Mawulolo

La vie dans les maisons en toit de tôles troués

En atterrissant à Yaoundé et à Douala, mon visage s’est fendu d’un large sourire. J’y ai vu la majorité des maisons couvertes de toit de tôles. Une similitude avec Lomé.

Et pour ne rien arranger, lorsque le matin j’ai voulu admirer la vue depuis le balcon de ma chambre d’hôtel, mon regard est tombé sur un homme réparant les trous dans les tôles de son toit. C’était sous une fine pluie matinale.

Au Togo, la tôle sont couramment zi-ngli ou zi-ngi. Le mot vient de zinc. La vie dans les maisons couverts de zi-ngli, oh que dis-je, de tôles et c’est toute une aventure.

Les meilleures aventures relatives se déroulent dans les maisons appelées « cour commune » ou encore celles des citoyens à revenu modeste.

Un homme réparant son toit de tôles - Photo : Roger Mawulolo
Un homme réparant son toit de tôles – Photo : Roger Mawulolo

Dans le quartier, vivre dans une maison aux toits de tôles délabrées peut même vous faire avoir un sobriquet. Cela peut même vous valoir des railleries. Vous pouvez être appelé « Zinguihômévi » (celui qui vit dans une maison en tôle) ou « Hôgbangbanmévi » (celui qui vit sous un toit délabré).

En période de pluie

Les citoyens à revenu modeste n’ont pas toujours les moyens de se procurer des tôles neuves pour leur toit. Et en période de pluie, c’est une véritable gymnastique qui s’impose.

Des seaux ou des bassines sont posés dans la droite ligne des trous dans le toit, pour récupérer l’eau qui s’infiltre.

Il se peut même que le lit conjugal soit déplacé car se trouvant directement sous un trou dans la tôle. Imaginez le chef de famille en pleine réalisation de son devoir conugal qui reçoit la première goutte d’eau dans son dos. Je n’ai jamais dit que la femme ne pouvait pas être celle qui reçoit en première position.

Les pluies que beaucoup attendent avec joie car elles rafraichissent le climat ou alors arrosent les terres cultivables, sont des périodes d’inquiétude pour les habitants de maisons à toit de tôle trouée.

Imaginez d’ailleurs le stress de ces derniers lorsqu’un visiteur est assis dans leur salon et qu’une pluie s’annonce.

Si la maison dispose d’un plafond, souvent en contre-plaqué, il est facile de savoir que le toit est troué. Des tâches allant de la couleur marron au noir le révèlent car le plafond est souvent peint en blanc. Et selon sa largeur, on peut même deviner la durée du sinistre. Parfois de gros trous sont percés dans le plafond pour l’empêcher de tomber, laissant ainsi passer l’eau.

Certains côtés du plafond sont carrément détachés ou ouverts à force de recevoir l’eau de pluie.

Vue de toits en tôle dans le quartier de Nyékonakpoè à Lomé - Photo : Roger Mawulolo
Vue de toits en tôle dans le quartier de Nyékonakpoè à Lomé – Photo : Roger Mawulolo

La répartition des réparations de toit de tôles entre propriétaires et locataires

Aucun contrat formalisé ne régit les locations dans les cours communes. Le débat houleux se pose toujours donc sur les responsabilités pour la réfection des tôles rouillées, percées ou endommagées.

Les locataires jugent que ce sont les propriétaires qui doivent prendre en charge les réparations ou les remplacements. Ces derniers disent le contraire.

Le propriétaire peut même répondre au locataire qui réclame les réparations “Ce qui est sûr quand il pleut, c’est toi qui est dans la pièce donc toi-même faut voir”.

Certains propriétaires refusaient de changer les tôles des pièces des mauvais payeurs en guise de sanctions. Ils pouvaient même arracher des feuilles de tôles eux-mêmes pour punir le mauvais payeur.

Les expertises engendrées par les toitures en tôle

Ceux et celles qui vivent dans les habitations à toit délabré sont les seuls capables de nous dire à quelle heure la lune apparaît dans le ciel. Ils peuvent également nous fixer exactement sur le nombre d’étoiles dans le ciel, au-dessus de leur maison.

Ils sont aussi de bons météorologues. Dès qu’ils entendent les lézards courir à toute vitesse sur la toiture et faire un vacarme d’enfer, c’est que la pluie est proche.

Un enfant devant une clôture en tôle – Photo : iwaria.com

Souvent lorsque vous voyez un adulte protester avec véhémence contre le match de football des enfants sous sa clôture, il peut s’agir d’un habitant qui a peur de voir ses tôles rouillées rendre l’âme sous les coups des tirs de ballon.

Le clou de l’affaire, c’est ceux dont les maisons sont entièrement fait en tôles. Je vous laisse imaginer leur vie surtout en temps de pluies.

Vivre dans une maison à toit de tôle troué, c’est toute une aventure.


Les bienfaits de Mondoblog : retrouvailles camerounaises (Partie 2)

Je vous ai fait le point, il y a quelques jours, de ma rencontre avec mes amis mondoblogueurs et mondoblogueuses de Yaoundé. Par esprit d’équité, j’ai rencontré également ceux de Douala. Entre les habitants de ces deux villes, il faut toujours prendre ses précautions. Sinon vous serez accusés de parti pris. L’esprit Mondoblog a soufflé à Douala.

Avec Ecclésiaste Deudjui à moto dans Douala

Mondoblog à Douala – Acte 1: l’étonnant bar sans bière de Bonamoussadi

Les habitants de Douala te diront “Gars, nous ne sommes pas les mêmes que les gens de Yaoundé là”. J’espère que je comprendrai, un jour, cette rivalité ambiante qui règne entre les habitants de ces deux villes camerounaises.

Comme pour me démontrer que ce n’est pas pour rien que le transport à moto est plus visible à Douala qu’à Yaoundé, le prolixe de Mondoblog Ecclésiate Deudjui est venu me chercher à moto.

On a fait un petit tour de Douala à moto et j’ai compris pourquoi le nom de Ecclésiaste est “Douala Tour” sur les réseaux sociaux.

