Photo : Roger Mawulolo
Scène de circulation à Kigali – Photo : Roger Mawulolo

Tout ce qui est vrai pour Kigali l’est généralement pour le reste du pays. Ce n’est pas comme certains pays où l’on ne prend pas soin que de la capitale.

Le pays

Je ne sais pas si les collines ont été comptées mais on a vraiment l’impression d’en voir mille ! L’ensemble du pays est en effet une succession de collines. Ce qui n’a, en rien, empêché le développement d’un réseau routier en bon état. Si vous avez une voiture, il vaut mieux avoir de très bons freins à main pour pouvoir vous garer sur les multiples pentes ! Normalement avec ce relief, les Rwandais devraient aussi être des champions de la course de fond, comme les Kényans et les Ethiopiens.
La capitale, Kigali, est un réseau de collines où se succèdent des immeubles cossus et des quartiers moins riches mais toujours propres, en un mot : la simplicité dans la propreté.
L’animal le plus respecté dans ce pays m’a semblé être le gorille. Je vous avoue que je me suis plusieurs fois demandé si l’on devait dire « pays des mille collines » ou « pays des mille gorilles »! J’y reviendrai dans un autre billet.

Les habitants

Vous pouvez aussi avoir l’impression de voir le Président Paul Kagamé partout. Ce n’est pas que ses effigies sont omniprésentes mais juste qu’il y a beaucoup d’hommes et de femmes qui lui ressemblent comme s’ils ‘étaient des jumeaux. Les Rwandais sont, en général, d’un calme et d’un silence troublants. Il faut du temps pour que vous vous familiarisiez vraiment avec eux. Je ne suis pas arrivé à évaluer si c’était un impact du drame du génocide vécu par ce pays. Ce sont des gens très sympathiques dans le fond. Ma visite au mémorial du génocide de Kigali a renforcé le grand respect que j’ai pour ce peuple. Prononcer même les termes Hutus et Tutsis m’était devenu difficile. Sachez donc juste que tout le monde parle le Kinyarwanda, qui est une langue officielle.
Ils semblent ne faire du bruit et donner de la voix que lorsqu’ils sont à un concert de gospel. Là, ils peuvent sauter de manière étonnante. 😀
Pour la femme rwandaise, je vous promets un billet spécial. Et je vous assure, elles le méritent bien !

Une forte présence policière mais sans corruption

Les rues de Kigali et les routes interurbaines sont surveillées par un parfait cordon de policiers, de jour comme de nuit. Après chaque deux cents mètres, vous avez un policier debout avec ou sans arme. La seule fois où je les ai vus en action c’était sur la route Kigali-Rubavu. Un policier verbalisait un chauffeur qui avait dû trop appuyer sur sa pédale d’accélérateur, ce qui est assez rare pour être signalé. Les conducteurs Rwandais respectent souvent et scrupuleusement les limitations de vitesse. Les visites techniques de vérification de conformité des véhicules sont aussi gérées par la police. A l’aéroport de Kigali, les policiers sont courtois et polis mais néanmoins fermes. A l’entrée de l’aéroport, le contrôle est strict et un chien policier renifle vos bagages.
Le meilleur de toute cette forte présence est qu’il n’y a pas de corruption des policiers, cela fait que l’ordre et la discipline règnent.

Les feux tricolores fonctionnent et même les taxis-motos les respectent

En Afrique subsaharienne, il y a deux cas de figure : soit les feux tricolores existent soit ils n’existent pas. Et quand ils existent, ils ne fonctionnent pas toujours. A Kigali, non seulement les feux tricolores existent mais en plus ils fonctionnent. Ils sont munis de compteurs qui, du rouge au vert, vous indiquent la durée vous restant. Beaucoup de pays africains n’ont pas ce type d’équipement. Mieux encore, au Rwanda, les feux sont respectés par les taxis-motos. Pourtant, au Bénin et au Togo, ces derniers sont les champions du non-respect du code de la route. Au Rwanda, les taxi-motos portent toujours un casque, ainsi que leur passager. D’ailleurs les casques sont numérotées, ils portent même le numéro de téléphone mobile du conducteur, qui, lui-même a un numéro visible inscrit sur sa tenue réglementaire.

