Mawulolo

8 mars 2024 : Attention, on excise toujours

Chères lectrices, chers lecteurs,

Comme on dit chez moi, « enya wu nu nam yé » (littéralement « c’est lourd pour ma bouche » pour dire « je suis dépassé »).

Pour ce 8 mars 2024, je ne voulais pas rédiger de billet. Non pas parce que je n’y trouve plus d’intérêt, mais parce que je voulais prendre le temps de lire ce que les autres allaient produire.

Puis le choc…

Mais il y a quelques jours, j’ai eu le souffle littéralement coupé lorsque j’ai entendu, sur Radio France Internationale (RFI), le témoignage d’une femme victime d’excision durant son adolescence. J’ai dû m’arrêter en bord de voie pour reprendre mon souffle.

Une fille triste – Photo : Pablo via Iwaria.com

J’écoutais cette victime évoquer les douleurs inouïes qu’elle a ressenties pendant et après cet acte abject. Un gros nœud s’est formé dans mon ventre et ma respiration fut coupée un instant… En plus de la douleur physique insupportable qu’elle a subie, je n’ose pas vous narrer les souffrances psychologiques que l’excision a entrainé chez elle. Les conséquences de l’excision sont très lourdes, elles durent toute la vie, et cette femme les subit encore de nos jours.

On excise encore et toujours…

En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, la cruelle et insupportable réalité est là : on excise toujours des femmes et des filles à travers le monde et surtout en Afrique.

Cette pratique barbare continue de détruire la vie de millions de filles et de femmes. Les efforts déployés pour éradiquer cette violation des droits des femmes, semblent insuffisants. Ce mal continue de frapper des générations entières, laissant des cicatrices physiques et psychologiques indélébiles. La pratique est profondément enracinée dans certaines cultures, perpétuée par des normes sociales et des croyances erronées sur Dieu, les ancêtres, la sexualité et la féminité.

Sur le plan physique, douleurs aiguës, infections, complications lors de l’accouchement, voire décès font partie des principales conséquences. Sur le plan psychologique, traumatismes profonds, troubles de l’estime de soi et difficulté à établir des relations intimes en constituent les retombées.

Dans ma langue, l’Ewe, on indique l’excision par « nyɔnuwo ƒe vidzinu lalã », ce qui veut dire en français « mutilation génitale féminine ». Oui la pratique consiste à enlever tout ou partie des organes génitaux externes des filles et des femmes. Un acte souvent posé sans anesthésie et dans des conditions d’hygiène précaires.

Essayons…

Pour mettre un terme à l’excision, il est essentiel de sensibiliser les communautés à ces dangers. Il faut renforcer les lois et les politiques de protection des droits des femmes. L’accès à des services de santé sexuelle et reproductive adéquats est aussi une mesure importante. Par ailleurs, promouvoir l’autonomisation économique et éducative des femmes et des filles est une bonne barrière pour faire reculer cette pratique. Oui, les exciseuses vivent de ce métier et/ou pensent exercer un métier vital, il faut les amener à prendre une autre place que celle-là dans la société.

En ce jour de mobilisation pour les droits des femmes, essayons de faire entendre notre voix contre cette pratique inhumaine. Essayons de soutenir les initiatives qui luttent contre cette forme de discrimination qu’est l’excision.

Le thème de la célébration du 8 mars cette année est « Investir dans les femmes : accélérer le rythme ». Notre investissement personnel et collectif dans la lutte contre l’excision doit également s’accélérer. Qu’est-ce que chacun d’entre nous peut faire pour contribuer à faire reculer l’excision là où elle est encore pratiquée ? Posons nous la question.

Ensemble, essayons de bâtir un avenir où plus aucune femme ne craindra l’excision. Cela peut sembler utopique… mais ESSAYONS…


Saint-Valentin 2024, la fête de l’amour en mode « carême »

Une expression issue de la CAN Côte d’Ivoire 2023, fruit de la reconnue dérision ivoirienne, dit « Que Dieu enlève le Gasset de votre Saint-Valentin et y mette votre Fae ». Les hasards du calendrier ont fait que le carême semble vouloir jouer au Gasset. Que nenni.

Cette année, chers amis, la Saint-Valentin est particulière car le 14 février coïncide avec le début du carême chrétien, surtout chez les catholiques. La vidéo d’un religieux rappelant le carême, duquel nous ne devons pas nous détourner à cause de la Saint-Valentin, fait le buzz.

Mais ne vous inquiétez pas, je suis là pour vous guider à travers cette combinaison de contraintes religieuses et de romantisme.

Saint Valentin -Couple d’amoureux – Photo libre de droits : Iwaria.com

Vous voulez certainement que je vous dise qui est autorisé ou non à fêter l’amour. « Vous avez tiré à terre », comme on dit à Abidjan. Vraiment « tiré à terre » comme le Sénégal, la RDC et Nigeria face à la Côte d’Ivoire respectivement en 8e, quart, demi et en finale de la CAN 2023.

Ah, la Saint-Valentin ! Cette journée où l’amour est dans l’air, où des cœurs battent à l’unisson et où l’on célèbre la romance avec ferveur. Venez voir Lomé parsemée d’objets en forme de cœur rouge et blanc. Le mot « Love » fait l’unanimité sur beaucoup de supports.

Accrochez-vous, car cette Saint-Valentin sera tout sauf ordinaire !

Démarrez avec douceur

Certes, le carême peut sembler être un frein à votre plan pour la Saint-Valentin. Mais voyez-le plutôt comme une occasion de revenir à l’essence même de cette fête : l’amour et la générosité.

Au lieu de vous lancer dans un festin somptueux, commencez par un geste doux et attentionné envers votre bien-aimé(e). Une lettre d’amour sincère, un bouquet de fleurs cueilli avec soin ou même un simple câlin chaleureux peuvent enflammer les cœurs bien plus que n’importe quel banquet.

En tout, n’oubliez pas les règles et le cadre dans lesquels l’Eglise autorise l’amour. Je ne veux pas que vous alliez dire en confession au prêtre que je vous ai encouragé à désobéir au Tout-Puissant.

