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Sans vocation, le travail (être caricaturiste) n’est rien (Partie 3 et fin) – Hommage à Charlie Hebdo

J’avais une autre longue liste de métiers à mettre en exergue par rapport à la vocation pour cette troisième partie. Mais en hommage à ceux qui ont perdu la vie dans l’attentat perpétré contre Charlie Hebdo, ce présent billet sera la dernière partie de la série « Sans vocation, le travail n’est rien ». Il va traiter justement du métier de caricaturiste.
Autant dire sans vocation et engagement, le caricaturiste n’est rien.

Dans la partie 1, nous avons traité des enseignants, des médecins, des agents des forces de l’ordre, des religieux et des journalistes. Dans la deuxième partie, il fut question des blogueurs, des footballeurs, des juges.

Les caricaturistes

Dessin de jeffikapi.mondoblog.org
Dessin de jeffikapi titré « A armes inégales » – (jeffikapi.mondoblog.org)

Être caricaturiste n’est pas donné à tout le monde. Et il faut cumuler assez de talents et de vocations pour être reconnu dans ce métier.

Cinq (5) aspects essentiels combinés font d’un individu un (vrai) caricaturiste :

  • Il faut savoir dessiner

Dessiner n’est pas donner à tout le monde. On peut s’y essayer, l’apprendre mais celui qui a le dessin au bout des doigts, comme on dit, fait toujours la différence. La formation en dessin ou peinture ne fait que révéler encore plus leur vocation. Le dessin est la base de la caricature.

A l’école primaire, nous étions notés sur 10 en dessin. Et déjà on en voyait qui culminait à 8 voire 9. Ils n’obtenaient pas les 10 car, dit-on en dessin, on ne peut avoir la totalité des points.

Des gens comme moi souffraient énormément alors que d’autres s’en sortaient trop bien, on dirait qu’ils sont nés avec des pinceaux dans les mains comme Obélix, tombé dans la marmite de potion magique du druide Panoramix quand il était petit.

  • Il faut savoir lire l’actualité ou les faits et les transformer
Caricature de Eyadéma (en casquette) à l'époque du journal satirique Kpakpa désenchanté
Caricature de Eyadéma (en casquette) et de Gilchrist (en rasta) à l’époque du journal satirique Kpakpa désenchanté

En plus de savoir dessiner, il faut avoir de l’imagination mais aussi et surtout savoir lire l’actualité ou les faits pour arriver à les transformer en mots simples résumant tout un développement. Tout un article doit être transformé souvent en une pensée ou une phrase qu’on prêt au personnage dessiné.
Si la vocation à cela n’y est pas, je ne vois pas comment on y arriverait. Il faut un talent particulier pour cela. Et cela, les gars de Charlie Hebdo en avait.
Mon adolescence au Togo a été bercée par les caricatures de journaux comme « La Parole » et « Kpakpa désenchanté » qui n’existent plus aujourd’hui. Le régime leur a fait vivre des moments bien difficiles à cause de leur audace caricaturale. C’était au temps forts du vent de l’Est qui soufflait sur le Togo.

  • Il faut avoir de l’humour
Les personnages de Gbich, le journal satirique ivoirien
Les personnages de Gbich, le journal satirique ivoirien

La force des caricaturistes réside dans la dérision qu’ils arrivent à ressortir même des sujets sérieux. Ils sont comme des metteurs en scène et sont dotés d’une inspiration sans borne. Il n’y a que la vocation pour donner ça.
Même sur mondoblog, notre camarade Jeffikapi est devenu célèbre par ses billets-caricatures.

Gbich et GoMagazine en Côte d’Ivoire font aussi leur preuve. On voit comment le personnage de Sergent Deuxtogo sert à dénoncer avec humour les abus policiers, comment Gazou montre les stratégies utilisées par certaines filles pour « doubler » les hommes, comment les « bienheureux » comme Jo ‘Bleck arrivent toujours à leur fin et je vous épargne des faits des autres personnages Zékinan, Cauphy, Tommy.

  • Il faut être engagé et ne pas avoir peur de la mort

Avec les évènements de Paris, je suis obligé de rajouter que les caricaturistes, les vrais doivent être engagés et ne pas avoir peur de la mort. Ce que nous a démontré Charb. Avant même d’être tué, il avait déjà sorti des phrases et des caricatures que l’on traite aujourd’hui de prémonitoires.
Traiter des sujets qui dérangent peut être suicidaire mais c’est cela la force des caricatures. Elles sont dérangeantes, piquantes et sont de forts belles critiques à l’endroit de tous.

Les 4 caricaturistes assassinés
Les 4 caricaturistes assassinés – Crédit Image lci.tf1.fr

Vivement que les gars tombés, le crayon et la feuille à la main ne le soient pas inutilement.
Un crayon de cassé, deux nouveaux crayons de créés. Une feuille déchirée, deux nouvelles feuilles de créées.
Sans engagement, la caricature n’est rien.

Que la terre vous soit légère…. #NousSommesTousCharlie

 

 

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Commentaires

renaudoss
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c'est vrai qu'il en faut, du courage, du talent et une certaine de dose d'humour pour faire ce métier (qui peut-être à risque, comme on vient de l'apprendre dans la la douleur) mine de rien,
ce n'est pas évident du tout et ce n'est pas donné à tout le monde!
au delà de tout, c'est bien triste tout ça, l'humanité a encore fait un pas en arrière, un parmi les milliers qu'il fait depuis quelques temps

Santé nature innovation
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Franchement tu as bien réfléchie ! super article