Propreté absolue et sans sacs en plastique

Les sachets en plastique sont strictement interdits au Rwanda. La règle est vraiment respectée et cela contribue à donner au pays une propreté sans égal. Que vous achetiez dans un marché populaire ou dans un supermarché, dans un centre artisanal ou dans un centre commercial ultra-moderne ou encore à la boutique du parc national de l’Akagéra, vos produits sont livrés dans des sacs en papier. Même les emballages de produits sont souvent en papier.
J’ai pu constater que même les routes poussiéreuses, car non goudronnées, sont propres.

Une conclusion simple : Kigali est propre et n’a pas besoin, comme beaucoup de capitales africaines, d’être maquillée et nettoyée pour l’accueil des grands évènements ou des hôtes de marque.

Murakozé** et à bientôt pour la suite de la promenade écrite à travers le Rwanda.

Je vous laisse ci-dessous le clip « Ndagukunda » de l’artiste rwandais King James

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)

* Ndagukunda : je t'aime en Kinyarwanda, la langue locale et officielle du Rwanda
** Murakozé : merci en Kinyarwanda



	


Le Rwanda, pays des mille gorilles (Voyage au Rwanda – Partie 5)

L’autre nom du Rwanda est le pays des mille collines. Mais au vu de la considération qui y est donnée aux gorilles, je suis tenté d’affirmer qu’il peut bien être aussi appelé « pays des mille gorilles ».

Le siège de "The Dian Fossey Gorilla Fund International" au Rwanda - Photo : ©Azurfrog on Wikimedia
Le siège de « The Dian Fossey Gorilla Fund International » au Rwanda – Photo : ©Azurfrog on Wikimedia

Le tourisme rwandais a beaucoup d’aspects dont l’un des plus fascinants est le parc des gorilles. Au-delà de la préservation de cette espèce, le gorille est tout un symbole dans le pays. Beaucoup de marques de divers produits rwandais portent la dénomination « gorille » ou « gorilla ». De vrais symboles de l’importance accordée à cette espèce sont visibles et présentes au Rwanda.

L’espèce la plus en vue au Rwanda est celui des gorilles de montagne à dos argenté.

Dian Fossey, la primatologue, pionnière reconnue mais controversée

S’il y a une figure qui a révolutionné les études et les pensées sur les gorilles, c’est sans conteste Dian Fossey. Elle est considérée comme la plus grande experte en gorilles car elle a vécu 18 ans dans les montagnes du Virunga pour les étudier. Américaine, née en 1932, cette chercheuse s’est spécialisée dans l’étude de la vie des gorilles. Elle a réussi à enlever de l’imaginaire populaire que les gorilles étaient des bêtes féroces qui s’en prenaient à l’homme. Après un tour au Congo, elle s’est installée au Rwanda en 1967 et a activement lutté pour la préservation des gorilles à dos argenté. Le « meurtre », le 31 décembre 1977, de son gorille préféré nommé « Digit » la changea complètement, à partir de là son attitude ne fut plus la même qu’auparavant. Elle décida de financer des patrouilles, de détruire des pièges, de brûler des campements, de capturer des braconniers. Elle fut accusée de torture sur des braconniers que son groupe avait interpellé.

Dian Fossey - Image libre : Flickr.com
Dian Fossey – Image libre : Flickr.com

L’énigme de sa mort reste non élucidée à ce jour. Elle fut violemment assassinée. Son corps sans vie fut découvert, le 27 décembre 1985, dans sa tente, avec de profondes blessures à la tête, faites à la machette.
Dian Fossey a publié un livre titré « Gorilles dans la brume ». Cette œuvre a été adaptée au cinéma (vous pouvez visionner la bande-annonce à la fin du billet). Une fondation de recherche et de protection des gorilles porte aujourd’hui le nom de « The Dian Fossey Gorilla Fund International ». Elle est basée au Rwanda avec des antennes aux Etats-Unis.

