Crédit: Roger Mawulolo LAS

CAN Cameroun 2021 : le camfranglais sera de la partie

Cette semaine commence la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Cameroun, le pays des Lions indomptables. Si vous vous trouvez dans les rues de Douala, Yaoundé, Limbé, Bafoussam ou dans les travées des stades Japoma ou Ahmadou Ahidjo, il vous faudra maîtriser le camfranglais sinon, on pourra parler de vous sans que vous ne le sachiez. Vous entendrez juste des cris alors qu’on vous parle.

Pour ne pas être l’illettré de la CAN, lisez les lignes qui viennent.

Le camfranglais sera l’un des acteurs de la CAN Cameroun 2021 – Composition (avec image de fond libre de droit) : Roger Mawulolo

Le camfranglais

Cet argot du Cameroun serait né vers les années 1970. Il est un mélange de français, d’anglais et de langues locales du pays. Certains mots y sont même transformés.

Inspirée du pidgin (langue véhiculaire issue d’un mélange d’anglais et d’autres langues), le camfranglais règne en maître dans les grandes villes du Cameroun et dans la diaspora.

Je l’entendais chez mes amis camerounais, avec leur accent chantant, avant de visiter leur pays. Je recommande à tous les supporters des équipes participant à la CAN de se munir d’un lexique. Cela pourrait vous faciliter la vie.

Sinon vous allez wanda tout le temps de votre séjour. Vous vous demandez ce que « wanda » veut dire ? C’est du camfranglais et cela signifie que vous serez souvent étonnés. Et pour indiquer que votre surprise sera très grande, je vous dirai “Vous serez sauf que surpris”.

Vous voilà maintenant dans le bain.

Description de l’avant-CAN en camfranglais

Vous avez vu toutes les difficultés qui ont émaillé les préparatifs de la CAN ? L’on se demandait si le Cameroun allait être prêt pour l’évènement.

Lorsqu’on avance quand même malgré les difficultés, en camfranglais vous dites “On avance et on met la calle”. C’est comme la roue de Deming, en management de qualité quoi. C’est pour dire qu’on avance par étape ou petit à petit. Et au finish, vous avez vu la concrétisation de la fameuse phrase “Impossible n’est pas camerounais”. Plus qu’une phrase, c’est un mode de vie au pays de Roger Milla et Samuel Eto’o. « Mola, tu ignores quoi ? ». Ne fais pas l’étonné, je veux juste te dire que tu le savais sans doute déjà.

A un certain moment, le public sportif camerounais était vraiment fâché contre la Fédération internationale de football association (FIFA) qui voulait leur “choua” ou nous “robam” (voler ou prendre) leur CAN. C’était à se demander pourquoi cette organisation internationale du football mettait ainsi ses organes dans cette affaire africaine. Avant que vous ne croyez que je désigne par là les instances de la FIFA, je vous fais remarquer qu’en camfranglais “mettre les organes dans une discussion”, c’est en faire une affaire trop personnelle au point où on croit que c’est une question de vie ou de mort. Non vraiment, la FIFA falla (cherche) les problèmes.

Tout le monde semblait tellement contre la tenue de cette Coupe d’Afrique au Cameroun que nous les compatriotes de Patrick Mboma, nous nous demandions si ce n’était pas de la sorcellerie. Oui, au Cameroun quand votre acharnement sur nous dépasse l’entendement, nous disons que c’est de la sorcellerie.

Heureusement que leur système chakap (système de vol ou de tricherie) avec lequel il voulait nous hambock (déranger) n’a pas marché. Nous avons bien djoss (discuter) et tout est rentré dans l’ordre. Et à partir du 9 janvier 2022, les mola et les resses, vous mêmes vous allez yamo le njoka que sera cette Coupe d’Afrique au mboa.

Ah je vous explique, j’ai juste dit “A partir du 9 janvier, les frères et les sœurs, vous allez aimer la fête ou l’ambiance que sera cette Coupe d’Afrique au pays (Cameroun).