Un festin de saveurs… modérées

Qui dit carême dit restrictions alimentaires, mais cela ne signifie pas pour autant que vous devez renoncer à toute forme de plaisir gustatif. Comme je le dis souvent « Mangez d’abord ». Optez donc pour un dîner de rupture de jeûne délicieux. Laissez-vous inspirer par la créativité et la finesse des saveurs, tout en respectant les traditions du carême. Et n’oubliez pas le dessert ! Des fruits frais de la région des plateaux (Kpalimé, Atakpamé, Amou-Oblo…), une délicieuse salade de fruits ou même un gâteau léger sauront parfaitement clôturer ce repas en beauté.

Saint Valentin – Un bon repas avec du bon vin – Photo libre : Iwaria.com

Pour les couples légaux et ayant obtenu la bénédiction nuptiale, allez-y comme vous le voulez. Mais pour les autres, je le répète allez voir ce qui vous est accordé.

Un verre (ou deux) de vin

Bien que le carême nous invite à la modération, un petit verre de vin peut parfaitement s’intégrer à votre soirée romantique. Optez pour un vin léger, fruité et rafraîchissant, à déguster avec modération bien sûr. Si vous êtes en Afrique, n’hésitez pas à utiliser le vin de palme (déha, bandji, bunuk, matango selon les pays), il est aussi doux.

Laissez-vous emporter par les arômes subtils et les notes délicates, tout en savourant la présence de votre bien-aimé(e) à vos côtés.

Créez des moments mémorables

La Saint-Valentin est avant tout l’occasion de créer des souvenirs précieux avec votre moitié.

Profitez donc de cette journée pour vous aventurer dans des activités qui nourrissent votre âme et renforcent vos liens. Une promenade romantique sous les étoiles, une séance de cinéma à domicile en amoureux, ou pourquoi pas une soirée jeux de société à deux. L’important est de savourer chaque instant, de rire, de partager et de célébrer l’amour dans toute sa simplicité et sa beauté.

En temps de carême, la « moitié légale » est reine, sachez-le. N’allez pas dire que j’ai dit qu’en dehors du temps de carême on peut avoir plusieurs moitiés.

Notez que je ne serai, ni de près ni de loin, mêlé à tout autre acte commis dans « l’illégalité religieuse » (allez savoir ce que ça veut bien dire). Tout contrevenant assumera seul devant Dieu et devant les hommes

Au total, en cette Saint-Valentin particulière, le carême vient ajouter une touche de sobriété et de réflexion à nos célébrations habituelles. Mais loin d’être un obstacle, cette combinaison inattendue nous invite à revisiter nos traditions avec créativité et amour. Alors, que vous soyez en couple ou célibataire, que vous suiviez le carême ou non, souvenez-vous que l’essence de la Saint-Valentin réside dans le partage, la tendresse et la joie d’aimer et d’être aimé.

 Joyeuse Saint-Valentin à toutes et à tous !


Le calendrier et la division du temps chez les Ewe

Le calendrier désigne une distribution de temps accommodée aux usages de la vie, il établit un comptage du temps, contenant l’ordre des jours, des semaines et des mois de l’année. Le calendrier varie selon les peuples, le temps prend alors différentes formes, mais la majorité d’entre eux ont un point commun : ils sont définis par rapport au Soleil ou à la Lune.

Aujourd’hui, le calendrier grégorien s’est imposé dans le monde, faisant parfois oublier l’existence d’autres calendriers. Mais il est bon de se rappeler que chaque culture avait sa manière de découper le temps !

Chez les Ewé, un peuple du Togo et du Ghana, l’année est découpée en 13 mois lunaires de 28 jours chacun. Quant à la semaine, elle est composée de 4 ou 5 jours. Chez le peuple Ewé, qui parle la langue Ewé, l’année est appelée « ƒe » (lire pé), le mois « Dzinu » ou « ɣleti », la semaine « Kwasiɖa » et le jour « ŋkeke ».

Calendrier Ewe, produit par l’Académie Ewe du Togo – Photo : Roger Mawulolo

La semaine chez les Ewe

Chez ce peuple, la division traditionnelle de la semaine se fait en 4 ou 5 jours, cela dépend de l’activité socio-économique (agriculture, marché, pêche) qui rythme cette division.

Lorsque la division se base sur uniquement sur les jours de marché, elle désigne et englobe 4 ou 5 jours. En Ewe, « marché » se dit « asi ». Pour la semaine de 4 jours, elle se découpe et se nomme ainsi : asigbe (jour de marché), asigbewo eve gbe (lendemain du jour de marché), atɔ̃gbe (le troisième jour) et asinyagbe (veille du marché).

Pour la semaine de 5 jours, les jours qu’elle inclue sont plus variés : asitoegbe (début du marché), domegbe (jour entre les jours de marché), dzagbe (jour sacré), aƒenɔegbe (jour de repos) et asiamigbe (veille du jour du marché)

Si l’on considère la division basée sur les travaux champêtres, il y a généralement 5 jours. En Ewe, « champ » se dit « agble ». Ces jours sont donc définis et désignés ainsi : Klɛ̃gbe, Agbletogbe (premier jour de travaux), Agblevegbe (deuxième jour de travaux), Domegbe (jour de repos) et Fidogbe (jour de travaux de groupe dans le champ d’un membre de la communauté).

L’année et les mois chez les Ewe

En langue Ewé, le calendrier se dit, ɣletigbalẽ (le document / le livre des lunes ou des mois).

Le calendrier Ewe a 13 mois de 28 jours. Leurs noms : Dzove, Dzodze, Tedoxe, Afɔfiɛ, Dame, Masa, Siamlɔm, Dasiamime, Anyɔnyɔ, Kele, Adeamakpɔxe, Dzome et Ƒoave (lire poavé).

Pour des besoins de traduction, on fait correspondre les 12 premiers mois à ceux du calendrier grégorien. Dzove est donc janvier et décembre est Dzome.

Les équivalents des 7 jours de la semaine en Ewé sont : Dzoɖa (lundi), Braɖa ou Blaɖa (mardi), Kuɖa (Mercredi), Yawoɖa Jeudi), Fiɖa (Vendredi), Memleɖa (Samedi) et Kwasiɖa (Dimanche).

Voici un aperçu de la tradition et de la langue Ewé, un peuple d’Afrique de l’Ouest, qui compte plus de 6 millions d’individus, vivant principalement au sud-est du Ghana et au sud du Togo, où ils sont majoritaires.


