Depuis quelques semaines, la localité de Béni située dans le Nord-Kivu, à environ 3 000 kilomètres de Kinshasa et 350 km de Goma, n’a plus le sommeil tranquille. La faute à des scènes atroces dignes d’un film d’horreur. A ce jour, on dénombre plus de 100 morts suite à des attaques à la machette et autres armes blanches et à feu. La police et la Monusco viennent d’arrêter quelque 200 personnes suspectes.
Le président Kabila en visite dans la ville avait tenu à rassurer la population. Pour sans doute lui montrer qu’il ne gère rien, une nouvelle attaque a eu lieu juste le lendemain de sa visite et de ses promesses. Comme quoi les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui y croient.
Au-delà de la cruauté et de la bestialité pures et simples de ces attaques, ceci révèle (et ce n’est pas un scoop) les faiblesses des systèmes de sécurité de nos villes et localités de province. D’ailleurs pouvons-nous considérer que nos capitales sont sécurisées ?
Il n’y pas longtemps à Lomé, un vol à main armée en plein jour a pu se dérouler avec succès dans une zone supposée protégée : le parking de l’aéroport de Lomé. Et ceci est monnaie courante dans beaucoup de capitales.
Au-delà des causes propres à la situation congolaise (présence de milices de tout genre dont l’ADF – Alliance des forces démocratiques-, implication de certains pays voisins, inefficacité des casques bleus, faiblesse des FARDC -Forces armées de la République démocratique du Congo, la défaillance de l’Etat), nous pouvons énumérer certaines d’autres raisons qui au-delà de la RDC sont « universelles » à nos polices d’Afrique subsaharienne :
- Insuffisance d’effectif, d’équipements et d’entraînement des forces de sécurité
Au vu des équipements dont disposent certains malfrats, nos forces de police semblent souvent sous-armées quand on voit qu’elles ne disposent que de simples vieux pistolets face à des AK-47 flambant neufs. De simples smartphones bien configurés et bien utilisés pourraient aider nos polices à avancer avec l’aide de nos sociétés nationales de télécommunication. D’un autre côté, certains des membres de nos forces de l’ordre ne présentent aucune forme physique, voire athlétique pouvant dissuader un voleur. Les tablettes de chocolat (symbole des muscles abdominaux bien maintenus) qui devaient être la norme sont souvent remplacées par des bourrelets de graisse.
D’un quartier de Dakar par exemple (Grand Yoff), les journaux locaux indiquent qu’on a un rapport d’un policier pour mille habitants. Vous imaginez.
- Porosité de nos frontières
Pour avoir vécu dans une ville proche de la frontière, je peux vous assurer que souvent les malfrats et les agresseurs ont toujours besoin d’une base arrière pour bien fonctionner. Et ça la porosité ambiante de nos frontières africaines le permet bien. Bien des parties de nos frontières manquent de surveillance. Je mets au défi quiconque voudra me donner un exemple d’une rébellion armée qui ne disposait pas de bases arrières dans un pays voisin de celui attaqué.
- Démotivation
Les forces de l’ordre, malgré toute leur bonne volonté sont parfois démotivées, car leurs conditions salariales ne sont pas des meilleures. Diverses équations se posent donc à eux. Comment faire pour nourrir la famille au quotidien ?
Avec de telles questions en tête, peut-on penser à la sécurité physique d’autrui lorsque la menace plane sur votre sécurité financière et alimentaire et donc celle de votre famille.
- Corruption (induisant des rackets)

Ceci n’est que le corolaire du point précédent et je préfère ne pas m’y appesantir.
- La prolifération des armes légères
Les armes légères surtout circulent librement dans nos pays. En Afrique du Sud, ce sont les sportifs qui en ont pâti ces derniers temps. J’ai une pensée pour Luky Dube aussi qui en a payé le prix de sa vie.
Que nos États prennent en charge notre sécurité pour qu’à chaque coin de rue, nous ne soyons pas guettés par une mort soudaine.
Tous mes hommages aux habitants martyrisés de Béni.
Monusco : Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo
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