Crédit: RFI - Pierre René Worms

Gabaski, le sacré “gabanon” de la CAN 2022

Gabaski, l’excellent portier égyptien, a failli contrarier les plans des Lions de la téranga en finale de la CAN 2022.

En bon togolais, et au vu des prestations de ce géant des poteaux, je ne peux m’empêcher de penser aux mots « gaba » et « gabanon » . D’ailleurs la proximité entre les deux mots est flagrante. Entre Gabaski et « gabanon » , il n’y a que la fin qui change et le mot « gaba » est aussi présent.

Le gardien égyptien Gabaski, auteur de plusieurs arrêts décisifs et de parades époustouflantes lors des séances de tirs aux buts, aura marqué cette Coupe d’Afrique des Nations de son empreinte. On pourrait même croire que grâce à lui, son pays s’est fait une spécialité d’amener ses adversaires à la séance des tirs aux buts. Ce qui a réussi jusqu’à la finale perdue. Pourtant dans le match, ce sacré Gabaski avait repoussé un penalty de la star sénégalaise, Sadio Mané. Dans la séance des tirs aux buts, il a encore bloqué le tir de Bouna Sarr et a presque toujours plongé du bon côté à chaque tentative victorieuse sénégalaise. Cela n’a certes pas été suffisant pour obtenir le titre de champion mais Gabaski a été élu « homme du match ».

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Gabaski

De son vrai nom Mohamed Qotb Abou Gabal Ali, Gabaski est né le 29 janvier 1989 à Asyut, une ville située à 320 kilomètres au sud du Caire, la capitale égyptienne.

Il débute sa carrière en catégorie jeune dès 2007, à l’ENNPI (Engineering for the Petroleum and Process Industries) Sporting Club, surnommé “Le club pétrolier” (The petroleum club). Un club créé en 1978 et basé au Caire. Gabaski passe professionnel en 2010 et y joue jusqu’en 2013.

Le grand club égyptien, le Zamalek du Caire, l’engage alors pour une première incursion de 2013 à 2016. De 2016 à 2019, Gabaski évolue à Smouha, avant de revenir au Zamalek, dont il demeure l’actuel gardien.

Dès 2009, Gabaski a été le gardien de la sélection U20 des Pharaons avant d’intégrer la sélection fanion du pays de Mohamed Salah, en 2011.

Toute l’Afrique l’a réellement découvert à cette CAN 2021 où ses prestations ont été remarquables. Et dire qu’il était remplaçant lors des matchs de poule et n’a été dans les bois qu’à la faveur de la blessure du titulaire Mohamed El-Shenawy, en huitème de finale.

Un autre fait marquant : sa bouteille anti-sèche. Certainement une belle œuvre du staff égyptien. Sur une bouteille d’eau sont collées les habitudes de tirs des joueurs adverses lors des séances de tirs aux buts. D’aucuns auront pensé à une pratique mystique avant de la savoir.

Les surnoms de Gabaski se sont multipliés au rythme de ses exploits. Entre autres le mur, la muraille, la pyramide, le héros…et moi j’y ajoute “le gabanon”.

Gabaski à la parade dans les pieds de Sadio Mané
Gabaski à la parade dans les pieds de Sadio Mané – Photo : RFI – Pierre René Worms

Les mots loméens « gaba » et « gabanon »

A Lomé, dans les années 1990 ont commencé à se développer les salles de musculation improvisées dans les maisons. Oui beaucoup n’avait pas les moyens d’aller à Gym Center, l’une des rares salles modernes de l’époque.

A l’aide de barres de fer ou de tiges de bois, aux bouts desquelles il fallait mettre des jantes de voiture lestées d’autres morceaux de fer soudés, les “gabanons” se constituaient leurs haltères. Des blocs en ciment étaient aussi utilisés, entourés ou non de vieux pneus usagés. On disait couramment, “o lé po kpé” (littéralement, ils se tapent des pierres) pour dire qu’ils soulèvent des haltères. Un gabanon est un homme de grand gabarit, un homme costaud. “Gaba” est le diminutif de “gabarit”.

La plupart des hommes musclés de la capitale provenaient donc de ces salles établies dans les maisons. Et ils étaient souvent les videurs des boîtes de nuit ou des agents de sécurité. A l’époque, les sociétés de gardiennage régulièrement créées n’existaient que très peu ou pas du tout. Aussi, quand les politiciens se cherchaient des gardes du corps, ils recrutaient parmi les gabanons, des vrais gros bras.

Les quartiers disposant de beaucoup de gabanons étaient les plus difficiles à gérer pour les forces de l’ordre lors des troubles socio-politiques. Ils étaient doués en jets de pierre et il n’était pas rare de les voir faire du footing en groupe les dimanches matin.

Les gabanons régnaient alors en maître dans leur salle et faisait peur à beaucoup dans leur quartier. Il faut avouer que certains parmi eux abusaient de leur “gaba”. Et les quartiers de gabanons étaient craints par les voleurs.

Nous avions des surnoms, en langue locale, pour les gabanons de nos quartiers. On peut notamment citer amétotoa ou adjatotoa (le gars musclé), akôtanôa (la poitrine musclée), églikpoa (la muraille), katapila (Caterpillar)…

Ainsi, avec son surnom proche de gabanon, ses 1,91 mètre et son corps athlétique Gabaski en est un. Et on pourra y ajouter tous les autres qualificatifs qu’il a mérités durant cette 33è édition de la CAN. Il fait également peur aux attaquants.

Peut-être qu’il a fait le Togo 😜

Sacré gabanon, ce Gabaski.

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Commentaires

Belizem
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Petit Denis à juste titre chantait :tournoi.. Et à la fin c'est le amevi kpè qui vaincu. Je revois la vidéo de Mane avec toute son envie d'en découdre et ces passionnant. Comme quoi gaba ne fait pas tout. J'avais un camarade de classe dont le nom de famille était Gaba mais plus gringalet que lui tu meurs... Je nous épargne les petites piques bien méchantes qu'il subissait.

Mawulolo
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Comme quoi entre gaba et Gaba, il peut y avoir une différence et elle est peut être très grande.
La faute à la prononciation et aux intonations