Bella Bellow…pour tes 50 ans

Poème rédigé en hommage à Bella Bellow à l’occasion des 50 ans de son décès.

Bella Bellow, 50 ans déjà – Montage : Roger Mawulolo

50 ans déjà que ta voix s’est éteinte,
Bella Bellow, notre diva immortelle et sainte.
« Blewue mia de aƒe lo* » nous rappelle cela,
Lilikopé, un monument je voudrais t’ériger là-bas.

Quand je tourne autour de notre place de l’indépendance.
Je crois entendre « Nye denyigba lɔ̃lɔ̃ si dzi wo dzim do la* » et voir tes légers pas de danses,
La grande dame portant le flambeau comme un toit,
Bella, n’est-ce pas toi ?

Avec Dieu et les ancêtres, parmi les étoiles brillantes,
Porte notre musique, comme une flamme ardente.
Georgette, « Bouyélé* » résonne toujours dans nos souvenirs,
Adjoavi Nafiatou, tu vivras même dans notre avenir.

« Ségné trɔva*… », nous chanterons encore,
« Zélié* », nous fredonnerons à l’aurore.
« Bem Bem* », nous clamerons toujours avec fierté,
« Lafoulou* » nous donnera toujours une douce clarté.

Cinquante ans que tu es partie et nous a laissé,
Bella Bellow, fika mia kpɔ wo lé** (?)
Dans le ciel de notre musique, « Rockia* » est repris en chœur,
Bella, Bellow tɔ dzidzia***, à jamais dans nos cœurs.

par Roger Mawulolo LASMOTHEY

* des titres des chansons de Bella Bellow
** expression en Ewe, langue locale du Togo, signifiant « Où te voir? »
*** expression en Ewe, signifiant « Bella, fille de Bellow »


Chœur de l’Unité Togolaise : Un spectacle à la hauteur des 10 ans

Une décennie de magie musicale, c’est ce que le Chœur de l’Unité Togolaise (CUT) a célébré par un spectacle époustouflant, riche en son et lumière. C’était le dimanche 22 octobre 2023 au Palais des congrès de Lomé.

Le public a répondu présent à ce concert dénommé « Apothéose ». L’ambiance de feu qui a régné pendant tout le concert n’a pas démenti ce nom si bien trouvé.

Le Chœur de l'Unité Togolaise sur scène - Photo : Roger Mawulolo
Le Chœur de l’Unité Togolaise sur scène – Photo : Roger Mawulolo

Le concert s’est déroulé en trois principales phases pour le chœur, heureux du jour. Des artistes invités notamment Olivia the Soprano, Carole Zokoua et Kollins Newman ont participé à ce show dominical. Carole Zokoua est une artiste gospel centrafricaine dans le titre phare « Y a Dieu dedans » a cumulé plus de 1,7 millions de vues sur Youtube. Quant à Kollins Newman, son hit titré « Mafao kpéssédédji » est l’une des chansons du moment au Togo.

L’apparition sur scène du Chœur de l’Unité a été majestueux et a surpris agréablement le public. Une apparition sous la marche républicaine togolaise « Eternel bénisse le Togo » qu’exécutait Olivia the Soprano, la talentueuse choriste qui évolue également en solo.

Reprenons telle une belle mélodie le fil des passages du CUT, un total de 22 chants sous la direction du maestro Bright Komla Kékéli Woussou. Mais avant tout cela, ce serait un crime de lèse majesté que de ne pas rappeler l’exquis plateau de dégustation à base de boissons traditionnelles (liha, tchoukoutou, déha …) accompagnées de konkada, kuklui et toffee servi aux invités.

La première partie : le grand classique

La plus dense avec 11 chants a réveillé les ardeurs du public qui a frissonné et dansé. Les exclamations joyeuses, les reprises d’ensemble à haute voix ainsi que les acclamations nourries en sont les preuves.

Toute une véritable chorégraphie savamment montée a rythmé toutes les exécutions. On dira en mina « Eha ɖekpekpe koudo ébé woué yé »…Chaque titre avec sa chorégraphie et aucune ne ressemblait à l’autre.

Tour à tour donc, le public a goûté aux 11 chants déclinés en 4 langues. Ainsi, le chœur a chanté sept fois en Ewe, une fois en Twi et deux fois en anglais. Une chanson a été exécutée en français.

En Ewe, les belles paroles des chansons « Dɔwɔwɔ la nye Yesu tɔ » (Nous travaillons pour Jésus), « Dze Afetɔ la f’afɔtofe wo me » (Suis les pas du Seigneur), « Maria ɖetugbui » (La Vierge-Marie), « Fofo meva » (Mon père, je suis là), « Nɔviwo mikpɔɖa Yesu flaga » (Frères et sœurs, regardez l’étendard du Christ), « Wo lɔlɔ̃nu ɖeɖe ko mawɔ » (Je ne ferai que ta volonté) et « Dzidzɔ yli » (Cri de joie) ont retenti. Pour l’anglais, le Chœur de l’Unité Togolaise a exécuté « I would follow Jesus » et « Blest be the man by power unstained ». « Je vis un ciel nouveau » et « Yesiden » (Nous n’avons pas de mot pour dire tes bienfaits), respectivement en français et en Twi n’ont pas également manqué d’effet sur le public enchanté par le spectacle.

La deuxième partie : le traditionnel du Chœur de l’Unité Togolaise

Quatre rythmes traditionnels togolais ont marqué cette partie. Il s’agissait du gazo, du so, du blewu et du kinkan. Sur ces sonorités, le CUT a démontré des facettes de la culture togolaise avec 4 chants : Dua ne fozi (Que le peuple se mobilise), Ne tse na mi loo (Soyez exaucés), Agbeliklako et Kibalo Yesu.

Cette phase a été exécutée dans un habillement original comprenant un pagne traditionnel tissé.

Le Chœur de l’Unité Togolaise en prestation durant la partie traditionnel – Photo : Eli Sémédo

La troisième partie : le dancing high-life

La partie toujours la plus attendue qui fait lever le public et le fait même déplacer.