Le Kwita Izina

En Afrique et au Rwanda, quelques jours ou semaines après la naissance d’un enfant, une cérémonie de baptême est organisée pour lui donner un prénom. Pour démontrer son attachement à la préservation de l’espèce des gorilles, l’état rwandais organise depuis 2005 cette cérémonie pour les bébés gorilles qui naissent. Elle est dénommée Kwita Izina qui veut dire « donner un nom » en kinyarwanda. La portée de cette idée originale dépasse de loin le seul baptême des bébés gorilles. Elle donne l’opportunité au Rwanda d’attirer l’attention des populations locales et du monde sur la nécessité de préserver l’environnement. La cérémonie mobilise des participants venus du Rwanda et de l’extérieur. Parmi eux, on retrouve des écologistes, des opérateurs économiques, des acteurs célèbres et personnalités de haut rang. Au-delà de la cérémonie de baptême qui se tient à Kinigi, plusieurs autres activités (dîner de gala, circuit touristique, conférence…) sont organisées dans le pays.

Des prénoms évocateurs sont ainsi donnés aux bébés gorilles et ils sont suivis durant toute leur vie. Chaque bébé gorille est identifié par son nom, sa date de naissance, le nom de sa mère, le nom de sa famille. Il a un parrain ou un baptiseur qui est souvent une haute personnalité du Rwanda ou d’ailleurs. La cérémonie est présidée par le Président Paul Kagamé lui-même.

Cette année 2017, 15 bébés gorilles ont été baptisés. Quelques prénoms choisis avec leur signification en français : Ikigega (stock de trésors), Inyungura (addition), Ganza (l’éternel dominant), Isimbi (perle brillante), Iciamamare Maktub (l’étoile montante), Icyororo (fertile), Ubwiza (beauté), Inkingi (pilier), Iyamarere (le courageux), Ikoranabuhanga (la technologie), Uruyange (floraison), Ubudasa (l’unique).

Bébé et maman gorille au parc national des volcans - Crédit photo : Derek Keats sur flickr.com
Gorilles au parc national des volcans, Rwanda – Photo : Derek Keats sur flickr.com

Les gorilles sont aussi hors des parcs

Paquets de thé et café de marque basée sur "gorille" - Photo : Roger Mawulolo
Paquets de thé et café – Photo : Roger Mawulolo

Soyez sans crainte, vous ne croiserez pas un gorille déambulant dans les rues de Kigali ou de Rubavu. Mais vous les retrouvez quand même partout en statues trônant à un rond-point, dans la cour d’un hôtel ou d’une institution. La célèbre place de l’indépendance de Kigali a son rond-point nommé « Les gorilles ». Le parc national des volcans de Kinigi, où vivent les gorilles à dos argenté, a évidemment aussi sa massive statue de gorille.

Beaucoup de produits aussi portent la marque « Gorilla » (notamment le café et le thé). Il existe aussi le « Mountain Gorilla Lodge » qui est un hôtel situé à Kinigi (nord Rwanda).

Avec tout cela, convenez-vous avec moi que le Rwanda peut être aussi appelé « pays des mille gorilles » ?

Bonne lecture et surtout à vous lire en commentaires ….

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Ces charmantes Rwandaises (voyage au Rwanda – Partie 4)

Pour ce quatrième et avant-dernier chapitre de mon carnet de voyage au Rwanda, je vous parlerai des Rwandaises. Pour un homme, c’est un exercice risqué que de bien parler des femmes d’un pays qu’il a visité seul. Si vous voyez ce que je veux dire. Mais pour vous mes lectrices et lecteurs, je le fais quand même.
Et comme d’habitude, tous les commentaires et conclusions n’engagent que moi.

Danseuses rwandaises - Image libre de droits Wikimedia Commons
Danseuses rwandaises – Image libre de droits Wikimedia Commons

A Kigali, on dit « ni beza », ce qui veut tout simplement dire « elles sont belles » en kinyarwanda.

