Manger est un acte simple, qui, à priori, sert à couvrir un besoin fonctionnel. Celui d’alimenter le corps et lui apporter les nutriments nécessaires à son développement. Bon, enfin pour ceux qui le savent ou qui en ont les moyens car certains mangent juste pour ne plus avoir faim.
Mais au-delà du fait de remplir son estomac, le fait de manger ou les moments pendant lesquels on accomplit cet acte, revêtent aussi des symboles qui vont au-delà de la simple alimentation.

Manger pour draguer
Parmi les différentes techniques d’approche entre personnes qui se désirent, il y a le manger. Cela se traduit souvent par une invitation à aller dans un restaurant ou dans une gargote ou encore en bord de route, dans certains pays.
Chacun y va par ses moyens. Ceux qui ont les moyens financiers pourront inviter dans un restaurant huppé tandis qu’à Nyékonakpoè à Lomé, Kossigan pourra inviter Adjovi chez la vendeuse sur un des trottoirs du boulevard, pour manger du poulet. A Dakar, Souleymane peut inviter Penda, dans un tangana s’il ne peut pas faire comme Djibilène qui lui, a invité Dibor aux Almadies.
Ne vous-y trompez pas, il n’y a pas que les hommes qui invitent à manger pour séduire. Il arrive qu’une jeune dame invite le sujet de ses convoitises chez elle, pour lui faire à manger. Histoire de le rassurer et de lui montrer que si jamais il se décide dans le bon sens, ses papilles gustatives ne le regretteront jamais.
Manger pour sceller un lien religieux
Un des symboles forts que comporte l’action de manger est de sceller un lien ou un pacte.
Chez les Chrétiens, nous connaissons le dernier repas du Christ qui est perpétué de nos jours par la Sainte Cène. Ce partage de pain et de vin est décrit comme un renouvellement de l’alliance entre Dieu et les Chrétiens.
Quant aux musulmans, la consommation de la viande du sacrifice de mouton à Tabaski a aussi ce sens de renouvellement des liens avec Dieu. On fait comme Abraham.
Chez les animistes, il en est de même. On peut manger un aliment spécifique ou préparé de façon particulière pour sceller un lien avec un dieu. Du dieu alors dépend le type d’aliment.
Le manger comme outil d’éducation
Le moment de manger est pour beaucoup un moment de définition ou d’apprentissage des règles sociales. C’est un moment pour enseigner le respect du droit d’aînesse mais aussi de la charge de s’occuper des plus jeunes.
Pendant le repas pris ensemble, dans certaines cultures ou habitudes, c’est l’aîné qui procèdera à la distribution de la viande, du poisson ou des œufs. L’aliment principal du repas est consommé de manière libre mais l’aîné ou le plus âgé parmi les enfants, veille à ce que personne ne soit lésé.
Une forme d’exercice à la gestion du pouvoir. Lorsque l’aîné habituel est absent, celui qui le suit directement en âge prend alors le relais.
Se soigner en mangeant
“La nourriture est votre premier médicament”, a dit Hippocrate, le père de la médecine.
Depuis quelques années, il se développe en Afrique une consommation de plats ou de sauces, à base de produits thérapeutiques. En fait, cela a toujours été le cas, car avant la médecine dite moderne, les Africains usaient de beaucoup de plantes ayant des vertus médicinales.
Ainsi l’artémisia, pour combattre le paludisme, se retrouve dans beaucoup de préparations. Le même cas pour le moringa. Plein de recettes (sauce, poudre pour assaisonner…) sur la base de ces deux produits sont élaborées avec des promesses de prévention ou de guérison de maladies suite à leur consommation. Durant les périodes d’épidémie, beaucoup de recettes reviennent à la surface. D’autres sont même allés plus loin en recommandant l’artémisia contre la Covid-19.
Dans un couple aussi, on peut bien vouloir booster la libido avec des plats spécifiques. Je n’en citerai pas 😀
Pour contribuer à une cause
Les déjeuners ou dîners de bienfaisance aussi ont pignon sur rue. Il s’agit d’organiser un dîner avec un coût de participation assez élevé pour qu’une partie puisse servir à une cause. Cette dernière peut aller de la recherche de fonds pour l’éradication d’une maladie ou d’un mal (cancer, faim, sida…) ou alors pour contribuer au renforcement d’une caisse (parti politique, association).
Voilà, les exemples peuvent se multiplier pour les fonctions de l’action de manger qui n’est donc pas qu’alimentaire.
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