Arbitre et joueurs de foot
Nous avons bien djoss (discuter) et tout est rentré dans l’ordre. Crédit : Omar / Pexels

Pendant les matchs

Même si les tickets d’entrée au stade sont plus chers que Marie Ngombè (10.000 francs CFA XAF), nous serons dans les tribunes pour les coupdo (match de football). Et nous sommes même convaincus qu’il y aura des matchs njoh (entrée gratuite).

Le ndamba (ballon de foot) va rouler sur les prés verts du stade Japoma à Douala, des écrins Ahmadou Ahidjo et Olembé à Yaoundé, à l’Omnisports de Limbé, dans les antres de Kouekong à Bafoussam, de Roumdé Adjia à Garoua. Nous espérons que les attaquants vont beaucoup mboundja (marquer des buts). Mais notre espoir est que chaque défenseur des Lions indomptables soit un man no pass, pour tous les attaquants adverses. Un man no pass est, en camfranglais, un défenseur rugueux et difficile à passer.

Nous n’admettrons pas qu’un attaquant puisse leur faire des nzôlô (petits ponts). Dites à vos attaquants que lorsque l’un de nos défenseurs leur dira “je vais te do la condesh”, ils n’auront qu’à fuir car cela signifie “Je ne te laisserai pas passer”. Pour un duel plus épique, dites à vos attaquants de leur répondre “Je vais ngamba sur le ballon” et vous verrez la suite. Même l’éruption du Mont Cameroun ne pourra être si chaude. En fait, il lui aura répondu “Je ne te laisserai même pas le ballon”. Et certainement que le défenseur rétorquera “Quand je l’aurai, je vais te boulè”. Une manière de le prévenir qu’il tirera le ballon avec force sur lui pour lui faire mal quand il l’aura.

Si le défenseur ne décide donc pas de « boulè » son adversaire, sa réponse sera certainement “Tu vas lire l’heure”. Ce qui veut dire en camfranglais “Tu vas souffrir”.

Dans tous les cas, avec le fair-play que nous voulons pour cette Coupe d’Afrique, nous espérons qu’aucun joueur ne sera surpris en train “d’alexandre song” son adversaire. L’expression ne vous dit rien ? Elle est née après la Coupe du monde 2014 où le joueur camerounais Alexandre Song a assené un coup de coude bien visible et apparemment sans raison au croate Mario Mandzukic. Elle veut donc dire donner un coup de coude volontaire à quelqu’un.

Quand un supporter camerounais te dira « Wèè asso, le gars-ci est un mouilleur », il faudra juste sourire car il veut dire « Hé mon ami, le joueur là est trop nul ».

Terrain de football
Où est le ndamba ? Crédit : Tom / Pexels

Après les matchs

Chaque match sera un njoka et les après-match aussi. Pour vos déplacement vous avez des takeshs (taxis) et des bendskins (moto-taxi). Si vous décidez de waka (marcher) par moment, évitez les zones sombres au risque de tomber sur un doneman ou nanga boko (agresseurs) qui vous feront waar (mal). Les niès (policiers) ne sont pas toujours partout.

Vous pourrez tchop ou nyama (manger) et jong (boire) à votre aise avant de go nang (aller dormir). Si vous ne connaissez par le djazz (haricot) et le makala (beignet), je vous les conseille. Sinon le ndolè national est disponible aussi sans oublier les poissons braisés.

Soyez donc prudents et ne tombez pas dans les du kwatt, pour dire les affaires suspectes du quartier. Si vous vous faites surprendre en train d’admirer les tchombè (habits) des panthères, votre do (argent) va en souffrir et alors vous comprendrez que ce nom n’est pas seulement celui de l’équipe nationale de football du Gabon. D’ailleurs je décide de ne pas vous fournir l’explication du mot “panthère” en camfranglais.

Soyez rassurés car notre CAN sera androïd et non tchoronko. Traduction : Notre CAN sera d’un haut niveau et non vieux-jeu.

Bonne CAN à toutes et à tous et encore bienvenue au Cameroun.

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Commentaires

Abdoufatahou SANE
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Prési, Félicitations pour ce nouveau post...et merci pour le partage

Mawulolo
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Merci dôgô l'Etalon

Fotso Fonkam
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Hahaha bien dit.

Je constate avec plaisir que ton camfranglais est à jour, avec les expressions comme Marie Ngombè qui sont plutôt récentes :D