La femme rwandaise peut vous sembler fragile mais ne vous y trompez pas. Ce sont des femmes qui ont beaucoup de caractère, ce qui n’enlève rien à leur grâce. Pour preuve, actuellement, le Rwandais le plus célèbre en dehors du pays – mis à part le Président Kagamé himself- est une femme. Je ne vais pas la citer car cela n’est pas l’objet de mon billet, mais si vous voyez de qui il s’agit, vous comprendrez comme moi que les femmes rwandaises sont souvent des femmes très courageuses. Pleines de grâce, la douceur et le charme sont assurément avec elles.

Joli physique

Qu’elles soient de teint noir ou clair, petites ou grandes, minces ou rondes, les Rwandaises sont charmantes. Elles ne parlent pas beaucoup mais savent toujours vous répondre quand vous leur posez une question. Quand elles sont un peu embarrassées, elles vous sortent un large sourire. Si vous lui fixez un rendez-vous et qu’elle accepte, c’est qu’elle viendra. C’est rare qu’elle fixe un faux rendez-vous sauf vraiment en cas de force majeure. Même si elle n’a pas dit « non » de manière claire (mais qu’elle n’a pas dit « oui » clairement non plus), elle ne viendra pas. Souvent, elles sont de très bonnes cuisinières et savent surtout bien griller la viande, le poisson ou autres. Elles sont accro à l’hygiène, à la propreté et à l’entretien comme les Casamançaises du Sénégal.
Quand elle est de teint clair, son prénom est « Violette » (avec une prononciation en anglais, genre « vaolette »).

Sapées comme jamais

Je vous avais parlé du mushanana qui est l’habit traditionnel des Rwandais. A part cela, la Rwandaise s’habille aussi à la mode européenne ou américaine. Les jeans pantalons ne sont pas négligés (par les jeunes surtout). Les dames rwandaises raffinées affectionnent particulièrement les tailleurs bien coupés, avec de bonnes couleurs. Elles savent faire la distinction entre tenues de ville et tenues de soirée. La coquetterie est le synonyme de « la rwandaise ».

J’ai aussi noté quelques légères percées des tissus wax qu’elles ont commencé par adopter petit à petit.

Des femmes rwandaises nappies habillées en mushanana - Photo : Roger Mawulolo
Des femmes rwandaises nappies habillées en mushanana – Photo : Roger Mawulolo

Les Rwandaises sont nappies

Côté coiffure, elles préfèrent être naturelles, nappy. Il est assez rare de croiser une Rwandaise avec des coiffures basées sur des mèches brésiliennes ou indiennes. Je ne sais pas si c’est par souci d’économie ou d’authenticité mais la majorité semble s’accorder sur cette mode. D’ailleurs, beaucoup de femmes des pays de l’Afrique de l’Est adoptent aussi ce style. Les Kényanes, les Tanzaniennes, les Ougandaises pour ne citer qu’elles. Peut-être un phénomène régional.
Au Rwanda, la coiffure naturelle ( le « nappy ») est la règle et les autres types de coiffure sont des exceptions.

Elles ont des parapluies

En toute période, la Rwandaise a un parapluie à la main surtout lorsqu’elle a un enfant sur le dos. Que ce soit en période de chaleur pour se protéger contre les rayons de soleil ou en période de pluie. J’ai remarqué que la coquetterie va jusqu’au parapluie qui est souvent fleuri ou de couleur bien choisie.
Il n’est pas rare de voir même des parapluies aux couleurs assorties aux habits portés. J’ai été séduit.

Elles sont présentes au parlement

Dans beaucoup de pays dans le monde, la représentation des femmes dans les instances politiques demeure faible. Au Rwanda, au contraire, les femmes représentent 61,3% des députés de l’Assemblée nationale. Ce contre exemple étonne, d’ailleurs beaucoup de délégations parlementaires étrangères se sont déjà rendues au Rwanda pour voir comment implémenter le modèle dans leurs pays. Le Rwanda a réussi cette introduction des femmes au Parlement en une génération, ce que la Suède a mis 50 ans à réaliser (mais au moins, elle a le mérite de l’avoir réalisé). Le Rwanda est en tête du classement mondial en terme de représentation féminine dans un Parlement national. En Afrique, les meilleurs taux sont de 42,7 % au Sénégal et 41,5% pour l’Afrique du Sud. La France se trouve loin derrière, elle se classe 17è  au rang mondial avec un taux de femmes de 38,7% seulement.