Avec René et Ecclésiaste au bar sans bière – Crédit photo : Roger Mawulolo

Le premier point de chute était un restaurant à Bonamoussadi. Je ne vais pas leur faire la publicité gratuite en les citant. Là, nous attendait René Jackson Nkowa, l’orfèvre des pépites de Mondoblog devenues newsletter de RFI. Des échanges bien rythmés avec les volumes élevés de Tchakounté Kemayou. C’est tout lui ça. Il a protesté avec véhémence contre le lieu choisi. Tout Camerounais normal serait d’accord avec lui : nous étions dans un lieu qui ne vendait pas de bière. Tchak a failli se changer en “shark” mais la serveuse fut très polie. Nous avons discuté de blogging, de politique, de société et de football.

A la sortie, nous avons eu au moins une demi-heure de discussion debout tellement nous ne voulions plus nous séparer.

Acte 2 : cap sur l’Afrique du Sud

Après nous avons embarqué pour l’Afrique du Sud, entrée Johanesbourg. Oui, vous avez bien lu, mais nous n’avons pas pris l’avion car c’est un quartier de Douala non loin de Bonamoussadi, à Kotto. Là, les vraies choses ont eu lieu, dixit Tchakounté.

Avec Tchakounté – Crédit : Roger Mawulolo

Le poisson braisé de Tata Albertine a fait des heureux, arrosé par le liquide le plus précieux au Cameroun : la bière. Comme on dit là-bas “peu importe la température, l’essentiel est que ça mousse”.

Nos palais furent régalés et nos discussions étaient enjouées. Par la teneur de nos échanges, la dame propriétaire du restaurant nous fit une demande. Elle a souhaité que nous l’aidions à enregistrer sa localisation sur Google Maps et ainsi permettre que les clients la retrouvent plus facilement.

Chez Albertine - Douala Kotto "Afrique du Sud"
Chez Albertine – Douala Kotto « Afrique du Sud »

Nous avons donc délégué cette mission au Sud-Africain qui était avec nous. Je veux dire Tchakounté. Et il le fera.

A ma prochaine visite, je vous en ferai le point. Je ne vous dis pas comment la demande a été faite. En tout cas, ce fut avec force. Et la dame même a rajouté, quand j’ai fait la remarque, “Pourtant là je suis douce hein”.

Sacré Cameroun, je reviendrai encore et Mondoblog le saura.


Les bienfaits de Mondoblog : retrouvailles camerounaises (Partie 1)

Les membres du réseau Mondoblog et moi, partout où je passe ou qu’ils soient de passage à Dakar, c’est mbango mbango (être des inséparables) comme on dit là-bas au Cameroun.

Une visite en terre camerounaise sans croiser mes amis mondoblogueurs aurait été un crime de lèse-majesté. A Yaoundé puis à Douala, j’ai donc pu en rencontrer sept. Des moments conviviaux, festifs et fraternels. C’est aussi ça Mondoblog, ou du moins tel que moi je le conçois. Cette partie concerne les retrouvailles à Yaoundé.

Mondoblog à la pimenterie
Mondoblog à la pimenterie : avec Alexandra, Fotso et Mireille – Crédit photo : Roger Mawulolo

La cadencière pour Yaoundé fut véritablement Alexandra Tchuileu qui a pris les choses en main. Le geek Fotso Fonkam, le petit écolier de Mondoblog a vite fait de créer, dès le lendemain de mon arrivée, un groupe Whatsapp pour une meilleure coordination des affaires. Le nom du groupe : « Roger à Ongola ». Ongola est le nom originel et local de Yaoundé.

Pour Douala, le lead a plutôt été équilibré et bien réparti entre mes trois hôtes.

Yaoundé – Round 1 : Mondoblog à la pimenterie de Nlongkak

Cinq Mondoblogueurs m’ont fait passer de véritables moments fraternels dans la capitale du pays de Paul Biya. La cadencière Alexandra Tchuileu nous a conduit “par force” à deux endroits différents. Pour une fois, j’ai vu les hommes camerounais céder face à une dame, sinon deux. Oui, Mireille Chandeup alias “maman bocaux” était son renfort. Elle s’occupait d’ailleurs de mon transbordement de mon lieu de résidence vers les lieux de rencontre. Thierry Didier Kuitcheu, alias le TDK, ainsi que Willy Fotso Fonkam, dit “Le petit écolier”, ont été mes compagnons.

La saucisse – Crédit photo : Roger Mawulolo

Notre première séance fut dans une pimenterie non loin de la DGSN (Direction générale de la Sûreté nationale) pas loin du carrefour Nlongkak. Là, des silures et saucisses bien assaisonnées firent les frais de notre joie de nous revoir.

Nous avons longtemps devisé sur l’amour des saucisses en noyant les morceaux de viande et de poissons dans une rivière bien rouge du plus célèbre des liquides bibliques.

Si vous n’avez pas compris la partie “biblique”, cherchez le premier miracle de Jésus-Christ.

Yaoundé – Round 2 : Les petits poissons de Nkolndongo

La deuxième phase des hostilités de Yaoundé fut un soir de pluie. J’eus le plaisir de découvrir les embouteillages de la ville et la force de frappe des chauffeurs de taxis. Sur un chemin à deux voies, nous nous sommes retrouvés avec quatre colonnes de véhicules. Ça encore ce n’est pas très surprenant pour moi qui vient de Dakar. Le plus surprenant c’est que les sens de circulation s’intercalaient. La première colonne allait du nord au sud, la suivante du sud au nord, la troisième du nord au sud et la dernière dans le sens contraire. De Etoa Méki à Nkolndongo, une distance d’environ 4,5 kilomètres, nous avions fait quasiment 2 heures de trajet. Nous avons lu l’heure surtout à Elig Essono. Arrivés à la station Total de Nkolndongo, nous avons continué à pied, par précaution, craignant de ne pas trouver un endroit pour garer la limousine de Mireille.