Dans une euphorie générale, le public reprenait en chœur les chansons populaires. Les mouchoirs blancs se sont donc agités sur : « Lala mega ha nu o » (Patiente sans crainte), « Me ga vɔ̃ o » (N’aie pas peur), « Tso kaba » (Lève-toi sans attendre), « Siyahamba » (Nous marchons) et « Enyonam » (Je m’en réjouis). Puis « Mie nye dzi fia srafowo » (Nous sommes les soldats du roi céleste), « Akpe ma da ne » (Je lui rendrai grâces), « Ne mebu nusiwo » (Quand je contemple), « Asseda ye onyame ni dia » (Je te dis merci) et « Ne Mawu fe nyuifafa yɔ nye dzime » (Quand la paix divine emplit mon cœur) ont bouclé la séquence.

Ce concert apothéose des 10 ans du Chœur de l’Unité Togolaise a donc tenu toutes ses promesses. Une véritable consécration pour cette décennie de magie musicale.

A la fin du concert, les commentaires allaient bon train pour qualifier le travail excellent du Chœur de l’Unité Togolaise. L’expression favorite des Loméens pour dire que le groupe a atteint le sommet revenait sur beaucoup de lèvres : « Chœur de l’Unité, mikpa yé ».

Le rendez-vous est encore pris pour janvier 2024 pour le premier concert de l’année du CUT.

Roger Mawulolo LASMOTHEY


Dakar Dem Dikk, un transporteur d’amour

Dakar Dem Dikk, est une expression en wolof qui signifie “Dakar va-et-vient”. Et c’est le nom du réseau public de bus desservant la capitale du Sénégal et ses environs. J’ai constaté qu’en plus de transporter les personnes, les bus du réseau DDD transportent aussi l’amour. Ils ont transporté celui de Camus Toumani et d’Aminata Ndoye.

Un bus Dakar Dem Dikk en stationnement
Un bus Dakar Dem Dikk en stationnement – Photo : Lucrèce Gandigbè (avec son aimable autorisation)

Aminata, au joli teint clair naturel sans dépigmentation, de taille moyenne et une croupe callipyge à faire douter un saint, logeait avec ses parents à Liberté 6. Camus Sadio Toumani, de son nom complet, joli garçon au teint noir mesurant 180 centimètres était employé comme contrôleur-receveur par Dakar Dem Dikk. Poste qu’il a accepté, malgré ses études universitaires, car ne trouvant pas mieux. À son prénom, beaucoup pensaient qu’il était Congolais ou Béninois. Que nenni. Ce prénom lui a été donné par son père, professeur de français au Lycée Djignabo de Ziguinchor. Il était ainsi le tourondo de l’écrivain Albert Camus.

Le coup de foudre dans le Dakar Dem Dikk

Cela faisait plus de 3 mois, que Camus, contrôleur sur la ligne 9 de Dakar-Dem-Dikk, remarquait cette jeune jolie dame. Elle montait souvent à l’arrêt sis à l’avenue Dial Diop sous les coups de 16 heures. Elle devait habiter dans le quartier de Sicap Liberté 6 puisqu’elle descendait au Terminus P9.

Quand elle montait dans le bus, la gorge de Camus s’asséchait instantanément face à cette belle créature. Elle ne disait jamais rien, posait juste ses 150 francs devant Camus et prenait prestement son ticket. Ensuite de sa démarche envoûtante et avec un port altier digne d’une signare, elle allait s’installer au fond du bus. Elle semblait flotter sur le plancher du bus, rappelant à Camus les démonstrations de son professeur de sciences physiques sur les caractéristiques d’une table à coussin d’air.

Pendant les trajets, Camus ne cessait de jeter des regards furtifs vers le siège de prédilection d’Aminata. Il ne connaissait même pas son prénom.

Ses nuits commençaient par être troublées par cette nymphe, qui pourtant, ne lui accordait aucune attention lorsque leurs regards se croisaient. Et Dieu sait combien de fois Camus, de son guichet de contrôleur de bus, a tenté de fixer ce regard au moment où elle montait et payait son ticket. Il aurait même voulu toucher son doigt lorsqu’elle retirait son ticket mais il n’osait pas franchir le pas.

En suivant le journal de 20 heures sur la RTS1, un soir, une phrase retint l’attention de Camus : “L’inaction coûte plus chère que l’action”. Il décida d’oser dès le lendemain en pensant à la célèbre citation de Sénèque. « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas. C’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. ». Demain, il allait parler à la demoiselle.

La frayeur de l’amoureux

Le lendemain, il ne vit pas Aminata. Et ce fut ainsi pendant près de 2 semaines. Il se fit une raison : elle a dû déménager ou opter pour les autres moyens de transport en commun de Dakar que sont les “cars rapides” et les “Ndiaga Ndiaye”. Un grand regret l’envahit. “J’aurais dû lui parler depuis longtemps”, se dit-il.

Car rapide à Dakar - Crédit image : Image libre sur pixabay
Car rapide à Dakar – Crédit image : Image libre sur pixabay

Un mercredi après-midi, il avait la tête baissée sur sa caisse et ses carnets de ticket quand une voix féminine dit “Salam aleikoum grand, diay ma bène ticket” (Grand vends-moi un ticket). Son cœur s’arrêta de battre quand il leva la tête et vit Aminata plantée devant son guichet pour payer son trajet. Pendant d’interminables secondes où ses mains étaient devenues moites, Camus ne put esquisser de mouvement ni prononcer une parole. La jeune dame était habillée d’un joli tee-shirt de couleur mauve et d’un pantalon noir bien ajusté, faisant voir les jolies courbes dont Dieu l’avait gracié. Oh Seigneur que tes créations révèlent ta grandeur.

Les usagers du bus, exaspérés, crièrent “Mais sokhna si, faut avancer waye” (Mais Madame faut avancer). Elle leur répondit “Dou mane deh (Ce n’est pas moi). C’est le contrôleur qui ne prend pas l’argent”. Camus sursauta et dit “Mademoiselle, allez-y”. Elle répondit “Comment ?”. Il fit “C’est gratuit pour vous”. Aminata dit avec force “Grand, depuis quand les bus sont gratuits ? Prenez votre argent et donnez moi mon ticket.” Camus, choqué, s’exécuta.

Durant tout le trajet, il ne manquait pas de jeter des regards furtifs vers cette jeune fille qui a fini de le troubler.