Abanyarwandakazi, murakoze cyane*

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)

* Abanyarwandakazi, murakoze cyane : Femmes rwandaises, merci à vous (en kinyarwanda)


Voyage au Rwanda : une vie tranquille (Partie 3)

Dans ce troisième chapitre de mon cahier de voyage au Rwanda, le pays des mille collines, je vous propose de découvrir quelques habitudes observées chez les Rwandais. Toutes les descriptions, déductions et observations n’impliquent que moi.

Scène de circulation à Kigali - Photo : Roger Mawulolo
Scène de circulation à Kigali – Photo : Roger Mawulolo

Mandela disait « J’ai découvert ce secret : après avoir gravi une colline, tout ce que l’on découvre, c’est qu’il reste beaucoup d’autres collines à gravir. ». C’est comme s’il parlait du Rwanda. Dans ce pays fascinant, alors que vous croyez avoir découvert de nombreuses facettes de la culture, beaucoup de nouvelles facettes s’ouvrent encore à vous ! Il n’est vraiment pas facile de découvrir l’ensemble des mille collines, dans sa totalité, même le temps d’une vie.

Vous avez dû aussi remarquer que beaucoup de Rwandais ont des noms qui finissent par les syllabes « mana« . Mana veut dire « Dieu ». Tous ces noms sont donc pour indiquer que Dieu a fait quelque chose. C’est comme mon nom : Mawulolo, qui veut dire « Dieu est immense ». En Ewé, une langue locale au Togo, Mawu veut dire « Dieu ». Mana est donc l’équivalent en kinyarwanda (langue nationale rwandaise) de Mawu en Ewé.

Manger à Kigali

Généralement, lorsque vous mangez à Kigali, vous commencez par une soupe. Sa couleur peut être verte, jaune ou orangée. Tout dépend des ingrédients, mais elle est toujours bonne, surtout quand elle est chaude. Ensuite, vous pouvez passer au plat de consistance, souvent des grillades. Les Rwandais sont experts en grillade ! Que ce soit du poisson ou de la viande, ils y ont des mains d’ange. Le must, c’est quand la serveuse vous met de l’eau sur les mains pour que vous les rinciez. C’est trop doux, surtout que l’eau est souvent tiède. En plus, les serveuses sont recrutées parce-qu’elles sont jeunes, jolies et souriantes. Du coup, manger au Rwanda peut presque amener au septième ciel !

Dans beaucoup de restaurants, les prix sont abordables. Quand le service du déjeuner est présenté sous forme de buffet, la quantité que vous prenez peut être contrôlée, surtout les morceaux de viande. C’est juste que, pour le montant payé, il ne faudrait quand même pas emporter à vous tout seul tous les morceaux de viande, au détriment des autres clients ! Si vous vous savez gourmand, il vous faudra alors payer deux tickets.

Enfin, je ne peux pas terminer ce paragraphe sans évoquer l’«Akabanga», du piment liquide conditionné dans de petits flacons, semblables à des collyres ophtalmiques (qui lui confère d’ailleurs le surnom de collyre). Il donne vraiment une saveur particulière aux plats.

Le mushanana, la tenue traditionnelle du Rwanda

Impossible de ne pas en parler. Le mushanana est le vêtement traditionnel au Rwanda. Il est porté autant par les hommes que par les femmes. Il consiste en une longue jupe froncée aux hanches, un bustier et une étole drapée par-dessus une épaule. Le tissu est généralement léger pour accentuer l’effet de fronce. Parfois, certains hommes le porte avec un pantalon et une chemise. Pour les couleurs, chacun y va de son goût.

