Le dimanche 16 avril 2017, jour de Pâques, s’est déroulé le marathon de Dakar. Tandis que les organisateurs se félicitent de son bon déroulement, une frange de la population crie haut et fort sa frustration. Il s’agit des chrétiens catholiques du Sénégal.

Le marathon de Dakar
Pour sa première édition, le marathon de Dakar a réuni, selon les organisateurs, 13 000 coureurs. Ils sont venus de divers pays notamment le Kenya, l’Ethiopie et la France. La majorité des coureurs vient du Sénégal. Six (6) types de courses ont été organisés : deux « kid-race » (courses pour enfants), la dakaroise (course populaire), les 10 kilomètres, les 21 kilomètres (semi-marathon) et les 42 kilomètres (marathon).
Les faits
Pour le bon déroulement du marathon, plusieurs axes principaux et stratégiques de la capitale sénégalaise ont été bloqués. La corniche, la place de l’Obélisque, les avenues Malick Sy, Georges Pompidou, Blaise Diagne, Cheikh Anta Diop sans oublier les boulevards Général de Gaulle et Bourguiba. Au-delà de ces voies, plusieurs autres souvent empruntées par les usagers ont été aussi bloqués à la circulation.
La colère des chrétiens catholiques
Ces blocages ont retardé voire empêché l’arrivée, aux cultes et aux messes de Pâques, de beaucoup de chrétiens. Les axes menant à la Cathédrale de Dakar et aux principales paroisses catholiques de Saint-Pierre Baobab, des Saints Martyrs de l’Ouganda, de Sacré-Cœur Malenfant pour ne citer que celles-là ont été bloqués. Le prêtre programmé pour l’homélie à Ouakam, par exemple, est arrivé en retard et a dû être remplacé au pied levé. D’autres fidèles ont vu le baptême de leurs enfants non réalisés alors que tout était déjà bien ficelé.
Un collectif dénommé « « Tous debout pour un chrétien sénégalais épanoui » a ainsi vu le jour sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce qu’il considère comme un manque de respect envers la communauté chrétienne du Sénégal. Les commentaires vont bon train sur les plateformes Facebook, Twitter et Whatsapp. Certains mêmes franchissent le pas et affirment haut et fort qu’un tel évènement ne pouvait être organisé à un jour de fête musulmane. D’autres encore parlent de torture morale infligée à leur communauté.
Il faut reconnaître qu’au Sénégal, les chrétiens sont minoritaires, environ 4 à 5 %. Mais la majorité de cette minorité est catholique à plus de 90 %. Mieux encore, pour le Sénégalais lambda, un chrétien est toujours un catholique. Généralement, ils ne savent pas que parmi les chrétiens, il y a aussi les Luthériens, les Presbytériens, les Pentecôtistes, etc.
J’avoue, de par mon expérience de plus de 10 ans de vie au Sénégal, qu’il est vrai qu’aucun marathon ne peut être organisé à Dakar les jours de Magal, de Tamkharit ou de Gamou.
Mauvaise lecture du milieu par les organisateurs

Sous d’autres cieux, un tel évènement aurait pu se dérouler même des jours de fêtes religieuses musulmanes ou chrétiennes sans que cela n’induit des contestations. L’évènement aurait même pu être dénommé « Marathon de Pâques » ou « Marathon de l’Assomption » ou encore « Marathon de la Tabaski ». Je me souviens qu’à l’époque au Togo, il y a avait le marathon international de Lomé qui se déroulait le jour de la Toussaint (1er novembre) et nous n’avions jamais pensé à un quelconque affront fait à la religion catholique.
Mais le Sénégal est un pays particulier où la fibre religieuse est très sensible. Et cela, les organisateurs l’ont perdue de vue. A l’avenir, il faudra bien analyser les tenants et les aboutissants de toutes les décisions avant de les prendre. Même s’il s’agit juste d’un évènement sportif.
« Une petite aiguille coud un grand boubou » dit-on souvent car les conséquences d’un acte anodin peuvent être énormes.
Que Pâques reste notre fête de partage du Ngalakh et ne devienne pas une pomme de discorde.
Salam chez vous.
Commentaires