Le vendredi ayant précédé ce jour, son responsable hiérarchique lui avait déclaré son intention de le muter vers la ligne Dakar-AIBD qui dessert l’aéroport Blaise Diagne de Diass, à 40 kilomètres de Dakar. La décision sera à application immédiate. Camus décida alors de parler franchement au sujet de ses rêves avant d’être muté.

La tentative infructueuse

Ce qu’il fit dès le lendemain. A l’arrivée au terminus P9 à Liberté 6, Camus descendit à la suite de la demoiselle. Mais il n’eut pas le courage de l’interpeller et se contenta de la suivre jusqu’au terrain Mère Fall. Aminata disparut alors dans l’un des couloirs autour de ce terrain sablonneux.

Le jour suivant, ce fut avec un grand soulagement que Camus vit Aminata monter dans le bus, non pas à l’arrêt habituel de l’avenue Dial Diop mais au Terminus de Dieuppeul. Camus a failli se maudire d’avoir encore attendu.

Arrivé au terminus de Liberté 6 et au moment où la jeune fille descendait, Camus prit son courage à deux mains et dit “Mademoiselle, où étiez-vous pendant deux semaines et pourquoi aujourd’hui, vous avez pris le bus à Dieuppeul plutôt que sur Dial Diop ?”.

La jeune dame lui lança un regard noir et dit “Monsieur serait-il de la DIC (Division des Investigations Criminelles) – une branche de la police sénégalaise – ou de la CIA ?”. Elle rouvrit la bouche et avant même que sa phrase ne jaillisse, Camus dit “Non…non…toutes mes excuses ; je ne voulais pas vous offenser ; je veux vous parler”. Elle rétorqua “De quoi ? Est-ce qu’on se connaît ?”… Fin de la conversation…

Le lendemain, elle ne lui accorda aucun regard et Camus insista. Ce fut ainsi pendant la première semaine. Durant celle qui suivit, elle a commencé par répondre aux salutations de Camus. Au début sans sourire, puis après Camus fut subjugué par la blancheur de ses dents qui donnait un sourire envoûtant. Mais elle refusait toujours qu’il la raccompagne.

Les week-end étaient un calvaire pour Camus qui se surprenait à venir aux alentours du terrain mère Fall dans l’espoir d’apercevoir Aminata.

Le mardi du bonheur

Enfin arriva un mardi que Camus n’oubliera jamais.

Il remarqua quand il finit ses comptes qu’Aminata était debout seule sur le parking. Son cœur fit un bond. Naturellement, il la salua et demanda à la raccompagner. Le “oui” de la jeune dame résonna jusque dans la moelle épinière de Camus qui faillit perdre tous ses moyens.

Sur le trajet rallongé par un détour de Aminata vers une boutique proche de l’immeuble Ferdinand Coly, Camus put dévoiler sa flamme à Aminata. Elle l’écouta avec un sourire en coin.

Arrivés devant le couloir menant chez elle, Aminata dit tout simplement “Avec vous les hommes on ne sait jamais mais on verra bien si tu es sérieux”. Elle refusa tout de même le bisou que Camus voulait lui faire sur la joue.

Dire que ses fossettes troublaient l’agent receveur de Dakar Dem Dikk est un euphémisme.

Je vous épargne les péripéties de l’histoire, mais l’affaire n’a pas été simple car Aminata n’était pas fille à s’amuser. Et sa mère aussi doutait un peu des objectifs de Camus. Elle voulait du sérieux et du concret pour sa fille. Tout cela a donné du fil à retordre à Camus qui se surprenait à fredonner la chanson « Aminata » (lien en fin de billet) de l’artiste Laba Sosseh. Cette œuvre musicale qui résumait si bien sa situation.

A force de persévérance, Camus réussit à inverser le cours des choses et a conquis l’élue de son cœur ainsi que sa mère.

Retenez juste qu’aujourd’hui Camus et Aminata sont mari et femme. Leur union scellée devant Dieu et devant les hommes a donné 3 jolis enfants : 2 garçons et une fille.

Vive les Dakar Dem Dikk de l’amour.


Le « roi » Pelé, l’histoire magique de mon enfance

Pelé, la légende et “roi” du football a été inhumé le 3 janvier 2023, après son décès survenu le 29 décembre 2022.

Il a arrêté sa carrière avant que je ne naisse mais depuis mon enfance je savais qu’il a été un grand joueur. Pouvait-il en être autrement ? Certainement pas, car une histoire palpitante existait et a fait de Pelé presqu’un mythe dans nos esprits d’enfant.

J’ai été surpris de savoir que la même histoire a traversé toute l’Afrique avec juste quelques détails de différents selon les pays. Je suis sûr qu’au moins un des détails de ma version ne figure certainement pas dans la vôtre. Vous me direz.

C’est l’histoire d’un fameux match Inde – Brésil. Si vous ne la connaissez pas, lisez les lignes ci-dessous. Même si vous la connaissiez, je suis sûr que vous en découvrirez d’autres facettes avec moi.

Pelé avec de jeunes footballeurs au musée portant son nom
Pelé avec de jeunes footballeurs au musée portant son nom – Crédit : Governo do Estado de São PauloCC BY 2.0, via Wikimedia Commons

Un sacré match ou un match sacré, c’est selon. Même le score final qui lui est attribué varie selon les pays. Toutefois, la constante dans l’histoire de ce match épique reste l’action victorieuse de Pelé.

Avant de commencer, je répète que ma version de ce récit peut être différente de la vôtre.

Le match

Il semble donc qu’un jour le Brésil et l’Inde se sont affrontés et s’il vous plait en Coupe du monde de football. L’année n’est pas précisée.

Durant tout le match, le Brésil n’arrivait à marquer aucun but tandis que toutes les actions de l’Inde aboutissaient à un but. D’ailleurs, chaque tir indien faisait mouche.

A la mi-temps donc, l’Inde menait déjà par 50 buts à 0. Oui vous avez bien lu 50 buts. Et je ne saurai vous dire s’il y avait eu de longs arrêts de jeu pour la première période.