De nos jours, cette tenue n’est pas portée au quotidien, elle est réservée aux cérémonies de mariage ou aux groupes culturels. Le jour où la famille d’un jeune prétendant apporte la dot à celle de l’élue de son cœur, il n’est pas rare de voir des mushanana de grande classe portés par les membres des deux familles. Chaque Rwandais en a au moins un dans son armoire. Mais vous serez beaucoup plus considéré si, à diverses occasions, vous ne mettez pas toujours le même mushanana, élégance oblige !

Des Rwandais dansant en mushanana - Photo : Roger Mawulolo
Des Rwandais dansant en mushanana – Photo : Roger Mawulolo

Les distances s’expriment en heure

Lorsque vous demandez à un Rwandais « quelle est la distance entre Kigali et Rubavu ? » par exemple, il vous répondra certainement « cela fait environ 3 heures de route ». Au Rwanda, les distances semblent s’évaluer en heures et minutes plutôt qu’en kilomètres. J’ai fini par comprendre que la culture de la limitation de vitesse est fortement ancrée dans les habitudes et que c’est finalement la durée qui compte le plus. Et s’il s’avère que le trajet vous prenne 4 heures au lieu des 3 heures annoncées, il n’y a pas lieu de se mettre en colère car votre ami Rwandais vous répondra avec le sourire  qu’« il n’y a pas de problème ».

Ici, la patience est bien le maître-mot. En trajet interurbain, les rwandais ne sont pas autorisés à dépasser 70 km/h. Et avec l’habituelle présence policière, le respect est de mise. Je me suis souvent demandé si le respect aurait été aussi strict sans présence très importante de la police.

Bus et taxi-motos

Dans beaucoup de pays africains, les bus « Toyota – Coaster » sont utilisés pour le transport de touristes et ils sont loués assez chers. A Kigali, ils servent aussi de transport en commun. Vous pouvez les voir partout dans les rues, en route ou stationnés aux arrêts de bus. Les passagers les attendent puis ils montent dedans en ordre et sans raffut. La surcharge n’existe pas car la police veille au grain. Je crois aussi que les chauffeurs sont conscients des risques d’accident que cela pourrait induire.
Mais le moyen de transport le plus répandu, c’est le taxi-moto. Les conducteurs sont toujours habillés d’une tenue réglementaire avec un numéro bien visible. Leur casque porte souvent leur numéro de portable. Ils vont partout et leurs prix sont abordables. Le port du casque est obligatoire et cette disposition est complètement respectée. Ce n’est pas comme dans d’autres pays africains où les femmes refusent de mettre le casque quand elles ont une nouvelle coiffure.
Pour disposer d’un taxi-moto, il existe même une application sous Android appelée SafeMotos, un peu comme Uber sous d’autres cieux.

Aujourd’hui, le Rwanda se développe et forme sa jeunesse, le pays est loin des dénonciations de manque de démocratie ou de non-respect des droits de l’être humain. Il fait indéniablement partie des pays africains qui, au XXIe siècle, se développent sûrement et rapidement.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Voyage au Rwanda : la vie de tous les jours (Partie 2)

Mwaramutsé ou mwiriwé (bonjour ou bonsoir en Kinyarwanda, langue locale du Rwanda) selon le moment où vous lirez mon billet.

Le centre de conférence de Kigali - Photo : Roger Mawulolo
Circulation aux abords du centre de conférence de Kigali – Photo : Roger Mawulolo

Après mon premier billet qui vous a ouvert une partie de mon cahier de voyage au pays des mille collines, je vous révèle ici quelques observations de la vie courante rwandaise.
La vie de tous les jours au Rwanda qui semble être d’une étonnante simplicité. Petite revue de mes observations du comportement, de l’expression, de la façon de voir ou de faire du Rwandais.

