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Mon mandat

Soyez sans crainte, je n’ai pas encore de mandat d’élu politique.
Une histoire vécue m’a juste rappelé celle racontée par Sembène Ousmane dans son œuvre titrée « le mandat ». Un mandat postal venant de Paris et qu’on peine à toucher. Oui, c’est encore possible de nos jours.

Temps et argent - Image libre : Rilsonav sur pixabay.com
Temps et argent – Image libre : Rilsonav sur pixabay.com

Mon aventure a duré 5 jours avec 3 déplacements.

Premier déplacement : le problème internet

Je reçois un message whatsapp de mon cousin qui vit en France m’indiquant un envoi de fonds par mandat postal. Le message contenait une photo du mandat avec toutes les informations nécessaires pour le retrait.

Je me rendis alors au bureau de la poste. Je fus reçu par une dame.

  • Bonjour Madame, dis-je.
  • Bonjour, me répondit-elle.
  • Je viens pour un retrait de fonds envoyés par mandat postal.
  • Ah moussié, danga dioum deh dou fi (en wolof, en français signifie « Ah Monsieur vous vous êtes trompé, ce n’est pas ici).

Devant ma mine montrant que je n’avais rien compris, elle reprit en français :

  • Ok Monsieur, mais ce n’est pas ici; allez plutôt au guichet 4.
  • Merci Madame.

Arrivé au guichet, la préposée m’indiqua qu’il y avait un problème de connexion internet. La meilleure solution qu’elle me proposait était de repasser le lendemain. Elle rajouta qu’il était fort plausible qu’il n’y ait pas de solution au cours de la journée. Je ne connaissais pas les bases de son analyse. Je décidai alors de prendre mon mal en patience jusqu’au lendemain.

Deuxième déplacement : le système IFS

Je me rendis directement au guichet 4. La dame me demanda le code du transfert. Je me dis intérieurement «alhamdoulilah» (expression courante au Sénégal signifiant Dieu soit loué). Que nenni ! La dame me souligna qu’internet fonctionnait mais que c’est le système IFS qui ne fonctionnait toujours pas. Elle me pria gentiment de repasser le lendemain. Je lui expliquai que c’était la même chose qui m’avait été servie la veille. Elle me rappela que mon cas était encore normal car cela faisait une semaine que certains revenaient tous les jours sans succès. Je lui fis savoir que je n’avais pas de temps à perdre à revenir tous les jours pour un système qui devait marcher et qu’elle devait penser à la qualité de service offert au client. Tout en lui promettant que le lendemain, je récupèrerai les fonds quoi qu’il arrive, je me suis retiré.

J’ai au moins pu savoir ce jour que le système informatique qui sert pour les transferts internationaux par mandat postal était dénommé IFS.

Troisième déplacement : la délivrance

En arrivant au bureau de poste, pour la troisième fois, je m’étais préparé à la bagarre. A mon arrivée, le même message : le système ne fonctionne pas. Je dis à la dame qu’il fallait que je m’entretienne avec son supérieur.  Devant sa stupéfaction et son silence, je redis haut et fort : « Madame, je veux discuter avec votre supérieur hiérarchique ».

Aussitôt, une de ses collègues plus jeune mais aussi bien sénégalaise (elles sont souvent fines comme des gazelles et d’un joli teint noir) vint à la rescousse. Elle m’interpella aussitôt :

  • Monsieur, s’il vous plait, pourriez-vous m’expliquer votre problème ? Je vais m’en occuper.

Sa voix doucereuse calma aussitôt ma fureur. Je faisais quand même mine d’être toujours en colère et je répondis :

  • Madame, cela fait 5 jours que je cours après un mandat postal.
  • Venez à mon guichet, s’il vous plaît Monsieur.

J’aurai bien voulu entrer dans le guichet. Elle tenta alors de se connecter au système mais sans succès.  Elle me montra l’interface affichant le message d’échec de connexion. Aussitôt, elle dit : « Monsieur, attendez, je vais appeler l’informatique  ». Ce fut le déclic qu’il fallait avoir. Je la vis sourire et prendre des notes. Quelques minutes après, avec une voix plus doucereuse que précédemment, elle me dit :

  • Monsieur, puis-je avoir le numéro de votre transfert, le nom de l’expéditeur et le montant ?

Je lui donnai alors toutes les informations. Elle me remit alors les fonds et m’expliqua que le logiciel avait changé de version. Il fallait de nouveaux paramètres de connexion. Elle avoua qu’aucun agent de guichet n’avait eu l’information de ce changement. Ce qui faisait traîner les clients depuis des jours. Je la remerciai donc vivement et au passage elle me donna son prénom (que je ne vous donne pas). Sa politesse et son professionnalisme qui n’avaient d’égaux que sa beauté et son charme méritaient que je lui donne quand même aussi mon prénom. Je tiens à préciser que nous ne nous sommes pas promis de nous revoir 😀 .

Vivement que nos services d’administration publique améliorent leur communication interne et externe.

Pour ma part, j’ai vécu « mon mandat », je dirai même le mandat 2.0.

Salam chez vous

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)

*Salam : paix en Arabe, mot utilisé couramment au Sénégal

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