Ce score vous étonne certainement. Pourtant le Brésil a tout donné. Mais les indiens avaient beaucoup trop de forces…mystiques :

  • quand les tirs brésiliens étaient cadrés, les bras du gardien indien se multipliaient en devenaient 12 de chaque côté avec des longueurs différentes qui lui permettaient de bloquer le ballon (Vous connaissez le dieu hindou Shiva, non? )
  • les poteaux aussi pouvaient bouger vers la gauche ou la droite ou rétrécir pour que le ballon brésilien soit hors cadre ou touche les poteaux ou le montant des buts indiens
  • ou alors les attaquants brésiliens en l’occurrence Pelé pouvait voir apparaître devant eux un grand tigre du Bengale, une grande vache du Gange, un énorme lion, un féroce léopard des neiges ou un gros naja. Même le paon indien pouvait surgir avec son cri pour distraire les Cariocas et étaler ses plumes multicolores pour les éblouir.

Comment donc marquer un but dans ces conditions ?

Le défi indien

A la mi-temps, la FIFA se demandait s’il fallait continuer ce match.

Les Indiens demeuraient impassibles et sûrs d’eux en répondant : “c’est aux Brésiliens de voir”. Riant au nez des officiels auriverde, ils dirent que la Seleção n’arriverait pas à mettre un seul but.

Les dirigeants de la Fédération brésilienne s’en allèrent donc dire à leurs joueurs dans les vestiaires d’abandonner la partie pour stopper l’humiliation en cours.

Le jeune Pelé, silencieux et très concentré jusque là, refusa cet affront et promit qu’il marquera un but pour le Brésil.

Le président de la fédération indienne se mit à rire et dit “Si tu mets un seul but, on vous déclare vainqueur”.

Ce président ne savait dont pas qu’on disait sur le continent d’origine de Pelé, c’est à dire l’Afrique, que “quand un aveugle te menace de lapidation c’est qu’il a déjà posé son pied sur un caillou”.

Il allait l’apprendre à ses dépens.

Et alors Pelé a agi

Pelé en sélection brésilienne
Pelé en sélection brésilienne en 1970 – By Unknown author – El Gráfico, Public Domain,

Pour cette partie, vous avez deux choix : soit vous prenez la chaînette, soit la chaussure.
Je vous vois froncer les sourcils… N’ayez crainte car vous comprendrez bien vite.

La chaînette de Pelé…

La chaînette en or que Pelé avait autour du cou lui avait été offerte par sa grand-mère. Et, avant de mourir, cette dernière a dit à son petit-fils “Edson, le jour où tu seras dans une situation inextricable, mets cette chainette dans la bouche et fonce vers la solution que tu auras choisie. Tu en sortiras vainqueur.”. Pelé venait de s’en souvenir.

Le match reprit donc et les indiens ont encore marqué plein de buts. L’Inde menait 100 buts à 0.

Vers la fin du match Pelé décida d’utiliser sa dernière carte : la chainette de sa mammy. Il prit la chainette et la mit dans sa bouche. Il bondit, s’empara du ballon et se lança dans une course effrénée vers le camp indien. Avec la chainette dans la bouche, il devint plus rapide que Usain Bolt et sa qualité footballistique fit le reste.

Il dribbla tous les 10 joueurs indiens, depuis le camp brésilien… Oh que dis-je…ils dribbla lions, tigres, panthères, aigles, vaches, bœufs…et arriva devant Shiva. Je veux dire le gardien indien.

Là, les bras du portier se multiplièrent encore et les poteaux se mirent à danser. Pelé marque une pause, respira à fond, suça fortement sa chainette et cria “Vovó” (grand mère en portugais) avant d’envoyer un tir foudroyant dans le but indien. Le stade n’en croyait pas ses yeux. L’Inde venait d’encaisser son seul et unique but depuis qu’il a une équipe nationale de football.

Pendant que Pelé et ses coéquipiers jubilaient, la chainette, comme par magie se détacha du cou du buteur, tomba sur la pelouse avec des étincelles et disparut dans le gazon.

La chaussure…

Là, l’histoire dit que Pelé a obtenu au moins 10 penalties lors du match mais à chaque fois le gardien, les poteaux vivants et autres animaux lui faisaient rater ses tirs aux buts. Quand il en obtint encore un vers la fin du match, il enleva discrètement la chaussure de son pied gauche. Il prit son élan et juste au moment de frapper la balle, il lança sa chaussure vers un côté des buts. Le portier, les animaux et tous les protecteurs invisibles se précipitèrent sur la chaussure croyant que c’était le ballon et Pelé marqua alors de l’autre côté dans les poteaux qui s’étaient encore déplacés sans savoir que Pelé les attendait. D’aucuns disent que son pied gauche portait une chaussette blanche sous le bas réglementaire.

Et la victoire

Dans tous les cas, Pelé fit ainsi gagner le Brésil, à cause du pari proposé par les Indiens. Depuis ce jour, La FIFA décida de suspendre l’Inde de toutes les Coupes du monde de football à cause de sa force mystique redoutable.

Il nous a fallu grandir pour savoir qu’en réalité l’Inde jouait les éliminatoires de qualification sans succès. A l’époque, qui étions-nous pour oser critiquer nos aînés qui racontaient l’histoire de ce fameux match ? Il n’y avait même pas encore internet ou la foison de chaines de télévision qu’on a aujourd’hui.

Voilà donc l’histoire-souvenir d’enfance, de mon hommage à Edson Arantes Do Nascimento alias Pelé, le roi du football.

Si toi, on t’avait que l’Inde a plutôt marqué 105 ou 110 buts, ce n’est pas bien grave. Pour certains c’était 1.000 buts…

Ne voulant pas être accusé de propager des fakenews, je tiens à vous dire que cette histoire est factice. Elle était, toutefois, contée avec une telle ferveur qu’y croire était facile. Et tout ça à cause de la légende qu’est le “roi” Pelé.

Vive le Roi Pelé ! A jamais dans nos cœurs !


Coupe du monde 2022 : les clubs africains peu représentés

Si pour la Coupe du monde 2022 qui vient de commencer au Qatar, l’Afrique affiche 100% de sélectionneurs locaux pour ses 5 équipes nationales présentes, on constate en revanche que ses clubs de football font figures de parents pauvres de la compétition.