De l’électricité partout

Une amie française s’est exclamée : « Mais ici, il y a de la lumière partout jusque dans les montagnes et dans les champs. Pourtant dans les autres pays d’Afrique, on n’en trouve souvent que dans les grandes villes ou dans les quartiers habités par le Président ou les ministres ». Elle n’avait pas tort. Que ce soit des quartiers modestes ou huppés de Kigali ou sur les routes interurbaines et rurales, les lampadaires étaient de mise. Dans des plantations de thé et de café, situées dans des villages loin de Kigali, nous avions bien vu des villages et des champs éclairés. Ces champs et plantations avaient aussi des systèmes d’irrigation électriques.

Ma curiosité m’a poussé à faire quelques recherches et j’ai trouvé que dans un de ses rapports, la Banque mondiale a relevé que :

  • près d’un million de Rwandais ont été raccordés à l’électricité entre 2009 et 2012,
  • les réseaux de distribution ont été prolongés de plus de 1 400 km, et les raccordements multipliés par trois,
  • la proportion d’écoles et de centres de santé qui ont accès à l’électricité a augmenté de 70 %.

Les dirigeants rwandais ont compris que l’énergie est la base du développement économique et y mettent beaucoup de moyens.

J’ai quand même constaté quelques coupures assez brèves à Kigali. Mais dans l’ensemble et pour moi qui vit dans un pays africain, le Rwanda est largement au-dessus du lot. D’ailleurs, en 2018, le pays entend avoir une couverture à 100% de ses besoins en électricité et vers 2021 en exporter vers les pays voisins. Et souvent, jusque-là, quand ses dirigeants le disent, ils le font.

Les briques rouges et les portes en fer

Beaucoup de constructions, au Rwanda, sont réalisées en briques rouges. Des églises aux maisons en passant par des auberges ou hôtels, la brique rouge est reine. Il y en a deux sortes : les crues et les cuites. Les deux sont obtenues à base d’argile, mais la première est obtenue après séchage systématique au soleil tandis que la deuxième est séchée au feu de bois. Pour la conception des briques cuites, de nouvelles contraintes sont apparues avec la politique de réduction de la déforestation rigoureusement appliquée par le gouvernement.

La majorité des portes de pièces au Rwanda est en fer et non en bois. Par ailleurs, j’ai noté que les Rwandais aiment à la folie leurs couleurs nationales. Il n’est donc pas rare de voir des constructions peintes en bleu, vert ou jaune. Plus généralement, si vous devez travailler sur des couleurs avec un Rwandais, il vaut mieux lui dire d’avance ce que vous désirez. De peur qu’il ne vous mette tout aux couleurs du drapeau de son pays. 😀

Maisons en briques rouges sur la route Kigali-Rubavu - Photo : Roger Mawulolo
Construction en briques rouges sur la route Kigali-Rubavu – Photo : Roger Mawulolo

Les Rwandais et le caractère « @ »

L’accès internet est assez facile et fluide au Rwanda. Les opérateurs de téléphonie vous fournissent un accès de qualité. Dans la plupart des restaurants et lieux publics, vous avez un accès à internet par Wi-Fi. Et souvent les mots de passe d’accès définis contiennent toujours le caractère « @ ». Je ne sais pas si c’est par amour de ce caractère mais au moins on peut dire que les Rwandais connaissent la bonne nomenclature pour la définition d’un mot de passe robuste. Il est recommandé d’avoir des caractères spéciaux dans un mot de passe.

Lorsque vous faites une petite promenade ou un footing matinal, vous remarquerez que les Rwandais aiment bien écouter la radio sur leur téléphone mobile. Et bien souvent, ils le mettent en haut-parleurs. Vous pouvez donc écouter avec eux sans permission. C’est vraiment le sens du partage quoi. 😀

L’expression rwandaise

Dans l’expression d’une bonne catégorie de Rwandais, on sent encore le passage de la Belgique. Vous pouvez les entendre dire septante, octante ou nonante pour dire 70, 80 ou 90.

Tandis que les personnes d’un certain âge s’expriment encore bien en français, une certaine génération semble un peu perdue entre cette langue et l’Anglais. La génération la plus jeune, quant à elle, a une bonne maîtrise de l’Anglais. Il faut noter que le pays est passé à l’Anglais comme langue officielle en 2010. Dans tous les cas, la langue officielle locale, le Kinyarwanda,  reste sereinement en tête des langues utilisées.

