La génération, née après les années 90, a trop de facilités pour fricoter. Nous avant, il fallait être un vrai artiste et un vrai créateur voire un vrai stratège pour arriver à obtenir un rendez-vous galant d’une fille et surtout à la voir. Les parents ne toléraient pas souvent les amourettes entre jeunes. Et ce n’était pas donné à tout le monde d’avoir un téléphone fixe chez lui.
La Saint Valentin est l’occasion de nous remémorer les techniques et stratégies de l’époque où même les simples téléphones mobiles (pas des smartphones) n’existaient pas. Hé, le passé cela va s’en dire….

Quand vous étiez dans la même classe, la même école, le même groupe de sport ou dans une même association religieuse, l’occasion était bonne pour se voir après les cours et les répétitions. Mais on ne pouvait trop tirer sur le temps car les parents veillaient au grain sur les heures de rentrée. Le plus dur était alors de se revoir, en dehors de ces heures-là. Evidemment, il n’y avait pas de smartphones et il fallait trouver des solutions.
Le sifflotement
Aujourd’hui les jeunes ne savent plus siffloter. Avant, il fallait s’y entraîner car cela pouvait porter ses fruits. A défaut, on était obligé de solliciter un ami qui savait y faire. Ce qui cassait un peu l’intimité et le secret. Il connaissait forcément le stratagème ainsi que les heures. S’il n’était pas très sérieux, il pouvait vous trahir ou vous ravir votre élue. Du moins, il pouvait alors la perturber en venant l’appeler en sifflant.
Il fallait convenir d’une mélodie particulière à donner au sifflotement. A cela, il fallait ajouter une tranche horaire. Lorsque le garçon s’approchait de la clôture de la maison de la fille, il fallait siffloter l’air convenu et attendre que la fille sorte. La fille, de son côté, si elle était occupée à des travaux ménagers n’hésitait pas à être la plus proche possible de la clôture pour ne pas rater le signal. Mieux elle pouvait se mettre à chanter à tue-tête pour que son « Roméo » sache qu’elle était là. Nous rivalisions d’imagination pour les airs. On pouvait avoir la musique du générique d’un film, ou un morceau à la mode ou juste imiter le cri d’un oiseau.
L’attente pouvait durer. Mais que ne ferait pas un homme par amour ?
La boutique ou le marché
Une autre méthode consistait à connaître les heures où la fille devait aller au marché ou à la boutique pour l’approvisionnement de sa famille. Evidemment si la fille avait accepté vos premières avances, c’est qu’elle vous aura communiqué elle-même les heures. Gardez à l’esprit qu’il n’y avait pas de SMS ni Whatsapp pour qu’elle vous informe rapidement. Quand une fille devenait trop serviable ou trop gentille quand il s’agissait d’aller au marché ou à la boutique à certaines heures, les mères avaient souvent le flair pour les suspecter. On n’apprend pas à un vieux singe à faire la grimace et encore moins à une guenon. Ou bien ? Dans l’obligation de quand même envoyer la fille, la mère lui adjoignait son petit frère, sa petite sœur ou un membre de la famille souvent plus jeune (nous y reviendrons).
Si on adopte cette méthode, on se positionne donc sur le chemin menant à la boutique ou au marché. Et là les douces discussions commençaient le long du chemin. Les deux tourtereaux restaient quand même vigilants pour vite se séparer, un moment, s’il repère une personne.
Les accompagnants (frères, sœurs, neveux, nièces, amis…)
Cette catégorie est à mettre dans sa poche au plus tôt sinon elle peut annihiler tout votre travail. Les accompagnants peuvent vous servir dans les cas suivants :
- Il (elle) vous est envoyé-e pour vous dire l’heure à laquelle la fille pourra sortir ou si elle ne peut pas sortir du tout, vous faire passer le message.
- Si c’est lui ou elle qui accompagne au marché ou à la boutique, il (elle) peut vous laisser du champ pour discuter voire même aller faire les achats à votre place, pendant que vous discutez ou faites autre chose avec votre dulcinée.
- L’accompagnant peut aussi vous servir de facteur voire de courtier. Vous écrivez une jolie lettre que vous mettez sous enveloppe et vous lui remettez dans les périodes où votre dulcinée est bloquée ou soumise à une interdiction de sortie. Il vous rapporte au besoin des réponses. Il peut aussi vous informer de l’ambiance à la maison ou vous filer des tuyaux sur les préférences de sa sœur.
Tous ces services peuvent ne pas être gratuits. A vous de voir comment intéresser votre intermédiaire. Cela varie selon les genres et les âges. D’un bon sandwich à une bonne tranche de pain beurrée ou encore des bonbons ou du chewing-gum, c’est selon. De nos jours, cela aurait été des hamburgers, des pizzas, de la glace ou autres. Nous avions des plaisirs simples nous…
Un autre type d’accompagnant pouvait être constitué par des ami(e)s dont les parents étaient moins stricts. On se rendait donc chez l’ami(e) et lui (elle) se chargeait d’aller faire sortir le sujet de nos convoitises de chez elle. Il (Elle) nous laissait alors dans la rue pour discuter ou rester dans sa chambre, s’il en avait, pour des choses plus sérieuses.
Le travail de groupe
Cette stratégie avait l’avantage de plaire aux parents car ils se disaient que leur fille était devenue studieuse et voulait réussir à l’école. Que nenni !!!
On s’inventait alors des difficultés, surtout en Mathématiques ou en Sciences physiques, pour pouvoir intégrer un groupe de travail fictif. Même quand on était membre d’un vrai groupe, on y passait peu de temps ou on le rallongeait. Le temps gagné servait à causer avec son amoureux et à roucouler tranquillement. Les deux tourtereaux pouvaient d’ailleurs faire partie du même groupe.
Une autre variante de cette tactique consistait à prétendre aller se faire aider dans une matière particulière par un garçon. Ce garçon pouvait se révéler être l’amoureux.
Les anniversaires, les messes, les séances de prière
Ce qu’il faut retenir de cette époque c’est que toutes les occasions étaient bonnes pour être transformées entièrement ou partiellement en occasion de rendez-vous galants.
Un ami qui fête son anniversaire, un prétexte de messe ou de culte ou de séances de prières. Tout cela dépend de la tendance des parents… Aux parents très pieux et à cheval sur les principes religieux (que ce soit chrétien ou musulman), on sert les messes ou les séances de prières. Aux parents un peu plus ouverts, on sert les anniversaires d’ ami(e)s.
De nos jours, les jeunes ont la vie trop facile pour se fixer des rendez-vous. Avec les smartphones et toute la panoplie de réseaux sociaux… Ce qui me rassure c’est que les bonnes vieilles techniques gardent quand même la peau dure car le smartphone permet certes de fixer un rendez-vous, mais sans les bonnes vieilles stratégies, il est toujours difficile de sortir de la maison.
Imaginez juste notre souffrance, à l’époque, quand nous avions un empêchement de dernière minute alors qu’un rendez-vous était déjà programmé. Il fallait trouver un moyen de prévenir la dulcinée. Je vous assure il n’est pas aisé de raisonner une femme à qui vous avez donné un faux rendez-vous.
Bonne fête de Saint-Valentin à vous si vous réussissez à faire sortir votre dulcinée de chez elle.
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