A Nkoldongo comme à Mondoblog
Avec Fotso, Mireille et TdK – Crédit photo : Roger Mawulolo

Sous la pluie, nous avons donc marché pour retrouver notre cadencière puis atteindre le point de chute. Que ne ferait pas l’Homme pour répondre à l’appel du ventre ?

Le sacrifice des petits poissons se fit en douceur accompagné par la bonne humeur de notre serveur Kabirou, que la cadencière maitrisait parfaitement. Une soirée en délice.

Pour finir cette partie yaoundéenne et pour ceux et celles qui ne savent pas ce que veut dire cadencière, ne cherchez pas dans le dictionnaire car ce que vous y trouverez ne correspondra pas à la définition camerounaise du mot. La cadencière, dans le contexte camerounais, désigne celle qui donne la cadence ou le rythme. Le mot est souvent utilisé pour les dames qui dirigent les chorales dans les églises.

A bientôt pour la deuxième partie à Douala.


Les incontournables taxis de Yaoundé

Que vous disposiez ou non de votre propre moyen de déplacement, vous ne pouvez les éviter. Ils sont de couleur jaune et vous emmènent partout pour peu que vous maîtrisiez leur système de fonctionnement. Si vous ne les empruntez pas, ils vous feront lire l’heure* dans la circulation et surtout dans les embouteillages. Eux, ce sont les taxis de Yaoundé, dont les chauffeurs sont des spécialistes du « Va en brousse avec ça » ** 😀 .

Bienvenue à Ongola… J’allais dire Yaoundé, la ville aux 7 collines et capitale du pays de Paul Biya.

Des applications de réservation et d’appel de taxis commencent à fleurir au Cameroun, dans la ville aux 7 collines, mais le système traditionnel résiste bien. Ne pas le connaître vous retardera certainement dans vos courses. Il y a trois types de services : l’ordinaire (collectif), le dépôt et la course.

La maîtrise des notions de base en camfranglais, le parler courant camerounais, ne vous feront pas mal.

Le taxi collectif

“…Total Nkolndongo…300…”, “Djeuga Palace…600...”. Ces cris, vous les entendez souvent à Yaoundé.

Pour les trajets ordinaires, il faut, dès l’arrêt du taxi, dire votre destination et le prix que vous comptez payer. Et il faut le dire à haute voix. Si votre proposition convient au chauffeur, un coup de klaxon vous le fait savoir et vous devez donc monter. Si votre prix ne lui convient pas, il ne vous répond pas et se contente de reprendre son chemin, vous laissant là où vous êtes.

Avec les taxis ordinaires, votre trajet peut se trouver rallongé car ils peuvent prendre plusieurs personnes pour des destinations différentes. Seul le conducteur décide, dépendamment des embouteillages, de l’ordre dans lequel il rallie les points de desserte. Gare à vous, si vous protestez, vous pouvez vous retrouver avec un retentissant « Va en brousse avec ça « .

On parle de taxi collectif ou de “ramassage”.

La course

Dès que vous repérez votre taxi ou qu’il s’arrête devant vous, précisez que c’est pour une course avant d’entamer les négociations.

La facturation est à l’heure ou à la journée et selon que ce soit en journée ou la nuit. Le tarif horaire est généralement de 2.500 à 3.000 francs CFA d’Afrique centrale.

Si vous tenez dans l’heure, vous pouvez aller à divers endroits et le taxi vous attend pour vos courses. Les compteurs n’existent pas mais la montre du conducteur fait foi.

Faites toutes vos négociations avec une voix assez forte et démontrez de l’énergie sinon le gars peut vous crier dessus. Au Cameroun, tout est force. Et les taxis de Yaoundé n’échappent pas à la règle.

Les taxis de Yaoundé
Scène de circulation à Yaoundé, quartier Etoa Méki, avec les taxis jaunes – Crédit photo : Roger Mawulolo

Le dépôt

Pour le dépôt, il s’agit de louer le taxi pour une destination bien précise. Le tarif est donc fonction de la distance et du fait d’être en journée ou en soirée. Les règles de négociation sont quasiment les mêmes que pour la course.

Si vous êtes courageux, vous pouvez solliciter un taxi déjà occupé et lui dire que c’est pour un dépôt ou une course. Si le prix négocié est intéressant pour le chauffeur, ce dernier descend les autres passagers gentiment ou même manu militari. C’est ça aussi le Cameroun. Il va leur dire : « Gars, j’ai trouvé ici le vrai argent. Descendez »

Les chauffeurs de taxi de Yaoundé

Les échanges avec le client sont généralement très limités surtout dans les taxis ordinaires. Toutefois vous serez surpris de sa capacité à faire la bagarre ou à échanger des propos aigres-doux avec les autres conducteurs si jamais l’embouteillage se corse et qu’on ose lui faire des reproches sur sa conduite.

Lorsqu’il s’agit d’un dépôt ou d’une course, là vous serez surpris qu’il puisse ressembler à un guide touristique. Mais il faut déjà oser lui poser des questions.

Ce qu’il ne ratera jamais, sera de vous rappeler la proximité de la fin de votre heure de course.

L’on vous conseillera de ne rien oublier dans le taxi car on doute de l’honnêteté des taximen de Yaoundé. Mais tout n’est pas noir. Je mangeais mon eru accompagné de water fufu dans un restaurant à Tsinga (un quartier de Yaoundé) quand un chauffeur de taxi a ramené le smartphone dernier cri de la dame qu’il avait déposé une dizaine de minutes plus tôt. Cette dernière ne s’était même pas encore rendu compte de la perte de son téléphone. C’est peut-être un cas sur 1 million mais en tout cas, c’est mieux que rien. La dame était tellement surprise qu’elle a fait cadeau d’une forte somme au chauffeur de taxi.

Mes amis yaoundéens m’ont dit que cette dame est certainement une « bénie de Dieu » car de telles histoires sont trop rares.