Les équipes présentes au Qatar pour la Coupe du monde 2022 – Crédit photo : RosZie depuis pixabay.com (Image libre)

Sur l’ensemble des 130 joueurs sélectionnés par les 5 équipes africaines, seuls 17 proviennent du continent africain. Un bien faible pourcentage.

La Tunisie, en tête avec 10 joueurs locaux

Les Aigles de Carthage ont dans leur cohorte 10 joueurs évoluant sur le continent, notamment dans les championnats tunisien et égyptien.

Le sélectionneur tunisien Jalel Kadri a fait confiance à 4 gardiens de buts locaux, à savoir : Aymen Dahmen (Club sportif Sfaxien), Mouez Hassan (Club Africain), Béchir Ben Said (US Monastir) et Aymen Mathlouthi (Etoile du Sahel). En défense, 3 joueurs sont sélectionnés : Ali Maaloul (Al-Ahly/Egypte, Nader Ghandri (Club Africain), Yassine Meriah (Espérance de Tunis). Pour le milieu, il a fait appel à Ghaylen Chaaleli et Mohamed Ali Ben Romdhane, tous les deux de l’Espérance. Il a également retenu l’attaquant Seifeddine Jaziri du Zamalek du Caire (Egypte), qui complète le tableau.

Trois Lions de l’Atlas jouent chez eux

Walid Regragui, le coach des Lions de l’Atlas, a quant à lui, sélectionné 3 joueurs locaux tous du Wydad de Casablanca, un des clubs phares du championnat national local.

Il s’agit du portier Ahmed Reda Tagnaouti, du défenseur Yahya Attiat Allah et du milieu de terrain Yahya Jabrane.

Deux chacun pour le Cameroun et le Ghana

Les deux équipes totalisent 4 joueurs évoluant dans les championnats de leur pays, à raison de deux chacun.

Pour les Lions indomptables, Rigobert Song a sélectionné Souaïbou Marou et Jérome Ngom. Les deux évoluent dans le championnat camerounais au Coton Sport de Garoua et à Colombe sportive du Dja et Lobo.

Otto Addo, le sélectionneur des Black Stars du Ghana a également puisé dans le vivier local. Deux joueurs issus respectivement de l’Asante Kotoko de Kumasi et des Hearts of Oak d’Accra font partie du contingent ghanéen. Il s’agit du goal Ibrahim Danlad et l’attaquant Daniel Afriyie Barnieh.

Et de zéro pour le Sénégal

A 100%, Aliou Cissé a fait confiance aux joueurs expatriés. Les champions d’Afrique en titre n’ont donc dans leur rang aucun joueur local ou évoluant dans les championnats africains.

Cette faible présence des joueurs des championnats africains démontre sans aucun doute le bas niveau général du football local sur le continent. Pour y remédier, la CAF, les fédérations africaines de football et les responsables sportifs des pays se doivent d’analyser le phénomène.


Le kaki, roi des uniformes scolaires au Togo

La rentrée pour l’année scolaire 2022-2023 au Togo, c’est ce 26 septembre 2022. Et au Togo, voire au Bénin, qui dit école dit kaki.

D’origine militaire, il est très présent dans la mode civile. Le terme se confond aujourd’hui entre la couleur qu’il indique et un type de tissu. On peut donc entendre “couleur kaki” ou tout simplement “le kaki”.

Elèves en kaki, en classe
Elèves en tenue scolaire dans une salle de classe – Crédit photo : Emmanuel PITA

Il demeure le roi incontesté des tissus de confection des uniformes scolaires au Togo. La raison est simple : dans l’éducation publique togolaise (de la 6è à la terminale), les tenues scolaires sont faites avec ce tissu.

Les couleurs (du) kaki

Le terme kaki couvre une large gamme de couleurs qui va du brun jaunâtre au vert olive. Certains établissements scolaires ont voulu en imposer une teinte que leurs élèves doivent avoir pour être uniformes mais ils ont vite déchanté. Sur le marché, on ne peut garantir de trouver une conformité ou une définition conventionnelle pour la couleur dite « kaki ».

Les surveillants généraux, les censeurs et même les proviseurs qui se mettaient à la porte des collèges et lycées pour le contrôle de la conformité des uniformes en ont eu plein la vue et en ont vu de toutes les couleurs, avec le kaki.

Le kaki, c’est plus que 50 nuances de brun ou de jaune ou de vert voire de gris. C’est selon.

Le kaki complet ou en demi-saison

A l’école primaire publique, les filles portent des robes tandis que les garçons sont en culotte et chemise. Le tout en kaki.

Un des grands rêves pour les élèves des classe de CM2 est de vite obtenir le CEPD (Certificat d’Etudes du Premier Degré) et de pouvoir porter désormais son pantalon, pour les garçons, ou sa jupe, pour les filles, kaki à l’entrée en 6è. C’est même l’une des grandes motivations lors de toute l’année scolaire avec le slogan en langue locale “Nye tsan ma do pantalon alo jupe kaki épé déa mé kpoé” : Moi aussi, je porterai le pantalon ou la jupe kaki, l’année prochaine.

Dans les collèges d’enseignement général (CEG) et dans les lycées, la tenue complète (pantalon et chemise) est en kaki pour les jeunes hommes et la jupe kaki avec un corsage blanc pour les jeunes filles.

Les écoles privées ont également recours au tissu kaki pour leurs uniformes. Certains pour la tenue complète et d’autres partiellement. C’est la demi-saison avec le bas en kaki et le haut dans un autre tissu.

Elèves en tenue – Crédit photo : Roger Mawulolo

La tenue kaki a encore de beaux jours devant elle, malgré la foison d’écoles privées qui a pignon sur rue à Lomé, depuis la fin des années 90. Et ceci grâce aux écoles publiques.

Le kaki et les adolescents

L’adolescence, cette phase où le corps des jeunes se muent rapidement est intimement liée au port du kaki. En effet, durant cette phase, le développement rapide du corps des jeunes met souvent à mal les tenues kaki confectionnées en début d’année.

Les pectoraux, les biceps, les épaules, les cuisses et les muscles fessiers de certains jeunes prennent du volume avec leur croissance et très vite ils se retrouvent à l’étroit dans leur kaki. Des solutions urgentes doivent être trouvées pour éviter tout éventuel dégât qui imposera des rapiéçages.