La langue locale a quelques répercussions sur les prononciations. J’ai vu écrit sur une pancarte « pédicule et manucule » au lieu de « Pédicure et manucure ». Moi-même, je souriais souvent quand on m’appelait « Loger » au lieu de « Roger ».

Je termine ce deuxième billet en vous assurant que, contrairement à ce qu’on pourrait penser, même les Français sont bien accueillis et sont en sécurité au Rwanda.

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)


Sénégal – Tabaski : acheter son mouton moins cher

Les Tabaski se suivent et se ressemblent car le prix du mouton flambe d’année en année. Comment font certains chefs de famille sénégalais, à revenu modéré, pour espérer avoir un bon mouton à un prix acceptable?
Je vous en parle.

Élevage sur terrasse à Dakar - Image : commons.wikimedia.org
Élevage sur terrasse à Dakar – Image : commons.wikimedia.org

J’ai recensé 4 méthodes testées avec plus ou moins de succès.

L’acheter bien avant

Certains chefs de famille achètent leur mouton des mois (3, 6 ou 12) à l’avance pour se garantir des prix acceptables. Après cette acquisition, ils se chargent de nourrir et d’entretenir leur mouton chez eux. Les adeptes de l’élevage en terrasse le font sur le toit de leur maison. D’autres encore les élèvent dans leur cour ou devant leur maison. Cet élevage en pleine ville n’est pas sans désagréments pour le voisinage. D’autres l’achètent et le font garder dans leur village et l’amène à Dakar à l’approche de la fête.

L’acheter hors de Dakar (ou hors des villes)

Une autre méthode est de se déplacer et d’aller acheter son mouton dans un village d’éleveurs. L’acheteur peut se garantir ainsi un prix abordable. Il faudra tout de même intégrer le coût du transport de la bête. Que l’on dispose d’un véhicule ou que l’on prenne un transport en commun, un rapide calcul permet de voir si on y gagne au change.

Souvent dans les villages, le mouton peut être moins cher car il est nourri à l’herbe sauvage de la forêt tandis qu’en ville l’aliment de bétail coûte cher. Ce qui se répercute sur les prix.

L’acheter le jour même de la fête

Ici c’est la spéculation pure et dure. Le jour même de la Tabaski, certains achats s’opèrent. Là c’est une véritable guerre psychologique entre le vendeur et l’acheteur. Le premier pensant que l’autre acculé et obligé de faire son sacrifice va céder et prendre le mouton à n’importe quel prix. Le deuxième aussi pense pareil et se dit que le vendeur ne voudra pas retourner chez lui avec un stock invendu de mouton. Les discussions sont souvent chaudes mais aboutissent à des ententes. Toutefois, les acheteurs peuvent se voir obligés de faire le tour de plusieurs stands avant de trouver leur bonheur.

Espérer que l’Etat agisse

Chaque année, beaucoup de Sénégalais espèrent une action effective de l’Etat pour la baisse des prix. Et l’Etat, à l’approche de la Tabaski, supprime certaines taxes pour l’acheminement du bétail, réduit les contrôles routiers, passe des accords avec les pays voisins qui approvisionnent le Sénégal. Mais cela ne se ressent presque jamais sur le prix final du mouton, tellement les marchands spéculent. Il faudra un contrôle strict des prix à la vente et des sanctions pour ceux qui exagèrent pour qu’un jour, nous arrivions à des prix acceptables.

Dans tous les cas, certains lavent déjà leurs moutons chaque matin à l’eau et au savon et en brossent les poils avec soin. Oui, rien ne vaut un beau mouton comme sacrifice à la Tabaski.
Par ailleurs, ceux qui comptent sur la chance n’utilisent aucune des méthodes citées mais misent sur les différents jeux de hasard permettant de gagner des moutons.
La chance ne vient-elle pas de Dieu lui-même?

Par Roger Mawulolo (Facebook / Twitter)