La nuit dans les taxis

La nuit, les taxis de Yaoundé gardent toujours leurs feux intérieurs allumés. Et ceci pour des raisons de sécurité. Avec la lumière, les clients ont la latitude de voir le visage du chauffeur et des occupants éventuels de sa voiture. Ils peuvent ainsi se rassurer. Les feux sont d’une intensité assez forte.

Cela doit certainement déranger les amoureux ou les couples d’une nuit, revenant d’une soirée romantique ou festive.

*lire l’heure : expression du français camerounais pour dire que vous êtes en difficulté
**Va en brousse avec ça : expression camerounaise pour dire « va te faire voir ». Une vidéo y relative, fruit d’une altercation entre un chauffeur de taxi et une cliente, est devenue virale au Cameroun depuis février 2022.


Piler le foufou, tout un art

Les Togolais l’apellent “foufou” ou “foufoui’n” tandis que les Béninois disent “agoun”. Quand aux Ivoiriens, ils diront “foutou”. Quand vous entendez les Ghanéens et Nigerians dirent “pounded yam”, sachez aussi que c’est du foufou dont il s’agit. Oui, le foufou c’est de l’igname pilé.

On peut aussi en faire avec de la banane plantain et du manioc. Quelques rares fois, on en fait avec du taro. Mais le must reste celui à l’igname, surtout celui pilé avec des pilons dans un mortier.

Plat de foufou – Photo : Roger Mawulolo

De nos jours, nous avons à foison des fécules (igname, pomme de terre, manioc) préfaites qui servent à préparer du foufou sans piler. Il y a aussi l’appareil dénommé “foufou mix” et ses variants.

Pour nous les puristes, le seul, le vrai, l’unique et authentique foufou est celui pilé dans un mortier avec des pilons en bois. C’est ça la chose. Tout le reste n’est que sacrilège.

Ceci dit, je vous présente quelques secrets et les techniques des pileurs de foufou.

Le classique à 2

Dans les conditions normales, le foufou peut se piler seul ou à deux.

Chaque pileur a un temps bien donné pour porter son coup de pilon dans le foufou. Cette cadence est donc à respecter scrupuleusement pour éviter des impairs.

A deux, il faut donc maitriser la technique et avoir le rythme pour que les deux pilons ne se retrouvent pas au même moment. C’est tout une formation.

Le jeu à 3 ou plus

Les vrais pros peuvent piler à 3 ou plus et c’est toute une musique bien cadencée que donnent les bruits de l’ensemble des pilons dans le mortier.

Là, la cadence est encore plus à observer. Chez les célèbres vendeuses de foufou des villes togolaises, béninoises et ghanéennes notamment, vous les verrez. C’est tout un spectacle.

La circonférence ou “le tour du monde”

Pour cette phase, il est recommandé d’être à deux pileurs.

Il s’agit pour l’un des joueurs de faire passer le bout de son pilon sur toute la circonférence intérieure du mortier. Et il doit l’accomplir dans le temps imparti pour son tour.

Le temps, je veux dire, la durée de séjour d’un pilon dans le mortier à chaque coup est défini par le rythme général observé par les deux pileurs.

C’est toute une science.

Piler du foufou peut se révéler être tout un art, avec des techniques et des variations de rythmes, semblable à de la musique
Des boules de foufou (igname pilé) – Photo : Roger Mawulolo

Le double contact ou le “double coup intérieur”

Le double contact, c’est quand au moment où son pilon va dans le foufou, le pileur arrive à donner deux coups successifs au lieu d’un. Les deux coups de pilon sont donc plus rapides et tiennent dans le temps normalement imparti à un.

La triplette

Ici, on fait trois coups avant de sortir comme suit :

  • le premier coup va direct dans le foufou au fond du mortier
  • le deuxième va sur la première face intérieure du mortier
  • la troisième sur la face intérieure opposée à la première

Et après la triplette, on sort le pilon.

Tous ces mouvements se font dans le temps imparti à un coup normal. Il faut donc être rapide et précis.

La virgule ou le crochet

La virgule ou le crochet consiste à passer son pilon sous celui du deuxième pileur durant le laps de temps qu’on a pour porter son propre pilon au foufou. On peut se contenter juste du crochet ou alors lorsqu’on est assez entraîné ou doué, le faire après juste un coup de pilon dans le foufou.

Il faut bien maîtriser ce coup pour l’effectuer. Une tierce d’inattention ou de non-maîtrise et un pilon peut toucher l’autre.

Taper le bord

Ce coup semble simple car il s’agit juste au lieu de porter son coup de pilon dans le foufou, de le porter au bord du mortier. Ce n’est pas si évident que ça. Le pileur qui n’en maîtrise pas la technique peut se voir violemment secouer. Il convient au moment exact où le pilon touche le bord, de relâcher son emprise, sans le laisser tomber.

Voilà donc quelques-unes des techniques de jeu que des pileurs utilisent pour rythmer les séances. Cela peut même virer à un concours informel et le rythme musical qui en sort n’en est que plus agréable.

Vous pourrez donc essayer si le cœur vous en dit. Sinon en attendant “bonne dégustation” de votre foufou…


Gabaski, le sacré “gabanon” de la CAN 2022

Gabaski, l’excellent portier égyptien, a failli contrarier les plans des Lions de la téranga en finale de la CAN 2022.

En bon togolais, et au vu des prestations de ce géant des poteaux, je ne peux m’empêcher de penser aux mots « gaba » et « gabanon » . D’ailleurs la proximité entre les deux mots est flagrante. Entre Gabaski et « gabanon » , il n’y a que la fin qui change et le mot « gaba » est aussi présent.

Le gardien égyptien Gabaski, auteur de plusieurs arrêts décisifs et de parades époustouflantes lors des séances de tirs aux buts, aura marqué cette Coupe d’Afrique des Nations de son empreinte. On pourrait même croire que grâce à lui, son pays s’est fait une spécialité d’amener ses adversaires à la séance des tirs aux buts. Ce qui a réussi jusqu’à la finale perdue. Pourtant dans le match, ce sacré Gabaski avait repoussé un penalty de la star sénégalaise, Sadio Mané. Dans la séance des tirs aux buts, il a encore bloqué le tir de Bouna Sarr et a presque toujours plongé du bon côté à chaque tentative victorieuse sénégalaise. Cela n’a certes pas été suffisant pour obtenir le titre de champion mais Gabaski a été élu « homme du match ».

https://twitter.com/caf_online_FR/status/1490464283926355969

Gabaski

De son vrai nom Mohamed Qotb Abou Gabal Ali, Gabaski est né le 29 janvier 1989 à Asyut, une ville située à 320 kilomètres au sud du Caire, la capitale égyptienne.

