Crédit: Pablo via Iwaria.com

8 mars 2024 : Attention, on excise toujours

Chères lectrices, chers lecteurs,

Comme on dit chez moi, « enya wu nu nam yé » (littéralement « c’est lourd pour ma bouche » pour dire « je suis dépassé »).

Pour ce 8 mars 2024, je ne voulais pas rédiger de billet. Non pas parce que je n’y trouve plus d’intérêt, mais parce que je voulais prendre le temps de lire ce que les autres allaient produire.

Puis le choc…

Mais il y a quelques jours, j’ai eu le souffle littéralement coupé lorsque j’ai entendu, sur Radio France Internationale (RFI), le témoignage d’une femme victime d’excision durant son adolescence. J’ai dû m’arrêter en bord de voie pour reprendre mon souffle.

Une fille triste – Photo : Pablo via Iwaria.com

J’écoutais cette victime évoquer les douleurs inouïes qu’elle a ressenties pendant et après cet acte abject. Un gros nœud s’est formé dans mon ventre et ma respiration fut coupée un instant… En plus de la douleur physique insupportable qu’elle a subie, je n’ose pas vous narrer les souffrances psychologiques que l’excision a entrainé chez elle. Les conséquences de l’excision sont très lourdes, elles durent toute la vie, et cette femme les subit encore de nos jours.

On excise encore et toujours…

En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, la cruelle et insupportable réalité est là : on excise toujours des femmes et des filles à travers le monde et surtout en Afrique.

Cette pratique barbare continue de détruire la vie de millions de filles et de femmes. Les efforts déployés pour éradiquer cette violation des droits des femmes, semblent insuffisants. Ce mal continue de frapper des générations entières, laissant des cicatrices physiques et psychologiques indélébiles. La pratique est profondément enracinée dans certaines cultures, perpétuée par des normes sociales et des croyances erronées sur Dieu, les ancêtres, la sexualité et la féminité.

Sur le plan physique, douleurs aiguës, infections, complications lors de l’accouchement, voire décès font partie des principales conséquences. Sur le plan psychologique, traumatismes profonds, troubles de l’estime de soi et difficulté à établir des relations intimes en constituent les retombées.

Dans ma langue, l’Ewe, on indique l’excision par « nyɔnuwo ƒe vidzinu lalã », ce qui veut dire en français « mutilation génitale féminine ». Oui la pratique consiste à enlever tout ou partie des organes génitaux externes des filles et des femmes. Un acte souvent posé sans anesthésie et dans des conditions d’hygiène précaires.

Essayons…

Pour mettre un terme à l’excision, il est essentiel de sensibiliser les communautés à ces dangers. Il faut renforcer les lois et les politiques de protection des droits des femmes. L’accès à des services de santé sexuelle et reproductive adéquats est aussi une mesure importante. Par ailleurs, promouvoir l’autonomisation économique et éducative des femmes et des filles est une bonne barrière pour faire reculer cette pratique. Oui, les exciseuses vivent de ce métier et/ou pensent exercer un métier vital, il faut les amener à prendre une autre place que celle-là dans la société.

En ce jour de mobilisation pour les droits des femmes, essayons de faire entendre notre voix contre cette pratique inhumaine. Essayons de soutenir les initiatives qui luttent contre cette forme de discrimination qu’est l’excision.

Le thème de la célébration du 8 mars cette année est « Investir dans les femmes : accélérer le rythme ». Notre investissement personnel et collectif dans la lutte contre l’excision doit également s’accélérer. Qu’est-ce que chacun d’entre nous peut faire pour contribuer à faire reculer l’excision là où elle est encore pratiquée ? Posons nous la question.

Ensemble, essayons de bâtir un avenir où plus aucune femme ne craindra l’excision. Cela peut sembler utopique… mais ESSAYONS…

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