Ainsi vous verrez des jeunes découdre le surfilage de leur pantalon pour lui donner quelques centimètres supplémentaires en longueur. Ce n’est pas du tout une mode mais une solution quand on grandit en taille. Il faudra désormais faire attention lorsque l’on s’assoit ou pour certains mouvements pour ne pas soumettre à rude épreuve les fils des coutures des habits ou les boutons.

Il est fait recours à l’élargissement ou l’extension de la tenue s’il reste encore un peu de tissu sous les coutures.

Certains parents “prévoyants” faisaient faire des tenues pour deux ou trois ans. Vous verrez donc un élève avec des tenues plus grandes ou plus larges que lui ou elle, mais au fil des ans, il/elle la remplit.

Voilà une panoplie de solutions surtout lorsque l’on n’a pas des parents à même de faire confectionner de nouvelles tenues en pleine année scolaire. Déjà que certains élèves utilisent la même tenue pour plusieurs années scolaires.

Et le Bénin pour finir

Je vous disais à l’entame que nos amis du Bénin portaient également le kaki. Au Togo, nous avions une chanson spécialement composée pour décrire leurs uniformes. En voici le texte :

Tailleur tailleur
O ma ton awuvi ya na ma
O ma ton awuvi ya na ma
Na d’o go vé d’o fiyé
Na d’o go ton d’é fiyé
Na fin mito mé gbla
Mito mé gbla

La traduction donne ceci : “Tailleur…tailleur… couds-moi cet habit, tu me mettras deux poches de ce côté et une troisième de l’autre ; tu me feras une large fente à l’arrière”.

Vous aurez deviné le modèle de l’uniforme de nos frères de l’Est. Une autre précision, nous on allait en pantalon dès la 6è alors qu’eux devaient attendre la classe de seconde.

Le kaki, une sacrée histoire…


Cinq règles d’or pour préserver les billets de banque

Tout le monde aime avoir de jolis billets de banque neufs dans ses poches et dans ses mains. Mais il est rare de ne pas voir des usagers « maltraiter » ces billets. Quelques scènes de manipulation de billets de banque dans les marchés de Assiganmé (Lomé), Sandaga (Dakar), Dantokpa (Cotonou), Adjamé (Abidjan), Badalabougou (Bamako), Katako (Niamey), Rood Woko (Ouagadougou), Mercado central (Bissau), Balogun (Lagos), Ndogpassi (Douala), Zando (Kinshasa), Poto-Poto (Brazzaville) ou Mont Bouët (Libreville) vous reviennent certainement en mémoire.

Cet article rappelle quelques règles élémentaires mais efficaces, pour mieux prendre soin des billets de banque, afin de les préserver des traitements dégradants qui accélèrent leur usure. Il s’agit donc des bonnes habitudes à adopter pour garder les billets de banque en bon état le plus longtemps possible.

Billets de banque dans un portefeuille
Billets de banque dans un portefeuille – Image par Steve Buissinne de Pixabay

Malgré l’essor des paiements digitaux, les billets de banques font toujours l’objet d’un usage quotidien intensif dans beaucoup de pays du monde. Cette utilisation intensive, mais aussi certaines habitudes des agents économiques accélèrent leur usure, en particulier des billets qui sont fabriqués en papier imprimé. Des habitudes à bannir.

Pourquoi préserver les billets de banque ?

La raison principale de la préservation des billets est de retarder le plus possible leur usure et donc leur destruction. Il est utile pour les populations de contribuer à maintenir en permanence en circulation des billets de qualité et en quantité suffisante.

Les billets reversés par les banques commerciales aux guichets des banques centrales sont triés pour n’en garder que les valides. Ceux-ci sont alors remis en circulation. Les billets usés et inutilisables sont, quant à eux, remplacés par des neufs.

Par ailleurs, il est important de préciser que la dégradation d’un billet de banque peut compromettre sa sécurité, dans le cas où les éléments de vérification de son authenticité sont endommagés.

Règle 1 : Ne pas agrafer les billets de banques

L’agrafage cause des dommages aux billets de banque et ne permet pas leur traitment mécanisé au risque d’endommager les équipements. Les trous percés s’élargissent au fil du temps et de l’utilisation. Les billets se retrouvent ainsi abîmés ou mutilés.

Il convient de plutôt utiliser les bracelets plastique ou du papier pour regrouper les billets par lot.

Règle 2 : Ne pas les plier ou les froisser

Le pliage permanent des billets conduit à leur dégradation. Il est constaté que le billet finit par se déchirer sur la raie régulière de pliage.

Par ailleurs, un billet régulièrement froissé se dégrade très rapidement grâce aux multiples plis qui lui sont causés.

Règle 3 : Ne pas mouiller ou brûler les billets de banque

A ce jour, la Banque Centrale émet des billets en papier imprimé. A l’épreuve de l’eau, les billets se dégradent.

En cas de pluie, les usagers se doivent de bien protéger les billets en leur possession. Cette précaution doit être étendue à tous les genres de liquide (huile, boisson…)

Par ailleurs, il faut également tenir éloigner les billets de banque du feu. Il convient de préciser que brûler un billet de banque intentionnellement est proscrit et passible de poursuites judiciaires.

Règles 4 : Ne pas les marquer ou écrire dessus

Le marquage, la teinture ou l’écriture sur un billet est une atteinte à son intégrité. Cette action peut rendre difficile la circulation du billet qui y est soumis.

Les opérateurs économiques auront certainement des difficultés à utiliser un billet ainsi marqué, à cause du refus des usagers de l’accepter comme moyen de paiement.

Règles 5 : Les garder dans des endroits appropriés

Pour éviter de plier ou de froisser les billets, il est recommandé de disposer de pochette ou de porte-feuille où il peuvent être soigneusement rangés. Il est aussi recommandé de conserver les billets dans des caisses ou des coffres adaptés et toujours les séparer des pièces de monnaie.

Si l’usure d’un billet de banque est une phénomène normal, il n’en demeure pas moins que certaines actions comme celles énumérées, ci-dessus, accélèrent le phénomène. En appliquant les 5 règles exposées dans cet article, les usagers contribueront certainement à retarder l’usure des billets. Ceci est valable dans tous les pays du monde.