Il débute sa carrière en catégorie jeune dès 2007, à l’ENNPI (Engineering for the Petroleum and Process Industries) Sporting Club, surnommé “Le club pétrolier” (The petroleum club). Un club créé en 1978 et basé au Caire. Gabaski passe professionnel en 2010 et y joue jusqu’en 2013.

Le grand club égyptien, le Zamalek du Caire, l’engage alors pour une première incursion de 2013 à 2016. De 2016 à 2019, Gabaski évolue à Smouha, avant de revenir au Zamalek, dont il demeure l’actuel gardien.

Dès 2009, Gabaski a été le gardien de la sélection U20 des Pharaons avant d’intégrer la sélection fanion du pays de Mohamed Salah, en 2011.

Toute l’Afrique l’a réellement découvert à cette CAN 2021 où ses prestations ont été remarquables. Et dire qu’il était remplaçant lors des matchs de poule et n’a été dans les bois qu’à la faveur de la blessure du titulaire Mohamed El-Shenawy, en huitème de finale.

Un autre fait marquant : sa bouteille anti-sèche. Certainement une belle œuvre du staff égyptien. Sur une bouteille d’eau sont collées les habitudes de tirs des joueurs adverses lors des séances de tirs aux buts. D’aucuns auront pensé à une pratique mystique avant de la savoir.

Les surnoms de Gabaski se sont multipliés au rythme de ses exploits. Entre autres le mur, la muraille, la pyramide, le héros…et moi j’y ajoute “le gabanon”.

Gabaski à la parade dans les pieds de Sadio Mané
Gabaski à la parade dans les pieds de Sadio Mané – Photo : RFI – Pierre René Worms

Les mots loméens « gaba » et « gabanon »

A Lomé, dans les années 1990 ont commencé à se développer les salles de musculation improvisées dans les maisons. Oui beaucoup n’avait pas les moyens d’aller à Gym Center, l’une des rares salles modernes de l’époque.

A l’aide de barres de fer ou de tiges de bois, aux bouts desquelles il fallait mettre des jantes de voiture lestées d’autres morceaux de fer soudés, les “gabanons” se constituaient leurs haltères. Des blocs en ciment étaient aussi utilisés, entourés ou non de vieux pneus usagés. On disait couramment, “o lé po kpé” (littéralement, ils se tapent des pierres) pour dire qu’ils soulèvent des haltères. Un gabanon est un homme de grand gabarit, un homme costaud. “Gaba” est le diminutif de “gabarit”.

La plupart des hommes musclés de la capitale provenaient donc de ces salles établies dans les maisons. Et ils étaient souvent les videurs des boîtes de nuit ou des agents de sécurité. A l’époque, les sociétés de gardiennage régulièrement créées n’existaient que très peu ou pas du tout. Aussi, quand les politiciens se cherchaient des gardes du corps, ils recrutaient parmi les gabanons, des vrais gros bras.

Les quartiers disposant de beaucoup de gabanons étaient les plus difficiles à gérer pour les forces de l’ordre lors des troubles socio-politiques. Ils étaient doués en jets de pierre et il n’était pas rare de les voir faire du footing en groupe les dimanches matin.

Les gabanons régnaient alors en maître dans leur salle et faisait peur à beaucoup dans leur quartier. Il faut avouer que certains parmi eux abusaient de leur “gaba”. Et les quartiers de gabanons étaient craints par les voleurs.

Nous avions des surnoms, en langue locale, pour les gabanons de nos quartiers. On peut notamment citer amétotoa ou adjatotoa (le gars musclé), akôtanôa (la poitrine musclée), églikpoa (la muraille), katapila (Caterpillar)…

Ainsi, avec son surnom proche de gabanon, ses 1,91 mètre et son corps athlétique Gabaski en est un. Et on pourra y ajouter tous les autres qualificatifs qu’il a mérités durant cette 33è édition de la CAN. Il fait également peur aux attaquants.

Peut-être qu’il a fait le Togo 😜

Sacré gabanon, ce Gabaski.


CAN 2022 : la terre déjà vainqueur de la guerre des 4 éléments

Il ne reste dans l’arène de la CAN 2022 (ou 2021 c’est selon), qui se tient au Cameroun, que deux troupes de lions (Cameroun et Sénégal), une famille de pharaons (L’Egypte) et un troupeau d’étalons (Burkina Faso).

Ouagadougou - Un supporter célébrant les exploits des Etalons à  la CAN 2022 - Photo : Georges Attino (avec son aimable autorisation)
Ouagadougou – Un supporter célébrant la victoire des Etalons du Burkina – Photo : Georges Attino (avec son aimable autorisation)

Lorsque l’on regarde les noms des 24 équipes africaines présentes à la 33e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football, l’on pense directement aux 4 éléments de la nature : le feu, l’air, l’eau et la terre.

Cette CAN Cameroun 2022 est donc une guerre des 4 éléments.

L’élément Terre

C’est le groupe le plus fourni avec 14 équipes.

Nous avons le groupe des Lions composé du pays organisateur le Cameroun (Lions indomptables), le Maroc (les Lions de l’Atlas) et le Sénégal (Les Lions de la téranga). L’Atlas est un massif montagneux marocain tandis que la téranga est un mot wolof qui signifie “hospitalité”.

Outre les Lions, deux autres carnivores étaient dans l’arène. Le Gabon surnommé “Les Panthères” et la Guinée Bissau dont l’équipe est appelée Les Djurtus : les Lycaons.

