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CAN 2019 : une surprise nommée Bénin

Le Bénin est plus réputé pour sa culture vaudou et ses zémidjans* que pour son football. Mais, de plus en plus, le pays de Béhanzin est en train de changer la donne. Le premier match des Écureuils, lors de la 32e édition de la Coupe d’Afrique des nations, en a encore fourni la preuve.
Un exploit historique est-il en marche ?

Mickaël Poté - Photo : Pierre René-Worms/RFI
Mickaël Poté (maillot blanc) face au Ghana – Photo : Pierre René-Worms/RFI

Sur la partie du Golfe de Guinée allant du Nigeria à la Côte d’Ivoire, le Bénin est vu comme le petit poucet en matière de football. Les autres pays de cette bande, à savoir le Nigeria, le Ghana, la Côte d’Ivoire et le Togo, ont tous participé à davantage de Coupes d’Afrique des nations. Ils ont tous déjà accédé au deuxième tour de cette compétition. Et ils ont chacun joué au moins une Coupe du monde ! Ce que le Bénin n’a encore jamais fait…

Longtemps considéré un cran en dessous en termes de football, le Bénin commence pourtant à faire parler de lui, petit à petit, brisant le mythe. Pour son premier match de l’actuelle CAN, qui se déroule en Egypte, il a tenu en échec un des cadors d’Afrique de l’Ouest : le Ghana. Match nul, deux buts à deux. Le Bénin, qui n’a jamais passé le premier tour de la CAN, a tenu tête aux Black Stars, quadruple vainqueurs de la compétition.

C’est aussi à cause du Bénin que le Togo, son voisin de l’Ouest, ne participe pas à la CAN 2019. Lors du dernier match des éliminatoires, les Écureuils ont battu les Éperviers dans leur antre de Kouhounou. Quelques mois plus tôt, ils avaient déjà contraint les Togolais au match nul à Lomé.

De plus en plus, les Écureuils gagnent le respect des autres pays, qui avaient tendance à les prendre de haut lorsqu’il s’agit de football.

L’histoire du Bénin avec la CAN

Pourtant le pays revient de loin. Le Bénin en est à sa quatrième Coupe d’Afrique des nations. A ce jour, il n’a remporté aucun match dans la compétition. Au total sur 9 matchs disputés, avant l’édition égyptienne, le Bénin a totalisé 8 défaites pour 1 match nul. Contre le Ghana, les Écureuils ont donc engrangé leur deuxième match nul sur 10 matchs de CAN.

La première participation du Bénin à une CAN remonte à 2004. La bande de Moussa Latoundji n’avait marqué qu’un seul but et cumulé trois défaites. Résultats identiques en 2008. En 2010, le Bénin réussit à obtenir son premier match nul face au Mozambique ! Mais il perd les deux autres matchs. Lors de ces trois éditions, le Bénin a toujours croisé son voisin de l’Est, le Nigeria. Et il a toujours perdu.

Les espoirs béninois pour cette CAN 2019

Mais la victoire sur l’équipe togolaise menée Emmanuel Adébayor, synonyme de qualification pour la CAN 2019, a ouvert la voie à beaucoup d’espoirs. Surtout que les Écureuils avaient déjà battu en novembre 2018 les Fennecs de l’Algérie, à Cotonou.

Espoirs qui ont grandi lors du match à Ismaïlia. Les Black Stars des frères Ayew ont souffert face au Bénin. Il s’en est même fallu de peu pour que, dans les dernières minutes du match, l’attaquant Steve Mounié ne marque le troisième but et n’arrache la victoire !

Le buteur béninois Mickael Poté est actuellement en tête des buteurs, avec deux buts à son actif. Et le gouvernement béninois n’a pas lésiné sur les moyens pour mettre l’équipe dans les meilleures conditions depuis les éliminatoires. En avril dernier, le ministre béninois des sports, Oswald Homeky, a indiqué que l’équipe bénéficiait d’un cadre professionnel. Dans un entretien à Jeune Afrique, il déclarait : « Les histoires de primes sont réglées à l’avance. Les questions liées aux déplacements, aux hébergements et aux équipements également. Les rapports avec les joueurs sont déformais fluides. Nous ne voulons plus des problèmes du passé. » Tous les voyants semblent au vert pour que le Bénin réalise un exploit.

Même une éventuelle troisième place du groupe F leur permettrait de se qualifier. Avec la CAN à 24 équipes, les quatre meilleurs troisièmes de chaque groupe accèdent au deuxième tour.

Le prochain match sera contre les Djurtus de la Guinée Bissau. Une équipe largement à la portée des Écureuils, qui auront récupéré entre temps leur maître à jouer : l’emblématique capitaine Stéphane Sésségnon.

Espérons que la proximité de cet exploit ne paralyse pas la bande de Michel Dussuyer, le coach français des Écureuils. Si le Bénin passe le premier tour, nous aurons certainement des concerts de klaxons des Peugeot 405 et 505 et des zémidjans du marché de Dantokpa, de Cotonou à Natitingou. Ainsi plus personne n’osera dire que le Bénin est le petit poucet du football africain.

* zémidjans : appellation des moto-taxi au Bénin

Par Roger Mawulolo (facebook) (twitter)
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Commentaires

Benjamin Yobouet
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Le Benin est vraiment une surprise dans cette CAN. Tu as bien vu de loin.

Regardons de près...

Bien à toi,