J’écrivais dans un billet, publié le 30 septembre, que le virus Ebola était devenu un sujet d’import-export. Je ne croyais pas si bien dire. Voilà que maintenant on a eu un cas létal aux Etats-Unis suivi de potentiels affectés en surveillance et un malade (une aide-soignante) en Espagne. Et tous ces cas ont été importés d’Afrique. Nos pays ont tendance à fermer les frontières avec les pays infectés. Il faudrait donc aller au bout de la logique. Ce qui équivaudrait à fermer nos aéroports à l’Espagne et aux Etats-Unis. Ou bien ?
Si ma mémoire est bonne (et je suis sûr qu’elle l’est), quand un seul cas (importé, je le rappelle) avait annoncé au Sénégal, un pays d’Afrique centrale avait refoulé des vols venant de Dakar. Les trois pays affectés à savoir la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone se sont vus isolés par leurs voisins. Les frontières ont été systématiquement fermées sans autres formes de procès. Même les couloirs humanitaires ne sont pas de mise.
Maintenant que la fièvre hémorragique touche les États-Unis et l’Espagne, je me dis qu’il va falloir aller jusqu’au bout de la logique en leur fermant nos frontières. A moins que les Occidentaux malades soient moins contagieux que les « nègres contaminés».
Ebola est certes une maladie dangereuse mais son extension a pour catalyseurs :
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le manque d’infrastructures
Imaginez toutes les difficultés d’accès dans certaines zones touchées par la maladie. Les équipes de secours font face à des pistes désaffectées, des routes inexistantes. Je me demande comment ces équipes font pour accéder dans les zones reculées forestières. En somme le mauvais état de nos routes retarde l’acheminement de l’aide. Plus grave est la quasi-inexistence d’un réel système de santé dans certains de nos pays. Le minimum pour contrer Ebola avant l’arrivée des aides extérieures est de disposer d’un système de santé solide. L’on a vu que le Nigeria et le Sénégal sont arrivés à gérer les premiers cas, ce qui a empêché la maladie de se propager. Vous allez me dire que les Etats-Unis ont des infrastructures de haut niveau, mais là je vous répondrai que le malade ne s’est pas déclaré assez tôt.
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le manque d’éducation
L’ignorance due au manque d’éducation a causé beaucoup de tort à la lutte contre Ebola. Des médecins ont été considérés comme vecteurs de la maladie et donc refoulés par des populations qu’ils étaient censés sauver. Même dans un certain pays, des leaders d’opinion ont été tués et jetés dans la forêt pour les mêmes raisons. Certaines populations n’avaient pas accès aux messages de sensibilisation, car illettrées.
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la stigmatisation
Les pays affectés sont mis au banc et traités comme des pestiférés. Aucun signe de réelle solidarité envers eux.
Même des personnes guéries de la maladie et qui pouvaient donc devenir des sujets d’espoir ou des témoignages vivants que cette maladie est curable sont stigmatisées. Elles sont même refoulées par leurs proches.
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la mauvaise gouvernance
Une cargaison de matériel devant servir à la lutte contre Ebola serait bloquée depuis le 9 août, au port de Freetown (Sierra Leone). Les raisons évoquées (procédures, politiques, non-paiement) entre autres pour expliquer cette situation traduisent une fois de plus la mauvaise gouvernance et la corruption qui ont cours chez nous. Pendant ce temps, Ebola a eu le temps de franchir le cap des 3 000 morts.
Je me demande si nos pays vont encore accepter de l’aide venant des Etats-Unis, vu que le pays est maintenant affecté .
Je ne suis pas adepte du « deux poids deux mesures » . Si on a pu refouler un avion à cause d’un cas au Sénégal, il va falloir refouler aussi les avions venant d’Espagne et des États-Unis où il y a même un décès.
Ressaisissons-nous pour bouter Ebola hors d’Afrique… euh que dis-je… hors du monde.
Oui, si on le boute hors d’Afrique seulement, cela pourrait ressembler à une exportation vers d’autres continents.
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