Deux troupes d’éléphants étaient aussi présentes à cette CAN Cameroun 2022. Il s’agit de la Côte d’Ivoire et de la Guinée. Oui, “Syli national” veut dire éléphant national. Le mot “Sily” est en soussou, une langue locale.

Les Etalons du Burkina Faso et les Walya Antelopes de l’Ethiopie n’ont pas raté la grande messe du football africain. Le galop des Burkinabè continue alors que les bouquetins d’Abyssinie (Walya) sont déjà hors course.

Les Fennecs (Renards des sables ou du désert) de l’Algérie, tenants du titre, n’ont pas résisté aux assauts adverses. Ils ont donc plié bagage dès le premier tour de la compétition. Les Mourabitounes (ou Almoravides en français) de la Mauritanie ont connu le même sort.

Les Warriors (Guerriers) du Zimbabwé se sont battus avec leurs armes dans tout le sens du terme mais sans grand succès. Et les Scorpions de la Gambie, ont fait une belle campagne mais n’ont pas réussi à piquer les lions camerounais en quart de finale.

Les majestueux Pharaons d’Egypte, détenteur du record absolu de victoires en Coupe d’Afrique des Nations de football, restent toujours en course et visent un 8è sacre.

L’élément Eau

Trois pays peuvent être classés dans ce lot.

Les “Crocodiles du nil” du Soudan sont sortis assez tôt du tournoi et les “Requins bleus” (Os Tubarões Azuis) du Cap vert ont bataillé jusqu’au huitièmes de final avant de se casser les dents sur le Sénégal.

L’attraction et la sensation de cette CAN sont sans nulle doute, les Cœlacanthes des Comores . Une équipe très fair-play et qui a joué sa chance jusqu’aux huitième de finale avec un joueur dans les buts, face à l’ogre camerounais. Le cœlacanthe est un poisson préhistorique que l’on pensait totalement disparu avant de le redécouvrir au large des Comores.

L’élément Air

Cinq équipes à cette CAN Cameroun 2022 relèvent de l’élément Air, de par leur appellation.

Nous avons la constellation des étoiles composée par le Ghana (Black Stars, les étoiles noires) et la Sierra-Leone (Leone Stars, les étoiles du lion).

Le groupe des aigles a trois membres : le Mali (les Aigles), le Nigeria (les Super Eagles) et la Tunisie (les Aigles de Carthage).

Les membres de cet élément ont connu des fortunes diverses. Le meilleur, la Tunisie s’est arrêtée en quart de finale stoppée net par les Etalons.

L’élément Feu

Les mathématiciens diront que cet élément est une paire. Un ensemble composé de deux équipes, pour notre cas.

Les Flames (flammes en français) du Malawi qui n’ont donc pas fait long feu et n’ont vu que du feu. Le mot “Malawi” signifie également “feu” en Chichewa, la langue locale du pays.

L’équipe de l’élément feu qui a pu tenir la dragée haute à ses adversaires est la Guinée équatoriale. Ils ont ainsi pu arriver au stade des quarts de finale. Leur surnom “Le Nzalang national” veut dire “éclair en langue fang.

Au total, l’élément terre qui était d’ailleurs le plus fourni en début de compétition règne désormais en maître car les 4 premiers de la compétition seront issus de ces rangs.


CAN 2021 : une phrase pour chaque éliminé des poules et des huitièmes

Il reste désormais 8 équipes dans la CAN 2021. Pour chaque équipe déjà éliminée, lors de la phase de poule comme en huitième de finale, je vous propose une phrase sans aucun autre commentaire.

Que chacun l’interprète à sa façon. Et je précise que vous pouvez ne pas être d’accord avec moi.

CAN 2021 - Chaker Alhadhur joueur devenu gardien d'un jour avec la sélection comorienne
Chaker Alhadhur, gardien d’un jour de la sélection comorienne – Photo : Noël Kokou TADEGNON (avec son aimable autorisation)

Démarrée le 9 janvier 2022 dernier, la 33è édition de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 2021) entamera la phase des quarts de finale ce samedi 29 janvier 2022.

Les deux précédentes phases ont permis aux amoureux du football de se faire une idée de la qualité de l’effectif et des prestations de chaque équipe présente. Des déceptions aux satisfactions en passant par les surprises sont au rendez-vous.

Pour les éliminés du premier tour de la CAN 2021

Algérie (Les Fennecs) : Et les premiers seront les derniers

Éthiopie (Les Walya Antelopes – Bouquetins d’Abyssinie) : Des négus sans victoire

Ghana (Les Black Stars) : L’étoile qui ne brille plus depuis 1982

Guinée Bissau (Les Djurtus) : Des Lycaons sans crocs

Mauritanie (Les Mourabitounes) : Comme dans un désert

Sierra Leone (Leone Stars) : Le lion n’a pas rugi

Soudan (Les Crocodiles du Nil) : Pas grand chose à se mettre sous la dent

Zimbabwe (The Warriors) : Des guerriers vite désarmés

Aux éliminés des huitièmes de finale

Cap Vert (Les Requins bleus) : Des requins vite submergés

Côte d’Ivoire (Les Eléphants) : Un pachyderme pas si costaud que ça

Gabon (Les Panthères) : Le beau jeu ne suffit pas

Guinée (Le Sily national) : Qui veut voyager loin marque des buts

Malawi (Les Flames) : Merci pour le beau but

Mali (Les Aigles) : L’excès de dribbles et de passes, sans but, est nuisible

Nigeria (Les Super Eagles) : Comme de vrais « Naïja* », ils nous avaient bluffé au premier tour

Et à dessein, je finis par…

Les Comores (Les Cœlacanthes ) : Les vrais vainqueurs, c’est vous

A vos commentaires !!!

*Naïja : terme utilisé pour désigner les Nigérians


CAN 2021 : 12 chiffres-clé de la compétition

La CAN 2021 commence ce dimanche 9 janvier 2022 au stade Olémbé de Yaoundé par le match Cameroun – Burkina. Il s’agira, en effet, de la 33e édition de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de la Confédération africaine de football.

Avant les empoignades, faisons ce tour d’une sélection de 12 chiffres-clés de cette édition.

1 : Il s’agira de la première participation des Comores à une Coupe d’Afrique des Nations. Les Cœlacanthes, c’est leur nom, dirigé par l’entraîneur local Amir Abdou précisent qu’ils ne viennent pas faire de la figuration. Le cœlacanthe est un poisson préhistorique qu’on croyait éteint mais qui a réapparu au large des Comores.

2 : Des régions qui composent la confédération africaine de football (CAF), l’Afrique de l’Est est la moins représentée avec 2 équipes que sont l’Ethiopie et le Soudan. Ces 2 équipes sont d’ailleurs des anciens vainqueurs du trophée respectivement en 1962 et 1970. Les Faucons de Jediane (Sokoor Al-Jediane) encore appelés “les Crocodiles du Nil” du Soudan et les Ethiopiens surnommés “Walya Antelopes” (Antilope Walya) entendent bien renouer avec leur glorieux passé.

3 : Les régions “Afrique australe” et “Afrique centrale” du continent comptent chacune 3 équipes au Cameroun. L’Afrique australe est ainsi représentée par les Comores, le Malawi et le Zimbabwe. Pour l’Afrique centrale, nous aurons le pays hôte le Cameroun, le Gabon et la Guinée équatoriale.

4 : En termes de pourcentage, l’Afrique du nord est la région la plus représentée avec 4 équipes qualifiées sur les 5 qui la composent. Il s’agit des Fennecs d’Algérie, des Pharaons d’Egypte, des Lions de l’Atlas du Maroc et des Aigles de Carthage de la Tunisie. Pour ces anciens vainqueurs du tournoi, jouer les premiers rôles est une volonté non dissimulée, tant leurs pays dominent le continent dans les compétitions de clubs.

7 : Cette 33e édition de la CAN consacrerait-elle la perte de vitesse des sorciers blancs ? Seuls 7 entraineurs sur les 24 de la compétition sont des Européens. Nous avons donc 2 belges, 2 portugais, 2 français et 1 serbe, environ 29,16% des équipes présentes.

10 : Sur les 24 équipes qualifiées pour cette CAN 2021, 10 ont déjà remporté la compétition. Aurions-nous un tout nouveau vainqueur ou alors une des 10 équipes va soulever le trophée ? Rendez-vous au soir du 6 février 2022.

12 : En nombre, l’Afrique de l’ouest est la région du continent disposant de plus d’équipes dans la compétition.

14 : Déduction avec un des points précédents, 14 des équipes présentes à cette CAN 2021 n’ont jamais remporté la compétition-reine du football africain. C’est peu dire qu’elles en rêvent.

15 : Nouvelle déduction d’un chiffre précédemment avancé, 15 pays ont affiché leur préférence à l’expertise locale. Ils ont ainsi décidé de faire confiance à des enfants du pays, comme entraineur. “Mwana mboka” aurait-on dit en lingala.

27 : Un chiffre à double emploi. Primo, sur les pelouses de Yaoundé, Douala, Limbé et Garoua, les équipes présentes qui avaient déjà goûté à la joie de la victoire finale en CAN affichent un cumul de 27 trophées. A leur tête, l’Egypte avec 7, le Cameroun avec 5 et le Nigeria avec 3. Et secundo, 27 joueurs de la deuxième division française évolueront sous les couleurs de leur pays durant la CAN 2021.

56 : Quant à la première division de football de l’Hexagone, il s’agira de pas moins de 56 joueurs qui seront dans l’arène du trophée africain.

64 : C’est le nombre total d’arbitres qui officieront à la Coupe d’Afrique. Aussi aurons nous, à cette édition, 33 arbitres centraux et 31 arbitres assistants.

Pour le chiffre 33, chacun verra s’il y a lien entre l’actuelle édition qui est la 33e et le nombre d’arbitres de champ qui est de aussi de 33. Sinon de là à dire que c’est parce que les Camerounais aiment la bière « 33 Export », je n’en sais rien.
Bienvenue au Cameroun et bonne CAN.


CAN Cameroun 2021 : le camfranglais sera de la partie

Cette semaine commence la Coupe d’Afrique des nations (CAN) au Cameroun, le pays des Lions indomptables. Si vous vous trouvez dans les rues de Douala, Yaoundé, Limbé, Bafoussam ou dans les travées des stades Japoma ou Ahmadou Ahidjo, il vous faudra maîtriser le camfranglais sinon, on pourra parler de vous sans que vous ne le sachiez. Vous entendrez juste des cris alors qu’on vous parle.

Pour ne pas être l’illettré de la CAN, lisez les lignes qui viennent.

Le camfranglais sera l’un des acteurs de la CAN Cameroun 2021 – Composition (avec image de fond libre de droit) : Roger Mawulolo

Le camfranglais

Cet argot du Cameroun serait né vers les années 1970. Il est un mélange de français, d’anglais et de langues locales du pays. Certains mots y sont même transformés.

Inspirée du pidgin (langue véhiculaire issue d’un mélange d’anglais et d’autres langues), le camfranglais règne en maître dans les grandes villes du Cameroun et dans la diaspora.

Je l’entendais chez mes amis camerounais, avec leur accent chantant, avant de visiter leur pays. Je recommande à tous les supporters des équipes participant à la CAN de se munir d’un lexique. Cela pourrait vous faciliter la vie.

Sinon vous allez wanda tout le temps de votre séjour. Vous vous demandez ce que « wanda » veut dire ? C’est du camfranglais et cela signifie que vous serez souvent étonnés. Et pour indiquer que votre surprise sera très grande, je vous dirai “Vous serez sauf que surpris”.

Vous voilà maintenant dans le bain.

Description de l’avant-CAN en camfranglais

Vous avez vu toutes les difficultés qui ont émaillé les préparatifs de la CAN ? L’on se demandait si le Cameroun allait être prêt pour l’évènement.

Lorsqu’on avance quand même malgré les difficultés, en camfranglais vous dites “On avance et on met la calle”. C’est comme la roue de Deming, en management de qualité quoi. C’est pour dire qu’on avance par étape ou petit à petit. Et au finish, vous avez vu la concrétisation de la fameuse phrase “Impossible n’est pas camerounais”. Plus qu’une phrase, c’est un mode de vie au pays de Roger Milla et Samuel Eto’o. « Mola, tu ignores quoi ? ». Ne fais pas l’étonné, je veux juste te dire que tu le savais sans doute déjà.

A un certain moment, le public sportif camerounais était vraiment fâché contre la Fédération internationale de football association (FIFA) qui voulait leur “choua” ou nous “robam” (voler ou prendre) leur CAN. C’était à se demander pourquoi cette organisation internationale du football mettait ainsi ses organes dans cette affaire africaine. Avant que vous ne croyez que je désigne par là les instances de la FIFA, je vous fais remarquer qu’en camfranglais “mettre les organes dans une discussion”, c’est en faire une affaire trop personnelle au point où on croit que c’est une question de vie ou de mort. Non vraiment, la FIFA falla (cherche) les problèmes.

Tout le monde semblait tellement contre la tenue de cette Coupe d’Afrique au Cameroun que nous les compatriotes de Patrick Mboma, nous nous demandions si ce n’était pas de la sorcellerie. Oui, au Cameroun quand votre acharnement sur nous dépasse l’entendement, nous disons que c’est de la sorcellerie.

Heureusement que leur système chakap (système de vol ou de tricherie) avec lequel il voulait nous hambock (déranger) n’a pas marché. Nous avons bien djoss (discuter) et tout est rentré dans l’ordre. Et à partir du 9 janvier 2022, les mola et les resses, vous mêmes vous allez yamo le njoka que sera cette Coupe d’Afrique au mboa.

Ah je vous explique, j’ai juste dit “A partir du 9 janvier, les frères et les sœurs, vous allez aimer la fête ou l’ambiance que sera cette Coupe d’Afrique au pays (Cameroun).

Arbitre et joueurs de foot
Nous avons bien djoss (discuter) et tout est rentré dans l’ordre. Crédit : Omar / Pexels

Pendant les matchs

Même si les tickets d’entrée au stade sont plus chers que Marie Ngombè (10.000 francs CFA XAF), nous serons dans les tribunes pour les coupdo (match de football). Et nous sommes même convaincus qu’il y aura des matchs njoh (entrée gratuite).

Le ndamba (ballon de foot) va rouler sur les prés verts du stade Japoma à Douala, des écrins Ahmadou Ahidjo et Olembé à Yaoundé, à l’Omnisports de Limbé, dans les antres de Kouekong à Bafoussam, de Roumdé Adjia à Garoua. Nous espérons que les attaquants vont beaucoup mboundja (marquer des buts). Mais notre espoir est que chaque défenseur des Lions indomptables soit un man no pass, pour tous les attaquants adverses. Un man no pass est, en camfranglais, un défenseur rugueux et difficile à passer.

Nous n’admettrons pas qu’un attaquant puisse leur faire des nzôlô (petits ponts). Dites à vos attaquants que lorsque l’un de nos défenseurs leur dira “je vais te do la condesh”, ils n’auront qu’à fuir car cela signifie “Je ne te laisserai pas passer”. Pour un duel plus épique, dites à vos attaquants de leur répondre “Je vais ngamba sur le ballon” et vous verrez la suite. Même l’éruption du Mont Cameroun ne pourra être si chaude. En fait, il lui aura répondu “Je ne te laisserai même pas le ballon”. Et certainement que le défenseur rétorquera “Quand je l’aurai, je vais te boulè”. Une manière de le prévenir qu’il tirera le ballon avec force sur lui pour lui faire mal quand il l’aura.

Si le défenseur ne décide donc pas de « boulè » son adversaire, sa réponse sera certainement “Tu vas lire l’heure”. Ce qui veut dire en camfranglais “Tu vas souffrir”.

Dans tous les cas, avec le fair-play que nous voulons pour cette Coupe d’Afrique, nous espérons qu’aucun joueur ne sera surpris en train “d’alexandre song” son adversaire. L’expression ne vous dit rien ? Elle est née après la Coupe du monde 2014 où le joueur camerounais Alexandre Song a assené un coup de coude bien visible et apparemment sans raison au croate Mario Mandzukic. Elle veut donc dire donner un coup de coude volontaire à quelqu’un.

Quand un supporter camerounais te dira « Wèè asso, le gars-ci est un mouilleur », il faudra juste sourire car il veut dire « Hé mon ami, le joueur là est trop nul ».

Terrain de football
Où est le ndamba ? Crédit : Tom / Pexels

Après les matchs

Chaque match sera un njoka et les après-match aussi. Pour vos déplacement vous avez des takeshs (taxis) et des bendskins (moto-taxi). Si vous décidez de waka (marcher) par moment, évitez les zones sombres au risque de tomber sur un doneman ou nanga boko (agresseurs) qui vous feront waar (mal). Les niès (policiers) ne sont pas toujours partout.

Vous pourrez tchop ou nyama (manger) et jong (boire) à votre aise avant de go nang (aller dormir). Si vous ne connaissez par le djazz (haricot) et le makala (beignet), je vous les conseille. Sinon le ndolè national est disponible aussi sans oublier les poissons braisés.

Soyez donc prudents et ne tombez pas dans les du kwatt, pour dire les affaires suspectes du quartier. Si vous vous faites surprendre en train d’admirer les tchombè (habits) des panthères, votre do (argent) va en souffrir et alors vous comprendrez que ce nom n’est pas seulement celui de l’équipe nationale de football du Gabon. D’ailleurs je décide de ne pas vous fournir l’explication du mot “panthère” en camfranglais.

Soyez rassurés car notre CAN sera androïd et non tchoronko. Traduction : Notre CAN sera d’un haut niveau et non vieux-jeu.

Bonne CAN à toutes et à tous et encore bienvenue au Cameroun.